Elenit, direction et conception Euripide Laskaridis, au 104 Paris - Théâtre de la Ville / Festival Séquence Danse Paris
  © Julian Mommert   ƒƒƒ article de Marguerite Papazoglou L’elenit c’est le brandname d’un matériau de construction: des plaques ondulées dont le slogan de vente fut « construisez avec le progrès, construisez avec ELLENIT »… Produit phare de l’industrie grecque des années 60 à 80, le nom qui sonne comme « hellénique » en affiche la fierté. Quelle ironie si l’on sait que ce composite de fibres d’amiante et de ciment est aussi performant qu’hautement cancérigène! L’usine a fermé mais le mot est resté et les plaques ondulées aussi, partout. Le jeu avec le matériau-titre n’est pourtant pas le sujet principal de la pièce — ce sera plus présent dans la deuxième partie, où l’ondulé de l’elenit flirte avec son cousin, la plaque en taule des garages, motif universel et symbole du bidonville, ce lieu où tout se recycle… Mais dès le début, une éolienne, cette autre figure du progrès déjà controversée, trône sur le plateau et bât de l’aile… Energie renouvelable, elle ne cesse de tourner, tantôt pittoresque tantôt lugubre dans son bruit mat. L’elenit, c’est une esthétique et tout un symbole de la Grèce contemporaine, celui du quotidien le plus trivial. Euripide Laskaridis y penche un miroir déformant qui fait émerger des créatures entre le kitsch et le mythe, autant caricaturées qu’absolument mises à nu, comme les masques de la commedia del arte, avec la prégnance du rêve. Les dévoiler ici serait vous gâcher le plaisir, les expliciter impossible ! Juste une, allez! Rêvons: ça pétarade, que se passe-t-il? Dans le silence soudain, en contre-jour, ça fume: un profile au long nez crochu tire sur une pipe. C’est Euripide Laskaridis lui-même qui incarne ce premier personnage sorti de son imagination miraculeuse. Une vieille aristocrate à la mode Marie-Antoinette, dans un dégradé de rose crème, perruque, jupes capitonnées sur faux-cul, bosse d’élégance et faux seins pendants, caricature vivante, fume et s’étouffe en permanence, a toujours son mot à dire, à diriger, à commenter, à séduire. De bonne éducation, elle est choquée par ceux qu’elle voit comme des pauvres et des arriérés, d’autres fois elle est moqueuse, arrogante, voire cruelle. Notamment lorsqu’elle signe des contrats dont le crissement provoque des grimaces d’horreur. Elle explique, elle minaude, gémit, soupire, crache sa fumée à la figure, rit, menace, sourit, chante, ordonne, recrache, le tout dans un gromelot sublimement insolite mais aux intonations absolument claires: la voix passe par un logiciel d’autotune en réglage extrême de sorte que tout énoncé soit transformé en une mélodie aux harmoniques métalliques et aléatoires avec des nuances microtonales parfois ironiquement byzantines. Le discours est réduit à un pur affect sonore où l’intonation devient maîtresse, une partition musicale se mariant impeccablement au geste. C’est génial, drôle et on ne s’en lassera pas! En spectacle permanent et absolument séduisante, cette vieille reine de la vieille Europe, règne — à un moment littéralement au centre des feux d’une rampe circulaire d’ampoules, telles les étoiles du drapeau européen, elle chante les seuls mots réels de la pièce « quel est votre problème? » traduit en toutes les langues de l’Union — elle retombe toujours sur ses pattes, mêmes si celles-ci sont de plus en plus courtes, géante devenant naine, maîtrisant jusqu’à la mise en scène de sa mort, applaudie. Elenit offre une espèce d’hallucination sans signification fixe, un cabaret d’une dramaturgie cinématographique accentuée par des éclairages très changeants et très appuyés. Des poursuites, des projecteurs mobiles manipulés par les danseurs, qui viennent tout contre le visage comme une caméra sur un tournage. Tout cela crée des cadrages et des enchainements insolites. Il y a quelque chose des films de David Lynch et des personnages de Freaks, « monstres de cirque » espiègles et inconditionnellement solidaires. Les personnages apparaissant et disparaissant font un monde qui peut tout accueillir, où tous cohabitent, construisent et décousent, dans un principe queer généralisé, des identités toujours fluctuantes et des émotions contradictoires qui se télescopent. Des vieux-jeunes, des boîtes de nuit arrestation nocturne de migrants, une ménagère à moustache qui geint en disant allô, éplorée par plaisir et séductrice par procuration du poulet rôti sorti du four-fontaine rouillé et offert à perpétuité — ménagère tragi-comique qui pourrait tout aussi bien être un Atrée rococo-burlesque (puisque c’est en mangeant de cette viande que le DJ est déchu en personnage de la saga-drama). Comme on le voit, le décalage et l’humour règnent et c’est délectable! Piquant et satyrique et si tendre à la fois! Si Elenit s’en prenait à quelque chose ce serait seulement à l’esprit de sérieux. Il suffit d’ajouter un masque, déplacer un objet, enlever une prothèse et le travestissement s’opère. Mais au-delà des identités c’est jusqu’à la frontière entre le réel et le fantasmé qui est flottante, c’est-à-dire cela même que le spectateur croit voir à chaque instant. Laskaridis et son équipe artistique hors pair travaillent à même la vision qui échappe et le sens fragmenté en scintillances. Ils leur donnent une consistance et une netteté incroyable : les costumes — quelles trouvailles! — la scénographie, les gestuelles, les voix… Le jeu est parfait. La danse discrètement omniprésente prend la primauté dans des scènes fascinantes de rêve dans le rêve où du trivial sort le sublime. Pourtant rien ne statue — d’ailleurs le modèle réduit de la Victoire de Samothrace est en plastique et sur roulettes! — et ces trouvailles, Laskaridis les défait: décompose le costume, use les images, pour qu’au lieu de se réifier, elles puissent, dans ce processus de destruction, laisser apparaître d’autres réalités et d’autres significations! On jubile d’assister à ce processus d’une beauté insaisissable au lieu d’un simple défilé de bonnes idées et de bonnes scènes. Avec Elenit, nous rencontrons le monde d’un artiste accompli qui ne se regarde pas faire et qui fait du théâtre avec toute la puissance transgressive du corps et de l’imagination. Dionysos, qu’on aura vu passer entre autres êtres dans cette fantasmagorie, ne peut être mieux honoré !   © Julian Mommert     Elenit d’Euripide Laskaridis direction et conception : Euripides Laskaridis avec : Euripides Laskaridis, Eirini Boudali, Chrysanthi Fytiza, Emmanouil Kotsaris, Athanasios Lekkas, Dimitrios Matsoukas, Efthymios Moschopoulos, Giorgos Poulios, Nikos Dragonas, Fotini Xhuma costumes : Konstantinos Chaldaios musique originale et son : Giorgos Poulios scénographie : Loukas Bakas lumières : Eliza Alexandropoulou dramaturgie : Alexandros Mistriotis collaboration au mouvement : Nikos Dragonas assistante de direction : Geli Kalampaka assistant compositeur : Jeph Vanger assistante costumes et constructions : Ioanna Plessa, Filanthi Bougatsou, Olga Vlassi collaboration artistique – constructions : Anna Papathanasiouassistante créateur de costumes : Aella Tsilikopoulou assistants scénographie : Filanthi Bougatsou, Dinos Nikolaou régie générale : Giorgos Antonopoulos directeur technique : Konstantinos Margkas techniciens lumières : Evangelos Mountrichas régie lumière : Giorgos Melissaropoulos, Vaggelis Mountrichas ingénieurs son : Iosif Vanger direction de production : Rena Andreadaki cheffe de projet et production des tournées : Simona Fremder Du 12 au 15 avril 2023 à 21h Durée 1h40 minutes   104 Paris 5 rue Curial 750019 Paris Réservation au 01 53 35 50 00 www.104.fr  Read More →
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Madrigals (Monteverdi), concept et réalisation de Benjamin Abel Meirhaeghe, à La Villette / Festival 100%
    © Fred Debrock fff article de Denis Sanglard Création déroutante de Benjamin Abel Meirhaeghe, artiste de l’avant-garde flamande – et l’on sait combien celle-ci est d’une inventivité radicale et passionnante -, contre-ténor, performer et metteur en scène, lequel présente à la Villette une œuvre énigmatique, d’une beauté aride et sensuelle tout à la fois. Et il faut accepter ça, d’être ainsi bousculé, pour entrer pleinement dans cette performance qui d’emblée vous agrippe, non par sa violence, c’est tout l’inverse, mais par sa proposition qui voit sur le plateau des interprètes nus comme au premier jour de notre humanité, rien de scandaleux là-dedans, se réapproprier les madrigaux d’amour et de guerre de Monteverdi revisité par le compositeur Jesse Kanda (ayant collaboré entre autre avec Björk) , sous le signe d’une communauté comme affranchie de toute modernité, dans un étrange rituel tribal plus proche du paradis originel rêvé que de la barbarie contemporaine. Alors que semble gronder le chaos et la violence du monde extérieur, le plateau est une grotte protectrice, matricielle, où semble se réinventer des liens de fraternité exempts de toute agressivité. Et dans laquelle une voix proche du cris aigu d’un oiseau qu’on imagine exotique, ou venu du fond des âges, nous invite à entrer comme on entrerait au fond de nous-même, à la recherche de nos origines premières. Grotte pariétale, de Platon ou des mystiques rupestres, c’est la même interrogation, la même réinvention,  la même méditation sur le monde qui est à l’oeuvre. Benjamin Abel Meirhaegue visiblement inspiré par les tableaux de la renaissance flamande, réinvente un paradis sans artifice dans lequel s’ébattent, dansent et batifolent les interprètes, image d’une innocence et d’une pureté retrouvée, voire une certaine animalité où s’estompent les frontières entre l’humain, la nature et le divin pour une communion qui se voudrait absolue. Au demeurant excellents chanteurs, ils s’adonnent ainsi à une douce cérémonie qui les voit calmement autour d’un feu réchauffer et tisser des liens (jusque dans sa forme extrême et comme littérale en pratiquant le Shibari), et bientôt se réunir autour d’une même source pour se purifier ensemble. Le théâtre est le lieu de toute utopie et c’est dans cette utopie des origines réinventée, cette tentation du point zéro de notre humanité pensé par Jérôme Abel Meirhaeghe que la musique de Monteverdi s’épanouit en toute liberté où l’amour et la guerre ne sont plus qu’évocation, une seule et même énergie, un chant qui relie les hommes entre eux. A quoi se résume parfois la beauté d’une œuvre ? A son mystère qui défie comme ici toute tentative d’explication. On a beau écrire ce qui prècéde, il y a quelque chose d’irrésolue qui résiste malgré tout, rien qu’on ne puisse expliquer mais qui, tel un pôle magnétique, vous attire et vous poigne sans façon. Il y a de ça ici où toutes préventions tombent d’elles-mêmes, où l’on reste simplement admiratif et coi devant une création qui ne demande rien d’autre que de se laisser porter par elle.   © Fred Debrock   Madrigals (Monteverdi), conception et réalisation de Benjamin Abel Meirhaeghe Composition : Doon Kanda (aka Jesse Kanda), Claudio Monteverdi Direction musicale et co-composition : Wouter Deltour Dramaturgie et recherche : Louise Van den Eede Scénographie et et création lumière : Zaza Dupont, Bart Van Merode Co-commissariat œuvres d’art : Koi Persyn Chorégraphie en collaboration avec les performers : Sophia Rodriguez Coaching musical : Pieter Theuns Coaching vocal : Rosanne Groeenendijk Coaching Shibari : Marc Beshibari Interprétation : Hanako Hayakawa, Els Mondelaers, Lucie Plasshaert, Khaled Barghouti, Clément Corillon, Victor Dumont, Antonio Fajaro, Alice Giuliani Musique : Madoka Nakamaru, Wouter Deltour, Pieter Theuns, Rebecca Huber Artistes visuels : Anthony Ngoya, Che Go Eun, Christiane Blattmann, Daan Couzijn, Filip Anthonissen, Gilles Dusong, Justin Fitzpatrick, Nokukhanya Langa, Sanam Khatibi, Thomas Renwart, Tom Hallet, Tristan Bründler Costumes : Kasia Mielczarek Teaser et making off : Charles Dhondt Photographie de la cave : Thibaut Lampe Webdesign : Studio.dier Direction de production : Sebastien Peeters, Laura Arens Régissuer plateau : Arthur de Vuyst Technicien lumière : Danielle Van Riel Technicien son : Karel Marynissen, Bart Celis Technicien vidéo et sous-titres : Pieter-Jan Buelens Techniciens : Pat Caers, Janneke Donkersloot, Kevin Deckers, Lars Morren Assustante technique : Peter Quasters, Anne Van Es Assistant de production : Pablo Gonzales Assistant de direction : Ika Schwanders   Le 14 et 15 avril 2023 à 20h30, le samedi à 19h30   La Villette 211 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris   Réservation : 01 40 03 75 75 www.lavillette.com  Read More →
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If you could see me now, chorégraphie d’Arno Schuitemaker, à l’Espace 1789 – Saint-Ouen  / Festival Séquence Danse
  © Sanne Peper   ƒƒ article de Nicolas Thevenot Avec Arno Schuitemaker, et par sa pièce If you could see me now, la danse est affaire d’ondulation. Si l’on veut bien emprunter au champ lexical scientifique, c’est bien à une physique ondulatoire plus que corpusculaire à laquelle on assiste pendant une heure toute hypnotique. Les corps des trois danseurs, deux hommes et une femme, déjà en scène à notre arrivée, déjà remués par l’entêtante musique techno de Wim Selles nous accueillant tel un dance floor que l’on pénétrerait, sont mués par le rythme et l’énergie de l’onde sonore qui enveloppe la salle. La forme ainsi performée s’empare de la danse de boite (le dance floor) immédiatement reconnaissable, déhanchement répété, prédominance des mouvements de bras entrainant le torse, portés par une musique sans discontinuité se muant imperceptiblement dans ses révolutions. Avec ce miroir d’une expérience partagée par tout un chacun, If you could see me now opère dans son entame par un processus d’identification, mais, par sa durée, par son dépliement à l’infini, nous entraine bien au-delà du souvenir anecdotique de nuit branchée. La puissance de cette expérience, recouvrée en chacun avec une saveur toute proustienne, tient à l’agrandissement à l’infini de l’instant, à l’incommensurable dilatation d’une sensation fugace par sa réplication inépuisable. C’est proprement la jouissance de l’instant arraché au récit du temps. On touche ici à l’hédonisme qui n’est peut-être que cela : la beauté d’un temps pour soi, ressassant sans limite son seul plaisir d’être. Trois est le nombre d’or offrant à la fois profondeur et largeur à l’espace. Et si les trois danseurs apparaissent initialement dans un ordre donné, cet ordre-là est bousculé par des inversions aussi subtiles et magiques qu’un jeu de bonneteau, chacun glissant insensiblement de position. Et si chaque danseur est animé de mouvements qui lui sont propres, réalisés dans la singularité des corps qui les exercent, on se délecte véritablement, comme d’une offrande inattendue, à les voir par moment s’approcher d’un unisson, aussi miraculeux que l’atteinte d’une impossible asymptote. La danse serait un ballotement, serait la matérialisation visuelle et tangible d’invisibles forces auxquelles les corps sont soumis. Dans cette boite aux hautes parois grises qui composent l’espace scénographique de If you could see me now, telle celle de Schrödinger, dont on rappelle qu’elle mettait en scène comment l’action de voir n’est pas sans effet sur ce qui est vu, dans cette scénographie également travaillée par des lumières segmentant le temps par stroboscopie, changeantes comme un éther orageux, les danseurs sculptent le rythme et l’air qui deviennent matière, se déploient comme des roseaux soumis aux vents contraires, comme des algues battues et rebattues par le ressac de cet mer qui les porte. La résilience qui les anime est celle du souffle des corps, ce principe de vie, cet unisson qui forme une communauté de destin pour eux comme pour nous, spectateurs bien installés dans nos fauteuils.   © Sanne Peper   If you could see me now, chorégraphie de Arno Schuitemaker Avec : Revé Terborg, Stein Fluijt et Johannes Lind Dramaturgie : Guy Cools Musique : Wim Selles Création lumières : Vinny Jones Costumes : Inge de Lange   Durée : 55 minutes   Vu le mardi 11 avril 2023 à 20h dans le cadre du Festival Séquence Danse    Espace 1789 2/4 rue Alexandre Bachelet 93400 Saint-Ouen   Réservations : 01 40 11 70 72 https://www.espace-1789.com        Read More →
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Yé ! (L’eau), par Circus Baobab, mis en cirque par Yann Ecauvre, à la Scala Paris
  © Metili.net   ƒƒƒ article de Hoël  Le Corre   Sous les yeux des spectateurs qui s’installent en salle, une scène jonchée de bouteilles d’eau vides. Au centre de la scène, une seule bouteille à demie remplie. Une femme entre, se penche, ramasse la bouteille et se délecte de son contenu. Soudain, apparaissent un à un ou en meute, d’autres personnes, toutes aussi désireuses d’avaler ne serait-ce qu’une gorgée de ce liquide source de vie. La situation est posée : l’eau est un bien rare et précieux, une ressource limitée et vitale. Et elle sera ici, tout au long du spectacle le moteur, la cause, l’enjeu de toutes les relations… Ils sont 12 acrobates et danseurs originaires de Conakry en Guinée, 12 enfants de la rue formés aux arts de la scène par les meilleurs professionnels africains et français, 12 artistes de 18 à 30 ans qui ont été les grands finalistes de « La France a un incroyable talent » en décembre dernier. Leur nouveau spectacle, Yé ! (L’eau), est une épopée spectaculaire qui leur permet de faire la preuve de leur virtuosité et de nous raconter une histoire, une histoire forte au fil de l’eau. Comme a son habitude, Circus Baobab allie habilement les expressions traditionnelles du cirque africain avec des influences contemporaines, dans un spectacle détonant, d’une énergie débordante où les corps sont aussi puissants que virevoltants. Entre danse hip-hop, cirque acrobatique et contorsionnisme, ces corps s’affranchissent de la pesanteur et des normes de comportements sociaux. Au gré de leur quête pour une gorgée d’eau, les groupes se forment et se défont stratégiquement : tantôt chacun pour soi, tantôt s’alliant à plusieurs, ces assoiffés se livrent à des corps-à-corps qu’on croirait spontanés tant ils surgissent de partout, embrasant la scène dans des sortes de valses illustrant la violence des rapports humains quand la vie est soumise à une pression urgente. La menace peut venir de n’importe où, ce qui donne des tableaux haletants et surprenants. Pourtant, Yé ! nous rappelle aussi que face aux défis climatiques, l’individualisme n’est pas forcément la meilleure des solutions, et les pyramides humaines impressionnantes alternant avec des acrobaties aériennes à couper le souffle sont là pour nous inviter à transcender notre égoïsme instinctif et le transformer en force collective. Tomber, s’élever, voler peut-être, Yé ! raconte la capacité de l’Homme à insister, à recommencer, à inventer. La vitalité, la fougue, l’intensité de ces corps qui s’entrechoquent pour mieux s’assembler, nous appellent ENSEMBLE, à construire un futur qui prendra soin de la nature et des particularités de chacun.   © Metili.net     Yé ! (L’eau), par Circus Baobab Directeur artistique : Kerfalla Bakala Camara Metteur en cirque et compositeur : Yann Ecauvre La troupe des 13 Acrobates – Danseurs : Bangoura Hamidou, Bangoura Momo, Camara Amara Den Wock, Camara Bangaly, Camara Ibrahima Sory, Camara Moussa, Camara Sekou, Keita Aïcha, Sylla Bangaly, Sylla Fode Kaba, Sylla M’Mahawa, Youla Mamadouba, Camara Facinet Intervenant acrobatique : Damien Drouin Compositeur : Jeremy Manche Chorégraphe : Nedjma Benchaïb Costumière : Solène Capmas Création Lumière : Clément Bonnin Régisseur Général : Christophe Lachèvre Producteur : Richard Djoudi Diffusion et Production : Camille Zunino   Du 14 avril au 5 mai 2023 Du mardi au samedi à 21h Le dimanche à 17h Durée : 1 heure La Scala Paris 13, boulevard de Strasbourg 75010 Paris Réservations : 01 40 03 44 30 www. lascala-paris.fr  Read More →
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Mary said what she said, de Darryl Pinckney, mise en scène de Robert Wilson, Théâtre de la Ville  / Espace Cardin  
    © Lucie Jansch   ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia   Bien sûr on pourrait dire que Bob Wilson fait toujours le même spectacle et que Mary said what she said ne fait pas exception. Bien sûr, on pourrait écrire qu’Isabelle Huppert fait du Isabelle Huppert et que Mary said what she said en est une illustration de plus. L’on pourrait aussi avancer que rien ne différencie la reprise de cette dernière collaboration (créée en 2019 et spectacle qui a déjà beaucoup tourné) entre le metteur en scène et la comédienne, de leurs précédentes, à savoir Orlando (de Virginia Woolf), ou Quartett (de Heiner Müller). Les identiques tableaux lumineux, les clairs obscurs, les contre-jours, la même gestuelle, avec ce positionnement des mains et des doigts si caractéristiques, les mouvements tantôt saccadés, tantôt au ralenti, les longues pauses immobiles, mains derrière le dos ou à la taille. C’est de dos que l’on découvre Isabelle-Mary, les mains comme attachées de manière élégante à l’arrière, donnant à la silhouette gracile une allure altière, se détachant comme une ombre sur le fond lumineux. Un port de reine, souligné par une collerette, enserrant le cou frêle, les épaules bien basses et omoplates resserrés sous la robe à corset soulignant la finesse de la taille. Oui, incontestablement l’idée ou l’image que l’on se fait de toute figure royale féminine, même si les portraits peints que l’on a conservés de Mary Stuart montrent un visage un peu ingrat, et un regard vide si peu en accord avec sa personnalité combattive et finalement martyre, celle d’une reine à la vie et au destin tragiques, qui choisit une robe rouge pour monter à l’échafaud et impressionna par son courage tous les « spectateurs » présents, ainsi que le relatent historiens et biographes, tel Stefan Zweig dont s’est beaucoup inspiré Darryl Pinckney (ainsi que de ses quelques lettres) pour construire son texte. Ce dernier est pluriel, les phrases sont tantôt factuelles et linéaires, tantôt poétiques. Il est toutefois difficile d’en apprécier toute la richesse, tant sa déclamation presque toujours précipitée, est souvent inaudible, surtout au début, le volume sonore de la musique lancinante, en forme d’ostinatos, de Ludovico Einaudi recouvrant bien trop la voix d’Isabelle-Mary. Et ce n’est évidemment ni une question de langue (le spectacle est bien en français contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre), ni de puissance vocale, puisque la comédienne est sonorisée, ni de diction puisqu’elle est extrêmement articulée, ce qui est d’ailleurs, sur l’heure 30, une prouesse tant le débit imposé est rapide, même si quelques pauses lui sont accordées par le relai à plusieurs reprises d’un enregistrement de sa propre voix. A ces quelques exceptions près et bribes de paroles masculines en voix off, et interaction uniquement gestuelle d’allers et venu avec un double (dont le nom et l’existence ne figure nulle part dans le programme), le monologue de Mary, comprenant trois parties, est d’une grande densité et mériterait donc une compréhension plus facile pour une meilleure réception du spectateur. En dépit de ce regrettable inconvénient qui pourrait aisément être aménagé, la magie opère. Le talent d’Isabelle Huppert disparaissant derrière Mary Stuart hypnotise, aussi bien quand elle a presque l’allure d’une marionnette (du pouvoir, des hommes, de la société ?), que lorsqu’elle surgit d’un brouillard onirique, ou semble gémir ou hurler comme un animal, bouche grande ouverte. Et enfin, il y a cette diagonale finale, à jardin, improbable, qui pourrait être ridicule, dans sa gestuelle comme dans son caractère répétitif mais qui semble subjuguer tant son exécutrice (comme toute danseuse plus traditionnelle l’a éprouvé dans le travail des diagonales) que le public conquis qui pour une grande partie se lève aux saluts de Mary said what she said laquelle après ce petit marathon se remet dans la position de départ, attendant que le couperet de la hache tombe. Ce n’est qu’un traditionnel rideau de velours rouge (sang ?) qui impose la coda.   © Lucie Jansch   Mary said what she said de Darryl Pinckney   Mise en scène, décors et lumières : Robert Wilson Musique : Ludovico Einaudi Costumes : Jacques Reynaud Metteur en scène associé : Charles Chemin Collaboration à la scénographie : Annick Lavallée-Benny Collaboration aux lumières : Xavier Barron Collaboration à la création des costumes : Pascale Paume Collaboration au mouvement : Fani Sarantari Design sonore : Nick Sagar Design coiffure : Jocelyne Milazzo Design maquillage : Sylvie Cailler Traduction de l’anglais : Fabrice Scott   Avec : Isabelle Huppert   Jusqu’au 14 mai 2023, à 20h Durée 1h30   Théâtre de la Ville (Espace Cardin) 1 avenue Gabriel 75008 Paris   www.theatredelaville-paris.com                      Read More →
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La Ferme des animaux, librement inspiré de George Orwell, texte et mise en scène Ophélie Kern à la Comédie Odéon, Lyon
    © ARFI ƒƒ article de Victoria Fourel Ça commence comme un jeu dans la cour d’école. Viens, on imagine qu’on est dans une ferme. Viens, on imagine que les animaux, et ben, ils parlent. Viens, on imagine aussi qu’ils veulent leur liberté. Et ainsi de suite. La machine s’emballe et l’imaginaire aussi. L’oeuvre originale d’Orwell est là en toile de fond, mais on s’en éloigne à petits pas pressés, pour imaginer des détours, des suites et d’autres développements. La configuration est à la fois précise et malléable. Des musiciens créent mille ambiances, on joue avec les sons dans une atmosphère plutôt grunge. Ici, le rock aussi est à hauteur d’enfants. En même temps, c’est vrai que derrière un décor faussement simple et des paravents tout déglingués, c’est la révolution qui se joue. Le rythme est bon, permettant à la comédienne hyper-dynamique de se faufiler dans tous les personnages, dans tous les animaux. Le corps est acteur et les voix aussi. À intervalles pas si réguliers, les enfants entrent en jeu. Le quatrième mur tombe et les jeunes spectateurs deviennent tout à coup moutons, lapins et chèvres, à qui l’on va demander leur avis. Et là, le spectacle change de visage. De réactualisation théâtrale bien rodée d’un grand classique, on passe à mise en pratique de la vie communautaire. Faut-il partager les vivres, ou pas ? Et si oui, comment ? Met on tout en commun ? Est-ce que tout le monde est bien à égalité dans la ferme ? Pour les adultes aussi dans la salle se dessinent des choses très intéressantes. Voilà pourquoi on a du mal à expliquer le vivre-ensemble aux enfants. Parce que nous-mêmes, nous ne sommes pas très sûrs de ce que nous ferions, dans la ferme des animaux. Le parti pris du spectacle est pour le moins difficile à tenir. À partir de la trame, mille issues sont possibles, selon les interventions et idées des enfants. On est immergés dans la prise de décision collective, et on découvre les difficultés de s’auto-gérer. Avec un résultat qui pêche un peu : la fin à laquelle on assiste est un peu brusque, comme sortie de nulle part, un peu déceptive, pour finir. De la même façon, si l’idée est de s’éloigner de l’histoire originale, on peut trouver dommage que les clins d’œil à Orwell soient parfois lointains. Même si cette histoire de dictature déguisée en liberté n’est pas à mettre entre toutes les pattes, on avait un peu envie de voir comment le jeune public pouvait jouer avec le côté sombre de la ferme. Rock’n’roll, drôle, bordélique et calée à la fois, cette adaptation libre et vivante embarque les petits et les grands animaux dans un spectacle jeunesse mais politique, joyeux mais ancré dans la vraie vie. Une ferme à hauteur d’enfants. Et de dindon.   © ARFI     La Ferme des Animaux, librement inspiré de George Orwell Texte et mise en scène de Ophélie Kern Lumières Pauline Granier Scénographie Stéphane Boireau Production ARFI Jeu : Jessica Jargot Percussions, batterie, synthétiseur, chant : Mélissa Acchiardi Trompette, machines, basse électrique, chant : Guillaume Grenard   Du 8 au 22 avril 2023 à 15h Durée estimée 1 h 15   Comédie Odéon 6 rue Grolée  69002 LYON Réservation :  04 78 82 86 3 www.comedieodeon.com  Read More →
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Aria da capo de Guilain Desenclos, Adèle Joulin, Areski Moreira mise en scène de Séverine Chavrier, théâtre Nanterre les Amandiers
  © Alexandre Ah-Kye   Ƒ Article de Sylvie Boursier A quoi pensent Guilain arrimé à son basson, Areski noué à son violon, Victor soufflant dans son trombone et Adèle pliée sur son piano ?  À quoi rêvassent ces musiciens en herbe issus ou toujours au conservatoire avachis sur leur lit, ensemble ou séparément ? Séverine Chabrier, elle-même musicienne, les a rencontrés, a eu envie de construire un spectacle avec et autour d’eux. Improvisations musicales, répétitions, captations, bribes de conversations, voix off et plan large sur leur visage en vidéo, Aria di capo se veut fidèle au journal de bord des 4 adolescents, à leurs échanges intimes au fil de l’eau. Un étrange spectacle est né, déroutant et hybride, entre cinéma, musique et théâtre, aller-retour entre un orchestre en fond de scène que l’on devine à quelques signes – partitions, pupitres, baguette – et 2 blocs vitrés, chambres d’échos ou le quatuor passe le plus clair de son temps entre confidences, blagues de potaches, humour et mélancolie. Ils enchainent commentaires sur Messian, Ravel, Monteverdi et kebab à 4 heures du matin avec le gout de paprika des premiers baisers. Ils sont beaux et pas seulement physiquement par leur élan brisé, leurs doutes, leur admiration teintée d’écrasement face au génie de Sergiu Celibidache, Samson François, Martha Alguerich que l’on distingue en images d’archives. Dans Sentinelles de Jean François Sivadier 2 concertistes renonçaient à la musique terrassés face au génie d’un Glenn Gould jouant seul, la nuit, les Variations Goldberg. Un des plus beaux moments du spectacle est cette lettre à Mozart d’Areski : avais-tu des amis, demande-t-il, comment faisais-tu avec les filles, te sentais tu seul ? Faut-il se perdre dans la musique ou s’en détacher et vivre le reste ? Comment faire quand on passe 7 heures par jour à s’entrainer, quid des relations sociales, des raves parties avortées, des désirs et d’une sexualité qui vous taraude ?   Les sportifs de haut niveau ont les mêmes soucis. D’où vient alors ce sentiment bizarre de rester à quai sans pouvoir vraiment entrer dans le spectacle, nous « les vieux » face à ces jeunes enfermés dans leurs cages, que l’on distingue à peine ? peut-être parce qu’ils considèrent les adultes comme une espèce à part, imperméable à ce qu’ils ressentent, comme si on avait oublié les figurants que nous fûmes ? Séverine Chavrier, on le comprend, veut protéger leurs aveux derrière ces vitres, alors pourquoi les mettre en scène et prendre ainsi le risque de l’hermétisme ? malgré la fraicheur de ces acteurs spontanés, on se perd un peu dans les voix chevauchées, les chuchotements esquissés et l’ensemble a quelque chose d’artificiel, comme un film mal sonorisé. Quel bonheur à l’épilogue de les voir jouer (enfin !) face public, un Aria da capo métaphysique d’une grâce absolue. On sort des Amandiers en imaginant ce que Philippe Garel aurait pu faire au cinéma sur ce thème mais ceci est une autre histoire….   © Alexandre Ah-Kye   Aria da Capo de Guilain Desenclos, Adèle Joulin et Areski Moreira Mise en scéne : Sèverine Chabrier Vidéo : Martin Mallon, Quentin Vigier Son : Olivier Thillou, Séverine Chabrier Lumières : Jean Huleu Scénographie : Louise Sari Costumes Laure Mahéo   Durée : 1h 45 Jusqu’au 22 avril, mardi et mercredi à 19h30, jeudi et vendredi à 20h30, samedi à 18h, dimanche à 15h   Théâtre des Amandiers Nanterre, 7 avenue Pablo-Picasso 93100 Nanterre   Réservation : 01 46 147 000 www.nanterre-amandiers.com        Read More →
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Louise, elle est folle, de Leslie Kaplan, mise en scène par Esther Whal, au Théâtre des Déchargeurs
    © Didier Monge   ƒƒ article de Hoël  Le Corre Dans un monde fleuri, un univers lointain, mais pas si lointain, des personnages hauts en couleur évoluent au gré de normes nouvelles qu’ils réinventent à leur guise. Mais voilà, pour s’émanciper, pour s’assumer, et pour faire groupe, les protagonistes de cette farce clownesque sont obligés de se construire par opposition à « l’autre ». Et les voilà cherchant tous les arguments, et leurs illustrations, pour démontrer que « Louise, elle est folle ». Ce rejet de Louise, qui pourtant n’est pas si différente d’eux, devient le ciment de leurs relations, mais aussi de leurs propres folies. Puisqu’il y aura toujours plus folle qu’eux, ils sont tout à fait légitimes à agir selon leur bon vouloir. Les frontières de la « normalité » se déplacent, explosent dans ces échanges empreints de curiosité autant de rejet que de curiosité – voire d’admiration ? – envers cette Louise. Mais d’ailleurs, qui est la plus « folle », est-ce vraiment Louise, ou la société dans laquelle elle vit ? Et à ce propos, Louise, existe-t-elle vraiment ? On en vient à se demander si elle n’est pas que la projection imaginaire et fantasmée des autres protagonistes. Il faudrait, pour en être sûr, qu’elle finisse par apparaître… Ainsi, les comédiens portent un texte fiévreux, saccadé et haletant. Entre énergie vitale et destructrice, la mise en scène inventive, orchestrée par Esther Wahl, nous propose une sorte de cabaret visuel et sonore baigné d’absurde. A l’aide de ruptures particulièrement maîtrisées du corps et de la voix, les six comédien.ne.s nous embarquent dans leurs réflexions et illustrent parfaitement un propos fort et provocateur. Leur partition millimétrée emprunte au théâtre, à la danse, au mime, et au chant et oscille entre réalité concrète et fantasmagories à la fois drôles et glaçantes. La jeune compagnie Chaos Solaire est à suivre tant ce premier spectacle est original, inclassable et exigeant.   © Didier Monge     Louise, elle est folle, de Leslie Kaplan mise en scène d’Esther Wahl Par : la Compagnie Chaos Solaire   Jeu : Carla Beccarelli, Tom Béranger, Louise Herrero, Léo Hernadez, Clra Koskas, Angélique Nigris Lumières : Jeanni Dura Décors : Océane Lutzius Costumes : Salomé Romano Maquillages : Louna Doussaint Musiques : Clément Boulier Compositions vocales : Diane Rumani   Durée : 1h05   Du 30 mars au 22 avril 2023 Jeudi, vendredi et samedi à 19h   Théâtre des Déchargeurs 3 Rue des Déchargeurs 75001 Paris Réservations : 01 42 36 00 50 www.lesdechargeurs.fr    Read More →
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Body Concert, par Ambiguous Dance Company, chorégraphié par Boram Kim, à la Grande Halle – Parc de la Villette
   © Sebastian Marcovici   ƒƒ article de Hoël Le Corre   Depuis 2010, cette pièce culte venue de Corée, Body Concert tourne dans le monde entier, et c’est à la Villette qu’elle a posé ses valises dans le cadre du Festival 100%. Avec une tournée en Région parisienne dès cette saison et il est fort à parier qu’elle reviendra dans les années à venir tant elle sait semer l’enthousiasme et impressionner les spectateurs conquis par la vitalité et la virtuosité des danseurs ! Dans une dizaine de tableaux chorégraphiques composés comme une succession de danses diverses et toutes aussi explosives les unes que les autres, les sept performeurs virevoltent en solo, en duo ou en groupe. Si on risque au départ d’être quelque peu déconcerté par ce patchwork décousu, on entre toutefois dans la proposition  tant les danseurs nous étonnent par la maîtrise de leurs corps, dans des mouvements tantôt fluides, tantôt saccadés, et toujours expressifs et explosifs. Parés de lunettes et de bonnet de natation et chaussés de chaussettes vertes fluo, contrastant avec leurs costumes bien repassés, les danseurs s’amusent à passer en revue de nombreux styles  allant du ballet classique au clubbing en passant par le hip-hop et la danse contemporaine. La musique joue alors un rôle primordial pour guider le spectateur dans un univers ou au contraire pour mieux le surprendre. Rien ne semble échapper à ces ninjas de la danse, pas même l’humour, qui pointe régulièrement le bout de son nez de façon inopinée. La synchronicité parfaite alterne avec des sortes de « canons corporels » où les mouvements se font en cascade, en écho et au diapason avec le groupe. Dans cette générosité et cette communauté, une jolie part est faite également à la singularité de chacun.e et se déploient alors les particularités de corporalités dans des séquences intenses et haletantes. La vitalité qu’ils font déferler sur scène devient jouissive et on aurait envie de les rejoindre sur ce dancefloor où tout semble possible !   © Sebastian Marcovici   Body Concert, par Ambiguous Dance Company   Chorégraphe : Boram KIM Danseurs : Boram KIM, KyeongMin JANG, Kyum AHN, Hak LEE, SeonHwa PARK, JaeHee SHIN, Jisoo GONG Eclairage : DaeDoo Bae Son : HyungRok An Régisseur : Eunjin Jo Producteur : Hee Jin Lee Crédit Photographie : Dajana Lothert Production : Ambiguous Dance Company. Coproduction en association avec Producer Group DOT.   Du 7 au 9 avril 2023 à 20h Durée 1h   Grande Halle Parc de la Villette 75019 Paris   Réservations : 01 40 03 75 75 www.lavillette.com   En tournée : 12 avril 2023 à Saint Germain en Laye (95) 14 avril 2023 à Bezons (95)      Read More →
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L’avare, de Molière, mise en scène de Jérôme Deschamps, au Théâtre des Abbesses / Théâtre de la Ville
© Juliette Parisot   f article de Denis Sanglard Plateau nu, en fond une toile peinte de bleue qu’une lune laiteuse semble éclairer, quelques pendrillons à jardin et cour et rien d’autre. Une ambiance entre chien et loup pour dire combien on économise la chandelle en cet endroit désolé. Nul accessoire autre qu’une table qui passera et disparaitra bien vite. Jérôme Deschamps fait dans la sobriété ou l’avarice puisqu’il monte cet Harpagon dans un dépouillement absolu. « Montrer moins pour en dire plus » comme le souligne citant Jacques Tati celui il y a peu jouait Monsieur Jourdain dans un luxe inversement proportionnel à cet austérité voulue. Le texte donc, dans toute sa charge, sa cruauté – il y en a – et cet humour ravageur, ce rire que Molière en génie de la comédie savait dispenser avec largesse pour mieux dénoncer les mœurs de ses contemporains. De l’avarice et de ses conséquences, des intérêts contradictoires qui mêlent amours et argent, de la soumission ou de la rebellion des jeunes filles. Mais… On aurait aimé une lecture bien plus incisive, plus polémique ou encore davantage burlesque comme nous l’avait accoutumé Jérôme Deschamps (pour mémoire de mémorables « Précieuses ridicules »). Là non, lecture fort sage, sans point de vue réel, parfaitement articulée. Quelques gags ici ou là mais sans grande originalité, voire convenus. Au demeurant tout est impeccable, les acteurs jouent fort bien, voire avec excellence leur partition, mention spéciale à Lorella Cravotta en irrésistible Frosine, les costumes sont très beaux (signé Macha Makeïeff), la mise en scène va de soi, court gentiment à son terme en suivant fidèlement le texte, sans surprise aucune. Il manque à tout ça un je-ne-sais-quoi, quelques reliefs sans doute qui permettrait une accroche soudaine, un brusque intérêt. Ce n’est pas qu’on s’ennuie, cela est fort plaisant, on rit gentiment, mais n’apporte à vrai dire rien de plus. Voilà, osons le dire, c’est d’un classicisme parfait et de bon aloi, ce qui ne vaut pas forcement compliment. Jérôme Deschamps est un harpagon matois, faussement bonhomme et patelin, mais qui ne semble pas aller au-delà du texte, comme sa mise en scène qui ne le dépasse pas non plus. « Montrer moins pour en dire plus », soit, mais il semble ici ne rien avoir à dire de plus. Au diable l’avarice !   © Juliette Parisot   L’avare de Molière Mise en scène de Jérôme Deschamps Décor : Felix Deschamps Mak Costumes et accessoires : Macha Makeïeff Lumière : Bertrand Couderc Assistanat à la mise en scène : Damien Lefèvre Assistant au décor : Anton Grandcoin Assistant à la peinture : Alessandro Lanzillotti Assistante aux costumes : Laura Garnier Perruques et au maquillage : Emmanuelle Flisseau Assistante aux perruques et au maquillage : Rebecca Barrault Avec : Flore Babled en alternance avec Bénedicte Choisnet, Lorella Cravotta, Vincent Debost, Jérôme Deschamps, Fred Epaud, Hervé Lassïnce, Louise Legendre, Yves Robin, Stanislas Roquette, Geert Van Herwunen en alternance avec Bastien Chavrot   Du 5 au 29 avril 2023 à 20h, dimanche à 15h Relâche les 9, 10, 17 et 24 avril   Théâtre les Abbesses 31 rue des abbesses 75018 Paris   Réservation : 01 4274 22 77 www.theatredelaville-paris.com tournée : Fêtes nocturnes de Grignan du 23 juin au 19 aaût 2023,  www.chateaux-ladrome.fr    Read More →
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Gold Shower, conception et performance de François Chaignaud et Akaji Maro, Théâtre de Chaillot
  © ADELAP   ƒƒƒ Article de Denis Sanglard Étrange cérémonie, sensuelle, érotique, alliance de la carpe et du lapin mais une réussite fragile, étonnante, épatante et incontestable. Deux danseurs qu’a priori, en apparence, tout oppose. L’âge, la culture et la pratique de la danse. Akaji Maro, danseur butô et fondateur de la compagnie Dairakudakan et François Chaignaud, danseur, performeur et chanteur inclassable. Ces deux-là, curieux l’un de l’autre, complices évidents, se sont rencontrés et dansent aujourd’hui pour le meilleur. Gold Shower au titre si ambigu, chargé d’érotisme trouble, de fétichisme urophile, est une création insensée, toute de douceur et de folie queer et furieuse. Autoportrait en creux et en miroir, univers déglingué, loufoque, franchement camp, se fichant du genre comme d’une guigne, louchant vers Jean Genet sans doute et une mythologie classique réinventée, voire même un univers archaïque dont surgirait çà et là quelques lambeaux cérémoniels. Ce qu’il y a de fascinant c’est comment leurs deux univers s’interpénètrent, se nouent pour abolir toute différence où faire de celles-ci un nouvel espace de création et d’interrogation. L’un et l’autre restent roi, voire reine, dans leur domaine. François Chaignaud tel qu’en lui-même, formidablement plastique. Akaji Maro demeure ce fantôme vide, flottant, pâle et facétieux, grimaçant. Il n’y qu’à découvrir leurs entrées respectives. Maro Akaji, surgit de l’ombre, présence fantomatique expressionniste secouée de spasmes. François Chaignaud sortant de l’eau, solaire, androgyne, dans un grand et long cri muet. Ce cri comme un emprunt à l’univers du butô, une citation. Et c’est d’ailleurs ce à quoi nous assistons. Ni l’un ni l’autre ne se singent mais empruntent à l’autre signes et citations qu’ils métamorphosent. Rien ne s’annule mais au contraire offre d’autres pistes pour une dramaturgie chorégraphique sublime, délicate et grotesque tout à la fois. Que François Chaignaud reprenne quelques pas de son dernier solo, une danse percussive et ceint dans le même corset qui lui étrangle la taille, crée à Annecy récemment, l’intervention d’Akaji Maro métamorphose fissa cette proposition, l’emmenant sur un nouveau territoire bien moins formel ou la forme et le mouvement sont au service de la fable. On pouvait craindre deux solos accolés, le début de cette création semblait l’annoncer, il n’en est rien. Ces deux-là très vite se rencontrent, s’embrassent sur le plateau et font de leurs différences une dynamique et un atout dont ils jouent et se jouent dans cette parade érotique raffiné et burlesque, sublimation de leur admiration réciproque. Et puisque nous parlons de jeux, il y a bien de ça, deux gosses lâchés sur un plateau dont l’aîné n’est pas forcément celui que l’on croit – Akaji Maro ayant cette faculté phénoménale à la régression infantile – s’amusant le plus sérieusement du monde à être adultes sans toutefois vraiment y parvenir. Et leur monde est fait d’images fortes, confondantes de simplicités sans jamais chercher à être spectaculaires. Jouer avec un miroir de poche, s’y regarder et se remaquiller. Rien que cette scène-là vous emporte loin. C’est un art de la présence absolue, dilatée, porté à son sommet. Et c’est peut-être là leur point commun, cet art de la présence dont chacun à sa façon, indépendamment l’un de l’autre et dans leurs créations respectives, cultivent, un minimalisme explosif. Comme cette aisance dans le burlesque propre au cabaret que tous les deux pratiquent. Qui culminent dans le dernier tableau, où drag-queen improbables, costumes de même, ils défilent comme à la parade d’un bordel fellinien monstrueux. Et devant ce tableau hilarant où la mort avance travestie, observant ces deux danseurs vacillant sur leur geta, pissant dru dans le bassin dans lequel ils agoniront, toutes différences sont définitivement abolies. Mais ont-elles jamais vraiment existé ces différences ? Tant de rhizomes souterrains, tant de fantômes communs hantent leur danse et semblent les lier l’un à l’autre…   © ADELAP   Gold Shower, conception et performance de François Chaignaud et Akaji Maro Costumes Romain Brau, Cedrick Debeuf, Kyoko Domoto Conception lumières Abigail Fowler Régie son Caroline Mas Traducteur japonais Mohamed Ghanem Assistante auprès d’Akaji Maro Naomi Muku (Dairakudakan) Collaborateur artistique auprès de François Chaignaud Beaudoin Woehl     Du 12 au 15 avril 2023 à 20h30 les mercredi et vendredi, 19h30 le jeudi, 17h le samedi Théâtre de Chaillot 1 place du Trocadero 75008 Paris   réservations :  01 53 65 30 00 billeterie@theatre-chaillot.fr   Création vue le 30 septembre 2020 à la Maison de la Musique de Nanterre          Read More →
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Au bois de Claudine Galea, mise en scène de Mathilde Modde au Lavoir Moderne Parisien
     © Christophe Raynaud de Lage      ƒƒƒ article de Sylvie Boursier   « Nous n’irons plus au bois » il est plein de seringues, de cannettes de bière et de capotes, exit la mère grand, la confiture et le petit pot de beurre, la bobinette ne cherra plus. La belle au banc dormant a des rêves d’ogresse, plaque tout et s’aventure au petit bois pourri ; le loup, elle n’en ferait bien qu’une bouchée ! Pendant ce temps sa fille insoumise est en pleine crise d’adolescence. Le loup, vieux beau sur le retour préfère les tendrons aux femmes mures, quant au chasseur bien sous tous rapports c’est un pervers de la pire espèce. La mémé peut aller se brosser, les visites dominicales c’est fini. Le bois, au milieu de tout ça commente l’action, annonce les personnages et pressent l’imminence de la cérémonie tragique à venir. Claudine Galea détourne le conte initial et fait entendre une autre histoire du petit chaperon rouge ou la peur change de camp, dont s’empare le collectif Chamarre pour une adaptation trash et brillante. Les 4 poteaux du plateau délimitent l’espace de jeu avec le bois au centre. Comme sur un manège, chasseur, loup, mère et fille tournent, se jaugent, soliloquent. Chacun son coin, la mère à jardin et la fille à cour. Comme dit la comptine, ils courent, ils courent, les 4 furets autour de la forêt truffée de sacs plastiques ; séparés le temps d’un rondeau ils se retrouvent en chanson, volée de moineau qui se tient chaud et se donne du courage pour la suite. La scénographie, à la manière d’un thriller, joue très habilement de la lumière et de la bande son : une boite à musique grelotte bizarrement, d’’étonnants bruits de grenouilles, des piaillements d’oiseaux hitchcockiens parviennent à nos oreilles dans la demi obscurité d’un crépuscule laiteux présage de catastrophe. L’apparition des comédiens a quelque chose de fantomatique tels des animaux pris entre les phares d’un véhicule, leur voix amplifiée vire au cauchemar au son du derbouka et de la caisse claire. Les acteurs jubilent et croquent les mots d’un auteur qui bouscule les codes habituels. Claudine Galea mélange prose et vers, supprime la ponctuation, certains passages peuvent être dits par des personnages différents comme si le collectif primait sur l’individu, personne n’a de nom. Sa prose métaphorique témoigne d’une sensualité à fleur de peau, la mère  « eut envie de foie gras Se lécha les babines Signe indistinct de plaisir Mère dans son lit en son déshabillé […] eut envie de caviar Qu’elle n’avait jamais gouté De Pommard Jamais bu ce nectar Et sorbet Ce n’était pas sorcier mais quand même bizarre », faim du loup et du chasseur confondus « Petit bois pour pieds grand bottés Cours belette Chasseur se tient à la fenêtre Tient loup en son collimateur et petit pot de beurre ». Berceuse, mélodie, brame, complainte, on passe allégrement du parlé au chanté. Louise Rieger compose une mère en état de grâce, Thomas Roy est un étonnant chasseur frimeur, rock star miteux. Antoine Chicaud, le loup, compte les points et attend son heure, rusé comme un singe, il faudrait tous les citer. Désir et danger, amour et haine, vie et mort, enfance et vieillesse Mathilde Modde relie tous ces thèmes pour une mise en scène digne des grands contes modernes. Etrange Nuit du chasseur, les chaperons ne se laissent plus traquer, les filles se défendent bec et ongles. C’est le retour du refoulé cher à papa Freud, la nature bafouée reprend ses droits, les chasseurs sachant chasser se font gibiers ; au fond des bois la riposte se prépare, les louves aux crocs d’acier ont envahi la nuit. Ne ratez pas le très beau travail de la compagnie Chamarre  et découvrez la plume magnifique de Claudine Galea !       © Christophe Raynaud de Lage   Au bois texte de Claudine Galea Mise en scène : Mathilde Modde Son : Joan Cunha Lumière : Clara Coll-Bigot Avec : Anne Budde, Antoine Chicaud, Mélisande Dorvault en alternance avec Louisa Chas, Louise Rieger, Thomas Roy   Durée : 1h 15 Du 5 au 9 avril à 21h Lavoir Moderne Parisien 35 rue Antoine Léon 75018 Paris, le dimanche à 17h   Tournée en cours d’organisation Réservation : 0146060805 Lavoirmoderne.com Au bois de Claudine Galea est publié aux éditions Espaces 34  Read More →
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Zypher Z, conception Louis Arene, Kevin Keiss et Lionel Lingelser, au Théâtre Public de Montreuil
  © Jean-Louis Fernandez   ff article de Denis Sanglard   Zypher est un humain dans une société où les animaux ont pris le pouvoir. L’espèce humaine en voie de disparition est désormais utilisée à des tâches subalternes. Employé au côté de robots-esclaves chargés d’exécuter les tâches domestique dans une entreprise de sondage dirigée par un éléphante tyrannique, méprisé et harcelé par le personnel, Zypher voit son existence prendre un tour déconcertant et tragique le jour où son corps subissant d’inquiétantes mutations donne naissance à son double, Z. Un bouleversement soudain où cet autre, ce double va prendre le pouvoir sur lui-même et l’entreprise avant que de vouloir conquérir la société. Cependant qu’un autre mystère a lieu, l’énigmatique disparition des robots-esclaves. C’est un conte noir, une dystopie rétro-futuriste, conçu par le Munstrum Théâtre, un domaine rarement exploré au théâtre ou qui n’échappe pas au cliché du genre. Belle exception ici pour une méditation poétique sur notre monstruosité, celle que nous portons en nous. L’homme et son double. Et comme toujours avec cette compagnie singulière, c’est un imagier d’une folle inventivité, qui vous surprend toujours par cette imagination totalement débridée, cet imaginaire à nul autre pareil, son esthétique radicale et poétique. Louis Arene, Kevin Keiss et Lionel Lingelser sont encore une fois à la manœuvre pour la création d’un monde hallucinant, baroque et futuriste, d’une invention plastique débridée comme toujours exceptionnelle, détonante. Tout concoure à cet univers kafkaïen en diable. Scénographie, masques, marionnettes, accessoires, effets spéciaux, travail sur le corps… Personnages décalés, hors-normes, dans un monde décalé, sans norme. Un théâtre de la métamorphose pour illustration hallucinée de la métaphore d’un monde en mutation profonde. Il fallait bien ça ici pour l’exploration sensible de l’âme humaine dans ce qu’elle peut avoir de borderline et de fragile. L’inconscient dans sa toute-puissance incontrôlée. Si on peut juste regretter quelques longueurs, péché véniel s’expliquant sans doute par cette envie, sinon la joie sans doute d’aller jusqu’au bout d’une idée, d’en explorer toutes les facettes et possibles, jusqu’à son épuisement, on est chaque fois frappé de ce qui advient sur le plateau, son inattendu où le rire et l’effroi s’entrechoquent dans un même élan. La naissance de Z, fascinante par sa conception. Le cabaret des Robots-domestiques, hilarant (avec une Marguerite Duras androïde) … et un final, dont ils se font une spécialité, plastiquement proche du butô dans son dépouillement, sa matière et cet aspect organique brut, tout à la fois terrifiant et d’une beauté crépusculaire. C’est dans le cadre d’une carte blanche, « Quartier d’artistes», invité par le Théâtre Public de Montreuil, que l’occasion est donné de découvrir, ou redécouvrir, le Munstrum Théâtre. Œuvres de leur répertoire, exposition, rencontres, une nuit de fête, projection, rencontre avec d’autres artistes… Du 14 au 22 avril, reprise de Les possédés d’Illfurth http://unfauteuilpourlorchestre.com/les-possedes-dillfurth-texte-de-yann-verburgh-en-collaboration-avec-lionel-lingelser-mise-en-scene-et-interpretation-de-lionel-lingelser-au-theatre-sylvia-montfort/ Du 27 au 30 avril, reprise de Clownstrum http://unfauteuilpourlorchestre.com/clowstrum-conception-et-interpretation-louis-arene-sophie-botte-et-delphine-cottu-lycee-jacques-decour-festival-paris-lete/   © jean-Louis Fernandez   Zypher Z , conception Louis Arene, Kevin Keiss, Lionel Lingelser Mise en scène : Louis Arene Texte : Louis Arene et Kevin Keiss Avec Louis Arene, Sophie Botte, Delphine Cottu, Alexandre Ethève, Lionel Lingelser, Erwan Tarlet, et la voix de Judith Chemla Scénographie : Mathieu Lorry Dupuy et Louis Arene Création lumière : Jérémie Papin et Victor Arancio Création plastique, marionnettes : Carole Allemand, Louise Digard, Sébastien Puech Création costumes : Colombe Lauriot-Prévost, assistée d’Eloïse Pons Création sonore : Jean Thévenin, en collaboration avec Ludovic Enderlen Masques : Louis Arene, Louise Digard, Carole Allemand Chorégraphie : Yotam Peled Effets de matière : Erwan Tarlet Assistanat à la mise en scène : Maëliss le Bricon Régie générale et régie plateau & construction : Valentin Paul Régie lumière : Victor Arancio Accessoire et régie son : Ludovic Enderlen Habillage : Audrey Walbott Stagiaire marionnettes : Ninon Larroque   Du 4 au 12 avril 2023 Du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h Relâche le dimanche   Théâtre Public de Montreuil 10 place Jean-Jaurès 93000 Montreuil   Réservations : 01 48 70 48 90 www.theatrepublicmontreui.com          Read More →
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Petits contes de la solitude, texte et mise en scène de Julie Macqueron, Les Déchargeurs, Paris
  © Julien Cheminade   ƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette De grands panneaux de verre, rectangulaires, vont et viennent. On peut facilement deviner derrière celles et ceux qui vont nous entraîner dans ces histoires, ces Petits contes de la Solitude, où l’amour, la solitude donc, les tentatives d’aller bien, ou mieux tout au plus, en utilisant même de très étranges et trop parfaites machine menaçantes. Trois femmes, deux hommes, vrais ou non, en forme ou pas, s’apprêtent à se lancer dans un fouillis d’histoires complexes, souhaitant nous montrer que dans le – ou les – siècle(s) prochain(s), tout risque d’être un brin compliqué, pour ne pas dire difficile. On se fait « piquer », assassiner en d’autres termes, à cinquante ans parce qu’ensuite on ne sert plus à rien sauf à coûter de l’argent. Rien n’existe plus que le travail, beau et propre, tout ce qui tente de s’enfuir de cet univers est au mieux très mal vu, au pire anéanti. Les robots top-model existent, hélas, et rapidement gagnent, envahissent un faux combat qu’ils ont écrit. Petits contes de la Solitude, tente de nous montrer combien la vie peut être belle et forte si l’on si attache un peu, sans se laisser trop faire, si on se défend, si on fait attention à soi et à l’autre. Il faut donner, oui, sans en prendre trop en plein figure. Le temps passe et s’emmêle. On a presque envie d’appuyer sur un bouton Off tant tout ce qu’on a en face de nous ne nous pousse pas à ricaner, sautiller, réfléchir. Ici ou là on se laisse toucher, emporter. Sagement. Le reste du temps on tâche d’être secoué, emporté, remué mais rien ne vient vraiment. Le futur décrit dans ces Petits contes de la Solitude donnerait davantage envie d’aller se coucher.     © Julien Cheminade   Petits contes de la solitude, de Julie Macqueron Texte et mise en scène : Julie Macqueron Lumières, décors : Corto Trémorin Musiques et sons : Manon Basille, Timothée Langlois, Vincent Mignault, Théo Mn Avec : Julien Cheminade, Sarah Cotten, Victoire Cubié, Charles Dunnet, Héloïse Lacroix   Du 2 au 25 avril 2023, du dimanche au mardi à 21 h Durée : 1h40   Le 12 et 13 mai 2023, Festival aux Alentours, L’étoile du Nord, 75018 Paris   Les Déchargeurs 3 rue des déchargeurs 75001 Paris www.lesdechargeurs.fr      Read More →
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