© Blandine Soulage
ƒƒ article de Victoria Fourel
L’opéra pop de John Adams, sur un livret de June Jordan, c’est un instantané. Un instantané de vie et de société, au moment précis où elles vont être secouées. Littéralement. Car les personnages ne seront plus jamais les mêmes, une fois le tremblement de terre qui a touché Los Angeles en 1994 sera passé.
On apprécie immédiatement la scénographie, une structure métallique aux allures de maison de poupée moderne. Trois pièces différentes, éclairées par des lumières flashy sont comme suspendues en l’air au-dessus de l’orchestre. On pense à Hopper, au monde de la nuit… L’esthétique est forte et ancrée dans nos imaginaires. Les couleurs sont marquées et les présences des chanteurs marquantes. Au sol, la scène est faite là encore de plusieurs espaces, permettant des entrées et sorties variées, et une vie permanente sur scène.
Cette photographie de la société américaine est passionnante, car elle s’attarde sur les inégalités, les combats de cette Amérique urbaine et divisée, qui semblent toujours bruyante et omniprésente, mais qui parait s’aplanir face au désastre. Ou comment un événement catastrophique mais complètement hors de notre contrôle peut impacter nos vies à tous, sans distinction de couleurs de peau, de situation ou d’orientation sexuelle. Vaste sujet, qui se prête tout à fait à un spectacle musical.
Il faut être honnête, lorsqu’on ne connaît pas l’opéra, et à fortiori l’opéra contemporain, qui allie les styles modernes aux marqueurs du classique, le spectacle peut nous perdre. Il y a de grands moments de chœur, des mélodies blues accrocheuses, et le tout est magnifiquement en place. Mais on a du mal parfois à suivre, à se laisser faire complètement. Autre sujet qui peut soit enthousiasmer soit troubler : la musique englobe tout, des moments plus humoristiques comme les grands drames ordinaires qui se jouent. Il y a peu de dialogues parlés et de silences. Et parfois, cela empêche que l’on soit complètement avec l’action.
Très beau spectacle, moderne et original, autant par sa matière première que par son esthétique, I was looking at the ceiling and then I saw the sky est un drôle d’objet. Il serait intéressant, donc, de faire échanger spécialistes du genre et parfaits novices, pour voir si cette mise en scène parvient complètement à ravir les premiers et à initier les seconds.
© Blandine Soulage
I was looking at the ceiling and then I saw the sky, composition John Adams, livret June Jordan
Mise en scène Eugen Jebeleanu
Direction musicale Vincent Renaud
Décors et costumes Velica Panduru
Lumières Marine Le Vey
Avec Alban Zachary Legos, Clémence Poussin, Christian Joel, Axelle Fanyo, Aaron O’Hare, Biao Li, Louise Kuyvenhoven et les musiciens Elsa Loubaton, José Carlos Garcia Bejarano, Corentin Quemener, Sylvaine Carlier, Hiroko Ishigame, Graham Lilly, Nicolas Frache, Michel Molines
Du 13 au 23 janvier 2020
Du mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h
Durée 2 h 15 environ
Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre
69004 Lyon
Réservation au 04 72 07 49 49
www.croix-rousse.com
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