Critiques // Un conte de Noël, d’après Arnaud Desplechin, mise en scène de Julie Deliquet, au Radiant Bellevue, en co-réalisation avec le Théâtre de la Croix-Rousse et le Théâtre des Célestins

Un conte de Noël, d’après Arnaud Desplechin, mise en scène de Julie Deliquet, au Radiant Bellevue, en co-réalisation avec le Théâtre de la Croix-Rousse et le Théâtre des Célestins

Fév 10, 2020 | Commentaires fermés sur Un conte de Noël, d’après Arnaud Desplechin, mise en scène de Julie Deliquet, au Radiant Bellevue, en co-réalisation avec le Théâtre de la Croix-Rousse et le Théâtre des Célestins

 

© Simon Gosselin

 

ƒƒ article de Victoria Fourel   

C’est Noël, et ça ne va pas être une partie de plaisir pour tout le monde. Junon, la mère, a réuni tous ses enfants. Elle a réussi ce tour de force grâce à la maladie. Elle a besoin d’une greffe, elle est en danger et c’est ce qui rassemble. Elle aimerait bien récupérer un peu de ce qu’elle a donné, aussi. Sa fille, ses fils, leurs familles. Les secrets, les rancœurs, un bannissement, même, sont là. L’amour, lui aussi, malgré tout, a fait le déplacement.

Tout d’abord, on entre dans le spectacle grâce à sa forme. La configuration bi-frontale permet d’éviter dès le départ une trop grande comparaison avec le film dont est adapté le spectacle. En cassant la traditionnelle place des choses, on est aussi plongé dans l’intimité de la maison. Chacun aura sa vision de ce qui se passe selon sa place, verra les actions et les réactions. Comme un vrai membre de la famille. La musique a aussi une place importante. Elle est souvent intradiégétique, très cinématographique. Utilisée là aussi comme chez nous : jouée par les pianos et les tourne-disques familiaux.

Ce qui fait la force de cette histoire, ce sont les liens très serrés entre le drame et la comédie, entre le rire et la profonde détresse. Une langue ciselée vraiment drôle, mais aussi très sérieuse, très sombre. C’est le grand point fort du spectacle. Le public, lui, semble s’y perdre un peu. Il rit fort, même quand la tristesse et la colère sont prégnantes, même quand les désespoirs se hurlent dessus. Drôles de réactions.

En termes de rythme, le tout est très juste. Ça fuse, les entrées et les sorties sont celles de la maison, qui est, presque malgré elle, remplie de la vie de ses occupants. On assiste aux embrouilles comme aux tentatives de se comprendre. On voit parfois la limite de l’adaptation quand les montées en puissance des prises de becs se font très rapprochées. Il y a des cris, beaucoup, des passages du rire aux larmes de plus en plus excessifs. Ça peut parfois manquer de temps, et de cette zone grise des sentiments, entre les excès.

C’est une joie de voir cette œuvre posée sur un plateau, raccourcissant encore les liens entre le film et la scène. Mais sans pour autant qu’on fasse appel à des procédés de cinéma. Cela permet de créer des formes nouvelles, mais familières. Des formes originales pour le public, mais qui semblent malgré tout proches de ce que l’on connaît. Exactement comme toutes les familles : bizarres mais si proches les unes des autres.

 

©  Simon Gosselin

 

Un conte de Noël, d’après le film d’Arnaud Desplechin

Mise en scène Julie Deliquet

Version scénique Julie Deliquet, Agathe Peyrard et Julie André

Scénographie Julie Deliquet et Zoé Pautet

Lumières Vyara Stefanova

Musique Camille Rocailleux

Costumes Julie Scobeltzine

 

Avec Julie André, Stephen Butek, Éric Charon, Solène Cizeron, Olivier Faliez, Jean-Christophe Laurier, Agnès Ramy, Marie-Christine Orry,Thomas Rortais, David Seigneur / Richard Sandra, Hélène Vivès, Jean-Marie Winling.

 

 

Du 8 au 18 janvier 2020

Du mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 19 h 30 et le dimanche à 15 h

Durée 2 h 1 5 environ

 

 

 

 

Théâtre de la Croix-Rousse
Place Joannès Ambre

69004 Lyon

Réservation au 04 72 07 49 49

www.croix-rousse.com

 

 

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