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La vie invisible, de Lorraine de Sagazan, Théâtre de la Ville, Espace Cardin

Jan 07, 2022 | Commentaires fermés sur La vie invisible, de Lorraine de Sagazan, Théâtre de la Ville, Espace Cardin

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

ƒƒƒ  article de Nicolas Brizault

Un spectacle devait être mis en place par Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan, suite à plusieurs rencontres avec des aveugles, un spectacle voulant sans doute évoluer, sûr de lui, dans des idées premières, être tout simplement lié à ce handicap. Des idées premières sans doute fortement intéressantes et bien mises en place, oui. « Tout simplement » c’est l’idée qui nous vient après avoir vu La vie invisible, fruit de la rencontre de Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan avec Thierry Sabatier.
Cet homme est devenu malvoyant vers 16 ans, il en a 55 aujourd’hui, il est père de famille et semble être un homme bâti d’un caractère affectueux, sûr de lui et certain de rien à la fois. Il donne l’impression de faire partie « (des) gens qui doutent », comme dans la chanson d’Anne Sylvestre. Devant le rideau noir pas encore ouvert il nous explique comment il se sent, comment ce handicap se présente pour lui, à quoi il est dû. On a l’impression d’un mini-conférence, d’une mini introduction, on ne devine pas encore la surprise si positive qui va s’ouvrir devant nous.
Très jeune déjà Thierry Sabatier aimait le théâtre, il y allait avec sa mère, perdue quand il avait 22 ans. Ses parents étaient divorcés, son père absent. Et une soirée au théâtre avec elle l’a marqué, peut-être la dernière ensemble, une soirée dont il se souvient de tout et de rien à la fois, des formes, des échos, autant de sensations enfermées en lui, protégées. C’est de cela que nous parlent Thierry Sabatier, Romain Cottard et Chloé Olivères. Ces deux derniers vont être les personnages de cette « dernière pièce », qu’ils essaient de présenter à travers plusieurs épisodes. Ils s’arrêtent régulièrement, et tous les trois nous expliquent à quoi correspondaient ces essais, cette recherche d’une avancée vers l’idée que Thierry souhaite partager. Ils disent ce qui n’allaient pas ici où là et recommencent, un homme et une femme, un couple ne fonctionnant plus, un père qui s’échappe et une mère folle d’amour, et au milieu un enfant, lourd problème, un enfant handicapé, terrifiant par tous ces problèmes que sa présence entraîne, la destruction de ce couple tout d’abord. Un couple égoïste, fou d’amour, qui reconnaît sa souffrance et sa perte. Stop, explications et nouveaux liens, avancées, reprises des personnages…  Thierry est là, entre eux, les écoute, les ressent, les guide. Nous sommes peu à peu soufflés, emportés et saisissons aussi comme la mémoire, si présente, et ne plus voir se mêlent. Étrange. Des moments tout à fait saisissants, plus encore. On nous explique vers la fin ce qu’est une histoire d’amour, de ces premiers détails à peine esquissés jusqu’aux sensations si peu communes du sexe et de l’oubli, de la solitude et la fin, la mort.
Parfois on peut se sentir perdu face à ce qui nous est raconté, on flotte ici ou là. Les allées et venues dès le début nous font peur, que vont-ils faire, à quoi correspondent ces coupures, ces arrêts ? Qui est qui, comment ? Puis nous tombons face à la résonance de nos propres vies ici ou là. Du vrai, une histoire qui se déroule, nous enveloppe. Nous quittons le théâtre avec. La vie invisible nous plonge dans la perception, l’attention. Le jeu des mains, des voix. Nous apprend combien nous vivons différemment, tous et comment nous nous ressemblons, tous.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

La vie invisible, conception et mise en scène de Lorraine de Sagazan

Texte : Guillaume Poix et Lorraine de Sagazan, à partir des témoignages de personnes non et malvoyantes

Avec : Thierry Sabatier, Chloé Olivères, Romain Cottard

Collaboration artistique & dramaturgique : Romain Cottard

Scénographie : Création collective, avec la collaboration d’Anouk Maugen

Lumière et régie générale : Nicolas Diaz

Son : Clément Rousseaux

Collaboration son : Camille Vitté

Régie son : Jérémie Galifet

Costumes : Dominique Fournier, avec la collaboration de l’équipe artistique

 

Du 4 au 14 janvier 2022

A 20 h

Durée 1 heure

 

 

Théâtre de la Ville, Espace Cardin

1 avenue Gabriel

75008 Paris

 

Réservations : 01 42 74 22 77,  du lundi au samedi de 11 h à 19 h

www.theatredelaville-paris.com

 

Le Théâtre de la Ville propose un accueil adapté aux personnes en situation de handicap :

Réservations et renseignements
Par téléphone 01 48 87 59 50
Par mail à l’adresse csimon@theatredelaville.com

 

 

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