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Ballroom, d’Arthur Perole, Chaillot-Théâtre National de la Danse

Fév 27, 2020 | Commentaires fermés sur Ballroom, d’Arthur Perole, Chaillot-Théâtre National de la Danse

 

 

© Nina-Flore Hernandez

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault

Ballroom, d’Arthur Perole, est un partage fort sympathique entre les six danseurs et le public. Trois hommes, trois femmes qui tout d’abord sont sur scène, comme d’habitude faudrait-il dire, se préparent, nous saluent, demandent de l’aide pour faire un petit nœud sous le cou ou terminer ce maquillage dans le dos. Des ballons partout, sur eux même, du rouge, du jaune, du bleu, des costumes entre clowns et mômes jubilatoires, ou l’inverse. Superpositions d’on ne sait quoi, qui en tout cas fonctionnent, le public s’assoit rayonnant et prêt à faire la fête !

Car l’envie, l’idée ou la proposition de d’Arthur Perole, (ou bien les trois mélangées), est de faire la fête, oui. Nous sommes installés, eux maquillés, et tout va débuter. Ils se réunissent, sorte de cercle de prière, d’union, de future énergie et la techno débarque, va les anéantir pour leur/nous faire du bien. Les costumes s’écroulent peu à peu, comme des strates de mensonges ou de protections, pour faire apparaître le vrai (?). Ils dansent, d’abord enfermés dans un sérieux étonnant, mais on ne s’en fait pas, ils vont rebondir, glisser, leur sueur sera là, ils auront bu, se rapprocheront l’un de l’autre, riront, et c’est là que le vrai laisse dubitatif, est-ce qu’on rit du vrai dans les instants-là où de mille inventions folles, comme celles « inscrites » sur leurs corps, folies réparatrices ? Peu importe et rebondissons.

En tout cas ils sont souvenirs, miroirs anciens, au mercure techno, aux gestes qui ne sont sans doute pas aussi éloignés de la danse qu’il peut y paraître. Talent ! Talent ! Un travail fantastique. La fête. On a envie d’y participer et ça finira comme ça d’ailleurs : début et fin le public est là, sur scène. La joie, l’envol sans le venin sur une scénographie souvenir, il faudrait faire attention pour que personne ne tombe et surtout bien balayer à la fin. Parfait. Mais… pas trop de rebondissements en fait, sauf ceux de ces corps presque multiples à force de. La danse, le saisissement qu’elle produit, notre partage, aucun souci, bien au contraire, c’est là ! Mais donc juste l’impression d’une très sympathique soirée techno quand on avait vingt ans. On se laisse prendre et un vilain « et alors » fini par pointer le bout de son nez, demandant tout bas si on avait bien envoyé le message à untel avant de partir, ce « et alors » finissant par jalousement nous dire « oui, je suis là moi aussi ! » Et la maladresse des danseurs qui parlent sur scène nous apparaît. Leur corps, leur chant fonctionnaient très bien, la parole non. Surtout la parole de fin de soirée. Intérêt plat : un micro est apparu, accompagné de micros blablas. Du coup « rebondissement » des corps oubliés un instant. Et ces tas de doigts levés, ici ou là, pour signifier vous savez quoi aussi, bon, un discrètement, oui, on pourrait même trouver ça « génial » mais là, ce flot de « vas-te-faire-foutre » technoïde sont lassant, voire davantage. Pourquoi autant ?

On s’amusait, la légèreté était là et puis une sorte de minuscule prétention semble vouloir naître, demander si on l’a bien sentie, repérée, si c’est bien elle que l’on applaudira à la fin, dans pas longtemps. Heureusement, la force remontre le bout de son nez, le talent et les belles et bonnes idées. Tout fini bien. Mais c’est comme si on était allé à l’Orangerie jouir de la tranquillité si fines des Nymphéas, et que « comme ça » quelqu’un les avait juste barrés d’une ligne noire, anguleuse et finalement pas très accueillante. En fait, face à ce travail, on se dit qu’un peu de simplicité, de souvenir, de partage est une très bonne idée, du bon et du bien, du talentueux bon et bien. Du joyeux bon et bien. On a envie d’embrasser danseurs et danseuses, de se peindre en bleu nous aussi et de quitter Chaillot au petit matin. Mais on dit qu’il n’est pas si tard pour prendre le métro et rentre chez soi. Dommage.

 

© Nina-Flore Hernandez

 

Ballroom, d’Arthur Perole

Chorégraphie Arthur Perole
Assistant artistique Alexandre Da Silva
Musique Giani Caserotto
Lumières Anthony Merlaud
Costumes Camille Penager
Son Benoît Martin
Coach vocal Mélanie Moussay
Regard extérieur Philippe Lebhar
Régie générale, lumières Nicolas Galland
Régie son Benoît Martin
Remerciements Tadeo Kohan 

De et avec Julien Andujar, Séverine Bauvais, Marion Carriau, Joachim Maudet, Alexandre Da Silva, Lynda Rahal

 

Salle Firmin Gémier

26-28 février : 19 h 45 et 26-28 février : 20 h 30

 

 

 

Chaillot-Théâtre National de la Danse

1 place du Trocadéro

75116 Paris

Réservations 01 53 65 30 00

www.theatre-chaillot.fr

 

 

 

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