© Olivier Sagot
ƒ article de Victoria Fourel
Il est impossible ce voisin. Au sens propre du terme. Dégingandé, paumé, tout droit sorti d’une BD. Et pourtant, ce personnage clownesque de Benoît Turjman tourne dans toute la France avec succès. C’est pourquoi il revient dans un deuxième spectacle, qui continue de se promener dans sa petite vie burlesque.
Un peu désuet, le mime classique est un genre qu’on ne voit plus beaucoup. En tout cas pas dans l’acception de ce comédien : seul en scène, sans décor et avec le moins d’éléments possibles, faisant vivre le plateau par sa seule présence. Le début du spectacle est très accrocheur, démontrant rapidement le contrôle qu’a Benoît Turjman sur son corps. Entre le danseur et l’acrobate, il doit feindre la maladresse, et faire exister un escalier, un bus, un magasin, une plage. Ces sketches extrêmement quotidiens sont sans nul doute nos moments préférés. Lorsqu’on parvient à entrer dans la vie de ce bon gars avec presque rien, quand on imagine la pollution ou les embruns, sans même qu’il ait prononcé un mot.
De belles lumières se doivent d’accompagner la partition millimétrée du spectacle. Elles sont très réussies, même si de nombreux petits ratés ponctuent cette grande première. Normal. On sent que ce genre de choses peut rapidement mettre en difficulté le comédien, qui a besoin que tout roule pour que son histoire, elle, se déroule. De la même façon, sur certains passages, moins évidents que la vie quotidienne, on sent que la précision du corps et de l’écriture ne sont pas encore au rendez-vous. Il faudra sûrement un peu de temps pour roder parfaitement la machine. Car il s’agit vraiment d’une machine. Où tout passe tellement par le corps, que le moindre verre imaginaire que le comédien ne pose pas correctement après avoir bu, se voit.
On ressent dans ce deuxième spectacle – qui n’est pas une suite, vous pouvez y aller sans avoir vu le premier – que l’envie était là de faire sortir le personnage de sa zone de confort, pour l’explorer encore plus… Une suite d’idées qui crée un trop-plein. Même chose pour la musique, qui a un rôle d’ambiance, mais aussi dans la compréhension des spectateurs. Et plus le spectacle avance, plus elle se transforme en appui de jeu. Et finalement, elle en devient un peu répétitive, encombrante.
Il y a plusieurs passages à écrémer, à alléger, pour que ce numéro de funambule soit complètement à l’équilibre. On ne doute pas que vue la grande histoire d’amitié entre Benoît Turjman et son Voisin, il finira par l’être.
© Olivier Sagot
Le Voisin 2, de Benoît Turjman
Mise en scène Benoît Turjman
Création costume Johanna Lavorel
Création lumière Noémie Roisl
Script Doctor Cédric Marchal
Avec Benoît Turjman
À partir de 8 ans
Du 24 au 29 septembre 2019
Mardi, vendredi et samedi à 20 h 30
Mercredi et jeudi à 19 h 30
Dimanche à 18 h
Durée 1 h 40
Espace 44
44 rue Burdeau
69001 Lyon
Réservation au 04 78 39 79 71
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