© Vincent Pontet
ƒƒ article de Nicolas Brizault
Jules César. Cette pièce écrite en 1599 par ce divin Shakespeare et mise en scène par Rodolphe Dana est forte, condensée, ascendante et anéantie. Faiblesse et pouvoir immense de l’Empereur, complot, assassinat, guerre, destruction. Une sorte de typhon. Le génie de l’empereur Shakespeare nous emprisonne.
Jules César est à Rome au maximum de son pouvoir, au plus haut du plus haut, surtout après sa victoire sur Pompée. Cette puissance inquiète fortement les simples grands… Cet homme qu’ils trouvent d’une faiblesse physique parfois aberrante, cet homme fatigué, souffrant du Haut mal qui plus est, est tout de même le plus fort, le plus digne, dans Rome, dans l’Empire, l’Univers. Poussés par Cassius, Brutus, puis Décius, Cinna, Casca, Trébonius et Ligarius vont profiter des ides de Mars pour l’assassiner et montrer au peuple leur dignité d’avoir ôté la vie de l’Empereur, façon de sauver l’Empire (et leur place dans ce dernier…). Lors des funérailles de Jules César, Marc Antoine, son fidèle ami, par un noble et intelligent discours, déclenche la guerre et venge César.
Jules César est ici représenté assez simplement, une scénographie quasiment nue, sobriété victorieuse mettant les hommes en avant. Il a été choisi pour cette pièce cinq acteurs, cinq actrices. Pourquoi pas. Le talent est là sans aucun doute, mais parfois la force attendue (innocemment) n’est pas assez présente. Une idée préconçue ? Allez savoir. César, (dans la vie Martine Chevallier), montre formidablement sa noblesse, sa faiblesse, son manque de « véritable force », c’est une très bonne idée. Mais un brin de puissance terrifiante manque un peu tout de même. Un ton au-dessus et nous étions anéantis par l’Empereur nous aussi, Empereur alors présent pour de vrai. Quant au détestable Cassius, Clotilde de Bayser, semble enfermé dans une valse nerveuse et colérique dont il ne descend pas. Les mêmes splendides grognements du début à la fin. Un peu plus et un peu moins de temps en temps seraient les bienvenus. Marc Antoine est très bien, aimant, intelligent et tristement victorieux.
Une chose surprenante aussi est l’impression d’enfermement de toute « l’équipe »… C’est comme s’ils étaient comme réduit(e)s par une main invisible ici où là, qui leur laisserait un peu d’espace mais pas plus que ça, un très léger calvaire leur prouvant ponctuellement qu’ils étaient sur scène, en plein travail. Étrange et déconcertant : on se souvient ici ou là que nous sommes spectateurs, non loin de Saint Sulpice et pas sous le ciel si fort de Rome.
Cette pièce emporte tout de même, et plus haut ce sont des détails, des pointes, des éléments présents, mais Shakespeare peut se réjouir et applaudir. L’ambiance pesante qui peut nous surprendre parfois est ailleurs la même, parfumée de terreur, de sang et de cendres.
© Vincent Pontet
Jules César, de William Shakespeare
Adaptation, mise en scène et scénographie Rodolphe Dana
Traduction François-Victor Hugo
Lumières Valérie Sigward
Son Jefferson Lembeye
Collaboration artistique Marie-Hélène Roig
Collaboration à la scénographie Karine Litchman
Avec Martine Chevallier, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser, Jérôme Pouly, Christian Gonon, Georgia Scallet, Nâzim Boudjenah, Noam Morgensztern, Claire de La Rüe du Can et Jean Joudé
Du 20 septembre au 3 novembre 2019
Durée 2 h sans entracte
Théâtre du Vieux-Colombier
21 rue du Vieux-Colombier
75006 Paris
Location T 01 44 58 15 15, du mardi au samedi 11h-13h30 et 14h30-18h
www.comedie-francaise.fr
Accès
Bus 39, 63, 68, 70, 83, 84, 86, 87, 95, 96
Métros Saint-Sulpice, Sèvres-Babylone
Parkings Place Saint-Sulpice, Sèvres-Babylone, Saint-Germain-des-Prés
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