Le Laboureur de Bohème, de Johannes von Saaz, mise en scène Christian Schiaretti, au TNP
  © Michel Cavalca   ƒƒ Article de Victoria Fourel          Elle est injuste la Mort. Elle prend sans explication, en laissant les hommes qui restent tenter de la comprendre. Un laboureur qui vient de perdre sa femme prend la Mort à partie pour tenter de faire du sens avec l’incompréhensible. Autant se le dire, nous ne sommes pas là pour rigoler. Le postulat de base n’appelle pas à la détente, et la direction prise par Christian Schiaretti non plus. Le spectacle commence dans une pénombre mystérieuse, avec un laboureur vissé au sol qui lance au public sa complainte, sa colère. On a un peu peur de ce ton grave et monolithique. Mais la surprise se fait assez vite, quand la Mort apparaît, elle aussi. Sous les traits d’une espèce de vampire rétro. Un rire léger traverse la salle. Et là, tout se décale. D’abord, parce que les lumières, vraiment très réussies, créent des zones hors desquelles rien n’est visible. On a beau chercher, on ne sait pas, avant un certain moment, à quoi ressemble le plateau, et où va apparaître la Mort la prochaine fois. Et le décor, une fois visible, nous surprend vraiment, lui aussi. Ensuite, parce que cette mise en scène décide de faire du laboureur, de la Mort, et même du Prince des Cieux, qui arrive plus tard, des archétypes, des personnages excessifs, qui donnent un petit goût d’humour et de second degré malgré tout. Comme si le débat métaphysique hésitait entre littérature classique et bande-dessinée. En tout cas, c’est ce qui est nécessaire au public pour alléger le propos. Bien sûr, cela veut aussi dire que tout, jusqu’à la diction, sera appuyé. Et cela gêne, parfois. Les voyelles sont longues, même les e muets sont audibles, on est dans de la déclamation, ce qui ne manque pas d’être pesant. On ne sait à quelle époque situer l’action, mais pire, on ne sait pas à quelle époque situer la mise en scène. Techniquement, cela ne manque pas de coffre et d’assise, mais c’est un peu lourd. En même temps, on parle de la finitude de la vie, et du chagrin immuable qui en fait partie. Il fallait s’y attendre. Ce qui est très surprenant, et pour le coup, pas du tout attendu, c’est le choix de faire jouer ce texte. D’une idée classique résulte une perspective rare sur le rapport que nous avons avec notre condition. Un homme cherche à trouver la faille face à l’inéluctable, tente de battre la Mort à son propre jeu, tente de comprendre. Et à la fin, dans le monde qu’il occupe, celui du début XVème, c’est Dieu qui tranche. Celui où le personnage, qui écrit et se répond à lui-même, ne va pas cesser de souffrir face à la perte immense de celle qu’il aime. Mais il va prier. Il va la remettre entre les mains de son Dieu, essayer de continuer à vivre avec les explications de la Mort. Cette vision fantasmagorique peut heurter par son goût du personnage classique, ses images tout droit sorties de livres de mythologie. C’est un spectacle ample, pas forcément facile d’accès, mais efficace et intelligent. Qui force à prendre un peu de recul sur notre vision des textes anciens, et à reconnaître la précision du travail.     © Michel Cavalca       Le Laboureur de Bohème, de Johannes van Saaz Mise en scène Christian Schiaretti Scénographie Renaud de Fontainieu Accessoires et adaptation scénographie Fanny Gamet Lumières Julia Grand Costumes Agostino Cavalca adaptés par Thibaut Welchlin   Avec Antoine Besson, Damien Gouy, Clément Morinière     Du 25 au 28 septembre 2019 Le mercredi et le vendredi à 20 h30 Le jeudi à 20 h Le samedi à 18 h 30 et le dimanche à 16 h       Théâtre National Populaire 8 place Lazare-Goujon 69100 Villeurbanne   Réservation 04 78 03 30 00 www.tnp-villeurbanne.com      Read More →
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Looking for Beethoven, écrit et interprété par Pascal Amoyel, mis en scène de Christian Fromont, Théâtre Le Ranelagh
  © Christian Visticot     ƒƒƒ Article de Philippe Escalier L’histoire des principales sonates de Beethoven par le pianiste Pascal Amoyel au Ranelagh est un pur enchantement. Car ce récit musical palpitant, loin des sentiers battus, est aussi l’occasion de découvrir un authentique portrait, subtil, émouvant et terriblement attachant du compositeur. Un moment d’une rare intensité ! Looking for Beethoven est avant tout une histoire d’amour. Un amour profond qui a pourtant failli ne jamais exister. Peut-être parce qu’aimer le maître de Bonn était une chose trop évidente, Pascal Amoyel au début de sa carrière, songe d’abord à s’en éloigner quelque peu pour se consacrer à d’autres compositeurs. Quand le hasard lui fait entendre un jour une mélodie légère, d’une infinie beauté qui le trouble, il découvre, à sa grande surprise, qu’elle est de Beethoven. Désireux de tout connaître de lui, il décide alors de se plonger à corps perdu dans les partitions et dans les livres pour effectuer un véritable travail de détective afin de découvrir toutes les clés de sa musique et de son existence. Le spectacle qu’il nous offre est le résultat d’années de travail, de recherches et de passion. Grand pianiste, Pascal Amoyel l’est assurément. Ce que Looking for Beethoven nous fait découvrir maintenant, c’est qu’il est aussi un immense comédien venu, avec sa douceur, sa simplicité et sa sincérité, nous dire quel homme était le père des trente-deux sonates et des neuf symphonies. Sa proximité avec lui est telle qu’il peut nous en parler comme d’un ami ayant partagé sa vie ! Les innombrables détails factuels et sonores apportés vont nous permettre de construire le portrait le plus précis et le plus intime du compositeur, nous allons entendre que le grand homme que l’on disait colérique, asocial (et il l’était) s’avère avant tout un profond humaniste, marqué d’abord par une enfance malheureuse puis par la pire calamité qui pouvait le frapper, sa surdité. Le récit qu’entreprend pour nous Pascal Amoyel, entrecoupé d’extraits musicaux interprétés avec virtuosité, nous fait découvrir toute la profondeur de l’homme marqué par le génie, qu’un feu sacré habitait. Sa vie, tous ses espoirs et ses douleurs sont exprimés dans sa musique, chaque note est porteuse de sens. Mozart chantait, Beethoven pensait nous murmure Pascal Amoyel venu démontrer, avec son piano, que le génie, tout handicapé qu’il était, vivait dans son siècle, passionnément, voulant plus que tout mettre son œuvre au service du triomphe des Lumières et de la liberté. Dans la magique salle boisée du Ranelagh, le public, envoûté, subjugué, suit cette merveilleuse évocation dans un silence religieux. Pascal Amoyel lui présente « son » Beethoven et la magie opère au point qu’il devient aussitôt le nôtre. Nous voici emportés dans un maelström d’émotions fortes. Comment rester de marbre en entendant que l’auteur de Fidélio, pourtant habitué à la solitude et au malheur, n’a jamais songé qu’à une chose : créer de la joie pour la faire partager aux hommes ? Cette joie dont l’hymne est devenue celle de tous les européens ! Et lorsque qu’arrive le dernier mot et la dernière note, il nous faut de longues minutes pour nous résigner : le spectacle et, plus encore, cette rencontre, viennent de prendre fin. Mais Looking for Beethoven, ce moment unique, restera longtemps gravé dans nos mémoires !   © Christian Visticot   Looking for Beethoven, écrit et interprété par Pascal Amoyel Mise en scène : Christian Fromont Lumières : Philippe Séon     Du mercredi au samedi à 20 h 45 Dimanche à 17 h Relâches les 25 décembre 2019 et 1er janvier 2020 Supplémentaire exceptionnelle le mardi 31 décembre 2019 à 20 h 45   Durée 1 h 20       Théâtre Ranelagh 5, rue des Vignes 75016 Paris   Réservations : 01 42 88 64 44 www.theatre-ranelagh.com        Read More →
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Le Voisin 2, de Benoît Turjman, à l’Espace 44, Lyon
    © Olivier Sagot     ƒ article de Victoria Fourel Il est impossible ce voisin. Au sens propre du terme. Dégingandé, paumé, tout droit sorti d’une BD. Et pourtant, ce personnage clownesque de Benoît Turjman tourne dans toute la France avec succès. C’est pourquoi il revient dans un deuxième spectacle, qui continue de se promener dans sa petite vie burlesque. Un peu désuet, le mime classique est un genre qu’on ne voit plus beaucoup. En tout cas pas dans l’acception de ce comédien : seul en scène, sans décor et avec le moins d’éléments possibles, faisant vivre le plateau par sa seule présence. Le début du spectacle est très accrocheur, démontrant rapidement le contrôle qu’a Benoît Turjman sur son corps. Entre le danseur et l’acrobate, il doit feindre la maladresse, et faire exister un escalier, un bus, un magasin, une plage. Ces sketches extrêmement quotidiens sont sans nul doute nos moments préférés. Lorsqu’on parvient à entrer dans la vie de ce bon gars avec presque rien, quand on imagine la pollution ou les embruns, sans même qu’il ait prononcé un mot. De belles lumières se doivent d’accompagner la partition millimétrée du spectacle. Elles sont très réussies, même si de nombreux petits ratés ponctuent cette grande première. Normal. On sent que ce genre de choses peut rapidement mettre en difficulté le comédien, qui a besoin que tout roule pour que son histoire, elle, se déroule. De la même façon, sur certains passages, moins évidents que la vie quotidienne, on sent que la précision du corps et de l’écriture ne sont pas encore au rendez-vous. Il faudra sûrement un peu de temps pour roder parfaitement la machine. Car il s’agit vraiment d’une machine. Où tout passe tellement par le corps, que le moindre verre imaginaire que le comédien ne pose pas correctement après avoir bu, se voit. On ressent dans ce deuxième spectacle – qui n’est pas une suite, vous pouvez y aller sans avoir vu le premier – que l’envie était là de faire sortir le personnage de sa zone de confort, pour l’explorer encore plus… Une suite d’idées qui crée un trop-plein. Même chose pour la musique, qui a un rôle d’ambiance, mais aussi dans la compréhension des spectateurs. Et plus le spectacle avance, plus elle se transforme en appui de jeu. Et finalement, elle en devient un peu répétitive, encombrante. Il y a plusieurs passages à écrémer, à alléger, pour que ce numéro de funambule soit complètement à l’équilibre. On ne doute pas que vue la grande histoire d’amitié entre Benoît Turjman et son Voisin, il finira par l’être.   © Olivier Sagot     Le Voisin 2, de Benoît Turjman Mise en scène Benoît Turjman Création costume Johanna Lavorel Création lumière Noémie Roisl Script Doctor  Cédric Marchal Avec Benoît Turjman À partir de 8 ans     Du 24 au 29 septembre 2019 Mardi, vendredi et samedi à 20 h 30 Mercredi et jeudi à 19 h 30 Dimanche à 18 h Durée 1 h 40   Espace  44 44 rue Burdeau 69001 Lyon   Réservation au 04 78 39 79 71 www.espace44.com      Read More →
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Théâtre de marionnettes d’Awa. Nô, Le puits de Jacob, La Sainte Vierge de Nagasaki, Maison de la Culture du Japon à Paris
  © TESSEN-KAI     ƒƒƒ article de Denis Sanglard Il est bon parfois de se décrasser les yeux, les oreilles et la cervelle. Voir d’autres horizons, accepter l’inconnu. Faire ce que préconisait Vitez, cet « exercice de l’ailleurs ». Encore une fois La Maison de la Culture du Japon à Paris propose, et pour deux jours seulement, deux univers qui démontrent toute la richesse de la culture du Japon, entre tradition séculaire et modernité pointue. Un beau démenti à ceux qui ne voient qu’un art définitivement figé, verrouillé par ses codes immémoriaux. Bref des clichés occidentaux. Tout faux, donc. Pour la première fois en France le théâtre de marionnettes d’Awa,  Awa ningyô jôruri, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, donne représentation. Art traditionnel de Tokushima pratiqué en plein air dans l’enceinte de sanctuaires, théâtre consacré à l’origine aux divinités protectrices de la communauté,  sur une scène appelée le nôsan butai. Mouvements amples et têtes de grandes tailles pour une meilleure visibilité voilà ce qui au premier chef caractérise cet art qui fut à l’origine du bunraku. Marionnettes manipulées à vue, par trois marionnettistes. Le maître pour la tête et la main droite, qui indique toujours où le regard se porte, le second pour la main gauche et le troisième pour les pieds. Pour le récit, un récitant – le tayu – et un joueur de Shamisen. Et à l’arrière de la scène, les fusuma karakuri où panneaux se succédant au long de la représentation. Petite merveille d’ingéniosité mécanique, panneaux coulissant, pivotant, peints de fresques sublimes pour décor et jeu d’illusion et de profondeur. Tout un art en soi. Et aujourd’hui numérisés en images 4k pour une expérience de réalité virtuelle surprenante. Étonnant frottement entre cette technologie dernier cri au service d’un art patrimonial. Récit traditionnel qui commence par le Sambasô, danse rituelle pour la paix et l’abondance des récoltes. Comme la danse d’Ebisu, divinité du bonheur, donnée également à la suite. Étonnant aussi de découvrir le Sambasô dansé par des marionnettes et que nous avions découvert au Théâtre de la Ville / Espace Cardin lors de la manifestation Japonisme, conçu par l’artiste Hiroshi Sugimoto et dansé par les danseurs Mansaku, Mansai et Yûki Nomura, respectivement père, fils et petit-fils d’une lignée remontant au XVème siècle. Ces deux danses rituelles sont suivies par Le Miracle de Tsubosaka, récit traditionnel du XIXème siècle. L’amour indéfectible de deux époux, l’aveugle Sawaichi et sa femme Osato. Leur suicide, leur résurrection par l’intervention du bodhisattva Kannon et la vue retrouvée. Incroyable de voir ces personnages de bois et de tissus soyeux être si vivant. Tant même que leurs visages pourtant figés semblaient prendre l’expression de leurs sentiments les plus subtils au fil de ce récit. Fascinés étions-nous de voir combien le maître, exceptionnellement sans cagoule, fait littéralement corps avec sa marionnette, à ne plus distinguer qui de l’un ou de l’autre est manipulé. Autre univers, le nô. Qui ne cesse lui aussi d’évoluer et de s’ancrer dans la modernité avec le fragile équilibre de ne rien renier de sa spécificité, de sa tradition, de ses codes, aussi obscurs nous soient-ils, nous occidentaux. Mais il faut se laisser tout simplement glisser dans cet ailleurs, hypnotique, hiératique. Deux créations, nous n’en avons vu qu’une, prouve que cet art ne se contente pas d’un répertoire ancien, dieux et kamis, légendes et spiritualité, Shinto et bouddhisme, mais peut également regarder le monde et l’interroger, atteindre une universalité qui n’empêche nullement de rester ancrer dans sa forme si singulière. Le Puit de Jacob justement, représenté la première soirée, fruit d’une réflexion et d’un dialogue entre Diethard Léopold et le danseur Kanji Shimizu, inspirés de l’histoire de la Samaritaine et de Jésus cité dans l’Évangile de Saint Jean. Partant du conflit palestino-israélien, une vieille femme palestinienne ayant perdu son fils et sa fille dans ce conflit vient au puit de Jacob aujourd’hui asséché, lequel lui est interdit, et rencontre deux juifs, l’un professeur israélien, l’autre russe. Très vite le débat s’élargit sur l’origine des conflits ethniques et religieux. Question posée aussi sur l’Histoire et son récit, la fable. Et c’est un chat – parlant français, jolie courtoisie japonaise – incise traditionnelle et classique dans le nô apporté par le Kyôgen, qui donne une clef du récit, témoin qu’il fut de la scène entre la Samaritaine et Jésus. Les chats ont neuf vies et les fantômes hantent toujours le nô pour révéler les origines et réparer les vivants. Une révélation qui fait basculer de façon surprenante, inattendue, la fable et son origine et donne un autre éclairage, au récit évangélique. La Samaritaine, errant désormais comme tout Kami, faisant alors son apparition… Étrange et fascinant de découvrir combien le nô, par son extrême codification, atteint par sa forme une atemporalité bien plus qu’une sclérose. Le rêve d’Artaud en somme, sans la cruauté. Et s’emparant d’un récit contemporain lui donne par là-même, paradoxalement, une universalité. Suite à ce nô, et comme entracte, un Kyôgen, Le saké de ma tante, où l’humour japonais déroute toujours quelque peu. Et en conclusion un nô dans la grande tradition, Tenko et le tambour céleste. Fascinant comme toujours et qu’importe si les katas, ces gestes à la symbolique précise, nous échappent. N’en demeure pas moins une formidable impression, l’intuition sinon de comprendre, d’approcher un peu, un tout petit peu, du mystère japonais.     © TESSEN-KAI     24 septembre 2019 18 h 30 Le miracle de Tsubosaka, théâtre de marionnettes d’Awa Avec la troupe de  marionnettistes Katsuuraza Nii Washô, récitante Takemoto Tomowaka, shamisen   20 h Nô, Le puit de Jacob, de Diethard Léopold, création Dramaturgie Sachiko Oda Mise en scène, interprétation Kanji Shimizu Kyogen, Le saké de ma tante (Obagasake), avec Tadashi Ogasawara Nô, Tenko et le tambourin céleste (Tenko), avec Tetsunojô Kanze   25 septembre 2019 18 h 30 Le miracle de Tsubosaka, théâtre de marionnettes d’Awa Avec la troupe de  marionnettistes Katsuuraza Nii Washô, récitante Takemoto Tomowaka, shamisen   20 h Nô, La Sainte Vierge de Nagazaki (Nagazaki no Seibo), de Tomio Tada, création Mise en scène, interprétation, Kanji Shimizu Kyogen, le sculpteur de bouddhas (Busshi) avec Tadashi Ogasawara Nô, la danse folle du génie de la mer (Shôjô midare) avec Kanji Shimazu     Maison de la culture du Japon à Paris 101 bis quai Branly 75015 Paris Réservations 01 44 37 95 01 www.mcjp.fr        Read More →
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Retour sur les journées du Matrimoine au Théâtre des Îlets, Montluçon, direction Carole Thibaut
    Françoise Sagan © DR Violette Leduc © DR   ƒƒƒ article de Corinne François-Denève Montluçon, Allier.  Une avenue droite qui sort de la gare, deux couples d’hôtels qui la bordent de chaque côté, ligne directe vers le centre médiéval et son Musée des Musiques Populaires, et, un peu auparavant, cap à droite, il faut obliquer, une série de rues, vers un îlot pensé par les maires communistes d’antan : sur le site d’une ancienne usine de sidérurgie se dresse maintenant un groupement d’équipements sportifs et culturels. Le stade des Îlets côtoie le théâtre du même nom et la médiathèque. On passe devant le théâtre quand on va chercher un livre, ou quand on amène le petit dernier à son entraînement.  Les coursives du théâtre, de fait, contiennent une bibliothèque en accès libre, deux postes d’ordinateur pour les passants de hasard, et des jeux pour les enfants : de la culture pour tous et de l’éducation populaire, en un mot. Carole Thibaut en est à son deuxième mandat de direction. Elle s’est installée en face du théâtre, amenant son propre passé d’enfant de terres abandonnées (Longwy) dans ce nouveau lieu si proche de ses racines et de ses engagements (le CDN est né sur les friches de la troupe des Fédérés, initiateurs des rencontres de Hérisson, anti-Avignon des années 70). Thibaut y a apporté ses convictions d’autrice et de théâtrice, et une certaine idée du théâtre. Ainsi, on ne s’étonnera pas de voir le « plus petit CDN de France » se faire très itinérant, avec des formes qui se déplacent dans les classes (L’Institutrice), parfois avec la « camionnette des îlets » (l’estafette survivante du « plus petit cinéma de France »), ou par le biais de l’ « Industry Box », cabine mobile dotée de casques, où les spectateurs et spectatrices peuvent s’installer pour s’écouter conter l’histoire des ouvriers du coin. Thibaut a aussi décidé de pratiquer le compagnonnage, fondant depuis son arrivée la « jeune troupe des Îlets », avec des comédiens venus du Conservatoire, de l’ESCA ou du GEIQ de Lyon : ils sont quatre par année, prennent part aux spectacles de la saison et, par la suite, sont toujours là, à jouer ou à mettre en scène (cette année par exemple, Vanessa Amaral). Dès son arrivée à la tête du CDN, Carole Thibaut est montée dans le train des « journées du matrimoine », ces journées organisées en parallèle, et aux mêmes dates, des journées du patrimoine, qui visent à mettre à l’honneur un héritage artistique et féminin souvent oublié, négligé, « invisibilisé ». Pendant un gros week-end, la place est donc donnée, au Théâtre des Îlets, aux autrices. Sont alors proposés visite du théâtre, lectures et conférences, ou encore « rencontres au bistro » animées, en ville, en direct du marché, par une autre ancienne de la jeune troupe, Marie Rousselle-Olivier. Cette année, étaient particulièrement à l’honneur Violette Leduc et Françoise Sagan, que l’on retrouvait dans les Grands Entretiens. Imaginés par Clément Beauvoir, Olivier Bérhault et Fanny Zeller, ces « grands entretiens » reprennent, de façon théâtrale, de vraies conversations menées par Jacques Chancel ou Pierre-André Boutang avec les autrices. Sur scène, Olivier Bérhault joue avec une certaine gourmandise le journaliste culture, onctueux et un peu péteux, et Fanny Zeller interprète avec beaucoup de justesse Violette Leduc et Françoise Sagan, jetant ce qu’il faut de gouaille faubourienne et lasse dans l’une, et ce qu’il faut de bégaiement empressé et panique dans l’autre. Violette Leduc était encore distinguée, le même soir, avec une lecture habitée d’un texte fiévreux, vénéneux et méconnu de l’autrice, Le Taxi, dirigée avec fermeté par Pascale Henry. Le lendemain, il s’agissait de (re)faire entendre la voix de Marguerite Audoux, couturière, pionnière de l’autofiction avec son Marie-Claire, auquel le journal du même nom rend hommage. Carole Thibaut avait choisi, après une conférence d’Aurore Evain, d’en faire une lecture-marathon, accompagnée par Marie Rousselle-Olivier et Valérie Schwarcz, dans un clair-obscur doux aux spectateurs et aux spectatrices, abandonné.e.s dans des transats. Enfin, les enfants n’étaient pas oubliés, avec la lecture mise en espace de La Mère Grimuzot raconte…, contes de Lily Jean-Javal, autrice du début du XXe siècle, qui a habité pendant plus de vingt ans le château Saint-Jean à Montluçon. Territoire, région, matrimoine : il est cependant à souligner que le Théâtre des Îlets ne s’empare pas de ce répertoire à la seule faveur opportuniste de ces journées. C’est toute sa saison qui donne la prééminence aux « ices », aux bâtardes, aux affamées, aux charmants petits monstres, aux sorcières, aux désobéissantes. Le site du théâtre ne propose-t-il pas comme adresse mail test « louisemichel@gmail.com » ?   Marguerite Audoux © DR       Les grands entretiens, Violette Leduc & Françoise Sagan Création : Fanny Zeller & Olivier Berhault – Cie Les Oiseaux de la tempête Texte : Violette Leduc (Dim Dam Dom, 1970, Pierre-André Boutang) et Françoise Sagan (Radioscopie, 1977, Jacques Chancel) Conception, mise en scène et interprétation : Olivier Bérhault et Fanny Zeller   Le Taxi Lecture performée de Pascale Henry Texte : Violette Leduc Conception et mise en voix : Pascale Henry Avec la Jeune Troupe des Îlets   Marie-Claire Texte : Marguerite Audoux Conception et mise en voix : Carole Thibaut Avec : Marie Rousselle-Olivier, Valérie Schwarcz et Carole Thibaut   La Mère Grimuzot raconte… Contes de Lily Jean-Javal Avec : la Jeune Troupe Des Îlets       Du 19 au 22 septembre 2019   Le site des Journées du Matrimoine au Théâtre des Îlets : https://www.theatredesilets.fr/newsletter/cette-semaine-aux-ilets-journees-du-matrimoine-4/   Théâtre Des Îlets Espace Boris-Vian 27 Rue Des Faucheroux 03100 Montluçon Renseignements au 04 70 03 86 18 www.theatredesilets.fr        Read More →
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Jules César, de William Shakespeare, adaptation, mise en scène et scénographie Rodolphe Dana, Comédie Française, Théâtre du Vieux-Colombier
    © Vincent Pontet   ƒƒ article de Nicolas Brizault Jules César. Cette pièce écrite en 1599 par ce divin Shakespeare et mise en scène par Rodolphe Dana est forte, condensée, ascendante et anéantie. Faiblesse et pouvoir immense de l’Empereur, complot, assassinat, guerre, destruction. Une sorte de typhon. Le génie de l’empereur Shakespeare nous emprisonne. Jules César est à Rome au maximum de son pouvoir, au plus haut du plus haut, surtout après sa victoire sur Pompée. Cette puissance inquiète fortement les simples grands… Cet homme qu’ils trouvent d’une faiblesse physique parfois aberrante, cet homme fatigué, souffrant du Haut mal qui plus est, est tout de même le plus fort, le plus digne, dans Rome, dans l’Empire, l’Univers. Poussés par Cassius, Brutus, puis Décius, Cinna, Casca, Trébonius et Ligarius vont profiter des ides de Mars pour l’assassiner et montrer au peuple leur dignité d’avoir ôté la vie de l’Empereur, façon de sauver l’Empire (et leur place dans ce dernier…). Lors des funérailles de Jules César, Marc Antoine, son fidèle ami, par un noble et intelligent discours, déclenche la guerre et venge César. Jules César est ici représenté assez simplement, une scénographie quasiment nue, sobriété victorieuse mettant les hommes en avant. Il a été choisi pour cette pièce cinq acteurs, cinq actrices. Pourquoi pas. Le talent est là sans aucun doute, mais parfois la force attendue (innocemment) n’est pas assez présente. Une idée préconçue ? Allez savoir. César, (dans la vie Martine Chevallier), montre formidablement sa noblesse, sa faiblesse, son manque de « véritable force », c’est une très bonne idée. Mais un brin de puissance terrifiante manque un peu tout de même. Un ton au-dessus et nous étions anéantis par l’Empereur nous aussi, Empereur alors présent pour de vrai. Quant au  détestable Cassius, Clotilde de Bayser, semble enfermé dans une valse nerveuse et colérique dont il ne descend pas. Les mêmes splendides grognements du début à la fin. Un peu plus et un peu moins de temps en temps seraient les bienvenus. Marc Antoine est très bien, aimant, intelligent et tristement victorieux. Une chose surprenante aussi est l’impression d’enfermement de toute « l’équipe »… C’est comme s’ils étaient comme réduit(e)s par une main invisible ici où là, qui leur laisserait un peu d’espace mais pas plus que ça, un très léger calvaire leur prouvant ponctuellement qu’ils étaient sur scène, en plein travail. Étrange et déconcertant : on se souvient ici ou là que nous sommes spectateurs, non loin de Saint Sulpice et pas sous le ciel si fort de Rome. Cette pièce emporte tout de même, et plus haut ce sont des détails, des pointes, des éléments présents, mais Shakespeare peut se réjouir et applaudir. L’ambiance pesante qui peut nous surprendre parfois est ailleurs la même, parfumée de terreur, de sang et de cendres.   © Vincent Pontet       Jules César, de William Shakespeare Adaptation, mise en scène et scénographie  Rodolphe Dana Traduction  François-Victor Hugo Lumières  Valérie Sigward Son  Jefferson Lembeye Collaboration artistique  Marie-Hélène Roig Collaboration à la scénographie  Karine Litchman Avec Martine Chevallier, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser, Jérôme Pouly, Christian Gonon, Georgia Scallet, Nâzim Boudjenah, Noam Morgensztern, Claire de La Rüe du Can et Jean Joudé   Du 20 septembre au 3 novembre 2019 Durée 2 h sans entracte       Théâtre du Vieux-Colombier 21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris   Location T 01 44 58 15 15, du mardi au samedi 11h-13h30 et 14h30-18h www.comedie-francaise.fr     Accès Bus 39, 63, 68, 70, 83, 84, 86, 87, 95, 96 Métros Saint-Sulpice, Sèvres-Babylone Parkings Place Saint-Sulpice, Sèvres-Babylone, Saint-Germain-des-Prés      Read More →
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Othello, de William Shakespeare, mise en scène Aurore Fattier, au Théâtre des Célestins
  © Annah Schaeffer     ƒ Article de Victoria Fourel Dans la Venise et la Chypre de Shakespeare se bat Othello, victime de sa couleur de peau, de son rang, de son conseiller mal intentionné. Aurore Fattier remanie le texte dans les grandes largeurs pour rendre un Othello moderne, intelligent mais qui perd un peu de son souffle. Il faut d’abord parler, dans ce spectacle, de la géométrie, de l’utilisation du plateau. Un jeu intelligent entre les espaces s’installe très rapidement, quand une caméra nous donne à voir les manigances cachées dans l’intimité d’un réduit. Tout ça change la présence physique des acteurs, le ton du texte. Même chose quand le réduit se transforme en une chambre, intime, petite, froide, où se jouera la dernière scène. Grâce à ces manipulations visuelles, Aurore Fattier démontre une certaine maîtrise de l’ambiance. Cette maîtrise est aussi visible dans les lumières, léchées. Tellement léchées qu’elles en deviennent parfois compliquées à gérer pour les acteurs, qui se retrouvent dans l’ombre les uns des autres. Il arrive que la profusion d’effets nuise. Et c’est nettement visible dans la récurrence de certaines images. Par exemple, au début du spectacle, les personnages apparaissent masqués, ou masques à la main, comme pour faire le lien avec la Venise d’antan et avec l’innocence d’Othello manipulé. Malheureusement, cette image revient plusieurs fois de façon un peu appuyée en vidéo, alors que le texte et la montée de l’action se suffiraient à eux-mêmes. C’est clairement l’intensité qui pose question. La plus grande part du spectacle est extrêmement calme, froide. Iago ne semble pas faire le moindre d’effort pour manipuler son maître, complètement prêt à se laisser faire. Cette version du texte, plus actuelle, mais moins poétique, ne laisse pas toujours transparaître la pression qui repose sur l’intrigue. On apprécie le choix de faire jouer sans ambages, mais on aime moins cette sous-tension. Si bien qu’à la fin, quand tout se délie, tout semble excessif. Oui, parce qu’il faut bien sortir une réaction qui colle avec la gravité de ce qui se passe sur scène. De grands cris s’échappent alors, complètement à contre-courant du reste de la pièce. Annah Schaeffer est formidable en Emilia, simple, quasi-invisible une partie du spectacle, mais si claire et si intense dans les dernières minutes. Elle fait ressortir ce qui n’est pas toujours visible dans cette version du texte : à quel point le pouvoir est injuste, à quel point on s’est fait avoir. Elle nous donne à voir l’erreur et la cruauté dans lesquelles sont plongés les hommes de pouvoir. Reste le choix très intéressant d’augmenter le texte par d’autres, contemporains, qui l’éclairent. Shakespeare ne demande qu’à être éclairé par notre époque. Il faudra plus de souffle et une intensité à la hauteur de cette belle scénographie pour que cela soit fait.   © Annah Schaeffer     Othello, de William Shakespeare Mise en scène Aurore Fattier Scénographie Sabine Theunissen Création costumes Prunelle Rulens Vidéo Vincent Pinckaers Lumière Matthieu Ferry Son Jean-Maël Guyot   Avec Cyril Gueï, Marie Diaby, Pauline Discry, Fabien Magry, Vincent Minne, Annah Schaeffer, Koen De Sutter, Jérôme Varanfrain, Serge Wolf     Du 21 au 27 septembre 2019 Du mardi au samedi à 20 h et le dimanche à 16 h     Théâtre des Célestins 4 rue Charles Dullin 69002 Lyon   Réservation 04 72 77 40 40 www.theatredescelestins.com      Read More →
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Trust/Shakespeare/Alléluia, écriture et mise en scène de Dieudonné Niangouna, MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis
  © Christophe Raynaud de Lage   ƒƒƒ article d’Isabelle Blanchard À la croisée des chemins entre comédie musicale, drame, téléréalité, science-fiction on y retrouve des influences de notre époque, télévision, film, musique ou du moins des influences de ceux qui sont nés dans les années 70. Comme un état des lieux d’une génération et un bel hommage à la pop culture liant de nombreuses générations. Ici l’auteur n’adapte pas Shakespeare, il convoque ses personnages et leurs problématiques/thématiques à notre époque, dans le métro ou sur un plateau de téléréalité. On croise ainsi Hamlet, Othello, Cléopâtre, Macbeth, Juliette, Lear et d’autres figures shakespeariennes qui incarnées à notre époque démontrent que les préoccupations du siècle de Shakespeare résonnent en nous. Dieudonné Niangouna, c’est d’abord une écriture, une langue déliée imagée aux mots qui percutent et qui libèrent notre imagination. La pièce propose une alternance de monologues enflammés, de dialogues ciselés et drôles et d’envolées poétiques. C’est également un travail avec des acteurs, tous et chacun sont mis en valeur. Ils habitent pleinement le plateau, pleinement leur personnage qui semble écrit sur mesure. La représentation est très physique. Ils jouent, dansent, jouent de la musique, font des acrobaties. Ils se donnent, nous donnent. C’est aussi un travail de mise en scène précis, une chorégraphie baroque, des danses endiablées, des plateaux reconstitués, des champs de batailles créés, un cabaret foutraque, une cérémonie vaudou, des chants partisans, la Tempête dans l’espace, Lear dans le métro… On rit, on est surpris on retient son souffle face à la cocasserie, l’humour et la liberté de l’auteur/metteur-en-scène. Les lumières créent un décor au sol d’une grande beauté entre rivières et terre craquelée, des dessins au mur qui se découpent, se colorent, se meuvent, créent un précieux écrin au spectacle. C’est aussi et surtout un travail sur notre époque avec des références actuelles de nos politiques migratoires, culturelles, sociales, c’est un questionnement des notions telles que le peuple, le pouvoir et le rôle de l’artiste. Dieudonné Niangouna nous offre son imaginaire, ses mots et son rapport aux autres. Voici un spectacle qui redonne envie de se questionner, d’avancer de révolutionner et de se réunir. Trust/Shakespeare/Alléluia est une expérience unique, totale. Il serait dommage de s’en priver.   © Christophe Raynaud de Lage     Trust/Shakespeare/Alleluia, , texte, mise en scène et scénographie Dieudonné Niangouna Régie son Félix Perdreau Musique Sébastien Bouhana et Bertrand de Roffignac Lumières Xavier Lazarini Costumes Marta Rossi assistée d’Hélène Vibien Vidéo Sean Hart d’après les imagesgrattées de Dieudonné Niangouna Régie générale Nicolas Barrot Avec Laurent Barbot, Fitzgerald Berthon, Julie Bouriche, Vincent Brousseau, Léna Dangréaux, Honorine Diama, Yasmine Hadj Ali, Annabelle Hanesse, Liesbeth Mabiala, Dieudonné Niangouna, Agathe Paysant, Emmelyne Octavie, Carine Piazzi, Bertrand de Roffignac, Flore Tricon et Sébastien Bouhana     Du 21 au 28 septembre 2019 Samedi 21 et samedi 28 septembre 2019 à 18 h Dimanche 22 septembre 2019 à 16 h Mardi 24, mercredi 25 et jeudi 26 septembre 2019 à 19 h Vendredi 27 septembre 2019 à 20 h   Durée 3 h 30 avec entracte     MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis 9 boulevard Lénine 93000 Bobigny   Réservation au 01 41 60 72 72 www.mc93.com/billetterie        Read More →
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Vie et mort d’un chien traduit du danois par Niels Nielsen, texte et mise en scène de Jean Bechetoille, Théâtre la Tempête / Cartoucherie de Vincennes
    © Guillaume Bosson     ƒƒ article de Denis Sanglard Une vie de chien. Il y a bien quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Enfin, presque. Réduit là à cette famille qui se déchire à belle-dents sous le regard du chien, Sirius. Important celui-là. Bientôt remplacé par un bâtard, André. « Familles je vous hais » écrivait bravache, Gide. Jean Bechetoille reprend ça à son compte et lorgne ouvertement vers Shakespeare qui lui aussi s’y connaissait en familles dysfonctionnelles. Soit Hamlet, parce que là aussi, dans cette famille d’Elseneur, les fantômes ont leur importance. Histoire d’un deuil impossible, celui d’un frère, Vincent, probablement schizophrène, écrasé par une voiture. Suicide ? Sans doute. Mais le déni est là, tenace, qui ronge cette famille déjà déchiquetée et qui sombre encore un peu plus. Histoire de Markus, l’autre fils, parti loin pour fuir la violence familiale, un séjour à Paris pour thérapie dans un groupe de développement personnel, son retour pour élucider cette mort et ne pas sombrer, lui aussi, dans la folie qui le happe. Et Shakespeare dans tout ça ? Père dépressif chronique, voilà pour la malédiction, avec pour mantra « Ça va mal finir » et de conclure à propos de ses enfants « je vous ai fini au pipi ». Il y a mieux, c’est vrai, pour commencer dans la vie. Une sœur qui se marie quelque temps après la mort de son frère et le mari accusé de fait par Markus, en état de sidération, d’être l’assassin. Une reconstitution théâtrale de cette nuit fatale pour que la vérité surgisse. C’est un peu lâche comme lien, c’est parfaitement et drôlement assumé, mais il semble bien que vivre à Elseneur semble provoquer de certains transferts… Et tout ça sous le regard qui n’en peut mais du chien, « jamais aussi heureux que dans un milieu hostile ». Jean Bechetoille signe et met en scène une pièce sacrement  tordue, entre tragédie et comédie, quelque peu loufoque malgré le sujet où rien de ce qui advient d’étrange, Shakespeare oblige, ne vous déroute. Explorant les névroses familiales, le traumatisme d’un deuil, le déni face au suicide, cette sidération qui vous empare, il se refuse cependant à tout pathos et distille un humour à froid qui réchauffe le tout. Et c’est bien. Toujours une juste et heureuse distance pour ne jamais plomber l’ensemble. Pas de larmes mais des hoquets de rire le plus souvent. C’est très subtil et finement amené. Une écriture parfaitement ciselée et précise qui se fait parfois merveilleusement poétique. Ah, les monologues du chien ! Parce que ce chien-là a la parole et quelle parole ! Ce chien-là c’est quelqu’un, comme dirait Raymond Devos,  et qui concentre en lui toute l’humanité, toute la fragilité, toute la bonté, voire l’innocence, qui manque à cette famille en déroute, percluse d’incompréhension et de violence, ensuquée dans son traumatisme et le déni. Mise en scène vive, alerte, sans temps mort, une ligne claire et droite faisant fi d’une chronologie des faits quelque peu secouée, Shakespeare oblige, s’amusant même de ces allers et retours spatio-temporels jamais inutiles pour la compréhension de cette pièce quelque peu cathartique. De belles idées de mise en scène, toute bêtes. Et l’ensemble est mené tambour battant, d’un même élan énergique par une troupe dirigée au cordeau qui s’empare de cette langue et de chaque personnage avec une gourmandise certaine. Ils s’amusent, le plus sérieusement du monde, tout à leur personnage, chacun à leur manière complétement cintrés, monstrueux même. Et pas de surenchère, jamais, dans la monstruosité. Terriblement humain, trop humain même dans leur névrose avec une part de mystère jamais vraiment dévoilé qui intrigue et leur donne une épaisseur certaine. On les sent jubiler de défendre cette pièce singulière et cette langue pointue, si précise. Voilà une création qui a sacrement du chien. Et quel chien (aussi) !   © Guillaume Bosson     Vie et mort d’un chien traduit du danois par Niels Nielsen, texte et mise en scène de Jean Bechetoille Scénographie Carole Frachet Lumières Vera Martins Costumes Gaïssiry Sall Vidéo Dimitri Klockenbring, Antoine Rosenfeld Collaboration artistique Guillaume Gras Avec Alice Allwright, Guarani Feitosa, Romain Francisco, William Lebghil, Laurent Levy, Nadine Marcovici     Du 20 septembre au 20 octobre 2019 Du mardi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 16 h 30     Théâtre de La Tempête Cartoucherie Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris   Réservations 01 43 28 36 36 www.la-tempete.fr      Read More →
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Tarquin, mis en scène par Jeanne Candel, au Nouveau Théâtre de Montreuil
  © Jean-Louis Fernandez     ƒƒƒ article de Toulouse Surprenante mais sublime proposition que signe Jeanne Candel et les compagnons de La Vie Brève, avec Florent Hubert à la musique et Aram Kebabdjian à l’écriture. Surprenante car il est simplement atypique et rare de voir un tel objet qui, malgré les références solides sur lesquelles il s’appuie et qui tiennent ici de socle pour la cohérence dramaturgique du spectacle, demeure inclassable en matière de genre. Surprenante proposition enfin car nous la découvrons bien plus sombre que les précédentes créations de la compagnie. Ici, c’est la figure trouble et insaisissable de Tarquin qu’ils convoquent au plateau, ce dangereux scientifique dévoué au nazisme, catalyseur de la notion du mal, et ayant commis pendant de longues années autant d’expériences atroces que de victimes pour finir par fuir l’Allemagne et rejoindre l’Amérique Latine. Ce spectacle relève d’une vision hallucinante faîte de clair-obscur, que l’on contemple comme une toile débordante de détails et d’indices qui ne cessent d’échapper au spectateur, et qu’il faut un certain temps avant de se recomposer un à un. En effet, le spectacle est construit comme un thriller policier où nous suivons, peu après l’ouverture, la traque acharnée d’une juge envoyée par un tribunal international, afin de démasquer Tarquin. Le fait est que, dans l’obsession de résoudre cette énigme du mal et de saisir les secrets enfouis de cet homme, cette enquête se voit bien vite hantée par un certain nombre de fantômes, s’étiole et se trouble dans la mémoire d’autres protagonistes, pour basculer enfin dans le rêve. Les personnages qui accompagnent l’enquête semblent, en effet, victimes d’hallucinations et de folies, le vrai et le faux se confondent peu à peu, et cette question du mal commence à les dévorer. Cette imbrication entre enquête policière (répondant à des codes narratifs précis et ici très bien maîtrisés) et celle d’un cauchemar semé d’énigmes, n’est pas sans rappeler l’architecture cinématographique lynchéenne d’œuvres telles que Blue Velvet ou Twin Peacks. Nous percevons, en effet, des sensations et une mythologie similaire devant Tarquin. Il n’est d’ailleurs pas anodin que nous faisions appel au cinéma, et on pourrait faire allusion à certains films de Pedro Almodovar tant certaines scènes allient des discussions des plus triviales aux secrets de familles sordides qui viennent ici à être déterrés. Le spectacle exploite également, et c’est peut-être en cela qu’il se rapproche du geste cinématographique, des aspects marqués de naturel et de tensions historiques (c’est notamment le cas de ce splendide décor), réanime le désir de fiction en utilisant l’Histoire avec sa grande hache (pour reprendre l’expression de Pérec), et choisit la stratégie d’un certain réalisme claudiquant, dans la mesure où il ne cesse ici d’être démantelé et déréalisé par l’émergence de la musique lyrique et d’une théâtralité plus prononcée. C’est que l’écriture de ce spectacle, qui se revendique comme écriture de plateau, exploite une grammaire scénique des plus hybride et un métissage de registres très divers. Entre fiction et fait historique, enquête policière, rêve et scènes aussi absurdes que comiques, entre théâtre et opéra, on ne sait jamais sur quel pied danser, et cela pour notre plus grand plaisir, car cette pluralité d’outils aérent sans cesse la rythmique du spectacle qui nous embarque d’un état à un autre. Cette diversité, on la retrouve aussi dans la musique, ici formidablement orchestrée et pensée par Florent Hubert. Il s’appuie sur différents matériaux tels que la musique baroque d’Haendel, ce qui s’apparentent aux délicieuses bossa brésiliennes, et enfin sa propre composition donnant cours à des sonorités plus subtiles, des textures plus contemporaines mais prenant d’avantage part au récit. Ce qui est fascinant, c’est toujours la surprise de la manière dont émerge la musique. Tantôt elle est assumée en tant que telle comme épopée opératique ; d’autres fois elle accompagne comme couche dramatique une scène en train de se jouer ; enfin elle peut surgir du quotidien et devenir un duo pour orchestre et marteau-piqueur ou encore émerger de la tuyauterie du décor pour s’épanouir dans une mélodie plus complexe. Tarquin est un spectacle complet et immense, qui vient gratter une matière obscure. Il est insaisissable tant il maîtrise et bouscule à la fois les conventions, et tant il sème en nous le trouble énigmatique d’une dramaturgie faite de clair et d’obscur.     © Jean-Louis Fernandez     Tarquin, mise en scène Jeanne Candel De et avec Florent Baffi, Delphine Cottu, Myrtille Hetzel, Antonin Tri Hoang, Sébastien Innocenti, Léo-Antonin Lutinier, Damien Mongin, Agathe Peyrat, Marie Salvat   Musique Florent Hubert avec la collaboration d’Antonin Tri Hoang Livret Aram Kebabdjian Création costumes Pauline Kieffer Scénographie Lisa Navarro Lumières Anne Vaglio Chef de chant Nicolas Chesneau Assistant à la mise en scène Yannick Bosc Assistante scénographie Justine Baron Régie générale Vincent Lefèvre Régie plateau et surtitrage Mathieu Coblentz Régie lumière Carole Van Bellegem Réalisation des costumes Pauline Kieffer, Nathalie Trouvé, Nathalie Saulnier Coiffures et perruques Catherine Saint-Sever     Du 20 septembre au 6 octobre 2019 à 20 h Le samedi à 18 h, le dimanche à 17 h Relâche les lundis et jeudis   Durée 1 h 45      Nouveau Théâtre de Montreuil 10 place Jean Jaurès 93100 Montreuil   Réservations au 01 48 70 48 90 www.nouveau-theatre-montreuil.com   Métro ligne 9, arrêt Marie de Montreuil            Read More →
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I am Europe, texte et mise en scène Falk Richter au Théâtre de l’Odéon
  © Jean-Louis Fernandez     ƒƒ article de Nicolas Thevenot « Je suis sympa, ouverte et libérale, j’aime l’art moderne les festivals de théâtre, la musique expérimentale et un bon verre de Chardonnay… » I am Europe (extrait).   Cette déclinaison de tout et souvent son contraire : l’Europe se berce de promesses non tenues qu’elle contredit par ses actes, sa politique… Cette longue liste scandée à la fois comme un rap, un stand-up, et un poème… Cette inextinguible litanie maniant l’ironie, le foutraque, les fulgurances, croisant raccourcis et espérance, se drapant fièrement dans son projet, se prenant les pieds dans les champs de cadavres de sa longue histoire guerrière… Voilà l’Europe que Falk Richter fait émerger de pièce en pièce depuis 2015 tel un chant, un leitmotiv, une voix. Bien loin des chœurs joyeux de la neuvième symphonie de Beethoven. Pour ce projet, créé au TNS en janvier 2019, réajusté pour sa reprise parisienne, Falk Richter a constitué au fil des ans un groupe de performers, danseurs, acteurs de différents pays européens. Partant de l’histoire de chacun des participants, le spectacle s’est construit et écrit avec ce qui les constitue : amours, désirs, peurs, angoisses, identités assignées et regards de la majorité… Depuis leur auberge espagnole, ce portrait qu’ils dressent de l’Europe (et de la France, en ce qui nous concerne au premier chef) n’est pas vraiment surprenant : constat sans appel du repli identitaire et de la montée de l’extrême droite, des « fractures » sociales (combien d’arabes et de noirs dans la salle de l’Odéon ? demande en souriant un des comédiens) et de la déroute climatique et environnementale… Pour faire ce constat accablant, il y a pourtant beaucoup d’énergie, d’engagement, dans les voix et dans les corps et le spectacle s’empare sans doute assez justement des états d’âme de cette nouvelle génération. Mais, contrairement au précédent I am Fassbinder monté en 2016 par Falk Richter et Stanislas Nordey au Théâtre de la Colline, cette production dépasse plus difficilement l’agrégation de récits épars pour atteindre une langue-monde capable de nous embrasser dans une forme théâtrale puissante. Dans ce précédent spectacle, portant l’ombre des attentats de 2015, Falk Richter avait réussi à composer une forme consolatrice dotée d’une vitalité libératrice, ruant dans les brancards. Sans jamais être vraiment politiquement correct, tout en restant critique, corrosif, sans jamais se cantonner à l’immédiate sentimentalité, I am Fassbinder avait trouvé ce chemin incroyable vers des cœurs meurtris. Un regard rétrospectif implacable sous la figure tutélaire de Fassbinder. I am Europe cherche un avenir qui n’est pas, dans un passé qui n’est plus. Alors, faute de passé, et par la faute d’un passé qui ne passe pas, Falk Richter rive nos regards et notre écoute sur cette matière documentaire que les acteurs-interprètes ont initialement apportée mais dont ils ne se sont pas complètement affranchis. Et comment d’ailleurs pourrait-on s’affranchir du récit d’une vie ? La réponse aurait pu être : dans un récit plus vaste écrit par Falk Richter pour ses acteurs-collaborateurs. Mais cela leur sera refusé. À l’exception d’un récit apocalyptique en guise de final. On aurait pourtant rêvé ce que le spectacle effleure avec la figure disruptive de Fernando Pessoa : poète aux multiples hétéronymes, dans cette Europe des identités exclusives, poète du rêve et de l’avenir comme instrument de recherche de la réalité.   © Jean-Louis Fernandez     I am Europe, texte et mise en scène Falk Richter Traduction française Anne Monfort Chorégraphie Nir de Volff Dramaturgie Nils Haarmann Scénographie, costumes Katrin Hoffmann Musique Matthias Grübel Vidéo Aliocha Van der Avoort Lumière Philippe Berthomé   Avec Lana Baric, Charline Ben Larbi, Gabriel Da Costa, Mehdi Djaadi, Khadija El Kharraz Alami, Douglas Grauwels, Piersten Leirom, Tatjana Pessoa       Du 19 septembre au 9 octobre 2019 Durée 1 h 55     Odéon-Théâtre de l’Europe Ateliers Berthier 17e 1 rue André Suarès (angle du boulevard Berthier) 75017 Paris   Réservation au 01 44 85 40 40 www.theatre-odeon.eu      Read More →
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Put your heart under your feet... and Walk! Conception de Steven Cohen, Centre Pompidou, MC93 / Festival d'Automne à Paris
  © Pierre Planchenault   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Ce n’est pas la première fois – ce ne sera pas non plus la dernière – que Steven Cohen, corps poudré de blanc, corset lacé sur un tutu en dentelles et lambeaux, sexe encagé, visage peint délicatement, paysage, ailes de papillons et l’étoile de David affirmant sa judeité, aborde en titubant sur des talons démesurés les rives du Styx et de l’intime. Golgotha (2009) parlait du suicide de son frère. Crânes aux pieds, puis chaussures de scaphandrier Steven Cohen écrasait de la vaisselle de Valauris, craquement qui n’était pas sans évoquer le crissement des bris d’ossement. I wouldn’t be seen dead in that! (2006) abordait de façon provocante le génocide juif sous l’angle d’un safari. Dans cette pièce pour huit danseurs dansait Elu, son compagnon… Elu au centre de cette nouvelle performance, protocole d’adieu et cérémonie funèbre, cénotaphe pour l’être aimé et disparu en 2016. Steven Cohen, inconsolable, invente un rituel baroque, à son image, entre douceur et violence, sidérant de beauté. Cercueils aux pieds pour hautes et vertigineuses cothurnes, il s’avance, gracile, la marche ainsi entravée, contrainte, au bord de toujours tomber. Déambulation fragile, dans un champ de reliques précieuses, les chaussons de danse d’Elu métamorphosés en étranges objets d’art, hybridés comme autant de chimères, exposés là, sur le plateau. Ne pas tomber, continuer à avancer, parce qu’il le faut, au risque de trébucher, malgré le poids et l’insoutenable du deuil. « Put your heart under your feat… and walk ». Injonction consolatrice de sa nourrice et mère adoptive, Nomsa Dhlamini, elle aussi disparue, cette phrase désormais tatouée au pied, Steven Cohen l’inconsolé marche, avance malgré la douleur chevillée. Performance inouïe, la grâce le dispute à l’insoutenable, la douceur exacerbant la violence. Où l’on passe d’un jardin japonais, poses délicates de geisha, aux abattoirs sud-africains – et rien ne nous est épargné de l’abattage – pour un rite de purification inouï, le corps soudain sacrificiel en transe et baigné dans un flot de sang.  Écho de cette hémorragie fatale qui emporta Elu malade et avec laquelle Steven Cohen opère ici une cristallisation douloureuse, un exutoire terrifiant. Plus loin, l’image de son visage émergeant d’une fosse de sable noir comme cendre. La vie, la mort ainsi résumées de façon radicale et lapidaire, frontale… et transfigurée pour une cérémonie mémorielle partagée. Mais au cœur de cette performance, dans ce temple nouveau qu’est devenu le théâtre, Steven Cohen officie cet étrange cérémonial et de son corps fait un tombeau vivant pour les cendres d’Elu. Pas de métaphore ici, non, mais un geste pur, une action littérale. « (…) Tu es enterré en moi, je suis ta tombe et pour toujours. (…) ». C’est tout à la fois un geste sublime, fou et terrifiant, d’oser ça, là, sur le plateau, ces cendres avalées. Avant de danser, entre roulade et poirier, instant ludique et, dans sa maladresse, touchant, et disparaître dans la fumée nuageuse qui envahit la plateau et la salle. Et de nous laisser désarmés, sidérés, dans le silence absolu.   © Pierre Planchenault     Put your heart under your feet… and walk ! Chorégraphie, costumes et interprétation Steven Cohen Musique Léonard Cohen, Marianne Faithfull, Joseph Go Mahan Lumières Yvan Labasse Régie vidéo Baptiste Evrard   Du 19 au 20 septembre 2019 Durée 50 minutes   Centre Georges Pompidou Réservations 01 44 78 12 33 www.centre.pompidou.fr   Du 28 au 29 novembre 2019 MC93 Bobigny 9 boulevard Lénine 93000 Bobigny Réservation 01 41 60 72 72 www.mc93.com   Festival d’automne à Paris 01 53 45 17 17 www.festival-automne.com          Read More →
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Intra Muros, écriture et mise en scène d'Alexis Michalik, La pépinière Théâtre
  © Ch. Vootz   ƒƒ article d’Isabelle Blanchard Ce spectacle débute sa troisième saison au théâtre de la pépinière et a été créé au Théâtre 13. Un metteur en scène, autrefois applaudi, accompagné par une comédienne, qui fût autrefois sa femme, et une assistante sociale débutante organisent un atelier théâtral dans une maison carcérale. Deux détenus participent à cet atelier. Ainsi cinq personnages vont se rencontrer se livrer et se/nous questionner sur la réalité, l’imagination et la possibilité de se réinventer. L’histoire est pleine de surprises, on est emporté par le dynamisme des comédiens ainsi que par celui de la narration. L’écriture est ciselée, percutante et va droit au but. L’histoire fait rire également, même si parfois j’ai trouvé cet humour un peu gentillet mais cela marche, on rit, on réagit. Les scènes s’alternent nous faisant donc passer de l’émotion face à des histoires de vie difficiles et des moments plus légers. Alexis Michalik dénoue, délie les histoires intimes de chacun des personnages et nous voilà face à une de ces poupées russes, chaque histoire dévoilant une autre puis une autre, si bien qu’à la fin le faux, le vrai le théâtre, l’histoire, tout se fait miroir, tout se fait écho et on célèbre l’infini possibilité de l’imagination et de la création. La scénographie est simple et sobre. Les acteurs en déplaçant et ré-agençant des chaises, une  table et un lit ouvrent devant nous de nouveaux espaces très rapidement nous plongeant dans un autre lieu, un autre souvenir. Tout est efficace, le rythme, le passage si aisé entre les scènes, les personnages, tout semble si facile, nous sommes guidés jamais lâchés. Tout est en place pour nous emmener nous faire traverser cette pièce. Le revers de cette machine si bien huilée est peut-être un léger bémol sur le jeu dans certaines scènes. En effet, parfois un surjeu enlevait de l’émotion, comme si on n’avait pas confiance dans le spectateur à comprendre, à interpréter. Intra Muros est plein d’énergie de rebondissements, l’histoire nous emporte, nous surprend comme un polar. Elle donne la part belle aux acteurs qui endossent rôle après rôle avec une apparente facilité, une maestria, des personnages attachants et plein d’humanité. Voici donc un moment de divertissement, de rire et d’émotion qu’il serait dommage de rater.   © Ch. Vootz     Intra Muros, texte et mise en scène Alexis Michalik Assitante à la mise en scène Marie-Camille Soyer Création lumière Arnaud Jung Scénographie Juliette Azzopardi Costume Marion Rebmann Avec en alternance Christopher Bayemi, Chloé Berthier, Raphaèle Bouchard, Hocine Choutri, Johann Dionnet, Jean Fornerod, Sophie de Fürst, Jean-Louis Garçon, Ariane Mourier, Arnaud Pfeiffer, Fayçal Safi, Marie Sambourg, Léopoldine Serre et les musiciens Raphaël Bancou, Sylvain Briat, Raphäel Charpentier et Mathias Louis (Sont soulignés les artistes vus en représentation)     Du 21 au 28 septembre 2019 Du mardi au samedi à 19 h, les samedis à 16 h Durée 1 h 45     La pépinière théâtre 7 rue Louis le Grand 75002 Paris   Réservation au 01 42 61 44 16      Read More →
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Palace, d'après la série télévisée de Jean-Michel Ribes, mise en scène de Jean-Michel Ribes, au Théâtre de Paris
    © Pascal Chantier     ƒ article de Nicolas Brizault Palace. En l’adaptant pour la scène du Théâtre de Paris, Jean-Michel Ribes et Jean-Marie Gourio donnent un rappel des six épisodes de cette série télévisée, née à la fin des années 1980. Quelques stars du théâtre, du cinéma, de la télévision, une mêlée de talents bien installés ou formidablement débutants y vivaient des aventures plus que surprenantes dans un palace ultra étoilé, monde à part s’il en est, réserve à milliardaires qui s’ennuient et dominent le monde. Chaque événement était séparé du suivant par des ballets de domestiques, chorégraphie et plumeaux mêlés. Donc on se presse en toute confiance pour être baigné de nouveau et en direct qui plus est dans ce monde absurde, moqueur et fin, merveilleusement drôle en fait. Et comment dire ? Le rappel des décors, des costumes est efficace, les danseurs et danseuses font un très bon travail… Bonne scénographie. Oui. Quant à l’énergie nécessaire dans un tel spectacle, elle retombe, s’écroule, s’émiette sur les marches du grand escalier. L’humour est sans doute mort et ses héritiers ne sont plus que pipi-caca. Deux petits échanges font sourire, certes… ici où là. On entend bien entendu quelques éclats de rire spontanés dans la salle, mais tout lasse au bout d’un moment et aucune frénésie jubilatoire n’apparaît. L’écriture est plate, le texte aurait-il perdu en toutes ces années, son allant, son « peps » ? Le jeu est plat lui aussi, il n’est pas assez fort, pas assez convainquant. Il faut un talent féroce, certes, pour faire rebondir des aventures aussi quelconques. La folie s’est fait la malle pour un autre cinq étoiles. Enfin, un autre immense souci : les sans-papiers et réfugiés sont évoqués plus que lourdement. Une première fois, puis une seconde, plus massive encore, dégoulinante. Cette remarque ne se veut absolument pas contre ce sujet si important. Mais les tartines répandues ici ne sont pas comme celles analysées par le professeur Swift, joué par Jacqueline Maillan dans le premier épisode : elles s’effondrent malheureusement du côté confiture. Le grossier soupçonné s’étale et s’éparpille nettement sur le marbre. Ça c’est Palace ?   © Pascal Chantier   Palace, d’après la série télévisée de Jean-Michel Ribes Adaptation Jean-Marie Gourio & Jean-Michel Ribes Mise en scène Jean-Michel Ribes Assistante mise en scène Virginie Ferrere Musique Germinal Tenas Arrangements Gilles Tinayre Chorégraphie Stéphane Jarny Décors Patrick Dutertre Costumes Juliette Chanaud & Patrick Dutertre Lumières Laurent Béal Son Virgile Hilaire Maquillage / Coiffure Maurine Baldassari Comédiens et danseurs Salim Bagayoko, Joséphine de Meaux, Salomé Dienis-Meulien, Mikaël Halimi, Magali Lange, Jocelyn Laurent, Philippe Magnan, Karina Marimon, Gwendal Marimoutou, Coline Omasson, Thibaut Orsoni, Simon Parmentier, Christian Pereira, Alexie Ribes, Rodolphe Sand, Emmanuelle Seguin, Anne-Elodie Sorlin, Alexandra Trovato, Éric Verdin, Philippe Vieux, Ben Akl, Armelle Gerbault     Du mardi au samedi à 20 h 30, le dimanche à 15 h 30     Théâtre de Paris 15 rue Blanche 75009 Paris   Réservations : Lundi : 11 h-18 h Du mardi au samedi : 11 h-19 h Le dimanche : 11 h-17 h T+01 48 74 25 37 serviceclient@theatredeparis.com www.theatredeparis.com   Accès handicapés : La Salle du Théâtre de Paris est accessible aux personnes à mobilité réduite. Les places doivent être réservées obligatoirement auprès de notre service de réservation au 01 48 74 25 37. Accès : Métro : Trinité d’Estienne d’Orves (ligne 12), Blanche (ligne 2), Saint-Lazare (ligne 3, 12, 13, 14), Liège (ligne 13), Chaussée d’Antin (lignes 9, 7).      Read More →
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