© Cosimo Tassonne
ƒƒƒ article de Denis Sanglard
Les Sea-Girls sont de retour à Paris, de passage pour une petite semaine, dans la continuité d’une tournée qui les voit, « toujours prêtes pour une tournée dans les Charentes », du nord au sud cramer et carboniser les planches des théâtres de France et de Navarre. Elles ne sont plus désormais que trois, à l’origine elles étaient quatre, pour une nouvelle création, Anthologie…ou presque. Pourquoi donc ce titre qui sonne comme un adieu et pour lequel elles sont en désaccord et prêtes encore une fois à se crêper la perruque ? Oui, pourquoi pas Florilège comme le suggère Delphine ou Chrestomathie, plus pompeux, proposé par Prunella ? … Mystère que ce titre énigmatique, mais tout semble être dans le « presque »… Costumes blancs et coupe capillaire année 1970, Bee Gees ou Drôle de Dames pour référence, enfin croit-on, dans une mise en scène inventive de Brigitte Buc, elles revisitent leur répertoire unique, surréaliste et volontiers loufoque, avec toujours la même pêche infernale et un art bien consommé et assumé du décalage explosif. Un peu d’humour ça fait du bien, chantent-elles avec raison, et il faut reconnaître qu’elles sont passées maîtresses en ce domaine. Chanter l’horreur avec tant de bonheur et réciproquement, avec tant d’appétence, il faut oser. On ne se lasse pas de ce répertoire caustique, d’une belle insolence, où la noirceur du monde est passé au laminoir. Les hommes, le genre, la vieillesse, le boudin, les lapins, Noël, le nucléaire… rien n’échappe à l’acuité de leurs regards affûtés et rosses, d’une belle insolence. Se moquant allègrement d’elles-mêmes, charité bien ordonnée…, se tirant volontiers la bourre en sœurs faussement ennemies, elles n’ont pas leur pareil pour dézinguer allègrement leurs contemporains… et leurs deux fidèles musiciens. Chaque chanson est comme toujours soigneusement mise en scène. Autant d’univers bringues zingues hilarants dessinés et patinés avec un talent fou et une bonne dose d’autodérision. Elles savent tout faire. Chanter, danser, se contorsionner, aboyer… Illusionnistes aussi, enfin si on veut. C’est du music-hall comme on en rêve, bourré de talent, d’énergie et totalement barré. Avec ça, un art de la transition qui n’appartient qu’à elles, entre apartés vachardes et considérations personnelles existentielles, qui évitent tout temps mort et font de cette anthologie, de ce florilège, de cette chrestomathie (ça, pour ne fâcher personne) un show plus qu’un simple tour de chant. Les Sea Girls au pouvoir clament-elles en chanson. Au vu de la situation actuelle, on ne demande que ça. Et de faire pipi sur le gazon aussi.
Les Sea Girls, Anthologie…ou presque conçu et interprété par Judith Remy, Prunella Rivière et Delphine Simon
Mise en scène Brigitte Buc
Avec Judith Remy, Prunella Rivière et Delphine Simon
Guitare : Dani Bouillard
Percussions : Vincent Martin
Collaboration artistique : Sofia Hisborn
Composition et orchestration : Fred Pallem
Direction vocale : Lucrèce Sassella
Chorégraphie : Yan Raballand
Costumes : Les Sea Girls
Maquillages Vichika Yorn
Son : Joël Boischot
Lumières : Michel Gueldry
Du 9 au 14 janvier 2022 à 20 h
Café de la Danse
5 passage Louis-Philippe
75011 Paris
Réservations www.cafedeladanse.com
Tournée
22 janvier 2022 Auditorium de la Maison de la Musique, Ernstein (67)
5 février 2022 Le Grand Pré, Langueux (22)
26 février 2022 Salle Arvorik, Lesneven (29)
24, 25, 26 et 27 mars, Espace K, Strasbourg (67)
1er avril Théâtre Alexandre Dumas, Saint-Germain-en-Laye (78)
8 avril Centre Cyrano de Bergerac, Sannois (95)
23 avril Théâtre des Forges René Carpentier, Trith-Saint-Léger (59)
24 mai L’Hermitage Compostelle, Le Bouscat (33)
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