Ballroom, d'Arthur Perole, Chaillot-Théâtre National de la Danse
    © Nina-Flore Hernandez   ƒƒ article de Nicolas Brizault Ballroom, d’Arthur Perole, est un partage fort sympathique entre les six danseurs et le public. Trois hommes, trois femmes qui tout d’abord sont sur scène, comme d’habitude faudrait-il dire, se préparent, nous saluent, demandent de l’aide pour faire un petit nœud sous le cou ou terminer ce maquillage dans le dos. Des ballons partout, sur eux même, du rouge, du jaune, du bleu, des costumes entre clowns et mômes jubilatoires, ou l’inverse. Superpositions d’on ne sait quoi, qui en tout cas fonctionnent, le public s’assoit rayonnant et prêt à faire la fête ! Car l’envie, l’idée ou la proposition de d’Arthur Perole, (ou bien les trois mélangées), est de faire la fête, oui. Nous sommes installés, eux maquillés, et tout va débuter. Ils se réunissent, sorte de cercle de prière, d’union, de future énergie et la techno débarque, va les anéantir pour leur/nous faire du bien. Les costumes s’écroulent peu à peu, comme des strates de mensonges ou de protections, pour faire apparaître le vrai (?). Ils dansent, d’abord enfermés dans un sérieux étonnant, mais on ne s’en fait pas, ils vont rebondir, glisser, leur sueur sera là, ils auront bu, se rapprocheront l’un de l’autre, riront, et c’est là que le vrai laisse dubitatif, est-ce qu’on rit du vrai dans les instants-là où de mille inventions folles, comme celles « inscrites » sur leurs corps, folies réparatrices ? Peu importe et rebondissons. En tout cas ils sont souvenirs, miroirs anciens, au mercure techno, aux gestes qui ne sont sans doute pas aussi éloignés de la danse qu’il peut y paraître. Talent ! Talent ! Un travail fantastique. La fête. On a envie d’y participer et ça finira comme ça d’ailleurs : début et fin le public est là, sur scène. La joie, l’envol sans le venin sur une scénographie souvenir, il faudrait faire attention pour que personne ne tombe et surtout bien balayer à la fin. Parfait. Mais… pas trop de rebondissements en fait, sauf ceux de ces corps presque multiples à force de. La danse, le saisissement qu’elle produit, notre partage, aucun souci, bien au contraire, c’est là ! Mais donc juste l’impression d’une très sympathique soirée techno quand on avait vingt ans. On se laisse prendre et un vilain « et alors » fini par pointer le bout de son nez, demandant tout bas si on avait bien envoyé le message à untel avant de partir, ce « et alors » finissant par jalousement nous dire « oui, je suis là moi aussi ! » Et la maladresse des danseurs qui parlent sur scène nous apparaît. Leur corps, leur chant fonctionnaient très bien, la parole non. Surtout la parole de fin de soirée. Intérêt plat : un micro est apparu, accompagné de micros blablas. Du coup « rebondissement » des corps oubliés un instant. Et ces tas de doigts levés, ici ou là, pour signifier vous savez quoi aussi, bon, un discrètement, oui, on pourrait même trouver ça « génial » mais là, ce flot de « vas-te-faire-foutre » technoïde sont lassant, voire davantage. Pourquoi autant ? On s’amusait, la légèreté était là et puis une sorte de minuscule prétention semble vouloir naître, demander si on l’a bien sentie, repérée, si c’est bien elle que l’on applaudira à la fin, dans pas longtemps. Heureusement, la force remontre le bout de son nez, le talent et les belles et bonnes idées. Tout fini bien. Mais c’est comme si on était allé à l’Orangerie jouir de la tranquillité si fines des Nymphéas, et que « comme ça » quelqu’un les avait juste barrés d’une ligne noire, anguleuse et finalement pas très accueillante. En fait, face à ce travail, on se dit qu’un peu de simplicité, de souvenir, de partage est une très bonne idée, du bon et du bien, du talentueux bon et bien. Du joyeux bon et bien. On a envie d’embrasser danseurs et danseuses, de se peindre en bleu nous aussi et de quitter Chaillot au petit matin. Mais on dit qu’il n’est pas si tard pour prendre le métro et rentre chez soi. Dommage.   © Nina-Flore Hernandez   Ballroom, d’Arthur Perole Chorégraphie Arthur Perole Assistant artistique Alexandre Da Silva Musique Giani Caserotto Lumières Anthony Merlaud Costumes Camille Penager Son Benoît Martin Coach vocal Mélanie Moussay Regard extérieur Philippe Lebhar Régie générale, lumières Nicolas Galland Régie son Benoît Martin Remerciements Tadeo Kohan  De et avec Julien Andujar, Séverine Bauvais, Marion Carriau, Joachim Maudet, Alexandre Da Silva, Lynda Rahal   Salle Firmin Gémier 26-28 février : 19 h 45 et 26-28 février : 20 h 30       Chaillot-Théâtre National de la Danse 1 place du Trocadéro 75116 Paris Réservations 01 53 65 30 00 www.theatre-chaillot.fr        Read More →
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Pelléas et Mélisande, de Maurice Maeterlinck, mise en scène de Julie Duclos, Théâtre de l’Odéon
  © Simon Gosselin     ƒ article de Denis Sanglard Le mystère Mélisande. On ne sait d’où elle vient. On ne sait qui elle est. On ignore pourquoi elle épouse Golaud. À peine découvre-t-on la passion interdite qui l’unit à Pelléas qu’il est trop tard. Golaud tue Pelléas, Mélisande meurt. Œuvre symboliste, paysage tremblé d’une passion secrète, interdite, au bord de s’évanouir, aux frontières de l’étrange. Maeterlinck oscille entre le visible et l’invisible, le sensible et l’impalpable. Le dit et le non-dit. Et le silence… C’est dans cette tension permanente, laquelle provoque la folie de Golaud et la perte des amants, dans l’irruption de l’inexplicable et du mystère non résolu, qu’est le cœur battant de cette pièce, le nœud du drame. C’est dans les points de suspensions qui parsèment l’ouvrage et ouvrent chaque réplique, empêchant toute conclusion, exacerbant l’énigme, que s’engouffre la tragédie. C’est parce que Golaud refuse l’insondable et veut savoir, percer le mystère qui relie ces deux « enfants », qu’ils mourront. Sans rien délivrer de ce mystère. Écriture dépouillée, à l’os, prosaïque, voire naïve. C’est un conte noir, un poème intimiste et épique tout à la fois, une chanson de geste revisitée. Rien ne manque à l’imaginaire médiéval, un royaume menacé, une forêt, un château, une tour, une grotte, une fontaine miraculeuse et la mer au loin… Paysages évoqués et mouvants, ouverts et fermés tout à la fois, que traversent nos personnages, traversés eux-même par cet environnement sauvage et toujours sombre, crépusculaire et propice à l’inquiétude, à la mélancolie qui ronge Mélisande, à la jalousie et bientôt la folie qui taraude Golaud. Julie Duclos fait table rase du folklore. Elle dépouille l’œuvre de toute référence temporelle, se gardant également et avec justesse de toute abstraction. Très belle scénographie, un château réduit à deux étages, deux pièces mobiles et dépouillées, la nudité du plateau parfois en avant-scène, des images vidéos pour la forêt, la mer et la grotte, en direct pour des plans serrés traquant l’imperceptible mouvement des âmes tourmentées… Le tout baigne dans un clair-obscur, parfois même l’obscurité absorbant les êtres en proie soudain à la panique. Julie Duclos impose aussi le silence, le vide, n’offrant alors aucune explication, juste la nudité des sentiments écorchés, frottés au sel d’une passion condamnée. Les acteurs expriment, quand ils les expriment, leurs sentiments à bas-bruit, à peine osent-ils affirmer les tumultes qui les déchirent… Tous sentiments irrépressibles semblent contenus, tout élan bridé, brisé. Julie Duclos épure avec cette volonté claire et affirmée de représenter non l’avers mais l’envers de cette pièce, de mettre en lumière la source souterraine qui irrigue cette œuvre, les liens ténus, les rhizomes secrets qui relient chacun des personnages, inconnus parfois d’eux-mêmes. Seulement voilà, à tant réfréner tout envol, à contrôler avec minutie tout état d’âme et leur échappée, tout affect jusque dans la diction (effet amplifié malheureusement par l’usage du micro, déréalisant les voix), une diction sans relief, ou si peu, à ne rien vouloir laisser paraître pour faire entendre le silence et ce qu’il porte de révélation et de mystère, peu à peu l’ennui menace, sourd et finit inexorablement par ronger l’ensemble. C’est une belle création, c’est vrai, mais si maîtrisée qu’elle en devient glaciale et manque au final de ce que Maeterlinck appelait de ces vœux, cette part d’humanité et de magie au sein de notre « tragique quotidien » et que révèle ou recèle le mystère de toute vie.   © Simon Gosselin     Pelléas et Mélisande de Maurice Maeterlinck Mise en scène de Julie Duclos Assistanat à la mise en scène Calypso Baquey Scénographie Hélène Jourdan Lumières Mathilde Chamoux Vidéo Quentin Vigier Son Quentin Dumay Costumes Caroline tavernier Régie générale Sébastien Mathé Avec Alix Riemer, Matthieu Semper, Vincent Dissez, Philipe Duclos, Stéphanie Marc, Emilien Tessier et en alternance Clément Beaudouin, Sacha Huyghe, Elliot Le Mouël   Du 25 février au 21 mars 2020 Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h     Odéon-Théâtre de l’Europe Ateliers Berthier 1 rue André Suarès 75017 Paris www.theatre-odeon.eu        Read More →
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La Dame blanche, de François-Adrien Boieldieu, à l’Opéra Comique, Paris
  © Christophe Raynaud de Lage     ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia La Dame blanche est un opéra-comique en trois actes des prolifiques compositeur François-Adrien Boieldieu et librettiste Eugène Scribe ; le 26ème et avant-dernier pour le premier (secondé par Adam pour l’ouverture) et l’un des 94 pour le second qui s’inspira de plusieurs romans de l’écrivain écossais Walter Scott pour écrire cette histoire romantique et fantastique se déroulant dans un château hanté écossais. Il fut encensé après sa création au théâtre Feydeau en 1825 par tous les confrères de Boieldieu, de Rossini (son modèle) à Wagner en passant par Weber, et connut qui plus est un succès durable (bien que non joué depuis la version qui était celle jusqu’à présent de référence, dirigée par Marc Minkowski en 1997 et la mise en scène de Jean-Louis Pichon) ; l’un de ses airs (« Prenez garde ! La Dame blanche vous regarde ») a même inspiré une bulle à Hergé le faisant chanter par le capitaine Haddock et Tintin enivrés dans Le Crabe aux pinces d’or ! C’est la deuxième fois que l’éclectique auteure et metteuse en scène Pauline Bureau (particulièrement remarquée en 2019 avec Hors la loi sur le procès de l’IVG à Bobigny et Féminines au Théâtre de la Ville, après Dormir cent ans en 2015 et Mon cœur sur l’affaire du Médiator en 2017) s’attaque à un opéra-comique, après Bohème, notre jeunesse en 2018 salle Favart. Elle a pris le parti d’une mise en scène romantico-gothique, insistant, dans l’esprit de l’œuvre, sur ses ressorts fantastiques et comiques plus que mélodramatiques. On ne dira rien, pour ne pas « divulgacher », des petites astuces à la Harry Potter traversant le spectacle, recourant à la magie et à la vidéo, qui rend son écoute et sa vision adaptées à un public de 7 à 107 ans ! Si l’on n’a pas été complètement convaincus par les choix de costumes (et notamment le fait que les solistes soient habillés dans un style XIXème aux côtés des paysans en kilts et tartans faisant référence à la période précédant la répression des highlanders fin XVIIIème) et des vidéos, ni toujours par la direction d’acteurs en duo ou trio, les scènes plus collectives sont réussies. Sur le plan vocal, le ténor Philippe Talbot, remarqué dans Le comte Ory et que l’on avait beaucoup aimé dans ses différents rôles dans Les contes d’Hoffmann, était le soir de la première en-deçà de sa puissance, surtout dans le premier acte où il s’est laissé plusieurs fois recouvrir par l’orchestre. Elsa Benoit est une Anna-orpheline espiègle et une Dame Blanche-dominatrice (à cravache !) enjouée et surtout au soprano léger et vibrato bien équilibré.  Yann Beuron et Sophie Marin Degor forment un couple très bien assorti, tous deux puissants dans leurs tessitures respectives, clairs et précis et bons comédiens. Aude Extrémo joue une Marguerite sans doute plus sombre et mystérieuse que le rôle ne le suppose, on regrette qu’elle ne conserve pas en particulier dans les récitatifs une diction plus spontanée et sa voix naturelle (qui ressurgit par moments) qui siéraient mieux à son personnage. Le baryton Jérôme Boutillier est parfait, même s’il ne semble pas endosser si facilement le rôle du méchant à la différence de Yoann Dubruque très convaincant comme comédien dans son rôle de juge corrompu ! Le chœur « Les Eléments », qui a de beaux morceaux à chanter dès la première scène avec des répartitions de tessitures très marquées, est superbe, bien accompagné par l’Orchestre national d’Ile-de-France dirigé joyeusement par Julien Leroy, avec une mention spéciale pour la harpe annonçant chaque apparition de la Dame blanche. Les rétifs au genre de l’opéra-comique qui ne peuvent se satisfaire d’une écriture usant beaucoup de la répétition passeront leur chemin, au risque toutefois de se priver de nombreux airs charmants (notamment des faux canons en trios qui nécessitaient le soir de la première encore quelques ajustements) d’une scène de vente aux enchères réjouissante, mais surtout d’une profondeur plus complexe qu’il n’y paraît sur le fond, finalement très avant-gardiste dans ses aspects que l’on qualifieraient de psychanalytiques et de résilience si les termes n’étaient pas anachroniques pour cette œuvre du XIXème…   © Christophe Raynaud de Lage   La Dame Blanche de François-Adrien Boieldieu et le livret d’Eugène Scribe Avec l’Orchestre National d’Ile-de-France Et le chœur Les Éléments Direction musicale, Julien Leroy Mise en scène Pauline Bureau Décors Emmanuelle Roy Costumes Alice Touvet Lumières Jean-Luc Chanonat Vidéo Nathalie Cabrol Magie Benoît Dattez Dramaturgie Benoîte Bureau Assistante musicale Emmanuelle Bizien Collaboratrice artistique à la mise en scène Valérie Nègre Chef de chant Christophe Manien Chef de chœur Joël Suhubiette   Avec Philippe Talbot (Georges Brown), Elsa Benoit (Anna) Sophie Marin-Degor (Jenny), Jérôme Boutillier (Gaveston), Aude Extrémo (Marguerite), Yann Beuron (Dickson), Yoann Dubruque (Mac-Irton), Mathieu Heim (paysan), Stefan Olry, Vincent Billier, Jean-Baptiste Henriat (gens de justice), Alban Guyon (Gabriel), Lionel Codino (comédien)   Du 20 au 28 février à 20 h et le 1er mars 2020 à 15 h Durée 2 h 50   Opéra Comique Place Boieldieu 750002 Paris   Réservation 01 70 23 01 31 www.operacomique.com        Read More →
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Les chauves-souris du volcan, par la Compagnie du Zerep, au Centre Georges Pompidou
    © Ph. Lebruman     ƒƒ article de Denis Sanglard Pleurez mes yeux. Au milieu d’une clairière hantée, dans un décor de conte psychédélique et sous acide, trois créatures étranges aux yeux rendus immenses par le chagrin pleurent. Un chagrin qui semblent ne pas avoir de fin… Quand survient un braconnier, enfin c’est ce qui est écrit dans le dossier de presse, maître de ces lieux probablement, on ne sait pas trop à vrai dire, pour une partie de cache-cache cauchemardesque… Bientôt surgit de nulle part un serial-killer, semble-t-il, poète avant tout. Il y aura des danses échevelées, des chansons bramées, un poème en boucle récité. Et pour conclure, tenter de donner la clef de tout ce bazar métaphysique, une gueule dentue, mâchoire de T-Rex sans rien autour… Voilà, résumé comme ça, ça peut paraître étrange et barré. Ça l’est. Au sortir de cette création décalée voire loufoque, le propre de la Compagnie du Zerep, on reste un peu perplexe. À se demander sans trouver la réponse si c’est de l’art ou du cochon. Certain crieront au génie, d’autre resteront de marbre. Conte cruel ou farce candide, c’est totalement décousu, en apparence, sans queue ni tête comme tout cauchemar. On saute ainsi du coq à l’âne, de propositions en propositions, désaccordées, sans réel lien vraiment sinon le thème ténu et fragile de la douleur de vivre, croit-on comprendre. Opérette dramatique est-il écrit sur la feuille de salle. Peut-être. Ajoutons dada pour cette façon unique de faire fi de toutes contraintes, d’user comme à leur habitude de toutes formes d’expression et d’en faire sinon la synthèse du moins d’opérer des accordailles plus ou moins heureuses… et de faire exploser le tout. Si la première image est intrigante et franchement superbe par son étrangeté et sa beauté, promesse et ouverture vers un monde onirique propre au conte, très vite l’envie d’en découdre et de démantibuler cette première impression, de ne pas s’y installer, prend le pas et laisse place à une pantalonnade où le grotesque le dispute au trivial, contrepied cauchemardesque absolu et jubilatoire de ce à quoi nous aurions aimé prétendre. Fausse promesse tenue donc. Mais dans ce marasme organisé de main de maître, avec talent certes, on perd très vite pied, l’intérêt s’émousse et on cherche en vain à quoi tout cela rime. Fumisterie ?  Et si cela ne rimait à rien ? Là, dindon d’une farce retorse que nous serions, ça confinerait au génie…     Les chauves-souris du volcan, la Compagnie du Zerep Un spectacle de Sophie Perez en collaboration avec Xavier Boussiron Avec Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, Marco Berrettini, Erge Yu Et les musiciens Xavier Boussiron, Julien Tibéri Scénographie Sophie Perez Costumes Sophie Perez et Corinne Petitpierre Textes Sophie Perez et Xavier Boussiron Musique Xavier Boussiron Régie générale Léo Garnier Création lumières Fabrice Combier Régie lumière Gildas Roudaut Son Félix Perdreau Régie plateau Adrien Castillo       Du 20 au 22 février 2020 à 20 h 30   Centre Georges Pompidou 75001 Paris   Réservations 01 44 78 12 33 www.centrepompidou.fr      Read More →
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I was looking at the ceiling and then I saw the sky, de John Adams et June Jordan mise en scène Eugen Jebeleanu, au Théâtre de la Croix-Rousse
  © Blandine Soulage     ƒƒ article de Victoria Fourel L’opéra pop de John Adams, sur un livret de June Jordan, c’est un instantané. Un instantané de vie et de société, au moment précis où elles vont être secouées. Littéralement. Car les personnages ne seront plus jamais les mêmes, une fois le tremblement de terre qui a touché Los Angeles en 1994 sera passé. On apprécie immédiatement la scénographie, une structure métallique aux allures de maison de poupée moderne. Trois pièces différentes, éclairées par des lumières flashy sont comme suspendues en l’air au-dessus de l’orchestre. On pense à Hopper, au monde de la nuit… L’esthétique est forte et ancrée dans nos imaginaires. Les couleurs sont marquées et les présences des chanteurs marquantes. Au sol, la scène est faite là encore de plusieurs espaces, permettant des entrées et sorties variées, et une vie permanente sur scène. Cette photographie de la société américaine est passionnante, car elle s’attarde sur les inégalités, les combats de cette Amérique urbaine et divisée, qui semblent toujours bruyante et omniprésente, mais qui parait s’aplanir face au désastre. Ou comment un événement catastrophique mais complètement hors de notre contrôle peut impacter nos vies à tous, sans distinction de couleurs de peau, de situation ou d’orientation sexuelle. Vaste sujet, qui se prête tout à fait à un spectacle musical. Il faut être honnête, lorsqu’on ne connaît pas l’opéra, et à fortiori l’opéra contemporain, qui allie les styles modernes aux marqueurs du classique, le spectacle peut nous perdre. Il y a de grands moments de chœur, des mélodies blues accrocheuses, et le tout est magnifiquement en place. Mais on a du mal parfois à suivre, à se laisser faire complètement. Autre sujet qui peut soit enthousiasmer soit troubler : la musique englobe tout, des moments plus humoristiques comme les grands drames ordinaires qui se jouent. Il y a peu de dialogues parlés et de silences. Et parfois, cela empêche que l’on soit complètement avec l’action. Très beau spectacle, moderne et original, autant par sa matière première que par son esthétique, I was looking at the ceiling and then I saw the sky est un drôle d’objet. Il serait intéressant, donc,  de faire échanger spécialistes du genre et parfaits novices, pour voir si cette mise en scène parvient complètement à ravir les premiers et à initier les seconds.   © Blandine Soulage     I was looking at the ceiling and then I saw the sky, composition John Adams, livret June Jordan Mise en scène Eugen Jebeleanu Direction musicale Vincent Renaud Décors et costumes Velica Panduru Lumières Marine Le Vey Avec Alban Zachary Legos, Clémence Poussin, Christian Joel, Axelle Fanyo, Aaron O’Hare, Biao Li, Louise Kuyvenhoven et les musiciens Elsa Loubaton, José Carlos Garcia Bejarano, Corentin Quemener, Sylvaine Carlier, Hiroko Ishigame, Graham Lilly, Nicolas Frache, Michel Molines       Du 13 au 23 janvier 2020 Du mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h Durée 2 h 15 environ     Théâtre de la Croix-Rousse Place Joannès Ambre 69004 Lyon Réservation au 04 72 07 49 49 www.croix-rousse.com        Read More →
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Les amants de Varsovie, textes d’Ewunia Adamusinska-Vouland, mise en scène William Mesguich, Théâtre du Gymnase Marie-Bell
  © Paul Evrard   ƒ Article de Garance Les amants de Varsovie, nous invite à déambuler dans les songes d’une petite fille. Une enfant rêvant d’une époque semble-t-il lointaine ou l’amour serait personnage absolu et cristallisé, idéalisé à la manière d’anciens contes. Imbriqué entre ode à la culture slave et fascination pour la ville de Varsovie. Varsovie ou la Ville- phénix, connue pour sa résurrection à la suite des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Ewunia, l’auteur, s’inspire directement de sa propre expérience et de son amour profond pour la nostalgie de cet âge révolu « Cette époque […] je l’ai vécue au travers de récits de ma grand-mère, ma mère ainsi que de sublimes chansons. » L’idée étant de créer un métissage romantique franco-polonais par le médium de la musique sur fond dramatique. Ce voyage nous est transmis et par la voix d’Adamusinska et par l’interprète musical Yves Dupuis. L’accent est mis sur l’importance de faire découvrir « l’âme Slave » au travers de cette ville Varsovie, en empruntant le medium de l’amour. Pourtant tout du long aucune référence culturelle ou tangible. Il aurait été intéressant de confronter les chants à différents moments historiques de la ville (un avant, pendant, après-guerre) de quelle manière et comment la culture musicale d’un pays se laisse-t-elle (ou non) influencer et quels aspects prosodiques cela change-t-il dans la langue. Néanmoins nous restons assis paisiblement à écouter des chansons sur une ville qui fut quasi entièrement détruite sans aucune référence à ces événements, en mon sens en occultant complètement de la mise en scène cet aspect authentique, la pièce passe à côté du vrai sens dramatique de cette histoire. À la place nous avons droit à des chansons sommes toutes poussiéreuses servie tout cru. Des bribes de souvenirs éclatés en mille morceaux enveloppés d’une niaiserie exaspérante. Nous faire découvrir la culture slave et d’une autre époque, oui ! mais en prenant garde de considérer cette émotivité poétique et autrement sensible d’un public contemporain, cette acuité qui nous caractérise nous, public de 2020. Ainsi cette scénographie de Cabaret fait figure de poudre aux yeux de même que la mise en scène qui met la chanteuse dans un rôle de Vamp : présence fantomatique et exacerbée par un effet dramatique surfait. Les lumières nous ramènent à une ambiance de fête foraine, contradictoire avec l’authenticité pittoresque de Varsovie. Toute la mise en scène est tirée à son extrême – surplus d’accessoires et de costumes qui font office de fausse béquille pour la chanteuse – si bien qu’on finit par se perdre dans ce qui se rapproche d’un hybride entre un show à Las Vegas et un spectacle jeune public (de par cette poésie décortiquée au préalable afin d’être mieux ingurgitée). Nous pouvons cependant témoigner de la technique vocale – bilingue franco-polonaise – d’Adamusinska et sa complicité avec le public. Cette application trop volontariste et anecdotique à vouloir montrer de belles images enlèves toutes possibilités aux spectateurs d’avoir la moindre chance de s’immiscer dans l’authentique et le fond de ce spectacle.   © Paul Evrard     Les Amants de Varsovie, textes et traductions Ewunia Adamusinska-Vouland Mise en scène William Mesguich Chant Ewunia Adamusinska-Vouland Lumières Richard Arselin Piano et arrangements Yves Dupuis     Du 17 février au 28 avril 2020 Studio Marie Bell, 20 h 30 Durée 80 minutes     Théâtre du Gymnase 38 boulevard Bonne nouvelle 75010 Paris   Réservation 01 42 46 79 79 www.theatredugymnase.paris        Read More →
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Ruy Blas, de Victor Hugo, mise en scène d'Yves Beaunesne, Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis
  © Guy Delahaye     ƒƒƒ article de Denis Sanglard Devant la façade du château de Grignan l’heure est au drame espagnol. Ruy Blas de Victor Hugo, drame romantique mis en scène par Yves Beaunesne. Ruy Blas, ce « vers de terre amoureux d’une étoile », laquais épris de la reine d’Espagne, objet de la vengeance de l’infâme Don Salluste. Yves Beaunesne avec ce talent qu’on lui reconnaît s’empare de cette œuvre ô combien hugolissime : intrigue tortueuse, amours impossibles, vengeance machiavélique, personnages haut-en-couleur, vers sublimes et de mirlitons, oui parfois, embrassés en un seul souffle, larmes mêlées de sang et discours enragé contre des puissants, engagé envers les plus faibles. Un théâtre populaire dans son acceptation la plus noble, la plus belle. Sur ce plateau nu en pente douce, se penchant vers le public comme une invitation, accusant la théâtralité par sa machinerie à vue, apparition et disparition de cubes faisant office de sièges, soulignant la superbe façade du château où se meurt d’ennui la reine, le drame romantique, Victor Hugo le républicain est en majesté. C’est une mise en scène dépouillée certes mais non austère où le rire franc le dispute à l’émotion pure. Encore une fois, comme il le fit superbement avec Le Cid de Corneille, Yves Beaunesne allie modernité et tradition. Tire le drame romantique, pour éviter le mélo qui pointe, vers la comédie, sans rien retirer au drame qui sourd et bientôt éclate. Dépoussière Victor Hugo pour en faire apparaître sa modernité, sa troublante actualité sans jamais oublier la théâtralité de son sujet, sa popularité. Et ça claque magistralement ! Illustration de deux mondes qui s’entrechoquent, deux générations qui se défient. Et deux classes sociales irréconciliables avec pour étendard Ruy Blas, valet devenu premier ministre et dénonçant la corruption d’un pouvoir sans mérite autre que la naissance et n’enrichissant que lui-même. Si cela ne vous dit rien… Et cette figure étonnante, déclassée elle aussi, Don César (Jean-Christophe Quenon, remarquable et picaresque) devenu dans les bas-fonds où sa ruine l’a jeté Zafari, l’homme désormais libre de toute attache sociale. Entre le classicisme gangrené de Don Saluste, l’ancien monde perclus de privilèges, venimeux et glaçant Thierry Bosc marmoréen, et le génie sans couronne ivre de justice de Ruy Blas, François Deblock tout de ferveur et de fièvre, Yves Beaunesne joue des contrastes pour en toute subtilité accuser les gouffres qui les séparent. Et entre ces deux hommes, objet de haine pour l’un, d’amour pour l’autre, La reine d’Espagne. Loin, très loin de la figure hiératique attendue. C’est une jeune fille, une femme-enfant, qui se révélant brutalement à elle-même devant cet amour naissant, délaissant toute convention, pesante étiquette de la cour d’Espagne, s’abandonne à ce sentiment nouveau qui l’entraîne irrésistiblement vers Ruy Blas. À l’image de sa première apparition, triste infante sortie d’un tableau de Velázquez,  dans une robe d’apparat empesée et roide, carcan dont elle se libère, comme un papillon de sa chrysalide. Noémie Gantiet est stupéfiante, pas d’autre mot, qui fait de ce personnage écorché une figure aux sentiments exacerbés sous lesquels elle ploie plus qu’elle ne résiste. Cette reine-là est l’incarnation d’une adolescente contrainte avide de liberté, impétueuse, passionnée, imprévisible. Noémie Gantiet irradie dans sa robe couleur or. Et vous embrasse la partition de Victor Hugo qu’elle exhausse et ajoure étrangement, d’une façon qui n’appartient qu’à elle. Un jeu, une scansion heurtée par des émotions ignorées qui se bousculent, un corps pris d’élan irrépressible accusant son trouble, et qui sur ce plateau vide prend son élan et son envol, loin de toute étiquette ou retenue. Mise en scène donc au plus près des personnages dont il extrait les zones d’ombres et de lumière, le comique comme le tragique, comédiens dirigés au cordeau, l’énergie d’une troupe qui embarque avec un bonheur communicatif les spectateurs pris dans les rets de cette pièce où l’humour, on rit beaucoup, le dispute au drame qui advient. Yves Beaunesne a le sens de l’image, forte et jamais gratuite, − surprenant banquet des ministres où l’Espagne est dépecée par des animaux avides − et de l’espace qui libéré sur ce plan incliné permet une circulation des corps fluide et allègre, sans temps mort, ponctué seulement d’intermèdes musicaux, madrigaux espagnols comme autant de respiration bienvenue dans cette action qui va crescendo. Une belle réussite qui se mesure à l’aune de la mort de Don Salluste par Ruy Blas vivement applaudie par un public captivé. Le crime de paie pas. Mais l’intelligence d’une mise en scène, oui.   © Guy Delahaye   Ruy Blas, de Victor Hugo Mise en scène d’Yves Beaunesne Dramaturgie Marion Bernède Scénographie Damien Caille-Perret Création costumes Jean-Daniel Vuillermoz Lumières Nathalie Perrier Création musicale Camille Rocailleux Maquillages, coiffures et masques Cécile Kretschmar Assistanat à la mise en scène Pauline Buffet, Jean-Christophe Blondel et Laure Roldàn Maître de chant Haïm Isaacs Avec Thierry Bosc, François Deblock, Zacharie Ferron, Noémie Gantier, Guy Pion, Jean-Christophe Quenon, Maryne Sylf, Anne Lise-Binard et Elsa Guiet   Du 26 février au 15 mars 2020 Du lundi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h 30     Théâtre Gérard Philipe 59 boulevard Jules Guesde 93200 Saint Denis réservations 01 48 13 70 00 www.theatregerardphilipe.com      Read More →
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Nos films (saison 2), un projet de la Compagnie Barbès 35, Atheneum, Dijon
  © Thierry Ardouin, Tendance floue   ƒƒƒ article de Corinne François-Denève Rares sont sans doute les projets qui peuvent se déployer ainsi sur la longueur, et avec autant de maîtrise. Grâce en soit rendue à leur initiatrice, et, une fois n’est pas coutume, aux institutions qui font le pari de soutenir cette création cohérente, rigoureuse, extrêmement située, et qui donc prend le temps, dans tous les sens du terme. Il est peu de dire la Compagnie Barbès 35, avec Cendre Chassanne comme cheffe d’orchestre, poursuit une ligne artistique claire. Nos films (saison 2) est en effet le mitan parfait d’un projet qui se joue sur trois années. L’idée est que, chaque année, formant un ensemble, trois spectacles s’enchaînent, parlant chacun d’un film. Trois spectacles en tout, et donc neuf, qui pourront au final se voir en triptyque, ou à la suite, en une sorte d’ennéade, en respectant toujours l’idée d’un théâtre de partage, vivant et convivial, avec pop corn et rupture du 4e mur. Parler de films sans montrer d’images, leurs images, ou d’autres images, mais parler autour ou sur ces films, de ce que les films nous font, ont imprimés en nous, telle est la gageure de « nos » films, qui souligne bien la volonté d’appropriation du cinéma par le théâtre, ou à tout le moins par le personnage, ou le comédien, la comédienne en scène. L’écriture de plateau est ainsi prise en charge par l’acteur ou l’actrice, qui raconte « son » film, et tricotée ensuite par Cendre Chassanne. Le public n’a parfois pas vu le film, et ne sait pas alors de quoi « ça » parle : le film, absent, va se créer dans l’imaginaire du spectateur et de la spectatrice, qui va donc « se faire un film ». Alors le risque est de rester au bord de la route, incapable que l’on est de déchiffrer les clins d’œil au film. Ou bien le film va se dérouler sans anicroche, même si ce n’est pas le « vrai » film. Nos films (saison 2) est encore un spectacle en maturation, encore un peu inégal, mais qui trouve à mesure sa force, les trois spectacles s’enchaînant dans une ascension tout à fait bienvenue. Le premier spectacle, sur Une femme sous influence, semble encore un peu inabouti, mais reste touchant dans sa  maladresse même, comme si la comédienne, Pauline Bolcatto, était restée pétrifiée d’admiration devant le film culte de Cassavetes, et surtout son actrice, Gena Rowlands (et comme on la comprend). Ainsi, Pauline Bolcatto rejoue des scènes-clés, surcharge parfois de paroles son texte, parfois fait disparaître le verbe pour faire jouer le seul corps, reprend ici où là l’usage quasiment opératique de la musique par Cassavetes (le Lac des cygnes, présent dans le film, mais aussi la Waltz Masquerade, aussi présente dans un autre spectacle de fou, La Gioia de Pippo Delbono) – les approches se juxtaposent, laissant quelquefois le public dubitatif. Plus convaincant est le beau spectacle, si tenu, de Cécile Leterme : poétique et chantante, cette évocation du Mariage de Maria Braun fait cohabiter avec harmonie Rammstein et Louis Aragon. Leterme, reine de cabaret ou clone de Nina Hagen (certain.e.s pourraient crier au cliché) habite parfaitement son spectacle, magnifiquement éclairé, façon Kammerspiel. Son interview avec Rainer Werner en personne, façon « je suis Fassbinder » (et pas très content) est également fabuleusement réussie. Enfin, formidable est le spectacle de Cendre Chassanne, confrontée à Shining. Il s’agit en fait pour Chassanne de raconter comment elle va voir le film… et finalement va ne jamais réussir à le voir, entre émerveillement initial (jolies descriptions de l’enthousiasme que provoque la beauté des visuels du premier temps du film) et terreur panique à base de mauvaise foi, ou de choses plus importantes à faire, comme regarder les jambes fuselées du compagnon d’alors. Chassanne réussit le pari de parler du film en le faisant voir, et en faisant naître dans son public une complicité mâtinée de perversion, tant on attend les images affreuses, comme au grand-guignol. Autobiographique et hilarante, la séquence rend aussi un très bel hommage à la résilience d’une actrice maltraitée, Shelley Duval, et délivre un message politique fort. Parler au théâtre au cinéma. On parle ici d’engagement des corps, mais aussi d’une économie de moyens voulue : un micro sur pied, deux mandarines, une table, un peu de lumière, une gélate rouge, deux, trois robes, une casserole et du ketchup, et le tour est joué, on a l’impression que les saltimbanques arrivent pour monter un drap ou une tente, et faire du théâtre, ou du cinéma.   © Thierry Ardouin, Tendance floue     Nos films (saisons 2) : mise en scène, accompagnement et direction d’acteur Cendre Chassanne Conception, écriture et réalisation : un projet de la compagnie Barbès 35 Textes et jeu : Nathalie Bitan, Pauline Bolcatto, Simon Bourgade, Cendre Chassanne, Isabelle Fournier, Jean-Baptiste Gillet, Carole Guittat, Cécile Leterme, Stéphane Szestak Lumières : Cendre Chassanne & Fabrice Blaise Création sonore : Roudoudou Régie son : Édouard Alanio   Saison 1 – Création 6 et 7 mars 2019 à l’atheneum à Dijon Carole Guittat > L’argent de poche / François Truffaut 1976 Isabelle Fournier > Ponette / Jacques Doillon 1996 Nathalie Bitan > Sans toit ni loi / Agnès Varda 1985   Saison 2 – Création 13 février 2020 à l’atheneum à Dijon Pauline Bolcatto > Une femme sous influence, John Cassavetes Cendre Chassanne > Shining, Stanley Kubrick Cécile Leterme > Le mariage de Maria Braun, Rainer Werner Fassbinder   Saison 3 – Création été 2020 Simon Bourgade > La meilleure façon de marcher Claude Miller Jean-Baptiste Gillet > Dupont Lajoie Yves Boisset Stéphane Szestak > La mort aux trousses Alfred Hitchcock   Durée pour chaque saison : 2 h avec entractes popcorn Vu le 13 février à l’Atheneum de Dijon     Atheneum Centre Culturel de l’université de Bourgogne BP 27877 – 21078 Dijon Cedex   T+03 80 39 52 20 http://atheneum.u-bourgogne.fr Tournée (saison 2) Vendredi 21 février 2020 à 20 h Cinéma et Théâtre de Tonnerre (89) Jeudi 30 avril Théâtre Berthelot – Jean Guerrin Montreuil (93)        Read More →
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Written on Skin, de George Benjamin et Martin Crip, avec Ross Ramgobin, Georgia Jarman, Tim Mead, Victoria Simmonds, Nicholas Sharratt, à la Philarmonie de Paris
        ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia L’opéra Written on Skin composé en 2012 par Georges Benjamin, qui l’a créé la même année au Festival d’Aix-en-Provence, était présenté en version concert le 14 février 2020 à la Philarmonie de Paris, dans le cadre du Festival Présences de Radio France qui pour son trentième anniversaire a choisi de célébrer un autre anniversaire, celui des soixante ans du compositeur britannique auquel il a consacré la programmation de toute sa semaine. Élève de Messiaen, auprès duquel il a étudié à Paris, George Benjamin a écrit une partition en trois actes, qui en dépit de certains passages complexes, rejette toute influence d’inspiration sérielle, mais privilégie de longues lignes harmoniques avec des moments très intenses, notamment du côté du pupitre des cors. Le livret de Written on Skin écrit par le dramaturge britannique Martin Crip – qui avait également signé celui de son premier succès opératique Into the Little Hill en 2006) s’inspire de la légende du troubadour Guillem de Cabestany, dite aussi conte du « cœur mangé » et fait intervenir de manière originale dans l’écriture une sorte de récit distancié par les personnages eux-mêmes (finissant quasi systématiquement leurs phrases par « dit-il » ou « dit la femme »…). Un riche propriétaire terrien, dénommé « le Protecteur » commande à un enlumineur, le « Garçon », un livre qui soit une gloire à sa réussite économique et familiale, fruit de son comportement et caractère tyranniques. Il demande à sa jeune épouse Agnès, qui n’a même pas pu apprendre à lire sous la coupe paternaliste de son époux, d’accueillir le Garçon, ce qu’elle fera à la lettre en découvrant inévitablement sa féminité auprès lui. Le livre devient le medium du bouleversement des repères, instrumentalisé d’abord par le mari souhaitant graver dans le marbre sa légende personnelle, il l’est ensuite par l’épouse comme moyen de sa rébellion, de sa révélation, et finalement de sa fin. Après qu’elle eut exigé que son amant inscrive leur histoire dans les enluminures et que le mari jaloux tue son rival et fasse manger son cœur à son épouse, elle quitte la vie pour ne pas revenir à celle d’épouse soumise ou assassinée par celui qui prétendait être son « protecteur », après avoir eu la révélation de sa nature de femme, et « pour que rien n’efface jamais le goût du cœur de ce garçon, de ce corps ». Bien que les chanteurs soient de fait privés des beaux décors et de la mise en scène de Katie Mitchell à Aix-en-Provence (que l’on peut (re)voir en DVD, produit par Opus Arte), ils ont offert au public, conquis, de la Philarmonie de Paris une magnifique représentation, en dépit du choix pervers par les programmateurs du Festival d’une telle tragédie pour une soirée de Saint Valentin qui s’est parée d’une saveur amère… Barbara Hannigan qui avait créé le rôle de l’épouse, empêchée, a été remplacée par une autre soprane américaine, Georgia Jarman, qui avait déjà été choisie par le compositeur pour tenir ce rôle à la Biennale de Venise quelques mois plus tôt, défi qu’elle relève avec brio. Son époux d’un soir, Ross Ramgobin, est puissant et antipathique comme l’exige son rôle. Les deux anges Victoria Simmonds et Nicholas Sharrat ont mis un peu de temps à chauffer leurs voix, disparaissant parfois derrière l’orchestre philarmonique de Radio France, dirigé par le compositeur George Benjamin lui-même. Victoria Simmonds, qui était dans la distribution d’Aix, devient toutefois pleinement convaincante après ce début timide et notamment au commencement de la deuxième partie dont la prosodie toute particulière des deux anges est particulièrement réussie. La plus belle surprise de cette version de concert de Written on Skin fut la prestation du contre-ténor Tim Mead dans le rôle du Garçon et de l’ange, terme qui ne peut pas être plus adéquat pour caractériser sa voix cristalline en harmonie avec l’étonnant harmonica de verre utilisé de manière peu commune dans une partition contemporaine – tout comme la viole de gambe et les mandolines qui rappellent l’époque médiévale de l’histoire d’origine – et qui donne un élément de plus dans la singularité d’une œuvre devenue déjà classique et incontournable du vivant de son compositeur.       Written on Skin de George Benjamin et Martin Crip Avec l’Orchestre philarmonique de Radio France Direction, Sir George Benjamin Chef de chant, Alain Müller Mise en espace Dan Ayling Avec Ross Ramgobin, le Protecteur, l’époux Georgia Jarman, Agnès, l’épouse Tim Mead, l’ange 1, le garçon Victoria Simmonds, l’ange 2, Marie Nicholas Sharrat, l’ange 3 Romina Lischka, viole de gambe Philipp Alexander Marguerre, harmonica de verre   Le 14 février 2020 à 20 h 30 Durée 95 minutes Grande Salle Pierre Boulez Dans le cadre du Festival Présences 2020, du 7 au 16 février 2020       Philarmonie de la Paris 221 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris   Réservation 01 44 84 44 84 www.philarmoniedeparis.fr      Read More →
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Le Fantôme d’Aziyadé d’après Pierre Loti avec Xavier Gallais, mise en scène de Florient Azoulay et Xavier Gallais au Lucernaire
    © Pascal Gély   ƒƒƒ Article de Philippe Escalier L’adaptation d’Aziyadé et de Fantôme d’Orient par Xavier Gallais et Florient Azoulay donne naissance à un spectacle, quintessence des deux écrits de Pierre Loti et source d’une formidable prestation d’acteur. Assis sur un siège, quasi immobile et noyé dans la pénombre ambiante, Xavier Gallais se transforme en officier de marine. Il n’est pas de meilleure invitation au voyage que les mots chargés de poésie qu’il va nous donner à entendre. Nous voilà sur les rives du Bosphore, arpentant les quartiers de cette capitale d’Orient, conviés à l’histoire d’une rencontre, aussi impossible que passionnée avec une belle aux yeux verts retenue entre les murs d’un harem. Il va falloir conquérir et c’est tant mieux, le grand amour, du moins à cette époque, goûte rarement la facilité. Une fois la bataille gagnée, le marin devra obéir aux ordres et quitter précipitamment Istanbul en se jurant de revenir, ce qu’il fera des années plus tard. Mais, le héros, que l’absence de réponse à ses lettres interrogeait déjà, va découvrir que la mort a fait son œuvre. Devant la triste évidence, l’espérance laisse place à la détermination : tout entreprendre pour retrouver la tombe de l’aimée et laisser libre cours à la nostalgie et au chagrin. Aziyadé porte témoignage de l’orientalisme, l’un des thèmes ayant passionné le XIXème, tant sur le plan littéraire que pictural. L’Europe se prend de désir pour cette civilisation différente, très idéalisée, où tout est longueurs, langueurs et parfums capiteux généreusement répandus sur de grands fouloirs de soie. Tout est propice au fantasme et à la rêverie dans un univers où le temps semble suspendre son vol. Loti sait parfaitement recréer cette ambiance et dépeindre la vision largement magnifiée de la capitale de l’Empire Ottoman. Ce qui pourrait ressembler à une confession, à une biographie est en réalité un pur récit romanesque à base d’expériences vécues transfigurées. L’écrivain a fait son office et peu importe la véracité des détails, que l’objet du désir ait pu être un homme et non une femme, tout cela est oublié par la grâce d’un récit enchanteur. L’acteur, ou plutôt devrait-on dire le magicien, avec la force de son verbe, ponctué de quelques rares gestes, nous convie à mettre nos pas dans ceux d’Aziyadé. Il le fait avec une économie de moyens, une précision et une réussite qui forcent l’admiration. Avec un naturel confondant et une aisance provocante, Xavier Gallais, en virtuose, nous fait traverser le Bosphore ou courir à travers les vieilles rues d’Istanbul. Les mystères du texte sont accentués par les envoûtements liés aux variations de la voix, à quelques sons de musiques et autres échos d’ambiance. La mise en scène préparée en osmose avec Florient Azoulay joue sur quelques détails, une note, un geste, une diction particulière. Sa simplicité, sa sobriété contribuent à nourrir l’ambiance qui fait la part belle au rêve et laisse au spectateur, subjugué par le conteur, toute liberté de se mouvoir au sein du texte mystérieux et envoûtant de Pierre Loti.   © Pascal Gély     Le Fantôme d’Aziyadé d’après Pierre Loti Mise en scène de Florient Azoulay et Xavier Gallais Avec Xavier Gallais   Composition musicale : Olivier Innocenti Scénographie et lumières : Luca Antonucci Costume : Delphine Treanton Son : Florent Delmas Construction décor : Félix Baratin     Durée : 1 h 10   Du mardi au samedi à 19 h et dimanche à 16 h Du 11 janvier au 1er mars 2020     Lucernaire 53, rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris   01 45 44 57 34 – www.lucernaire.fr        Read More →
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13 Tongues, chorégraphie de Cheng Tsung-Lun, Cloud Gate danse, au Théâtre National de Chaillot
    © Chen-hsiang Liu     ƒƒ article de Denis Sanglard Cloud Gate Danse Theatre of Taiwan, compagnie phare de la danse contemporaine en Asie, présente 13 Tongues, création de son nouveau directeur Cheng Tsung-Lung. Souvenirs d’enfance et de rues, celles de Bangka, le plus ancien quartier de Taipei, rites et chants taoïstes, folklore, fantômes et dieux. Et 13 langues, conteur des rues, personnage évoqué dans son enfance par la mère du chorégraphe. Ces éléments-là, cette évocation, se traduit par une énergie folle et parfaitement maîtrisée sur le plateau. Une myriade d’images éclatées, sans vraiment de fil conducteur, comme autant de tableaux, expression d’une vie communautaire, entre trivialité et rites religieux. Gestes quotidiens ou sacrés, arts martiaux, chamanisme, évocation des dieux, c’est une chorégraphie tout à la fois composite et cohérente qui lie l’intime au public, l’individu à la communauté, aux certitudes le mystère. C’est un même corps, une même respiration, un même souffle, un même élan. C’est ce qui frappe en premier lieu, combien le groupe est le noyau central et principal de cette chorégraphie. S’échappent parfois, pour un solo, un duo, quelques danseurs, vite, et de nouveau absorbés, happés par l’ensemble, qui même éclaté reste indissolublement lié par quelques étranges rhizomes. Grande ampleur et fluidité du mouvement, corps et bras déliés, vélocités des déplacements et forces de frappes des pieds tambourinant le sol. C’est une masse mouvante, une houle qui submerge le plateau, se fait parfois tempête. Un monde flottant, propre à la métamorphose, s’échouant parfois, d’où jaillissent, impromptus, des cris auxquels répondent des chants comme autant de prières pour apaiser la peur. Et dans cet univers en noir et blanc, entre chien et loup, quand surgit la couleur, c’est l’heure où les dieux paraissent et s’envolent. Étrange et profuse chorégraphie à vrai dire qui finit malheureusement par s’épuiser d’elle-même à trop se répéter… La fascination devant cette capacité à intégrer le geste quotidien ou ritualisé pour en faire matière d’une danse contemporaine entre abstraction et narration fait place lentement à une certaine lassitude.   © Chen-hsiang Liu   13 Tongues, chorégraphie Cheng Tsung-Lun Musique Lim Giong Lumières Shen Po-Hung Vidéo Ethan Wang Costumes Lin Bing-Hao Décors He Jia-Sing Coach vocal Tsai Pao-Chang Maître de ballet Chen Qiu-Yin     Du 12 au 15 février 2020 Mercredi et vendredi à 20 h 30, jeudi et samedi à 19 h 45     Chaillot-Théâtre National de la Danse 1 place du Trocadéro 75116 Paris Réservations 01 53 65 30 00 www.theatre-chaillot.fr        Read More →
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Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d'Anne Teresa De Keersmaeker, Théâtre de la Ville - Espace Cardin
  © Anne Van Aerschot   ƒƒ article de Nicolas Brizault Fase, Four movements to the music of Steve Reich n’est rien d’autre que le travail originel d’Anne Teresa De Keersmaeker, son « travail fondateur » axé bien entendu sur la musique minimaliste, répétitive et uniforme de Steve Reich. Il a été créé en 1982, issu tout d’abord de  Violin Phase. Quelques gouttes, idées premières d’une carrière plus que conséquente. Très bonne idée de faire connaissance avec elle, de l’approcher prudemment ou bien de se précipiter vers le Théâtre de la Ville – Espace Cardin pour encore tourner et tourner encore, mené par une œuvre surprenante, exemplaire ou terrifiante. Anne Teresa De Keersmaeker délègue son œuvre à quatre danseuses, Yuika Hashimoto et Laura Maria Poletti, Laura Bachman et Soa Ratsifandrihana, qui dans une alternance tout à fait compréhensible vont offrir leur terrible talent aux spectateurs. Quatre mouvements donc. Sur une musique répétitive qui va pousser les corps à ne plus être que géométrie, à exposer lignes, traces, ici, ici, là et encore ici. Musique furieuse, terrible, maîtresse de ces deux corps qui tournent, lèvent, abaissent, oui, oui, oui, reflets l’un de l’autre, l’une de l’autre. Enfermement musical et corporel, espace et temps qui frappent, font naître une énergie à la fois surprenante et lassante, harassante. On souffle, pensant que nous allons passer à autre chose, ayant perçu comme un apaisement de la musique, des corps, ceux des femmes sur scènes et ceux des spectateurs, mais non, il faut aller jusqu’au bout, loin, trop loin ? Enfin on passe à autre chose. Même souffrance, déconseillées à certains même, sait-on jamais, cette répétition visuelle et auditive, musicale pardon, peut se faire douloureuse, dangereuse. Les deux derniers mouvements font comprendre ce travail, sont plus « humains » peut-être, sons et mouvements tout autant récurrents mais s’épousant davantage, ils autorisent à regarder, à tourner de plus en plus les yeux vers la scène, à penser à ce travail offert, à l’apprécier et s’y fondre. On se dit que c’est gagné. On pense à l’immense talent de ces deux femmes, talent en écho, ou bien décalé, ou les deux, allez savoir. Splendide en tout cas. Anne Teresa De Keersmaeker travaille sur l’énergie, l’enfermement, comme une sorte de conjonction entre le corps et la musique. À une échelle minimale, presque scientifique, violente en tout cas. Égocentrique ? Sado-masochiste ? Le corps évolue-t-il absolument dans une mécanique sèche, redondante ? Le corps a-t-il été enfermé dans un cylindre de verre, sans air, juste déposé sur un ressort fourbe ? Chacun son image, chacun sa direction. Ce qui est terrifiant, ou fulgurant, dans Fase, Four movements to the music of Steve Reich, et dans la musique de Steve Reich sans doute, c’est ce découpage d’ « un » mouvement. Anne Teresa De Keersmaeker avec une pince à épiler en a extrait quelques-uns et les examine. Ou pas. Alors ils ne sont plus qu’eux-mêmes, presque rien, et n’ont rien d’autre à faire que ce qu’ils faisaient, étaient, avant, là. Devant tant de répulsion, tant de résistance, devant tant d’épouvante, tant de profondeur, chapeau bas Fase, Four movements to the music of Steve Reich.   © Anne Van Aerschot   Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d’Anne Teresa De Keersmaeker Créé avec  Michèle Anne De Mey, Anne Teresa De Keersmaeker Musique Steve Reich, Piano Phase (1967), Come Out (1966), Violin Phase (1967), Clapping Music (1972) Lumières Remon Fromont Costumes 1981 Martine André, Anne Teresa De Keersmaeker Avec en alternance Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti / Laura Bachman, Soa Ratsifandrihana Création le 18 mars 1982, Beursschouwburg, Bruxelles        Théâtre de la Ville – Espace Cardin 1 avenue Gabriel 75008 Paris   Accès : Métro lignes 1, 8, 12 : Arrêt Concorde, sortie N°7 avenue Gabriel Métro lignes 1, 13 : Arrêt Champs-Élysées Clemenceau Bus 24, 42, 52, 72, 73, 84 et 94 : Arrêt Place de la Concorde Parking Indigo 3608 : Place de la Concorde 75008 Paris – 24 h/ 24 et 7 j/7 Vélib’ Station n°1020 : 2 rue Cambon Vélib’ Station n° 8001 : Avenue Dutuit        Read More →
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XYZ ou comment parvenir à ses fins, conception, texte, mise en scène et chorégraphie de Georges Appaix — Cie La Liseuse, à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre de la programmation Théâtre de la Ville hors les murs et du Festival Faits d’hiver — Micadanses
  © Agnès Mellon   ƒƒ article de Marguerite Papazoglou XYZ ou comment parvenir à ses fins, trois lettres en bâtons et l’annonce d’une fin — « j’arrête » écrit Georges Appaix dans le folio publié qui accompagne cette création. ça commence par une entrée en matière sublime de compacité de ce qui s’ensuivra : un A qui tombe — A la lettre, dans une police classique, imposante et lourde — un A concomitant d’un « Ah ! » comme pour dire « quoi ! ça s’arrête ? » ou « au secours ! »,  Ah ! le son de la voix bouche ouverte, A c’est-à-dire l’alpha de ce qui est annoncé comme l’oméga de l’œuvre chorégraphique de La Liseuse (pas pour rien ce nom !). En un instant s’ouvre le champ de son univers labyrinthique, tout en échos, miroirs, feuilletages, jeux de mots, trappes et trouvailles, où bien malin celui qui n’en sortirait pas étourdi. Oyez la suite : « A c’est l’alphabet, c’est le début de l’alphabet et Antiquité était presque au début de cette histoire entre Agathe et l’Arrière-salle et Affabulations, une certaine obstination pour le A ! Début c’est D et D c’est, entre autre, le dialogue mais aussi Denis et Diderot, et Diderot a écrit la leçon d’harmonie de Basta ! et Basta ! c’est la lettre B, comme Bach. C’est tout bête ! Ce qui conduit à la lettre M de musique mais aussi de mouvement, et la lettre M sonne comme le mot aime qui commence lui par la lettre A ». Tout y est ! les relais de voix et de mouvements, la folie, l’humour, la virtuosité rythmique, la légèreté — comme celle de la laitière de La Fontaine, qui s’invite un peu plus tard, sortie d’Affabulations — la répétition, renvoi d’une pièce à l’autre ou réminiscence, avec la leçon d’harmonie qui se finit sur la répétition de « arrête ! », comme Basta ! et comme « parvenir à ses fins. » Car bien que se réclamant de la légèreté, Georges Appaix est un obstiné, alias un dévoué et un amoureux, jamais il n’abandonne. D’ailleurs, le O c’est l’obstination ! Celle de mettre en scène des corps qui dansent et qui parlent, alternativement, en même temps, naturellement, artificiellement, dans une musicalité tonale ou rythmique, des voix uniques ou brouillées dans le collectif, des mots signifiants ou/et perdus dans la matière, des corps avec des sons, une démarche artistique en compagnonnage avec la littérature et les expériences de la musique contemporaine — où l’on pense inexorablement aux partitions de Georges Aperghis, avec un A, comme « Ah ! Misère ! », passage de l’Odyssée que les danseurs en ligne déclament, mettant en danse les variations de phonèmes explorées par le compositeur, dans Antiquité et jusque dans XYZ. « Mélanie » danse, son prénom apparaît dans une écriture manuscrite lumineuse, puis la chorégraphie s’enrichie d’un second danseur et nous lisons par dessus « Romain » dans une autre police, puis un troisième, c’est « Georges », et au-delà du trio, on ne peut plus lire ; les éléments s’enchevêtrent dans une pluralité, à lire autrement. Arrive E comme Écrire, qu’est-ce qu’écrire justement sinon accumuler les signes tout en inventant du lisible ? La bande son, les scènes, les gestes sont une merveille kaléidoscopique, imbrications d’improbables cohérences. Appaix joue des interférences et sans cesse la musique questionne la danse. Il cherche les larsens se produisant lorsqu’on rapproche suffisamment les sons et les mouvements sur une même partition rythmique. Relais syncopés et simultanéités virtuoses, la précision incisive du découpage du temps célèbre l’instant. Fragments apparaît avec les lettres de la scénographie comme le maître mot de cette esthétique du montage. Les ruptures ont des bords acérés où la trame est à nu. Autorisation infinie ; il n’y a pas de limite bienséante à l’accueil des matériaux utilisés. C’est le jeu qui l’emporte sur l’importance que se donnent « [l]es grands faiseurs de protestations » et c’est la générosité qui guide la liberté — Alceste en sous-texte avec Bach, c’est bien trouvé ! La fin précipitée de l’abécédaire n’est ni achèvement, ni point d’orgue mais une certaine circulation dans le temps et dans un champ qui reste ouvert à l’exploration : celui d’une recherche inlassable Vers le protocole de la conversation ; une œuvre multiforme ; une belle façon de (ni) marquer la fin (ni) parvenir à ses fins, points de suspension. Une pièce qu’il faut absolument aller voir quand bien même ce serait la première ! Jouissive, chaleureuse et humaine.    © Agnès Mellon   XYZ ou comment parvenir à ses fins de Georges Appaix – La Liseuse Conception, mise en scène & textes Georges Appaix Chorégraphie Georges Appaix avec la participation des interprètes Création environnement sonore Olivier Renouf, Éric Petit, Georges Appaix Création lumières Pierre Jacot-Descombes Scénographie Madeleine Chiche et Bernard Misrachi – Groupe Dune(S) et Georges Appaix Costumes Michèle Paldacci et Georges Appaix Conception vidéo et site web Renaud Vercey Graphisme Francine Zubeil Conception et textes publication Christine Rodes et Georges Appaix   Avec Georges Appaix, Romain Bertet, Liliana Ferri, Maxime Gomard, Maria Eugenia Lopez Valenzuela, Carlotta Sagna, Melanie Venino       Du 4 au 17 février 2020 à 20 h Durée 1 h     Maison des Arts de Créteil 1 Place Salvador Allende 94000 Créteil   Réservation au 01 42 74 22 77 et 01 45 13 19 19 www.theatredelaville-paris.com www.maccreteil.com     Tournée Le jeudi 9 avril à 20 h 30 à Tours Centre Chorégraphique National – Tours Salle Thélème, Université de Tours Réservation au 02 18 75 12 12 et 02 47 36 64 15 www.ccntours.com/saison/georges-appaix-la-liseuse-marseille   Le mardi 19 mai à 20 h 30 à Aix-en-Provence Théâtre Le Bois de l’Aune 1bis, place Victor Schœlcher 13090 Aix-en-Provence Réservation au 04 88 71 74 80 www.boisdelaune.fr   Du 26 au 28 mai à 20 h, La Place de la Danse – Toulouse Théâtre Garonne 1 Avenue du Château d’Eau 31300 Toulouse Réservation au 05 62 48 54 77 www.theatregaronne.com   Le 1er décembre à 20 h 30 à La Roche-sur-Yon Grand R – scène nationale, La-Roche-sur-Yon Esplanade Jannie Mazurelle, Rue Pierre Bérégovoy 85000 La Roche-sur-Yon www.legrandr.com        Read More →
Suite... Commentaires fermés sur XYZ ou comment parvenir à ses fins, conception, texte, mise en scène et chorégraphie de Georges Appaix — Cie La Liseuse, à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre de la programmation Théâtre de la Ville hors les murs et du Festival Faits d’hiver — Micadanses
Un conte de Noël, d’après Arnaud Desplechin, mise en scène de Julie Deliquet, au Radiant Bellevue, en co-réalisation avec le Théâtre de la Croix-Rousse et le Théâtre des Célestins
  © Simon Gosselin   ƒƒ article de Victoria Fourel    C’est Noël, et ça ne va pas être une partie de plaisir pour tout le monde. Junon, la mère, a réuni tous ses enfants. Elle a réussi ce tour de force grâce à la maladie. Elle a besoin d’une greffe, elle est en danger et c’est ce qui rassemble. Elle aimerait bien récupérer un peu de ce qu’elle a donné, aussi. Sa fille, ses fils, leurs familles. Les secrets, les rancœurs, un bannissement, même, sont là. L’amour, lui aussi, malgré tout, a fait le déplacement. Tout d’abord, on entre dans le spectacle grâce à sa forme. La configuration bi-frontale permet d’éviter dès le départ une trop grande comparaison avec le film dont est adapté le spectacle. En cassant la traditionnelle place des choses, on est aussi plongé dans l’intimité de la maison. Chacun aura sa vision de ce qui se passe selon sa place, verra les actions et les réactions. Comme un vrai membre de la famille. La musique a aussi une place importante. Elle est souvent intradiégétique, très cinématographique. Utilisée là aussi comme chez nous : jouée par les pianos et les tourne-disques familiaux. Ce qui fait la force de cette histoire, ce sont les liens très serrés entre le drame et la comédie, entre le rire et la profonde détresse. Une langue ciselée vraiment drôle, mais aussi très sérieuse, très sombre. C’est le grand point fort du spectacle. Le public, lui, semble s’y perdre un peu. Il rit fort, même quand la tristesse et la colère sont prégnantes, même quand les désespoirs se hurlent dessus. Drôles de réactions. En termes de rythme, le tout est très juste. Ça fuse, les entrées et les sorties sont celles de la maison, qui est, presque malgré elle, remplie de la vie de ses occupants. On assiste aux embrouilles comme aux tentatives de se comprendre. On voit parfois la limite de l’adaptation quand les montées en puissance des prises de becs se font très rapprochées. Il y a des cris, beaucoup, des passages du rire aux larmes de plus en plus excessifs. Ça peut parfois manquer de temps, et de cette zone grise des sentiments, entre les excès. C’est une joie de voir cette œuvre posée sur un plateau, raccourcissant encore les liens entre le film et la scène. Mais sans pour autant qu’on fasse appel à des procédés de cinéma. Cela permet de créer des formes nouvelles, mais familières. Des formes originales pour le public, mais qui semblent malgré tout proches de ce que l’on connaît. Exactement comme toutes les familles : bizarres mais si proches les unes des autres.   ©  Simon Gosselin   Un conte de Noël, d’après le film d’Arnaud Desplechin Mise en scène Julie Deliquet Version scénique Julie Deliquet, Agathe Peyrard et Julie André Scénographie Julie Deliquet et Zoé Pautet Lumières Vyara Stefanova Musique Camille Rocailleux Costumes Julie Scobeltzine   Avec Julie André, Stephen Butek, Éric Charon, Solène Cizeron, Olivier Faliez, Jean-Christophe Laurier, Agnès Ramy, Marie-Christine Orry,Thomas Rortais, David Seigneur / Richard Sandra, Hélène Vivès, Jean-Marie Winling.     Du 8 au 18 janvier 2020 Du mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h Durée 2 h 1 5 environ         Théâtre de la Croix-Rousse Place Joannès Ambre 69004 Lyon Réservation au 04 72 07 49 49 www.croix-rousse.com      Read More →
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