Maîtres anciens, de Thomas Bernhard, Gerold Schumann, Les Déchargeurs
  © Pascale Stih   ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia Une fois encore François Clavier excelle, seul en scène, tout comme dans le Discours de la servitude volontaire de La Boétie qu’il a joué de nombreuses années dans la mise en scène de Stéphane Verrue. Sa seule présence, sa diction, son timbre de voix, embarquent le spectateur, aujourd’hui et jusqu’au 29 janvier, dans la prosodie propre à Thomas Bernhard et dans l’univers non moins extra-ordinaire de Maîtres anciens. L’original monologue d’Atzbacher rapportant les paroles et pensées de Reger qui lui a fixé un rendez-vous inaccoutumé dans la pourtant très habituelle salle Bordone du Musée des arts anciens de Vienne où il se rend tous les deux jours pour se placer sur la banquette face à L’homme à la barbe blanche de Tintoret depuis 30 ans, a pris la forme d’une astucieuse forme dialogique dans l’adaptation que propose Gerold Schumann dans la petite salle Vicky Messica aux Déchargeurs. Une voix off à l’accent germanique, celle d’Atzbacher, ouvre la pièce, exposant en peu de phrases la situation pour laisser la parole à son ami le musicologue Reger, qui à la différence du livre s’exprime directement dès le début, interrompu à quelques reprises par cette même voix off durant la représentation, un peu plus d’une heure. Il ne s’agit pas d’un dialogue à proprement parler mais d’une juxtaposition de discours où seule la pensée de Reger importe, c’est-à-dire celle de Thomas Bernhard qui se livre autant dans cet avant dernier roman de son œuvre prolifique, qu’il avait sous-titré Comédie, que dans ses véritables récits autobiographiques (dont le théâtre Les Déchargeurs a la bonne idée de proposer des lectures d’extraits les samedis avant les représentations). Comédie peut-être, mais une comédie grinçante où l’écrivain autrichien aborde ses thèmes favoris (et récurrents dans ses autres livres avec des quasi copier-coller de Le Neveu de Wittgenstein), de critiques contre l’État (autrichien), les prix littéraires, la famille, la saleté des toilettes viennoises, la « médiocrité » des historiens d’arts (« véritables assassins de l’art »), des écrivains (de Schiller à Stifter en passant par Goethe), compositeurs (Bach, Beethoven, Bruckner mais aussi Mahler), peintres (Vélasquez, Klimt, Goya) les plus célèbres pris en flagrant délit de « kitsch », sans parler des philosophes, et plus particulièrement Heidegger, « escroc philosophique » étrillé pour avoir lui aussi « kitschiffié » la philosophie. Reger révèle également certaines de ses angoisses, le rapport à la mort, à travers la tentation du suicide, la peur de la solitude une fois confronté au départ de « l’être » aimé (sa femme dans Maîtres anciens, que l’écrivain venait d’éprouver) et la dépendance égoïste à l’égard de ses proches (le gardien du musée, sa femme, l’ami). Tout le long, l’ironie est mordante, féroce, et souvent extrêmement drôle. François Clavier avec sa délicatesse de jeu habituelle entraîne les spectateurs dans les différents états de Reger : l’exaltation (dans la féroce critique littéraire et musicologique), la colère (la corruption de l’État, « le pédantisme des enseignants »), le dégoût (pour la « perversité prolétarienne » ; la « charité »), la mélancolie enfin qui fait briller ses yeux à l’évocation de la perte du « seul être à qui, au fond nous devons tout ». L’on est moins convaincu par la présence en fond sonore pendant le premier tiers (ou moitié) du spectacle d’un enregistrement d’un quatuor à cordes d’une composition de Fanny Mendelssohn. Si l’évocation de la musique est obsessionnelle dans les propos de Bernhard, elle trouve mal sa place dans cette mise en scène, soit trop, soit pas assez présente. Ne pouvant en jouir pleinement (se concentrer sur la mélodie ou les mots et jeu de Bernhard/Reger/Clavier ?), on finit même par se demander si ce n’est pas une illustration délibérée de l’une des critiques de Bernhard (« écouter de la musique est devenu (…) une banalité quotidienne »). Or la musique eut pu servir plus simplement (trop simplement ?) de respiration au comédien et précéder chaque intervention de la voix off, permettant ainsi une transition réflexive au sein de cette fausse forme dialogique, ou encore accompagner des déplacements physiques de François Clavier, même limités sur le plateau, qui auraient permis de marquer davantage les différents espaces du récit. Le choix de Gerold Schumann est au contraire le statisme quasi absolu de Reger/Clavier dans une épure du décor, consistant en une banquette rigide et moderne, deux cloisons blanches muséales typiques, et un écran immaculé en fond de scène sur lequel ne sera jamais projeté L’homme à la barbe blanche (ce qui est évidemment heureux car le procédé eut été trop évident). En revanche, cet écran aurait pu, par de simples éclairages, évoquer la lumière naturelle de la fenêtre de l’appartement ou l’ambiance crépusculaire de l’hôtel Ambassador. Ces réserves, purement subjectives et anecdotiques, n’enlèvent rien à l’intérêt que doit susciter le texte de Bernhard (déjà redécouvert par Nicolas Bouchaud l’année dernière au Théâtre de la Bastille) tel que renouvelé par Gerold Schumann, ou à sa découverte pour ceux qui ne l’auraient jamais lu et à l’interprétation exemplaire de François Clavier qui a elle seule mérite le déplacement et l’admiration.   © Pascale Stih   Maîtres Anciens, de Thomas Bernhard Mise en scène, adaptation Gerold Schumann Traduction : Gilberte Lambrichs Lumière : Philippe Lacombe Scénographie et costumes : Pascale Stih Musique : Fanny Mendelssohn interprétée et enregistrée par le Quatuor Fanny   Avec : François Clavier     Durée 1 h 10 Jusqu’au 29 janvier 2022 A 19 h du mercredi au samedi   Les Déchargeurs Salle Vicky Messica 3 rue des Déchargeurs – 75001 Paris www.lesdechargeurs.fr       Read More →
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Juillet 1961, texte et mise en scène de Françoise Dô, Théâtre de Vanves dans le cadre du Festival Zoom d’hiver #5
    © DR   ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot Ecrire sur le spectacle vivant, c’est faire un travail de mémoire. C’est trouver en soi les traces d’affect, les empreintes émotives, qui attestent d’un événement après que celui-là a eu lieu. C’est avoir été touché par quelque chose, et comme Saint-Thomas s’accrocher à ce toucher pour se convaincre que l’on n’a pas rêvé. C’est remonter la chaîne de causalité qui noue l’âme du spectateur à celle, immatérielle et fantomatique, de l’œuvre. C’est, dans le cas de Juillet 1961, témoigner du halo de lumière rouge flottant hors du temps, se remémorer deux pianos droits, au milieu de la scène, dont les capots ouverts irradient la blancheur luisante d’un ventre de baleine dans la pénombre d’un club de jazz, ressentir une entêtante et séduisante étrangeté à ce temps qui s’échappe de celui de la fiction pour hybrider celui de la musique et du son live, c’est ne plus savoir exactement où se situerait l’ici et le maintenant. Car Juillet 1961 s’ouvre dans l’interstice minuscule entre une note frappée par le marteau du piano et son écho, dans cet hors temps qui serait celui des apparitions, des feux follets de nos mémoires courtes, dans ce no man’s land de personnages cités à apparaître dans l’espace physique et sonore d’un plateau structuré par ses deux pianos, formant couloir et entonnoir. Sensation de passer par le chas d’une aiguille. Le texte écrit par Françoise Dô est le fil, est composé des monologues de Chloé, Clarisse, et du père de Chloé. Entremêlant leur voix dans une ville quelque part aux Etats-Unis en cet été 1961, ils tissent une histoire du racisme et de violences ordinaires, une histoire de filiation aussi, une histoire collective sous le prisme de l’intime. Chloé se prostitue pour arrondir ses fins de mois difficiles de petite blanche déclassée, Clarisse est noire et travaille comme femme de chambre dans un hôtel de la ville. Elles habitent, toutes deux, le même quartier, et, y élèvent, seules, leur fille unique. L’une est blonde, tirée à quatre épingle, poupée figée sous le plastique de son impair transparent dans ses obsessions et haines ataviques. L’autre est en tenue grise, jupe et veste, cheveux en chignon emprisonné sous une petite coiffe, toute contenue dans un repli sur soi, en soi, intégrant dans son corps la domination et la menace sociétale de l’époque. L’écriture de Françoise Dô est précise, incarnée, porteuse d’un univers de roman noir. Avec ces trois récits s’alternant par bloc, c’est un peu comme si d’un vieux glacier, des morceaux d’une autre époque s’étaient détachés pour rouler tels quels jusqu’à nous. Quelque chose d’un autre temps se matérialise sous nos yeux, comme dans un film de David Lynch : c’est la force et l’intérêt de cette fiction que d’exister dans le plus grand dépouillement. Les interprètes sont des champs de forces, elles sont aussi des lieux comme elles sont des peurs, elles sont des structures de sentiment. Chloé, Clarisse, portées par les magnifiques Rosalie Comby et Françoise Dô, sont pareilles à des papillons affolés, des biches éblouies sur leur route par les phares de l’histoire. La grande idée de ce spectacle mis en scène par son autrice est d’avoir su offrir un espace autonome de travail aux musiciens-improvisateurs, Roberto Negro et Sylvain Darrifourcq, d’avoir su trouver ce retrait, de tel sorte que leur combinaison se construise non pas dans une superposition d’affects, mais au contraire dans un écart. Dans un possible contretemps. Juillet 1961 possède d’ailleurs une temporalité troublante, subtile, mouvante, pulsée comme une petite musique qui ne serait pas une musique mais un entrelacement désaccordé de sons, de mots, de vides. Le désaccord étant une manière de faire exister et entendre plusieurs choses à la fois, loin des esthétiques redondantes. C’est aussi faire entendre entre les deux, comme une troisième partition invisible. La valeur percussive des pianos fracture l’épaisseur du temps narratif, produit des déflagrations qui propagent leurs ondes entre deux illusions, celle de la fiction et celle du temps présent. Roberto Negro et Sylvain Darrifourcq opèrent, eux, sur le ventre ouvert de leurs pianos comme deux navigateurs dans les remous du monde. De ce mariage du théâtre, de la fiction, et de la performance sonore naît une œuvre queer au sens où elle échapperait aux catégories, aux normes, une œuvre capable de poétiser, c’est-à-dire de faire advenir de nouvelles potentialités esthétiques, réflexives, de créer de nouveaux rapports entre les mots et le spectateur, dans une déliaison et un lâcher prise libérateurs. Officiant comme une puissante conjuration d’un passé qui justement catégorisait et interdisait.     Juillet 1961, texte et mise en scène, chorégraphie et scénographie de Gisèle Vienne Chloé – Rosalie Comby Clarisse –  Wanjiru Kamuyu ou Françoise Dô (en alternance) La voix du père – Christopher Mack ou Kenneth Starcevic (en alternance) Piano et tom : Sylvain Darrifourcq, Roberto Negro Création musicale : Sylvain Darrifourcq et Roberto Negro Création Lumière : Cyril Mulon Confection des costumes : Jien Chung Ingénieur Son : Pierre-Emmanuel Mériaud Régisseur plateau : Yann-Mathieu Larcher   Durée : 1 h 15 Lundi 10 à 20 h et mercredi 12 janvier 2022 à 19 h 30   Théâtre de Vanves (salle Panopée) Théâtre de Vanves 12 Rue Sadi Carnot 92170 Vanves Tél : 01.41.33.93.70 https://www.theatre-vanves.fr     Le 18 et 19 mars 2022 Tropiques Atrium, Scène Nationale de la Martinique 6, rue Jacques Cazotte 97200, Fort-de-France      Read More →
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La Parenthèse de sang, écrit par Sony Labou Tansi, mis en scène par Thomas Nordlund,Théâtre des Déchargeurs
     © Théo Bianconi ƒƒ article de JB Corteggiani Mâtin, quel texte ! On griffonne dans le noir, on essaye d’attraper des bouts : « Le devoir d’un condamné est d’avoir une dernière volonté. Sinon, on le tue avec une certaine mauvaise conscience. » Ou encore : « On devrait vous condamner à trente morts. – Il ne fut créé qu’une mort. – Qu’il meure par régions ! Coupez-lui d’abord les oreilles. » Sony Labou Tansi, loin d’être un inconnu, est une figure majeure de la littérature d’Afrique noire. Né au Congo belge en 1947, mort en République du Congo en 1995. Entre ces deux dates, la décolonisation, et son cortège postérieur de satrapes locaux. La Parenthèse de sang est une farce ubuesque. Dans la maison de Libertashio, héros de la résistance, débarque une soldatesque qui refuse de croire qu’il est mort. Qu’à cela ne tienne, les troufions vont appliquer la méthode du grand maître de l’ordre de la Gidouille : « Je tuerai tout le monde et je m’en irai. » Sauf qu’ils sont coriaces, ces résistants (les sœurs de Libertashio, son neveu, plus tard un médecin, sa femme et un curé). Ils renâclent à se laisser tuer comme ça. Ils ont ce culot de vouloir mourir debout, « mourir en i ». Ils inventent d’extravagantes dernières volontés : cracher à la gueule du sergent ; rester vivant ; mourir dans la capitale, sous les yeux du président ; épouser le sergent avant de mourir. Comme le sergent, « sergent depuis l’arrière-ventre de sa mère », est légitimiste, il accède à cette demande en mariage. La farce atroce peut se développer et s’embringuer dans un absurde encore plus absurde. Les soldats, qu’une tremblote tropicale tout du long fait tressauter, n’ont pas « des gueules de lapin », comme les palotins imaginés par Alfred Jarry… enfin, comment savoir ? Leur visage est couvert de peintures tribales, blanc crayeux, rouge vif. Pour le reste, armures de jute, épaulettes de charpie, perruques en serpillière, casques coniques – à mi-chemin entre les costumes imaginés par Orson Welles pour son Falstaff et ceux des barbares du Médée de Pasolini. Judicieux parti-pris, conforme au souhait de Lansi : « Ne faites pas porter à mes personnages des vêtements qui concordent avec leur rang ; vous seriez coupables d’une méprise mortelle et d’un terrible manque d’imagination. Car ici commence une tragique jouerie. » Pour scander et porter cette jouerie, des ratatatatam de tambour, des danses, des chants, des grimaces, des extases, des corps pendant comme des pièces de boucherie. Petit théâtre de la cruauté. Petit parce que sur la scène de quatre mètres sur quatre de la salle Vicky-Messica des Déchargeurs, le metteur en scène, Thomas Nordlund, a dû en rabattre par rapport à ce qu’il avait imaginé : il n’y aura pas de comédiens suspendus dans les airs, pas de dispositif de cordes tirant les soldats comme s’ils étaient des marionnettes, et la tombe de Libertashio ne se lèvera pas en majesté… Qu’importe, les douze comédiens de la compagnie Bousculade se déploient… sans se bousculer dans une chorégraphie resserrée, bien conçue, bien exécutée. A l’issue de la représentation, c’est encore le texte de Lansi qui vibre dans les oreilles. On se souvient de la langue incroyablement belle rapportée par Jean Hatzfeld dans Une saison de machettes, la langue des bourreaux hutus massacreurs de Tutsis au cours du génocide rwandais de 1994 – une langue qu’on est gêné d’admirer. On se souvient des romans de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma, où le français est travaillé par le malinké. Des pièces de Wajdi Mouawad aussi, surtout de celles, océaniques, du cycle Le sang des promesses. On se dit que décidément, les grands vents de la francophonie ont apporté un souffle salutaire à une littérature française trop longtemps corsetée par une écriture blanche – crispée sur l’obsession de l’impossibilité de dire.   © Théo Bianconi   La parenthèse de sang, écrit par Sony Labou Tansi Mise en scène par Thomas Nordlund Lumières : Raphaël Saier Avec Saabo Balde, Marine Bellando, Emilie Berry, Paul Cédat, Perrine Derouané, Tristan Diquero, Nicolas Foray, Sarah Labrin, Etienne Lagarde, Yvon-Gérard Lesieur et Rebecca Vaissermann Assistante à la mise en scène : Salomé Rousseau Création sonore : Thomas Nordlund Scénographie et costumes Laure Catalan, assistée de Pierre Pouillot   Le texte La parenthèse de sang est édité dans la collection « Monde noir » d’Hatier   Du 5 au 29 janvier 2022 Durée : 1 h 50     Théâtre des Déchargeurs 3, rue des Déchargeurs 75 001 Paris Réservations : 01 42 36 00 50 / billetterie@lesdechargeurs.fr www.lesdechargeurs.fr      Read More →
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Les apôtres aux cœurs brisés, texte et mise en scène de Céline Champinot, au Théâtre de la Bastille
  © Vincent Arbelet f article de Denis Sanglard Ils sont cinq sur le plateau, les quatre apôtres évangélistes, clones improbables des Beatles période Sergent Pepper, et Marthe, enceinte jusqu’aux yeux. Boys-band réfugié après la mort de Jésus, leur leader, dans un studio d’enregistrement, une caverne, un tombeau où poussent sur les murs des champignons hallucinogènes consommés visiblement sans modération, ils rejouent leur tube, écrivent leurs évangiles sur des post-it, bricolent une radio clandestine, diffusent des poèmes publicitaires, des messages spirituels. Rêvent de sortir de là, d’échapper à leurs ombres. Dehors, la République et le Ku-Klux-Klan gouvernent le monde et piratent leurs messages. Céline Champinot signe et met en scène une œuvre complètement barrée. Trop sans doute, hélas. Platon, la Bible, les évangiles apocryphes, les mystiques chrétiens, Nietzsche, Philippe K. Dick, Beckett, la pop culture et le swinging London, sont les références affirmées d’un spectacle profus, verbeux et quelque peu abscons. Ce n’est pas l’énergie qui manque, une certaine folie et le talent des cinq interprètes furieusement engagées qui font défaut. Seulement, on ne sait pas trop où tout cela va sinon que cela aboutit à une impasse. De citations en références, c’est un vaste collage, un mille-feuille bien épais, pourtant habilement fictionné, où récits et dialogues cahotent plus qu’ils n’avancent, zigzaguent par associations, esprit d’escalier, parenthèses et copiés-collés. Ça déraille et se perd. Il n’y a lors plus ni queue ni tête dans cet étrange palimpseste. La dramaturgie et sa progression finissent par en souffrir, anéanties par ce principe narratif d’éparpillement volatile des idées et sujets qui les étouffent. Plus que l’action elle-même c’est la narration et son objet qui semble importer le plus autour desquels se cristallise le texte. Qui finit par nous échapper. Entre soliloques et dialogues on se perd très vite dans les méandres d’une pensée hermétique. La curiosité amorcée par un début fracassant et tonitruant s’émousse très vite. Tout s’étiole et se dilue au fur et à mesure, la fin elle-même, volontairement étirée, épuise malheureusement ce qui nous restait d’intérêt. Céline Champinot semble s’être emballée par ce jeu de piste littéraire, grisée sans doute par tant d’érudition donnée et mixée, oublieuse pour le coup du public, planté là, qui cherche en vain son chemin et surtout un sens dans ce dédale « ésotérico-pop ». Pourtant la mise en scène, appuyée par la scénographie, ne manque aucunement de qualité dans son registre. Si cela tient quand même, ce qui sauve l’ensemble, c’est par la ferme conviction des cinq comédiennes qui embrassent cette création avec une énergie sans faille. C’est peu dire qu’elles en font des tonnes, ne craignant pas le sur-jeu, de vrais clowns, et il est vrai que le début, qui les voit littéralement brailler le texte, nous inquiète. Un registre proche du burlesque, voire du happening, mais qui très vite heureusement se nuance. Cette conviction donc chevillée ferme à défendre cette partition singulière et verbeuse nous arrime de fait aux acteurs, apôtres aux cœurs brisés, qui, eux, suscitent notre attention évitant notre désintérêt total.   © Vincent Arbelet Les apôtres aux cœurs brisés texte et mise en scène de Céline Champinot Scénographie : Emilie Roy Lumière : Claire Gondrexon Dramaturgie et chorégraphie : Céline Cartillier Musique : Antoine Girard, Céline Champinot Création sonore : Benjamin Abitan, Raphaël Mouterde Costumes : Les Céline Confection costumes : Laurence Rossignol Régie générale : Géraud Breton   Avec Maëva Husband, Elise Marie, Sabine Moindrot, Claire Rappin, Adrienne Wingling   Du 13 au 15 janvier 2022 à 21 h Du 17 au 28 janvier 2022 à 20 h Relâche les dimanches   Théâtre de la Bastille 76 rue de la Roquette 75011 Paris Réservation 01 43 57 42 14 www.theatre-bastille.com      Read More →
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Quais de scène, écrit et mise en scène par Alexandra Badea, Théâtre de la Colline
  © Pascal Gély   ƒƒ article de JB Corteggiani Réparer : c’est un des enjeux qui traversent la littérature et le théâtre de texte francophones depuis 15 à 20 ans, dans le sillage des travaux de Boris Cyrulnik, dont le concept de résilience a débordé le champ de la psychologie pour s’étendre à notre capacité à surmonter des traumatismes collectifs. De cet intérêt, qui croisera plus tard l’idéologie du care, témoignent les livres de Lydie Salvaire (Pas pleurer) ou de Maylis de Kérangal (Réparer les vivants). Emmanuel Carrère écrit dans D’autres vies que la mienne : « J’aimerais panser ce qui peut être pansé ». Réparer, c’est aussi le projet d’Andrea Badea, écrivaine et metteure en scène d’origine roumaine née en 1980, qui le dédouble en ces termes : « Je m’intéresse aux hommes et aux femmes : comment on est écrasé par l’Histoire, et comment on la répare. » Quais de scène est le second volet d’une trilogie, Points de non-retour, qui fouille les histoires manquantes, les épisodes sombres de l’Histoire française. Cela, on le sait parce qu’on a vu le premier volet, Thiaroye (créé à La Colline en 2018), sur le massacre au Sénégal, en 1944, de tirailleurs sénégalais de retour dans leur pays. Mais trêve de savoir autour de la pièce : fermons le fascicule de présentation, abordons la représentation comme un spectateur vierge. C’est d’autant plus important ici que les pièces d’Andrea Badea sont des puzzles, des énigmes à résoudre, parfois des sortes de polars. Que voit-on ? Deux pièces en préfabriqué – carrelage blanc, lumières froides. Dans la première se trouvent Nora et son thérapeute. Dans la seconde, Irène et Younès, deux jeunes gens qui s’aiment. Le récit commence à se tisser, par glissements souples d’un espace et d’un couple de personnages à l’autre. Nora, documentariste de radio, ne va pas bien, elle est travaillée par des secrets de famille, elle n’arrive pas à franchir des ponts (on sait gré à son psy de ne pas appuyer lourdement). Irène et Younès vont plutôt bien, en tout cas au début, mais très vite montent du hors-champ des menaces sourdes. Que se passe-t-il ? A quelle époque sommes-nous ? Et où ? On a beau tendre l’oreille, on est un peu perdu. Rien dans le dialogue, le décor ou les costumes ne nous est d’aucun secours. Enfin, tout de même, quelques éléments : Irène est fille de colons, elle sent que dans ce pays, l’Algérie, elle ne pourra plus y vivre. Elle envisage de partir habiter où on ne sait rien de l’Histoire, au Canada. D’accord, on doit être à la fin de la guerre d’Algérie. Mais quand ? Il faut attendre la moitié de la pièce pour que soit évoqué le 17 octobre 1961 : la répression brutale, à Paris, d’une manifestation pacifique d’Algériens, les corps dans la Seine. C’est cela justement qui travaille Nora. « Pourquoi les histoires des autres vous semblent-elles plus intéressantes que les vôtres ? », lui dit son psy. Parce qu’elle est une militante humaniste ? Cela ne suffit pas. On ne sait pas encore ce qui relie les deux espaces, les deux histoires. Nora parfois s’aventure dans l’espace d’Irène et Younès, sans être vue. Serait-on dans ce « jardin des fantômes » qu’est le théâtre selon Wajdi Mouawad ? Mais qui sont Irène et Younès pour Nora ? Ce parti-pris de ne révéler que très progressivement les éléments de compréhension est à double tranchant : il aiguise l’attention du spectateur, mais peut aussi l’égarer. Petit à petit, les souvenirs et les rêves de Nora reviennent : l’inscription Sétif sur la tombe de la grand-mère, le père qui demande à être enterré en Algérie… En accoucheur, ce psy peu orthodoxe, qui cite Dolto mais propose des pistes qui renvoient plutôt à l’ethnopsychiatrie d’un Tobie Nathan : « quelqu’un a pris la place de votre corps », « les morts nous parlent ». Dans A la trace (2018), autre pièce de Badea sur un secret de famille, une audio-psycho-phonologue révélait à Clara, l’héroïne, que quelque chose s’était rompu avec sa mère. Comment le savait-elle ? Par l’examen de son oreille interne. Pourquoi pas, après tout, la fiction a tous les droits – même si certains ressorts prêtent parfois à sourire. Le constat final est sombre : « Les tribus ne se mélangeront pas. Il faut beaucoup de courage pour transgresser ces lois. On n’a pas pu le faire. L’extérieur nous a détruit. » On est reconnaissant à Badea de ne pas sombrer dans la déploration victimaire, et d’accueillir les mauvaises pensées de ses personnages. Celles d’Irène, par exemple, qui dit (après que son mari a disparu) : « J’ai le droit de sentir ce que je ressens, j’ai honte de porter un enfant arabe dans mon ventre. » Et puis : « Je voudrais pouvoir parler sans que ça soit tout le temps vu comme la parole de l’oppresseur ». L’écueil de la pièce à thèse est ainsi évité presque jusqu’au bout, jusqu’au happy ending et la dernière phrase de Nora : « Tout à coup, ça fait sens » (on ne révèlera pas pourquoi), suivie d’une embrassade avec son psy. Aïe. Les deux comédiennes surclassent les comédiens, dont la diction est souvent hasardeuse. Madalina Constantin (Irène) est remarquable, en particulier dans une scène hors-dialogue, où, au pied d’un cercueil (celui de Younès ?), sur fond de tambours et de youyous, torse nu, elle fait rouler sa tête roule et voler ses cheveux, comme dans un frénétique rituel de possession.   © Pascal Gély   Quais de scène, écrit par Alexandra Badea Mise en scène par Alexandra Badea Lumières : Sébastien Lemarchand, assisté de Marco Benigno Avec Amine Adjina, Madalina Constantin, Kader Lassina Touré, Sophie Verbeeck, Alexandra Badea   Voix : Corentin Koskas et Patrick Azam Scénographie : Velica Panduru Création sonore : Rémi Billardon Assistanat à la mise en scène : Hannaë Grouard-Boullé Dramaturgie : Charlotte Farcet Collaboration artistique : Amélie Vignals Construction du décor : Ioan Moldovan / Ateliers Tukuma Works Direction de production : Emmanuel Magis (Mascaret production)     Le spectacle a été conçu le 5 juillet 2019 au Festival d’Avignon et recréé en novembre 2021 à la Maison de la culture de Bourges.   Du 12 janvier au 6 février 2022 Représentations les jeudis à 20 h 30 Durée : 1 h 40   Les samedis à 14 h 30 et dimanches à 12 h, la trilogie Points de non-retour (Thiaroye, Quais de Seine, Diagonale du vide) est présentée en version intégrale. Durée : 7 heures, avec 2 entractes   Théâtre de la Colline 15 Rue Malte-Brun 75020 Paris Réservations : 01 44 62 52 52  https://www.colline.fr/    Read More →
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Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? création collective du Collectif 2222, mise en scène Thylda Barès, au Lavoir Moderne Parisien, Paris
  © collectif 2222   article de Nicolas Thevenot La vieillesse est un naufrage. L’expression est du général. Elle est bien connue, éculée. N’empêche, et c’est tout à son honneur, le Collectif 2222, formé par d’anciens élèves de l’Ecole Lecoq, a décidé d’en faire son territoire de jeu. La vieillesse, ce pays si lointain pour notre société qu’il serait devenu un pays étranger que l’on ne saurait aborder qu’à reculons. La proposition est culottée, le titre alléchant. La dernière fois que l’on avait vu des vieilles et des vieux c’était dans la vertigineuse et inoubliable mise en scène de Warlikowsky à l’Opéra Garnier de l’Orphée et Eurydice de Gluck. Il y eut aussi le polémique Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci. Il y a aussi ces représentations sclérosées que le cinéma produit à la chaîne, sentimentalistes et servant uniquement de faire-valoir à d’autres générations. Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? nous installe donc dans une maison de retraite et nous invite à partager le quotidien de ses résidents qui ne sont que passagers comme nous le rappelle assez vite un premier décès. Distribution de médoc, animations ludiques, anniversaire, abandon des proches, camaraderie et petites mesquineries entre pensionnaires, seront de la partie. L’utilisation de masques, le registre burlesque, indiquent l’intention de traiter cette chronique d’un EHPAD ordinaire dans un rapport décalé et drôle. Sauf que c’est plutôt un sentiment d’inconfort qui aura rapidement pris le dessus. Non pas que quoi que ce soit ait pu nous choquer dans la forme ou le propos. Non, ce qui nous a agacé est, bien au contraire, le fait de n’avoir assisté qu’à des attendus relativement polis, comme si l’écart initial du masque avait été jugé suffisamment effronté pour ensuite retourner sur un chemin bien assagi. Egalement un plateau qui fonctionne beaucoup par idées et gags, mais ne prend pas le temps de vraiment s’écrire organiquement et se déployer vers des terres inconnues et inattendues (à l’exception de la scène de tournoi en chaises roulantes). On peut regretter que ces masques particulièrement réussis, auréolés de perruques cotonneuses et diamantées comme des théories de nuages, ne soient pas accompagnés d’un jeu et travail des corps et des voix affranchis du naturalisme. Naturalisme qui est comme un couvercle que l’on remet sur la marmite. Et l’on se remémore la lecture de Rhésus, publié par Hélène Marienské chez P.OL., qui foutait littéralement le bordel dans une maison de vieux, et amenait une anarchie sexuelle, débridée, pornographique qui faisait un bien fou. Sans limite, sans chercher à plaire. Dans l’inconvenance la plus assumée et révolutionnairement drôle. Et l’on se prend à rêver que le spectacle prenne lui-même la clef des champs comme Lydia, l’une des pensionnaires, entêtée à s’enfuir de cet espace et de ce temps qui n’est que la reconduction du même, Lydia, étrangement aphasique et pourtant beaucoup plus parlante que d’autres, peut-être parce qu’en elle s’exprime quelque chose qui échapperait à tous, nous compris, peut-être parce qu’aussi avec ce devenir-poisson, avec cette bouche muette qui fait des ronds comme un poisson qui bullerait dans son bocal, elle finit par faire advenir autre chose, que cette autre chose se décolle de la gangue de l’anecdotique, échappant aux motifs assignés à ce lieu. Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? est resté au bord de sa folie, et nous, au bord du chemin.   © collectif 2222   Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? : création collective du Collectif 2222 Mise en scène : Thylda Barès Avec : ​Victor Barrère, Andrea Boeryd, Paul Colom, Elizabeth Margereson, Ulima Ortiz, Tibor Radvanyi Scénoraphie : Popito Création Lumière : Clémentine Pradier Création Sonore : Nyls Barès Création Musicale : Victor Barrere   Durée : 1 h 10 Du 5 au 9 janvier 2022 à 19 h, dimanche 15 h     Lavoir Moderne Parisien 35 rue Léon, 75018 Paris Tél : 01 46 06 08 05 https://lavoirmoderneparisien.com/   Tournée : Le 14 janvier 2022 : OMAC – Evrecy Le 20 janvier 2022: Théâtre Victor Hugo – Bagneux Le 26 mars 2022 : Ville de Thue et Mue Le 15 avril 2022 : Théâtre de Duclair Le 30 avril 2022 : Salle Michel Valéry – Montivilliers Le 13 mai 2022 : Ville de Conches en Ouche      Read More →
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Ce qui gronde, d'Alexandra Bourse, Guy Régis Jr, Giovanni Houansou, Jean-Luc Raharimanana, Émilie Monnet, Théâtre Paris-Villette
  © Marie Charbonnier   ƒƒƒ  article de Nicolas Brizault Le diable est dans la salle pour applaudir un de ces amis qui est sur scène, et qui débute Ce qui gronde un spectacle dont le titre doit leur plaire immensément, à tous les deux. Méphistophélès est là, seul et se présente, nous parle de ses goûts, de ses plaisirs, de sa façon surtout de faire trébucher ces petits humains, amusants, et ce Faust qui ne devrait pas tarder à le rejoindre. Un Méphistophélès inquiétant, c’est normal, cette sympathie naturelle nous en avons l’habitude mais là elle est très bien tenue sur scène, on se fait avoir, le rire est prêt à chanceler sur les premiers projecteurs, dissimulés sans doute. Et puis tout débute, Ce qui gronde est présenté par un efficace mélange de professionnels, entouré d’un chœur d’amateurs se mêlant régulièrement au spectacle. Ce qui gronde est en fait la troisième partie de Si vous voulez de la lumière, un ensemble plus complet sur ce thème sur lequel treize dramaturges ont travaillé sur l’invitation du metteur en scène Florent Siaud, mais qui fonctionne tout à fait bien, l’eau grimpe sans aucun souci, Faust tente de se défendre, les tentations virevoltent. La dramaturgie est ici béninoise avec Giovanni Houansou, française avec Alexandra Bourse, malgache avec Jean-Luc Raharimanana, haïtienne avec Guy Régis Jr et québécoise avec Emilie Monnet. La musique de Kaoli Ono est japonaise. Ce spectacle est à la fois splendide, possède une puissance et une finesse certaine et, en même temps, quelques petits soucis, avec le texte par exemple, en avance ou en retard, c’est la première rien de grave. Ou alors ces maudits et laids micros donnent un mauvais écho aux voix, qui ne semblent pas toujours avoir la puissance nécessaire. Ou bien les voix, elles encore, sortent trop vite, trop emmêlées et alors pouvoir imaginer ce qui vient d’être dit est un rien complexe. Le texte lui-même se baigne parfois dans une complexité au rythme parfait, certes, dans une sonorité séduisante, mais dire que l’on comprend tout s’approche du mensonge ici ou là. Faust et ses camarades se prennent donc les pieds ici ou là. Oui mais une unité étonnante sort tout de même de ce travail multiple. Nous ressortons ébahis par la force générale de ce spectacle, le jeu des personnages principaux, ce chœur psalmodiant une joie ou un désir de vivre, de combattre pour… La musique aussi, piano, violon et flûte qui viennent soutenir ces personnages perdus ou ressuscités, cette jeune chanteuse aussi nous emporte. Des images géantes apparaissent en fond de scène à la fin du spectacle, Faust perdu, Faust réclamant de l’aide ? Faust gigantesque en tout cas. Oui, la voix glisse ici ou là, sort trop tôt, trop tard et alors ? L’unité surpuissante n’est-elle pas de la partie ? Bien sûr que si ! Et ce sont les félicitations pour ce travail qui l’emportent ! L’évolution lente est parfaite, unie. L’île se noie, mais nous avons été devant un travail nous poussant à nous assurer que ce Méphistophélès ne nous poursuit pas pour une prochaine performance.   © Marie Charbonnier   Ce qui gronde : textes d’Alexandra Bourse, Guy Régis Jr, Giovanni Houansou, Jean-Luc Raharimanana, Émilie Monnet Mise en scène et dramaturgie : Florent Siaud, avec la collaboration artistique de Cyrielle Ndjiki Nya Dramaturge associée : Alexandra Bourse Assistance à la mise en scène : Jane Piot, Pierre-Damien Traverso Relecture : Pauline Bouchet Avec : Laurent Evuort Orlandi, Yacine Sif El Islam, Kaoli Ono, Cyrielle Ndjiki Nya, Julie Hega, Pierre-Damien Traverso, Ephraïm Makoko et un chœur amateur composé de participants de l’Association de prévention site La Villette, de La Lucarne d’Ariane, du studio JLMB, les Ateliers de Belacqa, la Fédération Départementale des Chorales de l’Oise et d’autres associations  Instruments : Franck Della Valle, Kaoli Ono, Sarah Van Der Vlist Compositrice : Kaoli Ono Concepteur sonore : Julien Éclancher Costumes et espace : Romain Fabre Éclairages : Nicolas Descôteaux Vidéo : Eric Maniengui     Du 10 au 14 janvier 2022 20 h 19 h le vendredi 14 janvier Durée : 1 h Création 2022   Spectacle lauréat 2020 de « Partie commune », dispositif d’accompagnement de création partagée (professionnels/amateurs), initié par le Théâtre Paris-Villette.   Théâtre Paris-Villette 211 Avenue Jean Jaurès, 75019 Paris Tel : 01 40 03 74 20   Réservation par téléphone au 01 40 03 72 23 – du mardi au vendredi de 14 h à 18 h – le samedi à partir de 17 h, uniquement les jours de représentations www.theatre-paris-villette.fr      Read More →
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Les Sea Girls, Anthologie… ou presque, conçu et interprété par Judith Remy, Prunella Rivière et Delphine Simon, mise en scène par Brigitte Buc, au Café de la Danse
© Cosimo Tassonne   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Les Sea-Girls sont de retour à Paris, de passage pour une petite semaine, dans la continuité d’une tournée qui les voit, « toujours prêtes pour une tournée dans les Charentes », du nord au sud cramer et carboniser les planches des théâtres de France et de Navarre. Elles ne sont plus désormais que trois, à l’origine elles étaient quatre, pour une nouvelle création, Anthologie…ou presque. Pourquoi donc ce titre qui sonne comme un adieu et pour lequel elles sont en désaccord et prêtes encore une fois à se crêper la perruque ? Oui, pourquoi pas Florilège comme le suggère Delphine ou Chrestomathie, plus pompeux, proposé par Prunella ? … Mystère que ce titre énigmatique, mais tout semble être dans le « presque »… Costumes blancs et coupe capillaire année 1970, Bee Gees ou Drôle de Dames pour référence, enfin croit-on, dans une mise en scène inventive de Brigitte Buc, elles revisitent leur répertoire unique, surréaliste et volontiers loufoque, avec toujours la même pêche infernale et un art bien consommé et assumé du décalage explosif. Un peu d’humour ça fait du bien, chantent-elles avec raison, et il faut reconnaître qu’elles sont passées maîtresses en ce domaine. Chanter l’horreur avec tant de bonheur et réciproquement, avec tant d’appétence, il faut oser. On ne se lasse pas de ce répertoire caustique, d’une belle insolence, où la noirceur du monde est passé au laminoir. Les hommes, le genre, la vieillesse, le boudin, les lapins, Noël, le nucléaire… rien n’échappe à l’acuité de leurs regards affûtés et rosses, d’une belle insolence. Se moquant allègrement d’elles-mêmes, charité bien ordonnée…, se tirant volontiers la bourre en sœurs faussement ennemies, elles n’ont pas leur pareil pour dézinguer allègrement leurs contemporains… et leurs deux fidèles musiciens. Chaque chanson est comme toujours soigneusement mise en scène. Autant d’univers bringues zingues hilarants dessinés et patinés avec un talent fou et une bonne dose d’autodérision. Elles savent tout faire. Chanter, danser, se contorsionner, aboyer… Illusionnistes aussi, enfin si on veut. C’est du music-hall comme on en rêve, bourré de talent, d’énergie et totalement barré. Avec ça, un art de la transition qui n’appartient qu’à elles, entre apartés vachardes et considérations personnelles existentielles, qui évitent tout temps mort et font de cette anthologie, de ce florilège, de cette chrestomathie (ça, pour ne fâcher personne) un show plus qu’un simple tour de chant. Les Sea Girls au pouvoir clament-elles en chanson. Au vu de la situation actuelle, on ne demande que ça. Et de faire pipi sur le gazon aussi.   Les Sea Girls, Anthologie…ou presque conçu et interprété par Judith Remy, Prunella Rivière et Delphine Simon Mise en scène Brigitte Buc Avec Judith Remy, Prunella Rivière et Delphine Simon Guitare : Dani Bouillard Percussions : Vincent Martin Collaboration artistique : Sofia Hisborn Composition et orchestration : Fred Pallem Direction vocale : Lucrèce Sassella Chorégraphie : Yan Raballand Costumes : Les Sea Girls Maquillages Vichika Yorn Son : Joël Boischot Lumières : Michel Gueldry   Du 9 au 14 janvier 2022 à 20 h     Café de la Danse 5 passage Louis-Philippe 75011 Paris Réservations www.cafedeladanse.com   Tournée 22 janvier 2022 Auditorium de la Maison de la Musique, Ernstein (67) 5 février 2022 Le Grand Pré, Langueux (22) 26 février 2022 Salle Arvorik, Lesneven (29) 24, 25, 26 et 27 mars, Espace K, Strasbourg (67) 1er avril Théâtre Alexandre Dumas, Saint-Germain-en-Laye (78) 8 avril Centre Cyrano de Bergerac, Sannois (95) 23 avril Théâtre des Forges René Carpentier, Trith-Saint-Léger (59) 24 mai L’Hermitage Compostelle, Le Bouscat (33)      Read More →
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Les Couleurs de l’Air, écriture et mise en scène d’Igor Mendjisky, au Théâtre l’Azimut – La Piscine
  © Lionel Nakache   ƒƒ article de Hoël La perte d’un parent, la recherche de la vérité, et les conséquences sur sa propre vie : voici des thèmes qui décidément chatouillent particulièrement les metteurs en scène en ces temps troublés où on se retrouve particulièrement face à soi-même. Peut-être que ces mois de confinement où à défaut de pouvoir vivre tout à fait « normalement et intensément », ont été propices à faire remonter les souvenirs, à prendre du recul avec sa propre histoire ou au contraire s’y plonger éperdument… Ainsi, à l’instar de Mère de W. Mouawad à La Colline, Igor Mendjisky de son côté part à l’exploration de la vie de son père avec Les Couleurs de l’Air. Dans une fiction largement inspirée de son histoire personnelle, il remonte sur les traces d’un père admiré dont la vraie vie se révèle beaucoup plus complexe et entachée d’ombres que l’image que sa famille a de lui. C’est à la mort de celui-ci et lors de la lecture du testament que les proches de ce peintre dépensier et généreux découvre qu’il était en réalité criblé de dettes, et même au-delà : qu’il a toute sa vie durant vécu en véritable escroc de l’art. Faussaire, menteur, « enleveur » d’enfant, flambeur, c’est tout un pan de cette vie inconnue qui apparaît. A partir de là, comment vivre apaisé avec ces secrets dévoilés ? Quel héritage peut-on accepter ? Et quel héritage subit-on ? Et surtout, pour le faiseur d’histoires qu’est son trentenaire de fils dramaturge : comment raconter ce père, ces découvertes, et l’impact de telles révélations ? Sur son lit de mort, son père termine par cette question : « Est-ce que tu vas faire un film, une pièce, quelque chose sur moi ? » Sorte de dernière volonté peut-être, ou angoisse de tomber dans l’oubli pour cet homme mégalo qui a vécu dans l’ombre d’un frère héroïque et décédé jeune… En recollant les morceaux, les photos, les récits de ses frères et sœurs, Igor Mendjisky se lance dans cette quête : raconter son père… Le spectacle prend alors la forme d’une mise en abyme : un tournage de film sur la vie de ce père. L’image de la poupée gigogne n’est pas loin, pour ce père d’origine russe d’ailleurs. La pièce ouvre de multiples tiroirs, oscille entre flash-back, visions fantasmagoriques et vicissitudes du tournage. Et même si le spectateur est vite accroché par l’histoire de ce père à la vie certes rocambolesque, interprété par le charismatique Thibault Perrenoud, on finit par se perdre un peu dans ce dédale foisonnant. Peut-être Igor Mendjisky en tentant de dévoiler la vérité tout en proposant une sorte de point de vue psychanalytique a-t-il voulu trop en dire au risque de longueurs, ou au trait parfois gros, comme cette récurrence de la tentative de tuer le père à l’aide d’un pistolet venu dont ne sait où. Ou bien peut-être en cherchant à universaliser une histoire intime a-t-il oublié une certaine limpidité du discours ? Bien sûr, on comprend la profondeur d’un tel héritage, mais sans doute l’écriture aurait mérité une simplicité supplémentaire, une efficacité que l’on retrouve habituellement dans la Compagnie des Sans Cou. Toutefois, le spectacle offre de beaux moments et un humour distancié intéressant, notamment grâce aux rôles féminins. A découvrir si on aime les enquêtes intimes et les basculements dans des mondes imaginaires des profondeurs de l’âme.   © Lionel Nakache   Les Couleurs de l’Air, texte et mise en scène d’Igor Mendjisky Dramaturgie : Charlotte Farcet Avec Raphaèle Bouchard en alternance avec Alexandrine Serre, Pierre Hiessler, Igor Mendjisky, Hortense Monsaingeon, Thibault Perrenoud, Juliette Poissonnier, Esther Van den Driessche, Jean-Paul Wenzel, Yuriy Zavalnyouk Lumière : Stéphane Deschamps Musique : Raphaël Charpentier Costumes : May Katrem, Sandrine Gimenez Vidéo, son : Yannick Donet Scénographie : Claire Massard, Igor Mendjisky Assistanat à la mise en scène : Arthur Guillot Construction des décors : Jean-Luc Malavasi Régie générale et lumière : Stéphane Deschamps Régie son : Yannick Donet Régie plateau : Jean-Luc Malavasi   Durée 2 h 55 avec entracte     Du 5 au 9 janv. 2022 : L’Azimut / Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry Le 21 janv. 2022 : Théâtre du Vésinet Les 28 et 29 janv. 2022 : Théâtre Romain Rolland, Villejuif Le 4 fév. 2022 : Théâtre de Corbeil-Essonnes Le 17 fév. 2022 : Espace Marcel Carné, Saint-Michel-Sur-Orge      Read More →
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This is how you will disappear, conception et mise en scène de Gisèle Vienne, à la MAC – Maison des Arts de Créteil avec le Festival d’Automne
  © Sébastien Durand   ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot L’invisible, l’imperceptible, recèlent le flagrant délit. Le crime se pare de l’ambiguïté. Un corps rampe sur un autre, allongé, inerte, s’affaire dans le taillis, se vautre bestialement dans le lit de feuilles mortes. Comment croire ce que l’on a cru voir l’espace d’un instant dans la froide obscurité sylvestre, encore plus assombrie par le déferlement sonore qui ouvre This is how you will disappear ? L’espace d’un instant est probablement l’expression la plus juste pour décrire l’expérience proposée par Gisèle Vienne, essaimant toute son œuvre, cette transmutation de l’impondérabilité du temps aux dimensions spatiales du monde : une seconde diffractée dans l’élancement d’un arbre, une minute déployée dans l’embrassement d’une forêt, une éternité affirmée dans l’immobilité d’un corps. Le temps est affaire d’espace où il flaire sa mesure. Sa troublante élasticité, opérée par le mouvement ralenti ou accéléré des corps, se prolonge dans la réception du spectateur où chaque instant de subdivise en deux, puis encore en deux, étendant l’infini dans un mouchoir de poche. Il y a donc cette forêt : immense ! inoubliable !… comme si le célèbre fond de scène du théâtre du peuple de Bussang avait envahi la scène et l’avant-scène. Des arbres squelettiques, rachitiques pour certains, dans le flottement de leur nudité effeuillée, hormis quelques résineux, des arbres dont la présence étrangement immobile évoque les sculptures longilignes de Giacometti. Ils sont le point de vue, enfouissant ou exhumant le fait humain. Ils dilatent le temps à l’échelle de leur croissance : comparativement, la gymnaste s’entraînant avec son coach, le rocker se lamentant, ont la brièveté du papillon. La beauté gigantesque de la scénographie étalonne notre regard et notre conscience hors de l’anthropocène. La présence de ces trois-là est en soi une énigme, ou une erreur. Juste-au-corps, jogging, et cuir clouté, comme un triple anachronisme œuvrant à une coupure du sens. Une gymnaste capable de toutes les contorsions est pliée et dépliée entre les mains de son coach, telle une poupée, une marionnette. Le coach prenant position sur ce corps, la renverse, la projette dans la représentation de l’acte sexuel. Sans cesse : l’image du viol, du meurtre, en arrière-fond, tel un leitmotiv en musique, tel un repentir en peinture, comme une mauvaise pensée dont on se saurait se défaire. Les corps chez Gisèle Vienne parlent le langage habituellement escamoté de l’inconscient mais en le dénuant de signification. Ils sont purs signifiants affranchis de tout récit. Il n’y a pas à proprement dit d’histoire dans This is how you will disappear. Il s’agirait plutôt des lambeaux et des traces qu’une histoire aurait laissés dans les corps. Cet effilochement de l’action, ces enchaînements sans queue ni tête, ces apparitions et disparitions, rappellent les narrats inventés par l’écrivain Antoine Volodine : percutants dans leur entame, abrupts dans leur clôture. Avalés par la puissance de la forêt, qui se métamorphosera par le travail exceptionnel des lumières et du son en forêt tropicale, les actions humaines s’y décomposent et la nourrissent comme l’humus, comme le corps assassiné au fond de la rivière, recouvrant in fine de son onde les feuilles et les branches des arbres. Lorsqu’enfin toute trace humaine aura été complètement absorbée, la forêt redevenue primaire se signera de l’envol majestueux d’un faucon et d’une chouette blanche : This is how you will disappear ! Avec Gisèle Vienne, le théâtre sera devenu une seconde nature. C’est unique.   © Silveri   This is how you will disappear, conception, mise en scène, chorégraphie et scénographie : Gisèle Vienne Créé en collaboration avec et interprété par Jonathan Capdevielle, Nuria Guiu Sagarra, Jonathan Schatz Création musicale, interprétation et diffusion live : Stephen O’Malley, Peter Rehberg Texte et paroles de la chanson : Dennis Cooper Lumières : Patrick Riou Sculpture de brume : Fujiko Nakaya Vidéo : Shiro Takatani Stylisme et conception des costumes : José Enrique Oña Selfa Fauconnier : Patrice Potier / Les Ailes de l’Urga Construction des poupées : Raphaël Rubbens, Dorothéa Vienne-Pollak, Gisèle Vienne Reconstitution des arbres et conseils : Hervé Mayon / La Licorne Verte Évidage et reconstitution des arbres : François Cuny / O Bois Fleuri, les ateliers de Grenoble Création maquillages, perruques et coiffures : Rebecca Flores   Durée : 1 h 20 Du 6 au 8 janvier 2022 à 20 h   MAC – Maison des Arts Créteil Place Salvador Allende 94000 Créteil tél : 01 45 13 19 19 www.maccreteil.com   Du 10 au 12 mars 2022 à 20 h sauf le 12 à 15 h Théâtre National de Bretagne, Rennes      Read More →
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Le Chœur, d’après le poème « Et la rue » de Pierre Alferi, conception et mise en scène Fanny de Chaillé, au Théâtre 14
  © Marc Domage   ƒƒƒ article de Hoël Ils sont dix, dix jeunes commédien.ne.s, ils arrivent un à un en ligne en avant-scène. Ça commence par un « ça commence », et la voix de l’une évoque son souvenir du 11 septembre. Et bientôt chacun.e interrompt, répond, surenchérit, jusqu’à laisser place à des souvenirs totalement imaginaires, plus loufoques et improbables les uns que les autres. Le ton est donné : ce spectacle sera choral, chancun.e y aura sa place, pas de protagoniste, et surtout, l’humour et l’intime se mêleront joyeusement. Sans transition, une comédienne se lance dans une histoire inspirée du poème de Pierre Alféri « La Rue », qui servira de fil rouge au spectacle. Celui-ci raconte un fait divers assez banal, une coupure de courant qui affecte tout un quartier, et qui amène les habitants de ce dernier à se rencontrer le temps que la panne soit réparée. Mais bien sûr, et c’est là toute l’ingéniosité de Fanny Chaillé et l’originalité de ce spectacle, ce texte ne s’avère qu’une sorte de prétexte à explorer le travail du chœur et du corps. Une voix, dix corps au service d’une histoire : lorsqu’un personnage raconte son histoire, les neuf autres l’illustrent par des chorégraphies aussi drôles que millimétrées ou en formant un groupe réagissant en direct aux récits : chuchotements, encouragements, effarement, mimes… Cela créer un décalage du propos autant qu’une implication jouissive du groupe. On glisse de tableau en tableau, de récits individuels en passages chorégraphiés, le tout dans un entremêlement rusé des récits qui se répondent, se confondent, et rebondissent les uns sur les autres. Parmi eux, la tentative de rapprochement sensuel dans un lit que tout le monde a vécu un jour ; la soudaine notoriété d’un instagramer liké par Booba ; l’emballement mégalo d’un danseur qui se rêve en porte-parole d’un groupe qui n’a rien demandé… Autant de petits échecs ou fantasmes intimes en face desquels, le chœur est autant acteur que spectateur, bruiteur qu’illustrateur. Il apporte du relief aux anecdotes et mêle le personnel et le collectif pour finalement faire battre tous les cœurs à l’unisson. Et le plus agréable, c’est que cette énergie déployée sur scène se transmet totalement à la salle. Un spectacle polymorphe, porté par de jeunes comédien.ne.s charismatiques et solidaires, aussi poétique que réjouissant, à découvrir dans le cadre du Festival d’Automne.    © Marc Domage   Le Chœur, mise en scène, Fanny de Chaillé Texte Et la rue, extrait de l’ouvrage Divers chaos, de Pierre Alferi (P.O.L.) Avec la promotion 2020 des « Talents Adami Théâtre » : Marius Barthaux, Marie-Fleur Behlow, Rémy Bret, Adrien Ciambarella, Maud Cosset-Chéneau, Malo Martin, Polina Panassenko, Tom Verschueren, Margot Viala, Valentine Vittoz Assistant, Christophe Ives Rédaction journal, Grégoire Monsaingeon Réalisation son et radio, Manuel Coursin Direction technique et lumières, Willy Cessa   Du 4 au 15 janvier 2022 Du mardi au samedi 20 h mardi, mercredi et vendredi, 19 h jeudi, 16 h samedi Durée 1 h       Théâtre 14 20 avenue Marc Sangnier 75014 Paris   Réservations : 01 45 45 49 77 www.theatre14.fr      Read More →
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L’homme qui dormait sous mon lit, texte, musique et mise en scène de Pierre Notte, au Théâtre du Rond-Point
  © Stéphane Trapier   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Un bon émigré est un émigré mort. Voilà sans doute la solution au grand remplacement qui se fait attendre. Dans cette dystopie signée Pierre Notte, « cette farce lamentable », il n’y a pas de migrants. Du moins sont-ils invisibilisés, ce qui est sans doute bon pour les statistiques, par l’enjeu d’un étrange et juteux marché où chaque propriétaire qui héberge un émigré reçoit une allocation. Mieux même, s’il se suicide, une prime supplémentaire. Mais attention, on n’est pas des monstres non plus, si on incite à sauter par la fenêtre, on ne le pousse pas de soi-même. Nuance. Et foin de culpabilité… Pour l’heure notre réfugié accueilli par Madame dans son étroit studio encombré de merdouilles, fait son trou sous le lit d’icelle comme on met la poussière sous le tapis. Là, il y cultive ses tomates en clandestin. Madame exaspérée a beau lui indiquer où sont les lames de rasoirs, préparer la mort au rat, rien n’y fait, notre migrant refuse de céder aux injonctions de plus en plus impératives de sauter le pas et par la fenêtre si possible. Rien ne va plus, adieu donc la prime. Une médiatrice, comédienne en intermittence, tente de réconcilier les deux parties en guerre. Tout est bien qui finira bien cependant ; à défaut de lui faire la peau, découvrir la peau de l’autre fera beaucoup et plus encore pour une réconciliation des peuples. Pierre Notte signe et met en scène une fable féroce et jubilatoire. C’est un conte noir et comme dans tout conte l’horreur et l’innommable sont permis, la bien-pensance jetée aux orties, la morale troussée cul-par-dessus-tête, pour dénoncer le pire et l’abjection. Ce fin observateur de notre société déliquescente, moraliste inquiet et narquois d’une sale époque foutraque qui voit émerger un extrémisme décomplexé et rance où la France aux Français tient lieu de programme nauséabond, où le karcher serait la solution à certains de leurs problèmes, imagine un monde enfin parfait où la question migratoire est traitée de façon radicale et efficace. C’est diablement vachard et tordu, humour pince-sans-rire et macabre, mais d’une finesse sans égale sous le trait faussement épais de la farce. Dans ce décor abstrait, le plan d’une chambre simplement marqué au sol que découpe la lumière, où seul trône un tabouret de piano, siège de tous les assauts pour asseoir son autorité ou se balancer par la fenêtre, ils sont trois à se faire salement la guerre entre deux secousses sismiques. Le monde tremble et le plancher se lézarde, leurs certitudes aussi. Et c’est ce lent délitement de leurs convictions ancrées, faites de clichés têtus sur « l’autre », qui conduira à une réconciliation finale et heureuse. Oui, aussi sombre et désespérante que soit cette dystopie la morale en est heureuse. Pierre Notte sans être un doux rêveur est un incurable optimiste qui s’amuse avec malice et alacrité, non sans gravité, à exploser les préjugés qui nous aveuglent de part et d’autre. Ainsi Madame qui s’étonne et s’agace qu’un migrant puisse parler aussi correctement le français jusqu’à reprendre ses fautes récurrentes de grammaire. Impensable. Ce sont aussi des corps empêchés qui s’évitent et se retiennent. A peine se frôlent-ils dans cet espace si étroit où la promiscuité obligée vire au cauchemar… La peur de l’autre toujours. Et c’est cette difficile appréhension du corps de l’étranger qui est aussi dénoncé là. Mais il suffit d’un rien, d’une bandaison opportune, pour que tombent soudain les préventions. Surtout Pierre Notte, de son écriture si pointue, de sa plume sergent-major trempée dans l’acide, dresse le portrait de trois drôles de zèbres, personnages en proie à leurs propres contradictions, quelque peu déboussolés devant une situation qui leur échappe, des convictions qui se font la malle, et dont ils se dépatouillent comme ils peuvent. Et ils sont formidables ces trois-là qui jouent du premier degré comme du second, et même du troisième, font d’une tragédie possible un numéro de clown et vice et versa. Muriel Gaudin (l’accueillante) et Clyde Yeguette (le réfugié) c’est Foottit et Chocolat chez les fachos… avec Silvie Laguna (la modératrice), royale et telle qu’en elle-même dans son propre rôle, en Madame Loyal pousse-au-crime. Pierre Notte signe une mise en scène bien secouée, légère et vive, qui fait fi de la vraisemblance pour mieux en extraire une vérité pas jolie-jolie sous le vernis de la farce. Mise en scène par le vide, ni décor ni accessoire, pour laisser toute la place à nos histrions, ce trio infernal et monstrueux qui visiblement s’en donne à cœur joie à jouer de notre mauvaise conscience, et au texte qui claque, de répliques assassines en réparties fielleuses. Juste, si juste. Jusqu’à embarquer le public dans cette sale affaire, interpellé, complice et témoin malgré lui de cette « farce lamentable » comme le proclame Silvie Laguna. C’est toute la finesse et la force de Pierre Notte de nous asséner nos quatre-vérité, de fouailler et cingler le grotesque de nos préjugés imbéciles sans que nous osions broncher mais pour y trouver malgré tout une étincelle d’humanité. Quand même !  Tout est bien qui finit bien, soit, mais nous sommes au théâtre, ne l’oublions pas tintinnabulent Pierre Notte et notre conscience devant la réalité. Et si une valse peut réparer nos lâchetés alors, pour reprendre Pina Bausch, « dansons, dansons, sinon nous sommes perdus. » On peut encore rêver…   © Stéphane Trapier     L’homme qui dormait sous mon lit, texte, musique et mise en scène de Pierre Notte Avec Muriel Gaudin, Silvie Laguna et Clyde Yeguette Eclairagistes Éric Schoenzetter Arrangements musicaux Clément Walker-Viry   Du 7 au 30 janvier 2022 à 20 h 30 Dimanche 15 h, relâches les lundis   Théâtre du Rond-Point 2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris   Réservations 01 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr   Tournée 10, 11, 12 février 2022 Fort de France (97) 2 mai 2022 Coye-la-Forêt (60)      Read More →
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La vie invisible, de Lorraine de Sagazan, Théâtre de la Ville, Espace Cardin
  © Christophe Raynaud de Lage   ƒƒƒ  article de Nicolas Brizault Un spectacle devait être mis en place par Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan, suite à plusieurs rencontres avec des aveugles, un spectacle voulant sans doute évoluer, sûr de lui, dans des idées premières, être tout simplement lié à ce handicap. Des idées premières sans doute fortement intéressantes et bien mises en place, oui. « Tout simplement » c’est l’idée qui nous vient après avoir vu La vie invisible, fruit de la rencontre de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan avec Thierry Sabatier. Cet homme est devenu malvoyant vers 16 ans, il en a 55 aujourd’hui, il est père de famille et semble être un homme bâti d’un caractère affectueux, sûr de lui et certain de rien à la fois. Il donne l’impression de faire partie « (des) gens qui doutent », comme dans la chanson d’Anne Sylvestre. Devant le rideau noir pas encore ouvert il nous explique comment il se sent, comment ce handicap se présente pour lui, à quoi il est dû. On a l’impression d’un mini-conférence, d’une mini introduction, on ne devine pas encore la surprise si positive qui va s’ouvrir devant nous. Très jeune déjà Thierry Sabatier aimait le théâtre, il y allait avec sa mère, perdue quand il avait 22 ans. Ses parents étaient divorcés, son père absent. Et une soirée au théâtre avec elle l’a marqué, peut-être la dernière ensemble, une soirée dont il se souvient de tout et de rien à la fois, des formes, des échos, autant de sensations enfermées en lui, protégées. C’est de cela que nous parlent Thierry Sabatier, Romain Cottard et Chloé Olivères. Ces deux derniers vont être les personnages de cette « dernière pièce », qu’ils essaient de présenter à travers plusieurs épisodes. Ils s’arrêtent régulièrement, et tous les trois nous expliquent à quoi correspondaient ces essais, cette recherche d’une avancée vers l’idée que Thierry souhaite partager. Ils disent ce qui n’allaient pas ici où là et recommencent, un homme et une femme, un couple ne fonctionnant plus, un père qui s’échappe et une mère folle d’amour, et au milieu un enfant, lourd problème, un enfant handicapé, terrifiant par tous ces problèmes que sa présence entraîne, la destruction de ce couple tout d’abord. Un couple égoïste, fou d’amour, qui reconnaît sa souffrance et sa perte. Stop, explications et nouveaux liens, avancées, reprises des personnages…  Thierry est là, entre eux, les écoute, les ressent, les guide. Nous sommes peu à peu soufflés, emportés et saisissons aussi comme la mémoire, si présente, et ne plus voir se mêlent. Étrange. Des moments tout à fait saisissants, plus encore. On nous explique vers la fin ce qu’est une histoire d’amour, de ces premiers détails à peine esquissés jusqu’aux sensations si peu communes du sexe et de l’oubli, de la solitude et la fin, la mort. Parfois on peut se sentir perdu face à ce qui nous est raconté, on flotte ici ou là. Les allées et venues dès le début nous font peur, que vont-ils faire, à quoi correspondent ces coupures, ces arrêts ? Qui est qui, comment ? Puis nous tombons face à la résonance de nos propres vies ici ou là. Du vrai, une histoire qui se déroule, nous enveloppe. Nous quittons le théâtre avec. La vie invisible nous plonge dans la perception, l’attention. Le jeu des mains, des voix. Nous apprend combien nous vivons différemment, tous et comment nous nous ressemblons, tous.   © Christophe Raynaud de Lage   La vie invisible, conception et mise en scène de Lorraine de Sagazan Texte : Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan, à partir des témoignages de personnes non et malvoyantes Avec : Thierry Sabatier, Chloé Olivères, Romain Cottard Collaboration artistique & dramaturgique : Romain Cottard Scénographie : Création collective, avec la collaboration d’Anouk Maugen Lumière et régie générale : Nicolas Diaz Son : Clément Rousseaux Collaboration son : Camille Vitté Régie son : Jérémie Galifet Costumes : Dominique Fournier, avec la collaboration de l’équipe artistique   Du 4 au 14 janvier 2022 A 20 h Durée 1 heure     Théâtre de la Ville, Espace Cardin 1 avenue Gabriel 75008 Paris   Réservations : 01 42 74 22 77,  du lundi au samedi de 11 h à 19 h www.theatredelaville-paris.com   Le Théâtre de la Ville propose un accueil adapté aux personnes en situation de handicap : Réservations et renseignements Par téléphone 01 48 87 59 50 Par mail à l’adresse csimon@theatredelaville.com      Read More →
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Une télévision française, texte et mise en scène de Thomas Quillardet, au Théâtre de la Ville / Les Abbesses
  © Pierre Grosbois   ƒƒ article de Denis Sanglard 16 avril 1987, La Une est privatisée, cédée par le gouvernement de Jacques Chirac au groupe de BTP Bouygues pour trois milliards de francs, au nom d’un mieux-disant culturel qui ne fut qu’une vaste supercherie. Thomas Quillardet retrace et interroge un pan de notre histoire qui fut un bouleversement dans le paysage audiovisuel français, augurant un nouvel avenir pour le journalisme contraint désormais de répondre aux impératifs de l’audimat, aux annonceurs et au pouvoir. Résumé en trois mots par le PDG de l’époque, Patrick Le Lay : « audience, audience, audience. » C’est une plongée fascinante au sein de la rédaction, avant et après la privatisation, de 1986 à 1994, au jour le jour, confrontée aux changements radicaux qu’impose une direction qui fait voler en éclat le service public où la liberté d’informer est remise en question. Sans que jamais l’Etat ne demande des comptes… Fruit d’un long travail de recherche, de visionnage d’archives de l’INA, de rencontre avec les journalistes ayant traversé cette période, c’est une reconstitution fidèle des situations. Mais Thomas Quillardet ne fait pas de théâtre documentaire. Si toutes ressemblances avec des personnes et des évènements ne sont pas fortuites, Thomas Quillardet théâtralise avec raison l’ensemble. Pas de reconstitution à l’identique ni d’archive, de vidéo ou d’écran. Les codes qui régissent cette création dense sont avant tout théâtraux et reposent en grande partie sur les comédiens. Que Francis Bouygues soit joué par une femme et Claire Chazal par un homme, Jean-Marie Le Pen par un noir, sans que ni les uns ni les autres n’aient le physique ou la voix, importe peu, ça marche. Mieux même, cela induit une heureuse distance avec le sujet traité. D’autant plus que certaines archives incroyables, reproduites sans filtre, sont éminemment théâtrales et Thomas Quillardet n’a pas eu à pousser bien loin le burlesque pour déclencher les rires aussi jaunes soient-ils. Ainsi Francis Bouygues coaché par Bernard Tapie en vue de son audition pour l’attribution de la chaîne. Hallucinante scène et pourtant véridique. Qui se prolonge avec l’audition elle-même, vaste fumisterie où l’on promet, entre-autre, du Olivier Messian à une heure de grande écoute (sic). Ce même Tapie — devenu figure incontournable au regard de l’audimat — devant le refus ferme, compréhensible et honorable, d’Anne Sinclair d’interviewer Jean-Marie Le Pen, dépêché par la rédaction pour faire débat (1989). Pour qui s’en souvient, la séquence valait bien d’être reproduite. Cependant, et plus sérieusement, au fil des évènements qui traversent cette décennie, de Tchernobyl au Rwanda, de la chute du mur de Berlin à l’exécution des Ceausescu, c’est le traitement de l’information au regard de l’évolution de la chaîne qui devient le marqueur d’un bouleversement majeur où la concurrence avec les autres chaînes, l’audimat et la collusion avec le pouvoir, président au choix d’une rédaction désormais sous pression. Le licenciement de Michèle Cotta, directrice de l’information, fut à cet égard symptomatique. Thomas Quillardet fictionne fermement l’ensemble et son regard porte aussi sur les individus pris dans les rets d’un changement brutal et inattendu. Alors que le réacteur de Tchernobyl explose, la rédaction inquiète est près d’imploser. Pour chacun vient l’heure d’une remise en question. Non sans ironie, une fois acté la vente, Thomas Quillardet fait chanter, le plus sérieusement du monde, le générique du feuilleton Dallas, feuilleton emblématique des années Bouygues. Les ambitions se révèlent et les coup-bas qui vont avec, se défont les amitiés et s’organise la résistance. Il y a là toute une humanité désorientée qui bientôt se réorganise en fonction de ses intérêts, les sentiments s’avérant parfois tragiquement réversibles. Avouons-le, nonobstant notre vrai plaisir, c’est un peu long, par trop linéaire parfois, et manque souvent un peu de relief, particulièrement la première partie, avant la mainmise par le groupe Bouygues. Mais passons sur ce détail. Quelques scènes burlesques, et là c’est régal, sauvent l’ensemble de l’ennui qui semblait menacer. D’heureuses trouvailles de mise en scène évitent tout didactisme barbant qu’aurait pu donner ce travail minutieux de recherche. Thomas Quillardet privilégie avant tout la théâtralité évitant tout réalisme forcené. Le burlesque le dispute parfois à la satire. A cela une direction d’acteurs au cordeau, lesquels sont d’une justesse imparable qui jamais n’imitent ni ne caricaturent ceux qu’ils incarnent et dont les noms pour la plus part nous sont encore connus (mais qui se souvient de Marie-Laure Augry ? ou encore de Joseph Poli ?). Ils sont tous épatants de sensibilité et d’intelligence de jeu. Cette vasque fresque cinglante sous des dehors faussement policée, et fort bien écrite au demeurant, a le grand mérite d’éclairer au final notre époque dans le traitement de l’information. De même la remise en question du journalisme au risque du populisme au dépend de la démocratie. Ce que démontre Thomas Quillardet, au-delà de l’esprit d’une époque, c’est comment le ver fut entre 1986 et 1994 introduit dans le fruit jusqu’à fragiliser aujourd’hui l’ensemble de l’arbre. Edifiant.   © Pierre Grosbois   Une télévision française texte et mise en scène de Thomas Quillardet Assistante à la mise en scène Titiane Barthel Scénographie Lisa Navarro Costumes Benjamin Moreau Création son Julien Fezans Création lumières Anne Vaglio Chef de chant Ernestine Bluteau Construction du décor Les ateliers de la comédie de Saint-Etienne Avec Agnès Adam, Jean-Baptiste Anoumon, Emile Baba, Benoît Carré, Florent Cheippe, Charlotte Corman, Bénédicte Mbemba, Josué Ndofusu, Blaise Pettebone, Anne-Laure Tondu   Du 5 au 22 janvier 2022 à 19 h Dimanche 15 h   Théâtre de Abbesses 31, rue des Abbesses 75018 Paris   Réservations 01 42 74 22 77 www.theatredelaville-paris.com     Tournée 25 au 26 janvier La Coursive-Scène Nationale de la Rochelle 29 janvier Equinoxe-Scène nationale de Châteauroux 1er au 2 février Le grand R-scène nationale de La Roche-sur-Yon 4 février Théâtre d’Angoulême-scène nationale 22 au 23 février La Rose des Vents-scène nationale de Villeneuve d’Ascq 26 février La Passerelle-scène nationale de Gap-Alpes Sud        Read More →
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