Le corps des autres, une création de Marie Levy, au Théâtre de la Flèche
  © Marie Charbonnier   ƒƒ article de Denis Sanglard Splendeurs et misères des esthéticiennes et des comédiennes. Le corps des autres, réflexion sur l’injonction faites aux femmes du corps parfait. Elles sont deux sur le plateau mais aux deux bouts d’une chaîne, Sophia, l’esthéticienne et Marine, l’actrice, œuvrant pour la même industrie, le même commerce, la fabrique de la beauté. Loin du cliché, l’auteure Marie Levy adapte pour la scène l’enquête d’Ivan Jablonka, au titre éponyme, où l’on découvre le monde singulier de ces femmes de l’ombre, les esthéticiennes, au plus près des corps de leur cliente. Confidentes le plus souvent mais aussi spectatrices lucides d’une comédie humaine où le regard, essentiellement masculin, impose une norme qui pourrait ici se résumer dans une lutte acharnée contre le poil, la graisse et la ride… Avec ce paradoxe qu’elles-mêmes ne peuvent s’affranchir de ce carcan qui leur est imposé, une question d’image devant la clientèle, quand tant d’autres femmes aujourd’hui à l’heure de #metoo s’en libèrent pour se réapproprier leurs corps devenu un enjeu d’émancipation. C’est aussi leur condition, proche − sinon équivalent − du prolétariat et de l’exploitation, qui est dénoncée. Pour un métier choisi, une abnégation qui finit par lasser parfois. Un idéal qui s’effrite devant une réalité moins glamour qui les métamorphose en VRP d’une industrie cosmétique. Autre paradoxe, les actrices. C’est sur le documentaire de Delphine Seyrig Sois belle et tais-toi que Marie Levy appui son argumentaire. Le corps de l’actrice comme produit commercial et de marketing dans l’usine cinématographique, sur lequel on investit et que l’on peut remodeler physiquement pour qu’il corresponde aux normes du marché. A ce titre l’entretien avec Jane Fonda, donné ici, est sans appel. Et qui trouve dans les égéries de grandes marques de luxe son prolongement. Mais pour celles qui osent s’affranchir des normes imposées et montrer leurs poils aux aisselles, Julia Roberts en étendard, il est encore des détracteurs, dont nombre de femmes. C’est ce procès-là, intenté aux femmes par d’autres femmes, qui intéresse aussi l’auteure de cette pièce qui puise dans Mona Cholet et son essai Beauté fatale, sur la tyrannie du look. Tyrannie imposant de fait un stéréotype sexiste enfermant les femmes, qui ne pourraient vivre que dans la séduction, dans une subordination, une aliénation, voire une haine de soi. C’est tout ça qui est brassé dans cette création composite. Ce pourrait être un pensum, ça ne l’est heureusement pas. Si le propos est résolument engagé et féministe, n’éludant aucun paradoxe, il est rondement mené, non sans humour, par Rosalie Comby (l’actrice & la directrice de l’institut de beauté) et Chloé Lasne (l’esthéticienne). Le sujet est d’importance et d’actualité mais les dialogues sont vifs, rythmés, mis en situation avec originalité pour ne jamais vous assommer d’une pensée didactique. La mise en scène ne révolutionnera pas le genre mais quelques belles idées (la reprise des poses iconiques de stars pour un parfum célèbre comme un voguing infernal qui accuse par leur accumulation les clichés de la féminité…), quelques trouvailles (une voix de synthèse qui déréalise et robotise la femme comme un pur produit…), et une direction d’actrices au cordeau, toutes deux impeccables, retiennent l’attention.   © Marie Charbonnier   Le corps des autres, d’après Le corps des autres d’Ivan Jablonka et Sois belle et tais toi de Delphine Seyrig, adaptation et mise en scène de Marie Levy Collaboration artistique Samuel Petit Avec Rosalie Comby et Chloé Lasne   Du 9 octobre au 4 décembre 2021, tous les samedis à 19 h Du 8 au 29 janvier 2022, tous les samedis à 19 h     Théâtre de la flèche 77 rue de Charonne 75011 Paris   Réservations 01 40 09 70 40 Info@theatrelafleche.fr   Tournée : Du 16 au 22 avril, festival du JTN, Paris        Read More →
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Céleste, de Geneviève de Kermabon, Théâtre du Soleil, La Cartoucherie, Vincennes
© Christophe Raynaud de Lage ƒƒ article de Nicolas Brizault Céleste, c’est Céleste, une femme à la fois simple, drôle, étrange et un rien étrange, cette « vieille écuyère » – Geneviève de Kermabon – donc nous raconte sa vie, enfin plutôt sa carrière, au cirque. Bref, les deux. Ses débuts, ses entraînements avec son oncle, ce « dresseur redoutable », Joe Sheridan, à la fois sympa et exigeant. Ses amours, ah, ce « jeune acrobate », Simon Martin, et tout ce qui va avec. Il y a aussi ce portrait de clown, jeu de lumière, du vrai ou du faux ? C’est Patrick Vilet, « chanteur Lyrique », une image seulement ici. Céleste nous parle encore et encore de ses oreilles, ces garces un peu volumineuses qui lui font peur au début et ensuite non, plus du tout, alléluia ! Céleste est sur scène et à la fois en plein passé circassien, oui, joli mot, elle est heureuse, et fait apparaître de grosses bêtes pour que les images soient plus vraies, de vraies marionnettes donc, parce qu’au cirque il y a plein de magie, alors allons-y ! Céleste, c’est Céleste, bien entendu, avec tous les costumes possibles et imaginables, on a presque envie d’ajouter une foule de « youpi ! ». On écoute sagement, on rit, on pleure. Et puis c’est comme si parfois on entendait Geneviève de Kermabon elle-même, allez savoir, tout ce qu’elle a fait, eu envie de faire, tout ce qu’elle a jeté en l’air, juste pour voir comment ça redescendait sur terre. Un spectacle joyeux donc, Joe Sheridan est violent, terrifiant, et hop ! on éclate de rire. Simon Martin est différent, il est le joli garçon qui drague tout en montrant combien il apprend à surprendre, combien il sera encore plus doué dans un peu de temps. Céleste, c’est Céleste, ici cela fonctionne superbement, là on n’y croit pas trop. Impression qu’un peu plus de travail serait le bienvenu. La première soirée est toujours un peu difficile, il y en a une qui fait un pas de côté, du mauvais côté, la scène tout d’un coup dans le noir, c’était prévu ou bien c’est l’accident technique annoncé avant le spectacle qui se poursuit ? Le plastique blanc enveloppe bien mais refuse parfois à s’enlever comme il faut, il reste et grogne. Pas bien grave. Costumes, marionnettes, et personnages nous emportent, et les vrais aussi, ceux qui reviennent saluer, et cette joie, comme si, oui, il y avait eu de la magie et beaucoup de joie pour eux aussi…   © Christophe Raynaud de Lage   Céleste, conception et mise en scène Geneviève de Kermabon Avec Joe Sheridan (dresseur redoutable), Geneviève de Kermabon (vieille ecuyère), Simon Martin (jeune acrobate), et à l’image Patrick Vilet (chanteur Lyrique). Voix Jean Damien Barbin, Erik Gerken, Martine Minette. Peintures Laurence Forbin Musique originale Stéphane Leach, Pierre Ragu Régisseur Célio Ménard, Océane Martel Bestiaire Olivier Sion   Du 20 novembre au 19 décembre 2021 Du jeudi au samedi à 20 h Le dimanche à 16 h     Théâtre du Soleil Cartoucherie de Vincennes – 75012 Paris www.theatre-du-soleil.fr      Read More →
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A Bright room called day, de Tony Kushner, mise en scène de Catherine Marnas, au Théâtre du Rond-Point
© Pierre Planchenault   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Hitler, Reagan, Trump. Comment en arrive-t-on à ça ? Peintre raté, acteur raté, entrepreneur véreux comment nos démocraties ont-elles pu installer au pouvoir ces trois-là ? Nazisme, crypto-fascisme, montée des nationalismes, de glissement en glissement, c’est une sournoise et implacable mécanique où l’aveuglement le dispute à la compromission. Première pièce de Tony Kushner A bright room called day, étrange titre à vrai dire, qui ne fut pas un succès à sa création en 1985 mais provoqua un scandale, remaniée depuis par l’auteur lui-même devant la sidération provoquée par l’élection de Donald Trump, est mis en scène avec talent et force conviction par Catherine Marnas. Berlin, nuit du 31 décembre 1931, un groupe d’artistes et d’intellectuels fête le réveillon dans un appartement. Le nazisme est aux portes du pouvoir. Personne n’y croit, ne peut y croire. Comment ce petit moustachu, clown coprophage, pourrait-il faire peur ? Entre impuissance et aveuglement, ils seront tous emportés. A l’extérieur de cet appartement nous sommes à New-York, Reagan est le président des Etats-Unis, et Zillah, petite punkette lucide, ne cesse de dénoncer cet ultra-libéral qu’elle compare à Hitler, et le danger de sa réélection pour l’avenir de la démocratie. C’est elle aussi notre fil rouge qui déroule les évènements historiques qui en deux ans vit la fin de la république de Weimar et l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler. Qu’elle n’est pas sa stupéfaction de voir l’auteur de la pièce, dont elle est un des personnages, intervenir, et son incrédulité quand il lui annonce l’élection de Donald Trump. Qui aurait pu prévoir ? Tony Kushner met en miroir ces trois époques qui voient nos démocraties fragilisées et lentement basculer vers un autoritarisme crypto fasciste sous les coups de boutoir de crises économiques et d’un ultra-libéralisme décomplexé et triomphant qui accuse les inégalités. Ce sont les racines profondes du mal qu’il extirpe, ses rhizomes étendus, et les cécités idéologiques − ils sont communistes ou sympathisant −, la complaisance aussi, qui condamneront ici ce groupe berlinois d’abord sceptique sinon indifférent devant les évènements, hésitant à résister, avant d’en être les victimes. Le diable même est ici convoqué, qui intervient dans une scène hallucinante, dans l’hypothèse d’un pacte faustien envisagé. Nous sommes au théâtre tout y est possible. C’est aussi la dimension cabaret de cette création qui le permet, on y chante, et pour un peu on danserait sur ce volcan. Tony Kushner met en garde et, brechtien, rappelle incidemment que le ventre est encore fécond d’où surgira la bête. Cependant une photo projetée en fond de scène résume à elle seule la conclusion de ce glissement tragique et pourtant résistible. On y voit noyée au milieu d’une foule compacte, aux bras tendus uniformément dans le salut hitlérien, une petite bonne femme terrorisée, serrant contre elle son sac à main. C’est cette terreur-là, absolue, au centre d’un groupe adhérent, assujetti aux idées fascistes qui illustre sans doute le mieux le destin de ce groupe réuni dans cette nuit de décembre 1931 à 1932. Et le nôtre si nous n’y prenons pas garde. Tony Kushner fait de chacun un portrait complexe et jamais manichéen. Et Catherine Marnas visiblement s’est attachée à chacun d’eux, leur offrant la possibilité d’une partition extrêmement nuancée, tout en clair-obscur. Ils sont tous remarquables et poignants dans leur engagement ferme à défendre cette humanité en passe d’être broyée sous les bottes hitlériennes, entre résistance impossible, tentation de la compromission, la folie face à l’abjection. N’oublions pas non plus la belle énergie insolente de Zillah et l’avatar pirandellien de Tony Kushner, Xillah. Comme le fut Angels in America sept ans après cette première pièce, et comme aujourd’hui encore avec cette seconde version remaniée, Tony Kushner entre de nouveau en résistance devant le danger totalitaire qui menace et interroge frontalement notre propre capacité ou volonté à résister. Catherine Marnas s’en fait l’écho fébrile et c’est bien cette urgence et cette inquiétude qui traverse le plateau.   © Pierre Planchenault   A bright room called day de Tony Kushner Mise en scène Catherine Marnas Avec : Simon Delgrange, Annabelle Garcia, Tonin Palazzoto, Julie Papin, Agnès Pontier, Sophie Richelieu, Gurshad Shaheman, Yacine Sif El Islam, Bénédicte Simon Traduction : Daniel Loayza Assistanat à la mise en scène : Odile Lauriat, Thibaut Seyt Scénographie : Carlos Calvo Musique : Boris Kholmayer Son : Madame Miniature Assisté de Jean-Christophe Chiron, Edith Baert Conseil et préparation musicale : Eduardo Lopes Lumières : Michel Theuil Assisté de Clarisse Bernez-Cambot Labarta, Véronique Galindo Costumes : Edith Traverso Assisté de Kam Derbali Maquillage : Sylvie Cailler Projection : Emmanuel Vautrin Conception marionnettes : Thibaut Seyt Construction décors : Jérôme Verdon Assisté de Eric Ferrer, Marc Valladon, Loïc Ferrié   Du 23 novembre au 5 décembre 2021 à 20 h 30 Dimanche 5 décembre à 15 h Relâche le 28 et 29 novembre 2021     Théâtre du Rond-Point 2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris Réservations 01 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr   Tournée : 8 décembre 2021 : NEST-CDN transfrontalier de Thionville Grand Est 14 et 15 décembre 2021 : Comédie de Caen-CDN de Normandie 4-6 mai 2022 : Théâtre Olympia-CDN de Tours      Read More →
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Dimanche, conception Focus & Chaliwaté, au Théâtre Sylvia Monfort
  © Virginie Meigne   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Bon dimanche ! Trois reporters animaliers parcourent la planète pour filmer les espèces en dangers. Confrontés aux dérèglements climatiques, fonte des glaces, ouragan et tsunami, ils seront, chacun leur tour, les premiers à disparaître… Pendant ce temps-là, ignorant superbement l’apocalypse qui s’annonce, une famille s’apprête à passer un dimanche à la maison. Il fait chaud, la canicule s’installe. Tout bientôt fond dans la maison jusqu’aux pales du ventilateur. Qu’importe, la vie suit son cours. La tempête fait rage, un vent furieux s’engouffre, fait trembler les murs, emporte tout et les occupants peinent à résister. Qu’importe on fait avec, on fait comme si. Les océans débordent, la maison est engloutie, les poissons traversent désormais le salon. Qu’importe ça n’empêchera pas le réveil de sonner. C’est follement absurde et terriblement drôle. C’est une merveille d’intelligence, d’invention et de poésie. Et pourtant le message est clair, l’apocalypse a bien commencé. Et oui, c’est une création ouvertement écolo, made in Belgique. La compagnie Focus et la compagnie Chaliwaté se sont associées pour le meilleur et pour le rire. Théâtre gestuel, d’objets, de marionnettes. Ils sont acteurs et manipulateurs, as du bricolage en tout genre. Vidéastes, aussi. Ce qu’ils offrent sur le plateau est proprement ébouriffant et brasse l’artisanat avec la high-tech. Les objets ici, même les plus anodins, ont une âme insoupçonnée et de surprenantes métamorphoses. Les marionnettes sont hyperréalistes, à taille réelle et l’effet est saisissant, troublant même. On ne peut oublier cette imposante ourse polaire et son ourson qui symbolisent à eux deux la catastrophe qui s’annonce. La force de cette image, fulgurante dans sa brièveté, juste un bout de banquise qui se rompt éloignant le petit de sa mère endormie, le hurlement désespéré de celle-ci… Jouant également des perspectives, des différentes échelles, nos reporters en sursis semblent traverser des espaces infinis et oniriques, fragiles, ou parfois leur corps même font partie du paysage. Un corps étonnamment plastique qui donne toute sa mesure dans le burlesque, corps contraint de fait par les éléments déchaînés et l’imprévu des évènements qui les oblige à de sacrées contorsions. Tout est très soigné dans cette création, un grand souci du moindre détail, jusqu’au son lui-même qui participe de cette ambiance parfois, malgré les fous-rire, quelque peu anxiogène. Le bruit de la glace qui craque sous leur pas avant de s’effondrer, le bruit infernal du vent qui finit par rendre fou, jusqu’au final, ce tsunami qui semble déferler du plateau, brutalement plongé dans le noir, jusque dans la salle ; rien que ce son-là, amplifié, terrifiant dans cette obscurité, nous l’avons longtemps après dans l’oreille. Et avec un sens du raccourci qui vaut mieux qu’un long discours, une longue démonstration, la toute dernière image de cette création – nous n’en dirons rien – dans sa radicalité vous laisse pantois, augurant d’un avenir pas très réjouissant.   © Virginie Meigne   Dimanche, écriture et mise en scène Julie Tenret, Sicaire Durieux, Sandrine Heyraud Interprétations : Julie Tenret, Sicaire Durieux, Sandrine Heyraud En alternance avec Muriel Legrand, Thomas Duchaufour, Shantala Pèpe ou Christine Heyraud Regard extérieur : Alana Osbourne Marionnettes : Joachim Janin (WAW Studio)  et Jean-Raymond Brassinne Collaboration Marionnette : mmanuel Chessa, Aurélie Deloche, Gaëlle Marras Scénographie : Zoé Tenret Construction décors Zoé Tenret, Bruno Mortaignie (LS Diffusion), Sébastien Boucherit, Sébastien Munck Création lumières : Guillaume Toussaint Fromentin Création sonore : Brice Cannavo Réalisation vidéo et direction photographique : Tristan Galand 1er assistant caméra : Alexandre Cabanne Chef machiniste : Hatuey Suarez Prise de vue sous-marine : Alexandre Brixy Prise de vue vidéo : JT Tom Gineyts Post-production vidéo : Paul Jadoul Son vidéo : Jeff Levillain (studio chocolat-noisette) et Roland Voglaire (Boxon Studio) Aide costumes : Fanny Boizard Régisseur général : Léonard Clarys Régisseurs : Léonard Clarys, Isabelle Derr ou Hugues Girard ou Guillaume Toussaint-Fromentin     Du 16 au 28 novembre 2021 à 20 h (relâche  les jeudis et le lundi 22 novembre) Grande salle, durée 1 h 15     Le Monfort Théâtre 106 rue Brancion 75015 Paris Réservations 01 56 08 33 88 www.lemonfort.fr   Tournée : 2021 : 2-3 décembre : Ma Scène Nationale De Montbéliard, Montbéliard 7-8 décembre : Les Scènes Du Jura – Scène Nationale,  Lons-Le-Saulnier 16-18 décembre : Le Quartz, Scène Nationale, Brest 2022 : 21-22 janvier : Le Safran, Amiens 26-27 janvier : Le Théâtre, Laval 29-31 janvier : Centre Culturel Jacques Duhamel, Vitré 3-4 février : Théâtre du Pays de Morlaix 8-9 février : La Ferme Du Buisson Scène Nationale, Marne-La-Vallée 11-12 février : Théâtre du fil de l’eau, Pantin 07-08 mars : Théâtre Municipal de Grenoble 10-11 mars : Maison Des Arts, Thonon 15- 17 mars : Centre Culturel de Dinant 20-21 mars : L’Azimut, Anthony, dans le cadre du festival MARTO ! 24-25 mars : Quartier Libre, Ancenis 28-29 mars : Quai Des Arts, Pornichet A l’étranger : 11-12 décembre 2021 : Équilibre – Nuithonie, Villars Sur Glâne, Suisse 17-18 février : Centre Culturel D’Uccle, Bruxelles, Belgique 24 février : Tiel, Pays Bas 26 février : Delft, Pays Bas 01 mars : Groningen, Pays Bas 03 mars Drachten, Pays Bas 06-09 avril : Tournée en Finlande 13-16 mai : Fidena Festival, Recklinghausen (Allemagne) 17-18 juin : Wolubilis, Bruxelles, Belgique 16-18 juillet : Taichung National Theater, Taichung (Taiwan)      Read More →
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Les filles du Saint-Laurent, de Rébecca Dérape, en collaboration avec Annick Lefebvre, mise en scène d’Alexia Bürger, Théâtre de la Colline
  © Philippe Brault   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Mathilde, Anne, Rose, Charlotte, Lili, Manon, Dora, Elodie. Ce sont les filles, les femmes du Saint-Laurent. Il y a Martin, aussi. Et le Fleuve, le Saint-Laurent. De Coteau-du-Lac à Lourdes-de-Blanc-Sablon, du nord au sud, en passant par Québec, le fleuve charrie des cadavres, recrachés sur ses rives. Corps non identifiés découverts par ces femmes, cet homme, au hasard d’une marche, d’un rencard clandestin, d’une pause cigarette… De cette sidération, de cette confrontation brutale et inouïe avec la mort, les personnages vont se révéler à eux-mêmes. De ces vies somme toute banales, coincées dans un quotidien qu’elles et lui subissent, elles et lui vont se libérer, faire jaillir une force de vie qu’elles et lui ne soupçonnaient pas. Femmes se révélant fortes, puissantes même, étonnées de ce qui s’ouvrent à elles. Homme se révélant fragile, désarmé, étonné de ce qui lui échappe. Et le fleuve en dialogue comme un miroir de ces émotions qui les traversent… Les filles du Saint-Laurent ce sont des portraits de femmes, de différentes générations, vies minuscules dans les rets d’un quotidien qui les broie lentement et dont le destin bascule un jour sur les rives du Saint-Laurent. Parcours singuliers qui dessinent un portrait général de la condition féminine où l’intime devient l’universel. Et puis il y le portrait du Saint-Laurent, figure centrale de cette création qui définit le territoire de chacune, intime, géographique, historique. Impulse une dynamique, un courant qui les emporte aux confins d’elle-même au risque de se perdre. Annick Lefebvre et Rebecca Déraspe signent une œuvre bouleversante, résolument engagée, féministe. Ce n’était sans doute pas la volonté première, disent-elles, mais l’évidence est là, nous saute aux yeux. De ces vies subies, de ses situations imposées par la toute-puissance du patriarcat, de ces femmes dépossédées d’elles-mêmes, et de cet homme, très beau et juste contrepoint parce que tout aussi sensible, elles dressent un portrait sans concessions, sans la rage qui aveugle mais terrible de lucidité âcre et de vérité aigüe. Il n’y a pour elles aucun sujet tabou. Violences conjugales, alcoolisme, drogue, sexualité, jouissance, frigidité… l’écriture est crue, directe, violente même, qui vous ravage et vous fracasse. Le tragique le dispute à l’humour au rythme des émotions qui les traversent tous. C’est d’une sensibilité écorchée qui vous cisaille net. Et cette œuvre chorale, cette parole libérée est magistralement mise en scène par Alexia Bürger. Plateau nu, en pente légère, la parole se succède comme un flot irrépressible et continu, tout en fluidité. Le rythme épouse les méandres du Saint-Laurent, ce fleuve ici personnifié, tumultueux ou apaisé mais jamais en repos. On ne perd rien de ce qui est dit, la parole est frontale, aux spectateurs adressés, témoins impuissants de destins en proie au chaos avant la résilience. Les corps aussi parlent, ensemble ou séparément, chorégraphiés, exprimant l’ineffable, l’insoutenable parfois, de quelques impulsions, de quelques gestes ébauchés. Alexia Bürger tisse entre les personnages des fils ténus et solides, trame serrée d’une toile qui les enserre dans une communauté de destin pour ne faire bientôt qu’une entité. Et pour soutenir, défendre une œuvre si dense et volontaire il fallait bien ces actrices-là et cet acteur-là. Dirigés de main-de-maître, engagés avec force dans l’appréhension de cette écriture fleuve, ils offrent à leurs personnages fouaillés au plus profond, jusqu’à l’écorchure, une incroyable et belle humanité, bouleversants de vérité données sans fard, sans retenue, sans pudeur, sans bouffissure. D’une justesse âpre, rugueuse et qui vous prend aux tripes.   © Philippe Brault   Les filles du Saint-Laurent de Rebecca Déraspe en collaboration avec Annick Lefebvre Mise en scène d’Alexia Bürger Avec Annie Darisse, Marie-Thérèse Fortin, Ariel Ifergan, Louise Laprade, Gabrielle Lessard, Marie-Eve Milot, Emilie Monnet, Elkahna Talbi, Catherine Trudeau, Tatiana Zinga Botao Assistanat à la mise en scène : Stéphanie Capistan-Lalonde Scénographie : Simon Guilbault Costumes : Julie Charland assistée d’Yso Lumières : Marc Parent Musique : Philippe Brault Accessoires : Julie Measroch Maquillages et coiffures : Angelo Barsetti Conseil aux mouvements : Wynn Holmes Régie : Stéphanie Capistan-Lalonde   Du 4 au 21 novembre 2021 à 20 h Théâtre de la Colline 4 rue Malte-Brun Réservations 01 44 62 52 52 www.colline.fr   Tournée : 18 janvier-12 février 2022 Au centre du Théâtre d’aujourd’hui-Montréal      Read More →
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Bandes, conception, écriture et mise en scène de Camille Dagen en binôme avec Emma Depoid, à La Commune – Aubervilliers, avec le Festival d’Automne
  © Jean-Louis Fernandez    ƒƒ article de Nicolas Thevenot Dévaler la pente d’une rue, comme si l’on poursuivait son corps entraîné par la gravité du temps. C’est probablement la sensation que j’ai ressenti à la fin du confinement lorsque pour apprécier physiquement la fin de certaines restrictions je partis des Lilas jusqu’au centre de Paris en dévalant notamment la rue de Belleville. C’est aussi cette rue que descend à pied le premier narrateur de Bandes en l’an 79 du calendrier républicain tout juste rétabli par la Commune de Paris. Il serait pertinent de nommer l’acteur qui porte ce récit : Thomas Mardell, tant sa parole semble éclore dans l’ici et le maintenant du plateau, en parfaite continuité du précédent et premier spectacle du collectif Animal Architecte, Durée d’exposition. Le trouble est flagrant devant cette subtile grâce à faire ramifier et affleurer dans l’instant présent un temps que l’on croyait perdu : par une étrange porosité entre deux époques pourtant disjointes, comme chez Modiano, Thomas Mardell fait surgir un attroupement, des gens qui se passent des pavés, qui construisent une barricade. Comme une évidence à faire, à laquelle se rallier sans même avoir à y réfléchir. Nous y sommes : dans cet imaginaire si bien décrit par Kristin Ross : cette Commune de Paris, qui brille comme un phare dans l’étoilement des amitiés à travers les âges. C’est de cette lumière et de cette liberté de vivre et construire ensemble que cherche à s’éclairer Bandes. De 1871, passons à 1978, et de Paris à San Francisco : le temps quand on l’aperçoit rétrospectivement est affaire de couches, de bandes, se superposant les unes aux autres. Ici le dernier concert des Sex Pistols. Une journaliste en est la messagère, notant ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent, d’un moment qui ne ressemblera à aucun autre. Comme le jeune homme de la Commune. Comme cet autre garçon à venir se remémorant son premier émoi, et son premier baiser une nuit avec un autre garçon. Et l’on pense ici, comme un raccourci absolu, à La naissance de la tragédie de Maxime Curvers où le théâtre s’effectuait dans toute sa puissance comme le messager et le témoin de temps révolus, de corps disparus. Que le théâtre, c’est peut-être avant tout cela une façon de faire dans le présent sa place au passé, de ne pas le regarder avec des yeux morts. C’est ici que Bandes se fera le plus lyrique, le plus près de l’indicible et qu’il nous parlera le plus surement. Car Bandes est construit en deux parties. Avec un interlude musical qui est d’une majestueuse simplicité, d’une espièglerie folle. La « Chanson de la fourrière » sera couronnée, n’en doutons pas, par l’Académie Charles Cros ! Chapeau bas à l’artiste ! Après avoir construit un dispositif de l’ordre de l’immersion sensible, Bandes entame une deuxième partie, intitulée Mémoires, au sens de recueil de souvenirs choisis, et migre vers un mode beaucoup plus spectaculaire en se proposant de rejouer en les pastichant plusieurs moments de la télévision ou de la radio des années 70 et 80 : du chanteur des Sex Pistols après la séparation du groupe, à Gil Joseph Wolman (membre fondateur de l’International Situationniste, puis exclu par Debord), jusqu’à Godard et Anna Karina chez Ardisson. Dans l’esthétique du spectacle en cours, c’est comme si l’on avait changé de terrain de jeu, comme s’il s’agissait d’un désaccordage, pour essaimer de nouvelles formes. C’est audacieux, périlleux et c’est en particulier magique avec Gil Joseph Wolman tant cette parole est une surprise et un pavé dans la mare ou dans la gueule des institutions culturelles. Le culot magistral d’un regard éclairé. On regrettera toutefois dans cette deuxième partie les scènes de groupe intercalées et introduisant ces interviews, scènes trop « utilitaires » pour ne pas être en force. Au sortir de ce grand voyage, Bandes n’en demeure pas moins une captivante et intrigante expérience, tel un regard dans le rétroviseur peuplant une rue déserte de gestes et d’existences qu’on avait cru révolus.     Bandes, très librement inspiré de Lipstick traces : une histoire secrète du XXe siècle de Greil Marcus (avec la complicité des éditions Allia) Conception, écriture et mise en scène Camille Dagen, en binôme avec Emma Depoid, scénographe Dramaturgie : Mathieu Garling Assistanat à la mise en scène : en tournée Lucile Delzenne Régie générale et régie plateau : Edith Biscaro Création lumière : Sébastien Lemarchand Compositeur : Kaspar Tainturier-Fink Création vidéo : Germain Fourvel Création costumes : Emma Depoid Régie lumière : Nina Tanne Régie son : Félix Philippe Régie vidéo : Emma Depoid   Avec Théo Chédeville, Hélène Morelli, Roman Kané, Thomas Mardell, Nina Villanova (exceptionnellement remplacée par Camille Dagen à Aubervilliers)   Durée : 2 h 50 Du 17 au 21 novembre 2021   La Commune – CDN Aubervilliers 2 rue Edouard Poisson 93300 Aubervilliers Tél : +33(0)1 48 33 16 16 www.lacommune-aubervilliers.fr   Tournée : Théâtre Olympia – CDN (Tours) : du 01 au 04 décembre 2021 Le Gallia – Théâtre de Saintes (Saintes) : le 07 décembre 2021 Points Communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise, avec le Festival d’Automne à Paris (Cergy-Pontoise) : du 09 au 11 décembre 2021 Le Maillon, Théâtre de Strasbourg – Scène européenne : du 11 au 13 janvier 2022        Read More →
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Pièce d’actualité n°16 – Güven, conçue et mise en scène par Jérôme Bel, Maxime Kurvers, Marie-José Malis et Marion Siéfert, à La Commune – CDN Aubervilliers
  © Willy Vainqueur     ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot « Le monde entier est un théâtre, et les hommes et les femmes ne sont que des acteurs » a écrit Shakespeare dans Comme il vous plaira. « Le théâtre n’est plus le monde » semble lui répondre Diane Scott en 2021 dans son essai S’adresser à tous. Quant à Güven, il s’interroge auprès de Marie-José Malis : Pourquoi entre notre monde et le théâtre il y a un fossé ? A ce pourquoi, ils sont nombreux, directeurs de théâtre, artistes, sociologues, à avoir tenté de donner des réponses mais force est de constater qu’elles n’ont jamais rempli ce fossé qui s’est probablement encore plus creusé ces dernières années. Ce n’est donc pas peut dire que la dernière pièce d’actualité de La Commune (la 16ème comme Louis, pourrait dire Güven) est exceptionnelle et qu’elle fait exception y compris dans ce cycle de productions pensées en lien avec les habitants d’Aubervilliers et de Seine-Saint-Denis, tant la propulsion de ce jeune homme d’Aubervilliers sur la scène de La Commune a le pouvoir d’inverser les attendus, les rôles et les scènes. Car, en premier lieu, ce projet est né de son propre désir, c’est important de le souligner, et non du désir d’un metteur en scène comme c’est habituellement le cas, lequel recherche ensuite des acteurs locaux pour le mettre en œuvre. Ici, quatre metteurs en scène se sont mis au service de ce jeune homme de 28 ans, né, ayant étudié, travaillant et vivant à Aubervilliers. Et puis, généralement, c’est le théâtre qui se propose de venir en aide aux territoires en difficulté (officiant ainsi aux ordres de la main gauche de l’Etat). Ici, c’est Güven qui vient en aide à un théâtre public en difficulté dans sa vocation. Il y a dans Pièce d’actualité n°16 – Güven comme un coup de force, comme un renversement symbolique qui émeut autant que le retour du fils prodigue. Il y a dans la prise de pouvoir sur la scène de ce théâtre par un jeune des cités, comme un retour décalé à l’origine du théâtre de la cité (grecque). Jamais la critique du théâtre, comme institution culturelle de notre époque, et de son public usuel, n’aura été plus justement et légitimement menée que par cet assaillant du quartier du Pont-Blanc ! Güven Tugla est donc mis en scène successivement par Maxime Kurvers, Jérôme Bel, Marie-José Malis et Marion Siéfert. Comme autant d’éclairages. Regarder et mettre en scène un acteur, c’est aussi dévoiler une part du désir du metteur en scène. Et c’est, en filigrane et par un contraste encore plus vif par le montage des séquences ainsi s’enchaînant, un portrait en creux de ces quatre metteurs en scène. Maxime Kurvers, penseur et historien subtil, reprenant le procédé de sa magnifique Naissance de la tragédie mais en le détournant par le one man show et en faisant de Güven le témoin-vierge effarouché du théâtre décoiffant et quelque peu provocateur de Rodrigo Garcia ; Jérôme Bel, lyrique et concepteur, faisant se fracasser rap et Wagner sur une Mercedes, sublime crash test, forcément sublime ; Marie-José Malis, sous le charme du jeu, s’offrant sur un plateau et donnant les rênes à Güven pour de magistrales séquences de drôleries grecques (Héraclès et ses coucougnettes) puis moliéresques (Bourgeois Gentilhomme, mention spéciale à Momo Shark !) ; enfin Marion Siéfert, sculptant, ciselant, ce moment de vie dans l’épaisseur du réel, pour un récit plus retenu et grave, tissant ses fils jusque dans le monde de twitter et snap. Dans cette entreprise, Güven impressionne par sa facilité à s’emparer et jongler des codes et des conventions : qu’ils soient théâtraux, comme cette façon de manier la perruque et le costume de gentilhomme avec la même aisance ludique et impertinente à jouer de la langue de Molière, comme une critique réactualisée des origines sociales qui partitionnent notre monde; qu’ils soient sociaux, comme cette Mercedes, ces baskets Nike, et même : ce public parisien à La Commune, comme autant de valeurs dont Güven gère le cours comme à la bourse. Güven a bien compris que ce monde est un monde de signes, qu’il reprend avec malice et en fin politique, décode en déconnant, et déterritorialise en les reterritorialisant dans le pur présent du spectacle. Venons-en au principal : Güven est un acteur né, dont l’intelligence du plateau est remarquable. Il a cette puissance de répartie qui fait mouche, sans avoir à sortir de ses gonds. Il sait d’où il parle mais parle à tous. Il a cette assurance magnifique, lui qui n’était pourtant pas attendu là, et puis il a cette réserve et délicatesse souveraines dont il semble sortir à chaque instant pour nous accueillir. Reprenons les mots de Marie-José Malis : c’est un génie comique et mélancolique, puis reprenons au tout début de la soirée lorsque Güven entra dans la danse : il sait jouer des coudes et il en a sous le coude !   Pièce d’actualité n°16 – Güven, conception et mise en scène Jérôme Bel, Maxime Kurvers, Marie-José Malis et Marion Siéfert Avec Momo Bouri, Güven Tugla Création lumière : Jessy Ducatillon Création son : Géraldine Dudouet Habillage : Agathe Laemmel   Dans le détail : Güven Antoine, conception et mise en scène Maxime Kurvers Récit improvisé : Güven Tugla Danse : Güven Tugla, Jérôme Bel Scénographie : Maxime Kurvers, Jérôme Bel Costume : Güven Tugla Musique : Teni Remerciements Rodrigo Garcia Durée 20 minutes   Mercedes 1&2, concept Jérôme Bel Montage : Maxime Kurvers Scénographie : Maxime Kurvers, Jérôme Bel Costume : Güven Tugla Musique : Key Largo, Richard Wagner Durée 9 minutes   Hercule, Güven et Le Bourgeois Momo, dramaturgie, mise en scène de Momo Bouri, Marie-José Malis, Güven Tugla Interprétation : Momo Bouri, Marie-José Malis, Güven Tugla Costumes : Valentine Solé Musique, INTRIGUE Call of the heart Durée 35 minutes   Mon daron, texte, conception et mise en scène Marion Siéfert D’après le récit et les improvisations de Güven Tugla Assistanat à la mise en scène : Mathilde Chadeau Costumes : Valentine Solé Durée 40 minutes     Du 17 au 28 novembre 2021 Mardi à 14 h 30, mercredi 17 à 20 h 30, mercredi 24 & jeudi à 19 h 30, vendredi à 20 h 30, samedi à 18 h, dimanche à 16 h     La Commune – CDN Aubervilliers 2 rue Edouard Poisson 93300 Aubervilliers Tél : +33(0)1 48 33 16 16 www.lacommune-aubervilliers.fr        Read More →
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La Forteresse du sourire, mise en scène et texte Kurô Tanino, au T2G – Théâtre de Gennevilliers, avec le Festival d’Automne
  © Takashi Horikaw     ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot Savez-vous comment se dit western spaghetti en japonais ? Non? Alors gardez bien l’oreille attentive sans vous laissez absorber complètement par la lecture des sur-titrages, et La Forteresse du sourire vous apprendra que, comme en français, il s’agit de mots importés mais différents puisqu’il s’agit de : macaroni western. Cette introduction vous paraîtra peut-être déplacée ? Et pourtant elle est bien dans l’esprit ludique et poétique, à peu de frais, du metteur en scène et auteur Kurô Tanino comme cet air de banjo très western et assez incongru, au moins dans un premier temps, rythmant les ellipses temporelles de La Forteresse du sourire. Et puis, si l’on veut bien y réfléchir, à la suite de Kurô Tanino qui instille subtilement cette hypothèse, l’existence n’est peut-être qu’une question de déplacement, de déménagement. Et d’emplacement. Sur la scène du T2G, deux maisons japonaises mitoyennes, de plain-pied, sans étage, dont l’intérieur, réduit à la taille d’un petit studio, est visible comme s’il s’agissait d’un plan de coupe. A la manière d’un Tati donnant à voir simultanément la vie de familles habitant les appartements contigus d’un immeuble de verre, à la manière d’un split screen chez de Palma, la scénographie ultra réaliste de La Forteresse du sourire nous donne à voir les vies parallèles de Takeshi, pêcheur et célibataire, la cinquantaine, entouré de ses trois amis et camarades de pêche formant une sorte de famille choisie, et Tsutomu, divorcé, fonctionnaire municipal, emménageant la maison mitoyenne et vide jusque-là, avec sa mère souffrant de la maladie d’Alzheimer, sa fille étudiante lui rendant visite et apportant son aide quand son père le lui demande. Au vu de ce résumé, on pourrait penser à un ou deux films d’Ozu, le jeu des comédiens assez naturalistes pointant également vers cette même esthétique. Et pourtant quelque chose de plus vague, de plus profond, nous enveloppe et nous dépasse. Dans la succession des scènes qui s’entrelacent entre les deux espaces, une instance supérieure semble présider. Rien de mystique. Appelons cela la vie, ce système de vases communicant qui alterne les flux de vies de part et d’autre de la séparation des deux espaces. La vie aussi, cette loi qui fait que le rire et la joie et la jeunesse sont juxtaposés à la tristesse et au silence et à la vieillesse. N’y cherchons pas de morale ni de justice, ces inventions de l’homme pour se donner l’illusion de gouverner son destin. Des connexions, des flux entre les choses infimes du quotidien s’établissent et s’offrent à la contemplation dans ce dispositif de la transparence, apparaissent comme grossis à travers une double loupe. La Forteresse du sourire est une expérimentation mentale, comme un cerveau monde scrutant une humanité en miniature dans ces deux logements. Seul échappe à ce regard omniscient l’esprit de cette mère sénile qui semble avoir fui vers d’autres espaces et d’autres temps. La Forteresse du sourire tire enfin sa beauté inouïe des climats lumineux qu’elle produit avec un raffinement impressionniste : l’or d’une fin d’après-midi se diffractant à travers les carreaux sales donnant sur la coursive, ou encore cette lumière froide au petit matin quand les marins rentrent de leur pêche, ou enfin cette nuit éclairée pour l’un par un téléviseur diffusant un western de « Clinston » (Clint Eastwood) et pour l’autre à la lueur d’une lampe, penché sur un livre qu’il avouera ne pas bien comprendre, Le vieil homme et la mer. Cette évolution des lumières à travers le spectacle est d’une justesse incroyable, prenant en charge quelque chose d’une indicible dramaturgie, déployant un universel reliant ces deux vies que tout oppose. Et comme un bain photographique, révélant cette irréductible solitude humaine qui est paradoxalement notre lot commun !   © Takashi Horikaw   La Forteresse du sourire, mise en scène et écriture : Kurô Tanino Traduction française : Miyako Slocombe Avec : Susumu Ogata, Kazuya Inoue, Koichiro F.O. Pereira, Masato Nomura, Hatsune Sakai, Katsuya Tanabe Régisseuse et régisseur : Masaya Natsume, Kodachi Kitagata Scénographie : Takuya Kamiike Assistant scénographe : Kanako Takechi Lumières : Masayuki Abe Sons : Koji Shiina Managers tournées : Shimizu Tsubasa, Chika Onozuka   Durée : 1 h 50 en japonais surtitré Du 20 au 28 novembre 2021 Lundi, mercredi, jeudi, vendredi à 20 h, samedi 18 h, dimanche 16 h     T2G – Théâtre de Gennevilliers 41 Av. des Grésillons 92230 Gennevilliers Tél : 01 41 32 26 10 https://theatredegennevilliers.fr      Read More →
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L’île d’Or. Kanemu-Jima, du Théâtre du Soleil, dirigé par Ariane Mnouchkine, en harmonie avec Hélène Cixous, Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes
  © Michèle Laurent   ƒƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia Au fil de ses spectacles et avec L’Ile d’Or en dernier lieu, Ariane Mnouchkine prouve qu’elle bâtit une œuvre. Cette construction n’est certes pas le résultat d’un processus individuel, mais celui d’une troupe qu’elle mène tambour battant depuis près de 60 ans, et dont la fidélité et la diversité est à l’image de peu de compagnies dans le monde – peut-être le Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch s’en approche, en dépit de la disparition prématurée de la chorégraphe. Souvent en marge de la médiatisation d’autres metteurs en scène français, Ariane Mnouchkine est à la recherche de nouvelles formes de représentation de l’art théâtral influencées par le théâtre asiatique – particulièrement le nô et le kabuki – déjà bien avant L’Ile d’Or. Ariane Mnouchkine inscrit en outre son travail dans les préoccupations contemporaines et la dénonciation des totalitarismes et autres formes d’oppressions, avec l’écriture complice d’Hélène Cixous, comme lorsqu’elle se sont saisi en 2003 de la question de l’exil avec Le Dernier Caravansérail (Odyssées). Ariane Mouchkine considère que le théâtre doit être tout autant politique qu’historique et mythologique. L’Ile d’Or ne fait pas exception à ces exigences, elle semble même les synthétiser et pourrait presque être un testament, bouclant la boucle d’un voyage initiatique au Japon de plusieurs mois en 1963 qui a été décisif pour la créatrice. Comme pour chacun de ses spectacles qui se créent, se préparent, se répètent à la Cartoucherie de Vincennes, dans cet espace extraordinaire du Théâtre du Soleil dont on aperçoit les petits lampions qui bordent la structure lorsque l’on arrive aussi bien de jour que de nuit, le spectateur se sent accueilli non pas tant, justement, comme un spectateur qui vient et repart, mais comme un hôte de passage, qui va peut-être commencer par déjeuner et repartira parfois aussi après avoir dîné sur place, servi par les comédiens, des mets (délicieux et bon marché) en harmonie avec la thématique du spectacle et dans un décor lui aussi conçu spécifiquement pour illustrer esthétiquement le récit. Des lanternes, des calligraphies et peintures inspirées d’estampes de Hokusai ou Hiroshige pour L’Ile d’Or où l’on a presque l’impression d’accoster. La maîtresse des lieux veille aux couleurs des tickets pour mieux orienter ses hôtes vers leurs places et les attend naturellement à la sortie pour discuter avec ceux qui le souhaitent, passant inlassablement de table en table un peu plus tard, comme à un banquet. Car chaque soir de représentation est une fête au Théâtre du Soleil. Et puis surtout il y a le spectacle. Et la magie opère encore une fois. Si certains, rares, prétendent s’ennuyer et parlent d’une histoire décousue, d’autres, les plus nombreux, des fidèles pour une part qui ne manqueraient pour rien au monde le dernier spectacle d’ « Ariane », et des novices pour une autre part, s’émerveillent. Non comme de grands enfants, mais comme des adultes qui entretiennent une capacité d’émerveillement, de lâcher-prise pour jouir de cet univers propre à la metteuse en scène, doublée d’une capacité d’apprécier l’infinie précision des décors, des costumes, des lumières, de la scénographie, de la polyvalence et le talent des comédiens, chantant, déclamant des textes en plusieurs langues, dansant, et poussant tels une armée de Sisyphe les célèbres chariots à roulettes, à une vitesse impressionnante, selon une chorégraphie des plus millimétrées, permettant de déplacer comme sur une trottinette un cerisier en fleurs de scène en scène, de servir d’estrade à de nombreux décors, de mouvoir un étonnant hélicoptère. Egalement sur roulettes est le lit sur lequel repose la majeure partie du temps Cornélia, une sorte de double d’Ariane Mnouchkine, qui lui ressemble en tout cas étrangement, incarnée par la fidèle Hélène Cinque, une femme malade qui se croit au Japon et rêve, cauchemarde une île fantasmagorique où s’affrontent les forces imaginantes et utopiques de l’art et du spectacle vivant et la puissance de la realpolitik. Comme le deuxième volet d’un triptyque commencé avec Le Dernier Caravansérail et poursuivi avec Une Chambre en Inde. La virulence des lois du marché et l’exploitation de tous ses travers possibles (opérations de corruption, campagnes de dénigrement sexiste, négation d’impacts environnementaux et sociétaux) s’illustrent sous nos yeux en même temps que les répétitions des troupes foutraques d’un festival imaginaire international de théâtre, qui permettent de convoquer et dénoncer les responsabilités des dictateurs chinois au temps de Tien An Men comme du Covid, les extrémistes des deux bords dans le conflit israélo-palestinien, la folie du nouveau régime brésilien, etc. Naïf ? Certes non ! Les effets de caricature produits par le kyōgen n’illustrent qu’une petite proportion de l’indicible et l’intolérable. Si l’on entend tout au long du spectacle aussi bien du japonais, du russe, de l’arabe et de l’hébreu dans leurs formes naturelles, la majorité des dialogues est en français énoncé selon la structure de la phrase japonaise, c’est-à-dire plaçant le verbe à la fin de la phrase. Cette novlangue fonctionne à merveille, dégageant un effet très poétique et finalement – et étonnamment – naturel à l’oreille. La poésie n’exclut pas l’humour. Le texte et les mises en situation sont dans leur majorité cocasses, dans l’esprit du kyōgen, à l’image des irrésistibles scènes des bains et de formules truculentes. Plus que jamais la troupe du théâtre du Soleil se révèle polymorphe (avec ses masques-collants et divers travestissements) et polyvalente dans ce spectacle. L’assimilation des règles de base du théâtre nō, du kyōgen (sa forme comique), de la danse kabuki, de la manipulation de marionnettes, et de la langue japonaise elle-même forcent l’admiration et la contemplation, quand elles sont si bien insérées dans le savoir-faire traditionnel de la compagnie, comme le déroulé des magnifiques toiles de soie pour introduire les tempêtes en mer ou dans le désert. Magique encore et encore. Que dire de l’apparition féérique des grues géantes sur échasses ? On bascule alors définitivement au bout de trois heures de spectacle dans un autre monde où l’on serait bien resté. On dit que le Nihon buyō issu du kabuki doit être chorégraphié en fonction des paroles d’une chanson. La danse finale des éventails (remarquablement exécutée par la totalité de la troupe), alors qu’elle commence sur une musique japonaise, se poursuit étonnamment avec la célèbre chanson « We will meet again » (déjà utilisée dans une scène précédente), message d’espoir pour les Britanniques, interprétée par Vera Lynn au début de la seconde guerre mondiale. Cela doit vouloir dire quelque chose… « We will meet again Don’t know where Don’t know when But I know we will meet again some sunny day Keep smiling through Just like you always do Till the blue skies drive the dark clouds far away … »     © Michèle Laurent   L’Île d’Or. Kanemu-Jima Création collective du Théâtre du Soleil Dirigée par Ariane Mnouchkine En harmonie avec Hélène Cixous Musique de Jean-Jacques Lemêtre   Avec : Shaghayegh Beheshti, Duccio Bellugi-Vannuccini, Georges Bigot, Aline Borsari, Sébastien Brottet-Michel, Juliana Carneiro da Cunha, Hélène Cinque, Marie-Jasmine Cocito, Eve Doe Bruce, Maurice Durozier, M. W. Brottet, Farid Gul Ahmad, Sayed Ahmad Hashimi, Samir Abdul Jabbar Saed, Martial Jacques, Dominique Jambert, Judit Jancso, Shafiq Kohi, Agustin Letelier, Yahui Liang, Vincent Mangado, Andrea Marchant, Julia Marini, Alice Milléquant, Taher Mohd Akbar, Nirupama Nityanandan, Miguel Nogueira Da Gama, Seietsu Onochi, Vijayan Panikkaveettil, Ghulam Reza Rajabi, Omid Rawendah, Xevi Ribas, Arman Saribekyan, Thérèse Spirli.     Durée 3 h 15 (avec entracte) A 19 h 30 du mercredi au vendredi, à 15 h le samedi, à 13 h 30 le dimanche jusqu’au 30 janvier 2022.     Théâtre du Soleil Cartoucherie de Vincennes – 75012 Paris www.theatre-du-soleil.fr      Read More →
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Anéantis de Sarah Kane, mise en scène de Simon Delétang au Studio-Théâtre de la Comédie-Française
  © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française.   article de Denis Sanglard Sarah Kane entre au répertoire de la Comédie-Française et c’est bien. Formidable auteure trop tôt disparue après cinq œuvres exigeantes, implacables, flamboyantes et désespérées, qui interrogeait l’humain dans ses retranchements ultimes, l’origine de la violence qui fonde notre système, le tragique de notre condition, intime ou politique, et posaient de fait la question centrale de sa représentation. En 1996 Anéantis, sa première pièce, fut une déflagration dans le paysage théâtral. Accueil glacial de la critique mais l’évidence était là, blasted, son titre original, rompait définitivement avec les codes de la représentation. Sarah Kane la première faisait le lien entre anciens et modernes, nouait fermement ensemble Shakespeare et Beckett, réunissant dans le champ de l’Histoire et du politique, l’épique et l’intime. Faire entrer le conflit bosniaque dans une chambre d’hôtel où se retrouvent deux amants, c’était résumer en un seul mouvement la condition humaine où les germes d’un conflit préexiste au conflit lui-même. La violence de nos rapports particuliers, voire intimes, n’est que le préliminaire de guerres de plus grande ampleur. Comment donc représenter ça, l’irreprésentable d’une réalité affirmée par des didascalies sans concession, explicites, minutieuses même, où frontalement le sexe et la violence la plus crue, jusqu’au paroxysme, participent de la dramaturgie voulue par Sarah Kane elle-même qui en préambule de son texte indiquait qu’ils étaient autant de répliques. A jouer donc tels qu’indiquées au risque de l’insoutenable. Sarah Kane entre au répertoire de la Comédie-Française et c’est bien. Mais… Simon Delétang pratique hélas l’art de l’évitement, contourne l’obstacle de la représentation littérale des didascalies, refuse l’affrontement ou le scandale – mais y aurait-il encore maintenant scandale tant sommes-nous abreuvés d’images de même nature et non fictionnelles aujourd’hui par les réseaux-sociaux ? – Tout acte physique sexuel, toute action violente indiquée par les didascalies sont lus par une voix-off qui suspend le mouvement et les acteurs. Faire appel à l’imaginaire du spectateur voilà ce que souhaite Simon Delétang, que chacun dans la salle crée ses propres images et en prennent la responsabilité (sic). Créer une nouvelle poésie. Soit. Mais cela ne fonctionne pas ici, désamorce l’œuvre soudain déséquilibrée, et le propos de Sarah Kane pour qui il ne s’agissait pas de faire scandale mais de redéfinir les contours de la représentation, de brouiller la fiction dans son rapport avec la réalité, de les confronter, de trouver non une vérité mais le sens profond de ce qui est énoncé, dépouillé de tout artifice qui pourrait faire obstacle. Cette violence là n’est pas gratuite mais ouvre l’œuvre au monde. Et puis il y a les corps déterminés, traversés par cette violence, qui la portent en eux, victimes et bourreaux. Comment dès lors que l’action physique est renvoyée au spectateur, différée en quelque sorte, pour le comédien trouver celle-ci, comment peut-elle innerver votre corps, quand votre jeu se trouve borné au texte alors même que le théâtre de Sarah Kane ne dissocie pas l’action du texte et du corps ? On le sent bien là, quelque chose est rompu dans ce maillage qui fragilise les acteurs comme privés de l’essence fondamental de leur personnage. C’est ce qui manque sur ce plateau, affecté par cette absence de responsabilité des images et de leur violence, son poids de chair habitée et tragique qu’un jeu comme déréalisé, distancié et appliqué finit par nous lasser. Tout est désincarné et se dilue lentement… Ajoutons la fin quasi ratée, comme étrangement expédiée, met un peu plus mal à l’aise. La volonté de distance affirmée clairement par Simon Delétang nous éloigne malheureusement plus de cette œuvre incandescente qu’il ne nous en rapproche. Frustrant. © Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française.   Anéantis de Sarah Kane Traduction de Lucien Marchal Mise en scène et scénographie de Simon Delétang Costumes et assistanat à la scénographie : Aliénor Durand Lumières : Mathilde Chamoux Musique originale et son : Nicolas Lespagnol-Rizzi Avec : Christian Gonon, Loïc Corbery, Elise Lhomeau Voix off : Sylvia Bergé En partenariat avec Le Théâtre du Peuple-Maurice Pottecher Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National   Avertissement : certaines scènes peuvent heurter la sensibilité des spectateurs   Du 10 novembre au 5 décembre 2021 à 18 h 30 Relâche lundi et mardi Durée 1 h 10     Studio de la Comédie-Française 99 rue de Rivoli Galerie du Carrousel du Louvre 75001 Paris   Réservations 01 44 58 15 15 www.comedie-francaise.fr Studio-Théâtre, vente des billets une heure avant le début de la représentation pour le soir-même        Read More →
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La disparition du paysage, de Jean-Philippe Toussaint, mise en scène d’Aurélien Bory, au Théâtre des Bouffes du Nord
  © Aglaé Bory   ƒƒ article de Denis Sanglard Un homme dans un appartement à Ostende. Seul, réduit à l’immobilité, il se souvient. L’attentat. La déflagration. Devant la fenêtre qui donne sur la mer, l’observation du paysage est une étrange méditation où les souvenirs en lambeaux affluent, le paysage se métamorphose ; la mer, Tokyo, le café Métropole de Bruxelles… Pensée flottante qui peu à peu se sédimente dans l’obsession d’une image qui le hante. Mais bientôt devant la fenêtre un chantier édifie un haut mur qui lentement envahit l’espace de la fenêtre, obscurcit la vue et la chambre. L’homme est bientôt enfermé, coupé du monde. La pensée s’amenuise. La déflagration revient. Cette fenêtre n’est -elle pas la dernière image, la dernière pensée, l’ultime souvenir de cet homme à l’instant de mourir dans cet attentat ? Un paysage intérieur, le dernier à l’instant où tout se fige ? La disparition du paysage c’est ce moment de sidération où la mort entre par effraction soudaine, brutalement, où la vie s’exprime dans un dernier cri, une dernière vision « à peine saisie déjà passée », avant de basculer dans le néant. Elle est là cette fenêtre, qui occupe tout le fond de la scène. Derrière, un épais brouillard sur lequel sans doute se projettent les pensées de cet homme au débit étrangement calme, Denis Podalydès. A moins que ce ne soit celui provoqué par l’explosion. Ou peut-être l’état de conscience de celui qui parle. Aurélien Bory signe une scénographie singulière, une formidable machine théâtrale, évoquant les dioramas, et qui participe de cette mise en scène délicate et sensible, extrêmement dense, au plus près du texte de Philippe Toussaint. Cette fenêtre au cadre mouvant, comme un obturateur d’appareil photographique qui lentement se ferme ou s’ouvre au fil du récit, c’est un espace mental au contenu toujours flou duquel surgit des images incertaines et fragiles, volatiles, et qui comme le paysage s’effaçant, inexorablement s’évapore et disparaît, condamne cet homme subitement conscient de sa mort. Formidable dispositif qui joue de la temporalité et de l’espace, des perspectives, de la lumière même, et diffracte le temps et la conscience tout à coup accordés et comme étrangement suspendus à l’instant de la déflagration. A vrai dire il n’y a que le vide derrière cette fenêtre que comble une pensée confuse, celle du personnage, et la nôtre aussi, sollicitée par le texte énoncé. Et puis il y a Denis Podalydès. Son intelligence toujours dans l’appréhension des textes approchés. Ici, un jeu tout en retenu, introspectif, attentif, sans effet et sans pathos aucun. Personnage enclos dans une pensée, une interrogation têtue et inquiète jusqu’à la révélation dramatique qui apaise enfin. En osmose totale avec cette écriture blanche de Jean-Philippe Toussaint, objective et si précise, sans être écrasé par cette scénographie originale qui l’accompagne épousant le fil tendu de sa pensée.   © Aglaé Bory   La disparition du paysage de Jean-Philippe Toussaint Mise en scène : d’Aurélien Bory Avec : Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française Lumières : Arno Veyrat Musique : Joan Cambon Co-scénographie : Pierre Dequive Costumes : Manuela Agnesini Collaborateur artistique et technique : Stéphane Chipeaux-Dardé     Du 18 au 27 novembre 2021 Du mardi au samedi à 20 h 30 Samedi 20 et 27 à 15 h 30 et 19 h Dimanche 21 à 16 h et 20 h     Théâtre des Bouffes du Nord 37bis boulevard de la Chapelle 75010 Paris   Réservations 01 46 07 34 50 www.bouffesdunord.com      Read More →
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La Cerisaie, d'Anton Tchekhov, mise en scène de Clément Hervieu-Léger, à la Comédie-Française
  © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française   ƒƒƒ article de Nicolas Brizault Le curieux décor d’une splendide maison russe se présente devant nous, intérieur-extérieur mélangés, dedans-dehors. Dans cette datcha évidemment au milieu d’une cerisaie immense, La Cerisaie, revient sa propriétaire, Lioubov Andreïevna. Elle a quitté la Russie après la mort de son fils. Après quelques années un peu folles en France sa fille Anïa la raccompagne. Lioubov Andreïevna est ruinée, la cerisaie ne fonctionne plus : elle a rapporté beaucoup d’argent, oui, a donné l’élégante habitude d’en dépenser plus encore. Mais aujourd’hui les comptes sont en chute libre et la cerisaie va être vendue aux enchères, tout bientôt, en août. Alors, faisons la fête, n’écoutons pas les conseils stupides, grossiers même de Lopakhine, fils de moujik, presque rien donc, même s’il est charmant et devenu fort riche. Il imagine et propose de transformer la cerisaie en gigantesques espaces de vacances, nouvelles datchas sans âme où n’importe qui viendrait se délasser quelques jours. Tout cela bien entendu serait construit sur la cerisaie. Quelle idée… Ce domaine, cette maison sont l’essence même de la famille, la cerisaie ne peut être « distribuée », anéantie. Les Lioubov, frère et sœur, est une génération encore « ailleurs », ne s’expliquent pas ces difficultés rencontrées. La cerisaie est à eux, c’est tout. Le temps passe cependant et le mois d’août arrive… Cette histoire est d’une terrible simplicité. Une grande famille ruinée, le passé un peu partout, de l’amour ici ou là, de la politique dissimulée, et d’immenses changements, des bouleversements. Pour cette mise en scène de La Cerisaie, Clément Hervieu-Léger avait demandé à chacun et chacune d’aller chercher des souvenirs, importants ou non, pouvant avoir un lien quelconque avec ce texte, et d’y trouver une résonance façon cerisiers en fleurs qui les aideraient. Il semble que cette idée a fonctionné, et qu’en plus elle rebondit ici ou là, dans la salle, sait-on jamais. L’écriture simple et pourtant terriblement efficace de Tchekhov nous emporte, transmise par une équipe bruyante ou non, nombreuse ou non, heureuse ou inquiète. On sent parfaitement comment Andreïevna – Florence Viala, discrète dans ses excès, et qui sait s’effondrer si elle est vue et soutenue – fait tout pour se mentir à elle-même, oublier ce qui s’est, et ce qui va, se passer. Comment Lopakhine – excellent Loïc Corbery – tente d’être entendu puis se lasse et venge – peut-être – le passé moujik de son père, de sa famille à lui. Véronique Vella, la gouvernante, Charlotta Ivanovna, heureuse d’être gouvernante et Michel Favory ce vieux laquais Firs, qui ne sait et n’attend rien faire d’autre que servir. On se perd peut-être entre les filles, les cousines, qui se ressemblent sans doute. Ils sont tous et toutes aveugles et sourds, ne veulent ou ne peuvent pas faire autrement. Etranges victimes et ces deux monstres, l’argent et le temps, sans parler de l’amour aussi, cette fichue mécanique, si souvent rouillée. Quelques gestes, comme celui de Charlotta jetant ses clés au sol, quelques traces infimes dans le décor, comme celles laissées par les tableaux sur les murs abandonnés, des presque rien donc nous fustigent et soulignent. Et nous parlions d’un curieux décor : un mur d’un vert pâle, à la fois chambre d’enfant, salon, porte s’ouvrant sur des salons mondains… Grand mur sans la moindre fleur blanche, sauf sur ce tableau central. Et pour souligner davantage une promenade, la scénographe Aurélie Maestre s’est inspirée d’une toile d’Ivan Chichkine, Champ de seigle.  Du seigle et de grands pins. Pas évident d’un seul coup. Sans doute une idée intéressante, mais pas très simple à partager. Il n’empêche que La Cerisaie reste une boucle noire, une arrivée bruyante qui se hâte vers ce départ annoncé. La cerisaie est détruite, n’existe plus. La cerisaie est partout et meurt.   © Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française   La Cerisaie, d’Anton Tchekhov Mise en scène de Clément Hervieu-Léger, à la Comédie-Française Traduction : André Markowicz et Françoise Morvan Scénographie : Aurélie Maestre Costumes : Caroline de Vivaise Lumière : Bertrand Couderc Musique originale : Pascal Sangla Son : Jean-Luc Ristord Travail chorégraphique : Bruno Bouché Collaboration artistique : Aurélien Hamard-Padis Assistanat aux costumes : Claire Fayel Avec : Michel Favory, Véronique Vella*, Éric Génovèse, Florence Viala, Julie Sicard*, Loïc Corbery, Nicolas Lormeau, Adeline d’Hermy, Jérémy Lopez, Sébastien Pouderoux, Anna Cervinka, Rebecca Marder, Julien Frison, (* en alternance) Et les comédiens de l’académie de la Comédie-Française : Vianney Arcel, Robin Azéma, Jérémy Berthoud, Héloïse Cholley, Fanny Jouffroy, Emma Laristan   Du 13 novembre 2021 au 6 février 2022 Durée estimée 2 h 20 sans entracte     Comédie-Française Place Colette 75001 Paris www.comedie-francaise.fr Réservations 01 44 58 15 15      Read More →
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La théorie, texte de Marie Yan, mise en scène de Valentine Caille à L’Etoile du Nord, Paris
  © Céleste Rogosin   ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot C’est un immense tableau grisâtre, abîmé, parcouru de mots illisibles, au bord de l’effacement, à deviner : comme un palimpseste. Et puis des éraflures, des éventrements par endroit, d’où semble sourdre la poudre de craie floutant l’un des côtés du grand rectangle délimitant la scène comme une aire de jeu. L’école fait signe immédiatement et subtilement sur le plateau de La théorie, mais on y verrait presque une œuvre de Simon Hantaï, on pense à sa Peinture (Ecriture rose). Où chaque jour pendant un an le peintre vint déposer des mots sur la surface de la toile. C’est étrange comme l’esprit est prêt à divaguer dès que l’occasion se présente. C’est aussi que Valentine Caille élabore le matériau scénique comme un espace psychique, flottant et concret à la fois, propre à faire naître et évoluer la matière textuelle de Marie Yan et son motif principal : le complotisme. On pouvait craindre qu’un tel sujet s’impose comme une leçon didactique et lassante, assénant ses démonstrations et ses vérités comme le remède miracle au mal de notre époque. Au contraire, Valentine Caille et son équipe sèment dans cette fable un trouble presque lynchien, où les évidences se colorent de sombres et douteux reflets, où les sourires semblent receler des arrière-fonds, où l’espace surplombé de néons aurait autant à voir avec la salle de classe, qu’avec l’entrepôt désaffecté ou le parking souterrain nimbés d’une lumière froide et crépusculaire, et où les personnages seraient comme atomisés dans une friche interlope. La beauté de cette proposition est de mettre en œuvre l’expérience in vivo d’un basculement, d’une précipitation (pour reprendre une terminologie chimique), où les éléments mis en présence vont soudainement cristalliser et donner corps à une théorie complotiste. Comme un passage du mental au social jusqu’à produire, effets collatéraux, la dévastation des corps. Et de découvrir comment l’intelligence se croyant critique, se croyant élève de Jacotot (Le Maitre ignorant, Jacques Rancière), s’étiole et se meurt, étouffée sous le poids de fétiches qui se ceignent de l’apparence des vérités. De cet engrenage psychique qui part du mal être et de l’incompréhension d’une adolescente en milieu scolaire naîtra un enchaînement dramatique : La théorie s’incarne dans le corps à corps que produit la fuite en avant paranoïaque de l’adolescente, et lorsque les rouages de cette machine infernale se mettent en place le spectateur se retrouve lui-même soulevé et emporté par l’énergie que la fausse rumeur déploie dans l’agitation qu’elle produit, dans les déflagrations qu’elle ne manque de répercuter autour d’elle. Dans cette construction notons la très précise et nuancée interprétation de chacun des acteurs qui sont comme autant de voix au chapitre d’une symphonie musicale si l’on pense que la vérité comme le mensonge est affaire de musique pour les oreilles humaines. Affaire de conviction. Chaque note portée avec vérité (paradoxe et mise en abîme de l’acteur) quand bien même il s’agirait d’un chant fallacieux. Chacun à son endroit : Alex (Léna Garrel), pétrie de révolte, fragile et touchante dans sa carapace ; son ami (Jordan Sajous), douloureusement résolu dans sa croyance à l’amitié, à l’amour, prêt à s’offrir, à subir ; le surveillant (Guillaume Verdier), fuyant et manipulateur, improbable père isolé et dangereux rêveur dont le rêve est un cauchemar ; et la lumineuse professeur d’histoire (Laure Wolf), indémontable malgré les assauts, quand bien même on semble l’entendre dégringoler les notes d’un piano sous le coup de l’émotion. La théorie est esthétiquement l’entrelacement et la composition équilibrée de toutes ces voix ; socialement, elle nous rappelle que le complotisme se nourrit de sa réfutation dans un cercle vicieux sans fin. Il y aura un incendie, une sorte de grand soir en plein jour qui fera long feu. L’événement magnifiquement signé par la simple chute du tableau au sol, la craie se mettant à fuir comme pour un sac percé. Justesse incroyable. Comme une déposition. Celle du tableau décroché, ou celle des individus amenés au poste de police pour y être interrogés, ou enfin celle bien connue et représentée par des milliers de tableaux religieux. A cet instant, ils parlèrent comme si quelque chose du poids du réel et des affects avait enfin gagné leur corps et leur être, enfin libérés de cette théorie.   © Céleste Rogosin   La théorie, de Marie Yan Mise en scène : Valentine Caille Interprétation : Léna Garrel, Jordan Sajous, Guillaume Verdier, Laure Wolf Création lumière : Marco Hollinger Création sonore : Raphaël Lellouche Scénographie : Irène Tchernooutsan – Fanny Laplane Collaboration artistique : Eric Feldman   Durée : 1 h 15 Du 15 au 17 novembre 2021 à 20 h     L’étoile du nord 16 rue Georgette Agutte 75018 Paris Tél : 01 42 26 47 47 www.etoiledunord-theatre.com   Tournée : Les 15 et 16 décembre 2021 : Festival Impatience 2021, Les plateaux sauvages      Read More →
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Le Roi Lear, de William Shakespeare, mise en scène de Georges Lavaudant, Théâtre de la Porte Saint-Martin / Théâtre de la Ville hors les murs
  © Jean-Louis Fernandez   ƒƒƒ article de Denis Sanglard Mise en scène et interprétations magistrales et radicales, ainsi peut-on résumer en deux clichés, tant pis assumons, Le Roi Lear monté par Georges Lavaudant, interprété par Jacques Weber dans le rôle-titre auquel il faut adjoindre François Marthouret dans celui de Gloucester, et l’ensemble des interprètes sans exception aucune. Georges Lavaudant empoigne l’œuvre qu’il met à nu, dépiaute jusqu’à l’os, nerf après nerf. Met au jour les mécanismes, les articulations fatales d’une tragédie familiale et politique, les deux étroitement tressés pour le pire. Un monde brutalement hors-de-lui-même, décentré, par l’aveuglement d’un père et la droiture d’une enfant. Au refus du dithyrambe de Cordélia envers son père, affirmant l’aimer simplement comme une fille aime son père, claque la réplique de Lear : « Rien » ; ce « Rien » qui amorce la catastrophe, déflagration emportant et fracturant le royaume, menant à la guerre sororicide, précipitant bientôt Lear dans sa folie. Et c’est à ce « Rien » qui résonne que répond Georges Lavaudant essorant de toute scorie sa mise en scène, épurant, privilégiant le mouvement et les acteurs. Le théâtre-monde de Shakespeare est ici un plateau vide et austère où le texte fleuve se déploie sans nul obstacle, les corps fiévreux se précipitent dans l’urgence et bientôt l’affolement. Circulation des corps, circulation de la parole c’est la même vitesse, la même énergie qui entraîne, s’accélérant avec une remarquable fluidité, chacun jusqu’au vertige et la chute. Jacques Weber est ici en son royaume, jouant de la formidable théâtralité de son personnage que la folie guérit de son histrionisme, assagie et révèle à lui-même. Roi désormais sans royaume et la folie en sautoir, se découvrant nu, Jacques Weber est tout simplement bouleversant d’une humanité retrouvée au seuil de la mort. Et puis il y a François Marthouret, immense lui aussi. Gloucester, père aveuglé par son bâtard avant d’être énuclée, contrepoint de Lear. La scène qui les réunit, l’un aveugle et l’autre fou, à même les planches, vous remue salement les entrailles par son intensité, sa densité, sans effet aucun. Voire leur magnifique et tragique abandon. Deux monstres sacrés, deux acteurs en leur sommet. Georges Lavaudant a tout misé sur les acteurs, des familiers, leur capacité à s’emparer de ce texte et de leur personnage, de porter haut cette mise en scène fulgurante, intemporelle, qui vous emporte, vous aspire. Il faudrait les citer tous, absolument, tant ils sont exemplaires dans leur singularité et tout à la fois leur formidable unité à servir cette œuvre monstre.   © Jean-Louis Fernandez   Le Roi Lear de William Shakespeare Mie en scène : Georges Lavaudant Assistante mise en scène : Fani Carenco Création son : Jean-Louis Imbert Créateurs lumières : Cristobal Castillo Mora, Georges Lavaudant Traduction, dramaturgie : Daniel Loyaza Décors et costumes : Jean-Pierre Vergier Assistante costumes : Siegrid Petit-Imbert Maquillages, coiffures et perruques : Sylvie Cailler, Jocelyne Milazzo Maître d’armes : François Rostain Répétitrice chants : Isabelle Lopez Régisseur général : Philippe Chef Régisseur plateau : Yann-Kevin Berger Cheffe habilleuse : Christine Bazin Habilleuse : Marion Vincent   Avec Jacques Weber, Astrid Bas, Frédéric Borie, Thomas Durand, Babacar M’Baye Fall, Clovis Fouin-Agoutin, Bénédicte Guilbert, Manuel Le Lièvre, François Marthouret, Laurent Papot, Jose-Antonio Perreira, Grace Seri, Thomas Trigeaud, Thibault Vinçon   Du 3 au 28 novembre 2021 à 19 h Dimanche 15 h, relâche le lundi   Théâtre de la Porte Saint-Martin 18 bd Saint-Martin 75010 Paris   Réservations : Théâtre de la Ville 01 42 74 22 77 www.theatredelaville-paris.com Théâtre de la Porte Saint-Martin 01 42 0800 32 www.portestmartin.com   Tournée : 7 décembre 2021 : Théâtre Edwige Feuillère, Vesoul 14 au 21 octobre 2022 : La Criée, Théâtre National de Marseille 5 au 20 novembre 2022 : TNP, Villeurbanne      Read More →
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