© Ph. Lebruman
ƒƒ article de Denis Sanglard
Pleurez mes yeux. Au milieu d’une clairière hantée, dans un décor de conte psychédélique et sous acide, trois créatures étranges aux yeux rendus immenses par le chagrin pleurent. Un chagrin qui semblent ne pas avoir de fin… Quand survient un braconnier, enfin c’est ce qui est écrit dans le dossier de presse, maître de ces lieux probablement, on ne sait pas trop à vrai dire, pour une partie de cache-cache cauchemardesque… Bientôt surgit de nulle part un serial-killer, semble-t-il, poète avant tout. Il y aura des danses échevelées, des chansons bramées, un poème en boucle récité. Et pour conclure, tenter de donner la clef de tout ce bazar métaphysique, une gueule dentue, mâchoire de T-Rex sans rien autour… Voilà, résumé comme ça, ça peut paraître étrange et barré. Ça l’est. Au sortir de cette création décalée voire loufoque, le propre de la Compagnie du Zerep, on reste un peu perplexe. À se demander sans trouver la réponse si c’est de l’art ou du cochon. Certain crieront au génie, d’autre resteront de marbre. Conte cruel ou farce candide, c’est totalement décousu, en apparence, sans queue ni tête comme tout cauchemar. On saute ainsi du coq à l’âne, de propositions en propositions, désaccordées, sans réel lien vraiment sinon le thème ténu et fragile de la douleur de vivre, croit-on comprendre. Opérette dramatique est-il écrit sur la feuille de salle. Peut-être. Ajoutons dada pour cette façon unique de faire fi de toutes contraintes, d’user comme à leur habitude de toutes formes d’expression et d’en faire sinon la synthèse du moins d’opérer des accordailles plus ou moins heureuses… et de faire exploser le tout. Si la première image est intrigante et franchement superbe par son étrangeté et sa beauté, promesse et ouverture vers un monde onirique propre au conte, très vite l’envie d’en découdre et de démantibuler cette première impression, de ne pas s’y installer, prend le pas et laisse place à une pantalonnade où le grotesque le dispute au trivial, contrepied cauchemardesque absolu et jubilatoire de ce à quoi nous aurions aimé prétendre. Fausse promesse tenue donc. Mais dans ce marasme organisé de main de maître, avec talent certes, on perd très vite pied, l’intérêt s’émousse et on cherche en vain à quoi tout cela rime. Fumisterie ? Et si cela ne rimait à rien ? Là, dindon d’une farce retorse que nous serions, ça confinerait au génie…
Les chauves-souris du volcan, la Compagnie du Zerep
Un spectacle de Sophie Perez en collaboration avec Xavier Boussiron
Avec Sophie Lenoir, Stéphane Roger, Marlène Saldana, Marco Berrettini, Erge Yu
Et les musiciens Xavier Boussiron, Julien Tibéri
Scénographie Sophie Perez
Costumes Sophie Perez et Corinne Petitpierre
Textes Sophie Perez et Xavier Boussiron
Musique Xavier Boussiron
Régie générale Léo Garnier
Création lumières Fabrice Combier
Régie lumière Gildas Roudaut
Son Félix Perdreau
Régie plateau Adrien Castillo
Du 20 au 22 février 2020 à 20 h 30
Centre Georges Pompidou
75001 Paris
Réservations 01 44 78 12 33
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