À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements // Les Couleurs de l’Air, écriture et mise en scène d’Igor Mendjisky, au Théâtre l’Azimut – La Piscine

Les Couleurs de l’Air, écriture et mise en scène d’Igor Mendjisky, au Théâtre l’Azimut – La Piscine

Jan 12, 2022 | Commentaires fermés sur Les Couleurs de l’Air, écriture et mise en scène d’Igor Mendjisky, au Théâtre l’Azimut – La Piscine

 

© Lionel Nakache

 

ƒƒ article de Hoël

La perte d’un parent, la recherche de la vérité, et les conséquences sur sa propre vie : voici des thèmes qui décidément chatouillent particulièrement les metteurs en scène en ces temps troublés où on se retrouve particulièrement face à soi-même. Peut-être que ces mois de confinement où à défaut de pouvoir vivre tout à fait « normalement et intensément », ont été propices à faire remonter les souvenirs, à prendre du recul avec sa propre histoire ou au contraire s’y plonger éperdument… Ainsi, à l’instar de Mère de W. Mouawad à La Colline, Igor Mendjisky de son côté part à l’exploration de la vie de son père avec Les Couleurs de l’Air. Dans une fiction largement inspirée de son histoire personnelle, il remonte sur les traces d’un père admiré dont la vraie vie se révèle beaucoup plus complexe et entachée d’ombres que l’image que sa famille a de lui.

C’est à la mort de celui-ci et lors de la lecture du testament que les proches de ce peintre dépensier et généreux découvre qu’il était en réalité criblé de dettes, et même au-delà : qu’il a toute sa vie durant vécu en véritable escroc de l’art. Faussaire, menteur, « enleveur » d’enfant, flambeur, c’est tout un pan de cette vie inconnue qui apparaît. A partir de là, comment vivre apaisé avec ces secrets dévoilés ? Quel héritage peut-on accepter ? Et quel héritage subit-on ? Et surtout, pour le faiseur d’histoires qu’est son trentenaire de fils dramaturge : comment raconter ce père, ces découvertes, et l’impact de telles révélations ?

Sur son lit de mort, son père termine par cette question : « Est-ce que tu vas faire un film, une pièce, quelque chose sur moi ? » Sorte de dernière volonté peut-être, ou angoisse de tomber dans l’oubli pour cet homme mégalo qui a vécu dans l’ombre d’un frère héroïque et décédé jeune… En recollant les morceaux, les photos, les récits de ses frères et sœurs, Igor Mendjisky se lance dans cette quête : raconter son père…

Le spectacle prend alors la forme d’une mise en abyme : un tournage de film sur la vie de ce père. L’image de la poupée gigogne n’est pas loin, pour ce père d’origine russe d’ailleurs. La pièce ouvre de multiples tiroirs, oscille entre flash-back, visions fantasmagoriques et vicissitudes du tournage. Et même si le spectateur est vite accroché par l’histoire de ce père à la vie certes rocambolesque, interprété par le charismatique Thibault Perrenoud, on finit par se perdre un peu dans ce dédale foisonnant. Peut-être Igor Mendjisky en tentant de dévoiler la vérité tout en proposant une sorte de point de vue psychanalytique a-t-il voulu trop en dire au risque de longueurs, ou au trait parfois gros, comme cette récurrence de la tentative de tuer le père à l’aide d’un pistolet venu dont ne sait où. Ou bien peut-être en cherchant à universaliser une histoire intime a-t-il oublié une certaine limpidité du discours ? Bien sûr, on comprend la profondeur d’un tel héritage, mais sans doute l’écriture aurait mérité une simplicité supplémentaire, une efficacité que l’on retrouve habituellement dans la Compagnie des Sans Cou.

Toutefois, le spectacle offre de beaux moments et un humour distancié intéressant, notamment grâce aux rôles féminins. A découvrir si on aime les enquêtes intimes et les basculements dans des mondes imaginaires des profondeurs de l’âme.

 

© Lionel Nakache

 

Les Couleurs de l’Airtexte et mise en scène d’Igor Mendjisky
Dramaturgie : Charlotte Farcet
Avec Raphaèle Bouchard en alternance avec Alexandrine Serre, Pierre Hiessler, Igor Mendjisky, Hortense Monsaingeon, Thibault Perrenoud, Juliette Poissonnier, Esther Van den Driessche, Jean-Paul Wenzel, Yuriy Zavalnyouk

Lumière : Stéphane Deschamps
Musique : Raphaël Charpentier
Costumes : May Katrem, Sandrine Gimenez
Vidéo, son : Yannick Donet
Scénographie : Claire Massard, Igor Mendjisky
Assistanat à la mise en scène : Arthur Guillot
Construction des décors : Jean-Luc Malavasi
Régie générale et lumière : Stéphane Deschamps
Régie son : Yannick Donet
Régie plateau : Jean-Luc Malavasi

 

Durée 2 h 55 avec entracte

 

 

Du 5 au 9 janv. 2022 : L’Azimut / Théâtre La Piscine, Châtenay-Malabry
Le 21 janv. 2022 : Théâtre du Vésinet
Les 28 et 29 janv. 2022 : Théâtre Romain Rolland, Villejuif
Le 4 fév. 2022 : Théâtre de Corbeil-Essonnes
Le 17 fév. 2022 : Espace Marcel Carné, Saint-Michel-Sur-Orge

 

 

Be Sociable, Share!

comment closed