À l'affiche, Critiques // Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d’Anne Teresa De Keersmaeker, Théâtre de la Ville – Espace Cardin

Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d’Anne Teresa De Keersmaeker, Théâtre de la Ville – Espace Cardin

Fév 13, 2020 | Commentaires fermés sur Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d’Anne Teresa De Keersmaeker, Théâtre de la Ville – Espace Cardin

 

© Anne Van Aerschot

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault

Fase, Four movements to the music of Steve Reich n’est rien d’autre que le travail originel d’Anne Teresa De Keersmaeker, son « travail fondateur » axé bien entendu sur la musique minimaliste, répétitive et uniforme de Steve Reich. Il a été créé en 1982, issu tout d’abord de  Violin Phase. Quelques gouttes, idées premières d’une carrière plus que conséquente. Très bonne idée de faire connaissance avec elle, de l’approcher prudemment ou bien de se précipiter vers le Théâtre de la Ville – Espace Cardin pour encore tourner et tourner encore, mené par une œuvre surprenante, exemplaire ou terrifiante. Anne Teresa De Keersmaeker délègue son œuvre à quatre danseuses, Yuika Hashimoto et Laura Maria Poletti, Laura Bachman et Soa Ratsifandrihana, qui dans une alternance tout à fait compréhensible vont offrir leur terrible talent aux spectateurs.

Quatre mouvements donc. Sur une musique répétitive qui va pousser les corps à ne plus être que géométrie, à exposer lignes, traces, ici, ici, là et encore ici. Musique furieuse, terrible, maîtresse de ces deux corps qui tournent, lèvent, abaissent, oui, oui, oui, reflets l’un de l’autre, l’une de l’autre. Enfermement musical et corporel, espace et temps qui frappent, font naître une énergie à la fois surprenante et lassante, harassante. On souffle, pensant que nous allons passer à autre chose, ayant perçu comme un apaisement de la musique, des corps, ceux des femmes sur scènes et ceux des spectateurs, mais non, il faut aller jusqu’au bout, loin, trop loin ? Enfin on passe à autre chose. Même souffrance, déconseillées à certains même, sait-on jamais, cette répétition visuelle et auditive, musicale pardon, peut se faire douloureuse, dangereuse. Les deux derniers mouvements font comprendre ce travail, sont plus « humains » peut-être, sons et mouvements tout autant récurrents mais s’épousant davantage, ils autorisent à regarder, à tourner de plus en plus les yeux vers la scène, à penser à ce travail offert, à l’apprécier et s’y fondre. On se dit que c’est gagné. On pense à l’immense talent de ces deux femmes, talent en écho, ou bien décalé, ou les deux, allez savoir. Splendide en tout cas.

Anne Teresa De Keersmaeker travaille sur l’énergie, l’enfermement, comme une sorte de conjonction entre le corps et la musique. À une échelle minimale, presque scientifique, violente en tout cas. Égocentrique ? Sado-masochiste ? Le corps évolue-t-il absolument dans une mécanique sèche, redondante ? Le corps a-t-il été enfermé dans un cylindre de verre, sans air, juste déposé sur un ressort fourbe ? Chacun son image, chacun sa direction. Ce qui est terrifiant, ou fulgurant, dans Fase, Four movements to the music of Steve Reich, et dans la musique de Steve Reich sans doute, c’est ce découpage d’ « un » mouvement. Anne Teresa De Keersmaeker avec une pince à épiler en a extrait quelques-uns et les examine. Ou pas. Alors ils ne sont plus qu’eux-mêmes, presque rien, et n’ont rien d’autre à faire que ce qu’ils faisaient, étaient, avant, là. Devant tant de répulsion, tant de résistance, devant tant d’épouvante, tant de profondeur, chapeau bas Fase, Four movements to the music of Steve Reich.

 

© Anne Van Aerschot

 

Fase, Four Movements to the Music of Steve Reich, d’Anne Teresa De Keersmaeker

Créé avec  Michèle Anne De Mey, Anne Teresa De Keersmaeker

Musique Steve Reich, Piano Phase (1967), Come Out (1966), Violin Phase (1967), Clapping Music (1972)

Lumières Remon Fromont

Costumes 1981 Martine André, Anne Teresa De Keersmaeker

Avec en alternance Yuika Hashimoto, Laura Maria Poletti / Laura Bachman, Soa Ratsifandrihana

Création le 18 mars 1982, Beursschouwburg, Bruxelles 

 

 

 

Théâtre de la Ville – Espace Cardin

1 avenue Gabriel

75008 Paris

 

Accès :

Métro lignes 1, 8, 12 : Arrêt Concorde, sortie N°7 avenue Gabriel
Métro lignes 1, 13 : Arrêt Champs-Élysées Clemenceau
Bus 24, 42, 52, 72, 73, 84 et 94 : Arrêt Place de la Concorde

Parking Indigo 3608 : Place de la Concorde 75008 Paris – 24 h/ 24 et 7 j/7

Vélib’ Station n°1020 : 2 rue Cambon
Vélib’ Station n° 8001 : Avenue Dutuit

 

 

 

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