Homo Idiome, performance de Fanny Adler et Vincent Madame, au MAC VAL, Festival Jerk Off
© Véronique Hubert   ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot Je me suis fait prendre. Au dépourvu. L’effet de surprise était saillant. Debout, Fanny Adler et Vincent Madame devant des micros sur pied débitent à tour de rôle, sur fond de techno que Vincent Madame gère depuis un ordi à portée de main, des petites annonces à caractère sexuel. Le corpus (jamais ce terme ne m’aura semblé plus approprié) des textes turgescents est tiré des premiers Gai Pied de l’année 1979 et d’autres magazines homos et lesbiens de la même période. Homo Idiome surprend d’autant plus le novice que ces textes homoérotiques, haïkus de fantasme XXL, sont psalmodiés à la manière d’un texte religieux et amplifiés avec un léger effet cathédrale. Quand on sait que nos deux performers réalisèrent cet oratorio en 2012, soit un peu moins d’un an avant la promulgation de la loi du mariage pour tous, avec tout le cortège rance et homophobe qui l’avait précédée, on se dit que ce choix stylistique était aussi particulièrement politique et provocateur. Assister à cette performance quelque dix ans plus tard ne la rend pas moins aigüe ni savoureuse ou émouvante par ce qu’elle dévoile d’une histoire déjà passée, mais toute proche. Comme si un peuple d’âme mortes, longtemps refoulé dans l’histoire nationale, émergeait de cette fresque vocale, de ce poème en prose qui fait rimer les slips et les sexes. Tout est désir, tout n’est qu’attente, comme si après des années lumières ces voix inaudibles nous parvenaient enfin. Vincent Madame a des intonations de Dominique A, et Fanny Adler se rapproche de Françoise Hardy, c’est dire leur élégance à cet office. Le grand écart entre la teneur érotique et sexuelle des textes, fantasmatique absolue, et la tenue droite et correcte de nos deux prédicateurs est à l’aune de celui qui relie cochoncetés et élocution éthérée. L’habit ne fait pas le moine, certes, mais cet habillage pieux en voix montant au ciel pour annoncer grand et fort les désirs les plus inavouables en société effectue bien sa fonction d’inversion symbolique, et exauce cette poésie vernaculaire (dont une réédition est absolument nécessaire) en indépassable bréviaire de la religion du cul. Homo Idiome donne voix au chapitre à ceux qui non seulement étaient invisibilisés, mais dont les désirs devaient être tus sous peine de poursuite pénale. Si le crime de sodomie disparaît du code pénal dès 1791, les homosexuels sont condamnés pour le motif d’outrage aux bonnes mœurs jusqu’en 1982. Homo Idiome effectue cette réparation symbolique en outrageant avec un malin plaisir les suce dites bonnes mœurs. Grand et soudain débondement de tout ce qui avait été trop longtemps retenu, ces publications pionnières dans le Gai Pied ont la candeur et la fureur des premières éjaculations nocturnes. Les petites annonces se font annonciation, car les mots précèdent toujours les êtres et leur apparition (et l’on veut bien volontiers faire ici référence à un livre religieux) : ces petites annonces ainsi proférées mettent en perspective cette formation du sujet, ici sexuel, par la mise en scène et en branle des mots. Cette construction de représentations, qu’Homo Idiome rend éminemment palpable  (courrez voir l’exposition Over the rainbow, une autre histoire des sexualités au Centre Pompidou), rappelle aussi comment elles consistent en des réductions, condensations à quelques mots qui forment leur cosmogonie du sexe, propre à chaque époque: macho motard jean cuir… en ces années-là… Ces mots isolés, comptés, racontent l’esseulement, mais grâce à Fanny Adler et Vincent Madame, leurs solitudes se mettent à former un chœur, créent une communauté. Dans la caresse des voix, comme autant de corps frôlés dans l’obscurité d’une backroom, dans la réverbération des mots, répétant le besoin, suintant le désir, Homo Idiome offre avec ses petites annonces, qui sont autant de prières oubliées, à entendre d’autres vies que la mienne, à égalité des nôtres.   © Véronique Hubert     Homo Idiome, performance de Fanny Adler et Vincent Madame Durée : 30 minutes Vu le jeudi 14 septembre 2023 à 20h MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne Place de la Libération 94400 Vitry-sur-Seine Réservations : 01 43 91 64 20 https://www.macval.fr/   Dans le cadre du Festival Jerk Off      Read More →
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  © Ange-Gael Malan fff article de Denis Sanglard  Il y a Christelle, dite Gros Camion pour ses formes généreuses et imposantes et sa gouaille cash. Il y Anoura surnommée La chinoise pimentée pour la rapidité de ses mouvements et ses sauts acrobatiques vertigineux. Toutes deux sont ivoiriennes, ont grandi dans le quartier populaire de Derrière Rail à Abobo, au nord d’Abidjan. Avec pour armes redoutables et s’imposer, la danse et précisément le coupé-décalé et son dérivé le roukasskass. Là sur ce plateau, elles font le show, formidableet dynamique performance survitaminée. Christelle, plus diserte, et Anoura se racontent, chantent et dansent, décrivent leur quartier. Artiste hors-normes, loin des canons, clichés et stéréotypes, d’une énergie de dingue, ont la langue affutée et le corps aiguisé qui en impose par leur forte présence. Un corps manifeste pour Gros Camion, qu’elle assume avec aplomb et exhibe avec un humour tranchant, le proposant même à la vente et à la découpe, se foutant bravache de ce que l’on peut en dire, parce que ce surpoids doublé de son talent indéniable fait d’elle une reine absolue dans son quartier. Tandis que La chinoise pimentée, athlétique, s’impose par ses sauts acrobatiques et une vitesse d’exécution dans le mouvement qui en remontre aux hommes plus enclin à rejeter les danseuses en arrière-plan à rouler simplement du bassin. La danse ici est un vrai sport de combat et d’émancipation. Qui raconte aussi combien leur situation n’est pas si simple, voire franchement injuste. Combien de danseuses sont exploitées par les musiciens qui souvent ne les paient pas lors de leur prestation dans des clips, leur promettent une carrière qui n’aura de fait jamais lieu. Danseuses dont le talent non reconnu, dénié, s’évaporeront comme peut s’évaporer le pétrole. Christelle Ehoué et Anoura Aya Larissa Labarest, sous la houlette attentive et volontaire de Nadia Beugré, sont un formidable pied-de-nez, certes fragile, à cet avenir incertain. La chorégraphe et danseuse Nadia Beugré avec ces deux performeuses culotées dynamite joyeusement les codes de la représentations, le plateau devenu un formidable espace de liberté et d’expression sans contrainte apparente. Ce qui pourrait paraître pour un joyeux foutoir est en fait d’une grande maîtrise. Il règne sur le plateau une liberté frondeuse qui explose le cadre de la scène et déborde jusque dans le public interpellé dûment. Pétrissant une pâte à pain au long de cette performance et dont elles font une sculpture mouvante et organique qui participe au récit par ses métamorphoses, comme autant d’illustrations et d’expressions imagées. Qu’elles s’en revêtissent pour un surréaliste défilé de sapeurs, remontant aux sources du coupé-décalé et s’appropriant ainsi et les retournant avec insolence les codes de la masculinité, mais pouvant aussi évoquer aussi bien les Ball Room de la communauté noire LGBTQ+ exprimant là le sentiment d’une même marginalité dans leur condition et une même vulnérabilité, où qu’elles la morcellent, la roulent, la mettent en boule, s’y lovent, la projettent sur les murs, il y a sous-jacent, toujours dans ce contact singulier avec cette matière sensuelle et malléable ce rapport au corps hors-norme que l’on sculpte de même à sa façon et impose comme un moyen de lutte et d’émancipation, d’affirmation de soi sans concession.   © Ange-Gael Malan   Femmes-Pétroles, direction artistiques Nadia Beugré Assistant à la direction artistique : Christian Romain Kossa Avec Anoura Aya Larissa Labarest et Christelle Ehoué   Du 19 au 24 septembre 2023 Du mardi au jeudi à 20h, vendredi 21h, dimanche 15h, relâche sam.   Théâtre de la Ville / Espace Cardin 1 avenue Gabriel 75008 Paris Réservations : www.theatredelaville-paris.com      Read More →
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Le Repas des Fauves, de Vahé Katcha, mis en scène par Julien Sibre, au Théâtre Hébertot
    © DR ƒƒ article de Hoël Le Corre La pièce aux 3 Molières 2011 (Meilleur spectacle du théâtre privé, Meilleure mise en scène, Meilleure adaptation) et aux 700 représentations ouvre la rentrée du Théâtre Hébertot avec son ton léger sur fond de sujet grave.  Nous sommes en 1942, à Paris, sous l’occupation allemande, et si les uns la déplorent, d’autres s’en servent pour faire fortune ; en réalité la plupart tentent de s’en accomoder tant bien que mal. On retrouve les trois attitudes chez les invités de cette soirée bourgeoise en l’honneur du trentième anniversaire de Sophie à qui les plus modestes offrent une paire de bas ou un savon, tandis qu’André, flirtant avec la collaboration, arrive les mains chargés de bouteilles de champagne, pâtés et autres tablettes de chocolat. La soirée se passe dans la joie malgré le contexte, et les sept amis, quoiqu’en désaccord sur la façon dont se comporter face à l’occupant, discutent avec allégresse tant qu’on ne parle pas de politique. On danse, on s’émerveile devant une caméra, on salive sur le repas à venir… Quand soudain, des coups de feu résonnent au dehors : deux allemands sont abattus en pleine rue, en bas de l’immeuble. La Gestapo ne tarde pas à débarquer dans les appartements, et ce qui va faire basculer la soirée arrive : un officier allemand annonce aux convives qu’il embarquera deux otages parmi eux, en guise de représailles. Mais, comble de la « clémence » (ou de la cruauté), il leur laisse le choix de désigner eux-mêmes ces deux otages… On bascule alors dans un huis clos plein de suspens et de retournements… Le rare courage des uns navigue face à la peur des autres, et les arguments rationnels s’échouent sur des rives de mauvaise foi. La soirée tourne au cauchemar, et les amis se retrouvent adversaires pour leur survie. L’individualisme, voire l’égoïsme l’emportent. La réussite de la pièce tient alors, bien sûr dans la mise en scène de cette tension, mais aussi dans des dialogues qui fusent et oscillent entre drame et teinte d’humour. Les comédiens sont justes de bout en bout, et dessinent de personnages nuancés et crédibles. Quant au réalisme de la pièce, il est contrebalancé par des images animées projetées, pour évoquer l’extérieur. Dans des traits à la Persepolis, l’esthétisme nous surprend, et on pourrait parfois s’interroger sur la pertinence de ces passages. On aurait préféré que la tension et la gravité de la situation restent portées par les personnages, cela aurait suffit tant on assiste à cette pièce comme on regarde un thriller.   © DR   Le Repas des Fauves, de Vahé Katcha  Adaptation et mise en scène : Julien Sibre Avec : Thierry Frémont, Cyril Aubin, Olivier Bouana, Stéphanie Caillol, Sébastien Desjours, Benjamin Egner, Jochen Hägele, Stéphanie Hédin, Jérémy Prevost, Julien Sibre, Barbara Tissier, Alexis Victor Création lumières : Jean François Domingues Scénographie : Camille Duchemin Réalisation graphique : Cyril Drouin Costumes : Mélisande de Serres Musique originale : Jérôme Hédin   A partir du 14 septembre 2023 Du mercredi au samedi à 21h, les samedis à 16h et les dimanches à 15h Durée : 1h45   Théâtre Hébertot 78 bis bd des Batignolles 75017 Paris Réservation : 01 43 87 23 23  Read More →
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Eurêka, c’est presque le titre, performance de Marie-Caroline Hominal, au MAC VAL, Vitry-sur-Seine, dans le cadre du Festival Jerk Off
  © Matthias Willi   ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot Dans le silence du musée, le fracas d’un heurt en saccade. Couturant le vide et le lointain, comme des points rapprochés, cadencés. Clapotis de sabots. Le vide se fait surface de projection, l’événement même mineur, parce que mineur, l’électrise. D’un tréteau Marie-Caroline Hominal fait sa monture, qu’elle chevauche pour pénétrer l’espace. D’un théâtre de tréteau Marie-Caroline Hominal ouvre sa performance. C’est peu et c’est puissant, c’est le propre d’un art poétique. Répondant à une commande du Musée Tinguely, la chorégraphe et danseuse suisse incorpore dans sa scénographie des éléments évocateurs des œuvres du célèbre sculpteur, notamment ces deux disques : l’un doré comme un soleil, posé verticalement, en périphérie de l’autre, argenté comme une lune, créant au sol une scène circulaire. Mais c’est bien plus encore la machine, au cœur du travail de Tinguely, qui structure le sous-bassement de la performance : les séquences s’enchainent comme des éléments indépendants s’emboitant les uns dans les autres et faisant rouage ainsi dans la fabrique de la représentation féminine, passant d’une figure à l’autre, de la vierge chevauchant (Marie en sa fuite en Égypte ou pucelle d’Orléans en sa bataille à livrer) à la sorcière sur son balais. Cinétique du visible et de l’invisible, Eurêka, c’est presque le titre étonne par sa labilité toute en simplicité, la liquidité des formes se succédant. Ce cabaret miniature est un précieux livre d’heures saisissant et enluminant en quelques traits l’essence d’une figure ou d’un moment, quelque danse, quelque souvenir mondain, quelque rêve avec John Cage, sans hiérarchie aucune, offrant à chaque partie un même poids dramaturgique comme le gage d’une plus grande mobilité entre chaque pièce à l’instar des suspensions de Tinguely, se reflétant les unes dans les autres. Reine de la nuit, tigresse, magicienne, à travers cette performance et cette fantaisie, c’est enfin une sorte d’autoportrait de l’artiste qui se révèle devant nous, les séquences agissant comme autant de filtres affectant sa figure mais faisant également apparaître ce qui persiste d’une image à l’autre. Une image fantôme. Marie-Caroline Hominal a le geste souverain, elle s’écrit dans la vibration de l’instant, une invisible nervosité magnétisant l’espace alentour. Alors que le musée Capodimonte de Naples s’expose actuellement au Louvre, on peut y découvrir un Portrait de jeune fille du peintre Francesco Mazzola dit Le Parmesan : Marie-Caroline Hominal, par sa sophistication épurée, par sa présence transparente et pleine à la fois, se laissant traverser et faisant écran d’un même regard, irradie la même force énigmatique et enchanteresse que la jeune fille peinte par Le Parmesan. Elle trouble comme l’on dirait d’une eau où finalement les évidences se dissolvent.   © Attila Gaspard     Eurêka, c’est presque le titre, concept, chorégraphie, scénographie, et performance de Marie-Caroline Hominal, Durée : 30 minutes Le jeudi 14 septembre 2023 à 20h   MAC VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne Place de la Libération 94400 Vitry-sur-Seine Tél : 01 43 91 64 20 https://www.macval.fr/   Dans le cadre du Festival Jerk Off      Read More →
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One Song – Histoire(s) du Théâtre IV de Miet Warlop, au Théâtre du Rond-Point, Paris, dans le cadre du Festival d’Automne
  © Michiel Devijver ƒƒƒ article de Nicolas Thevenot L’incongruité pourrait bien être la mère de toutes les révolutions esthétiques. Cette façon sans façon de rebattre les cartes du style et des genres empiète ici bien au-delà du pré carré artistique. Issue d’une commande du metteur en scène Milo Rau, en tant que volume IV de cette Histoire(s) du Théâtre qu’il a produit à travers le NTGent, la proposition de Miet Warlop arrime en effet le sport à la musique, et par cette performance physique joue de la plasticité des arts. Une estrade, cinq supporters, une majorette à moustache, une commentatrice, cinq musiciens sportifs, et une chanson, battue en boucle, à tue-tête, chanteur courant sur son tapis roulant, violoniste gymnaste s’équilibrant sur sa poutre tout en donnant ses coups d’archet, contrebassiste allongé contractant ses abdominaux à chaque pincement de note, claviériste sautant en hauteur pour atteindre les touches de son synthé, enfin batteur courant et percutant d’un fût de batterie à l’autre. L’art est aussi une affaire de muscles, et l’on se remémore Artaud et son athlétisme affectif. L’ingrédient physique importe, indéniablement, une énergie organique, vitale, que revendiquait le poète, intimement liée au souffle qui anime (anima) les corps. Pulsation qui active le refrain originaire et universel rythmant, structurant, toute œuvre humaine. Cet à bout de souffle, qui est un jusqu’au boutisme frisant la tétanie musculaire, projette, telle une nouvelle vague, la performance artistique dans la dynamique et l’expérience rituelles : One Song est avant tout une transe joyeuse et jouissive qui nous enlève et nous élève. Pareil à une sculpture surréaliste, One Song assemble l’hétérogène : l’engagement sportif et l’acte artistique. Mariage de la carpe et du lapin à l’instar de cette baguette parisienne en guise de coiffe sur un buste féminin de Dali. Incorporation de l’incorporel : idée et matière. C’est probablement ce collage de deux champs a priori étrangers qui travaille au plus profond notre réception dans un effet de sidération garanti. Et crée un irrémédiable et paradoxal hiatus puisque le théâtre est d’abord affaire de conventions, mise en scène du faux, le spectacle de Miet Warlop n’y faisant pas défaut, alors que le sport est au contraire épreuve de vérité, les corps dans leur effort physique ne pouvant tromper : One Song s’acharne à mêler deux matières non miscibles, comme l’eau et l’huile, et c’est dans cette folle tentative que la forme spectaculaire, aux allures de paysage mouvant, dégage sa troublante mélancolie. La fin d’un monde affleure. Le chant se muera passagèrement en sonorité diphonique telle une prière mortuaire, majorette métamorphosé.e en esprit vaudou. Il y a de l’abandon dans cette agitation de signes coupés de leur contexte originel, trans plantés. Et la commentatrice, dont seul un borborygme incompréhensible nous parvient à travers un haut-parleur, de rire. Son fou rire comme le rire d’une folie nous étreignant, secouant nos côtes comme un canard courant en tous sens, tête coupée. L’énergie du désespoir ?   © Michiel Devijver   One Song – Histoire (s) du Théâtre IV, texte, conception et mise en scène : Miet Warlop Avec : Simon Beeckaert, Stanislas Bruynseels, Rint Dens (†), Judith Engelen, Elisabeth Klinck, Marius Lefever, Willem Lenaerts, Luka Mariën, Milan Schudel, Melvin Slabbinck, Joppe Tanghe, Karin Tanghe, Wietse Tanghe, Flora Van Canneyt Musique : Maarten Van Cauwenberghe, et l’ensemble du groupe Regard extérieur : Jeroen Olyslaegers Costumes : Carol Piron , Filles à Papa Dramaturgie : Giacomo Bisordi , Kaatje De Geest Durée : 1 heure   Du 12 septembre au 1er octobre 2023 Du mardi au vendredi à 19h, samedi 18h, dimanche 17h, relâche les lundis et les 14, 19, 22, 26 et 29 septembre   Théâtre du Rond-Point 2bis av Franklin D. Roosevelt 75008 Paris Tél :01 44 95 98 00 https://www.theatredurondpoint.fr Dans le cadre du Festival d’Automne   En tournée en France : 19 et 20 mars 2024 Le Lieu Unique / Nantes   27 — 29 mars 2024 Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine   25 et 26 janvier 2024 Point Communs – Nouvelle Scène / Cergy-Pontoise    Read More →
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Foutoir Céleste, par le Cirque Exalté, mis en scène par Sara Desprez, au Village de Cirque #19
  © Romain Chartier   ƒƒƒ article de Hoël Le Corre Chez les Amérindiens, le Coyote est le Dieu qui vient « foutre le bordel dans nos vies », pour nous rapprocher de ce qui nous meut. Parfois il vient juste nous chatouiller légèrement, parfois il est brutal. on n’a pas envie de voir le Coyote, on l’ignore, on ne veut pas, surtout pas, le regarder dans les yeux. Mais lui, il ne lâche pas le morceau, il disparaît, il revient à la charge. Mais il est surtout ce qui vient nous titiller pour nous pousser au-delà de notre zone de confort. En un mot, il met le Foutoir dans nos vies, pour nous mener vers le Céleste. Et ce soir, nous sommes conviés à une soirée en son honneur. Entre rite, fête et transe, les sept circassiens s’offrent à ce rituel joyeux où les individualités sont aussi mises en valeur que le groupe.  En effet, les tableaux collectifs, virelotants et jubilatoires, chorégraphiés à sept corps connectés, succèdent aux solos où le risque est omniprésent ; que ce soit avec le jonglage ou le trapèze, les corps sont engagés à l’extrême et le public retient son souffle avant d’applaudir à tout rompre. Au cours du rituel, chacun se retrouve tour à tour face au coyote, dans une danse de séduction-répulsion, tantôt sensuelle, tantôt menaçante. Les regards sont intenses, la peau de l’humain frôle la fourrure du coyote, et on ne sait qui de l’un envoûte le plus l’autre. Ni qui invitera l’autre dans son monde… A l’inverse des humains, ancrés dans le sol, ou virevoltants dans les airs, notre Dieu Coyote est ici à vélo et ne posera jamais le pied par terre, ce qui donnera lieu à des acrobaties cyclistes impressionnantes ! Le Cirque Exalté fait, avec ce Foutoir Céleste, particulièrement honneur à son nom en nous offrant une performance jubilatoire, haletante et généreuse, avec pour paroxysme des tous de pistes collectifs totalement déjantés et euphorisants. On en ressort gonflés d’énergie, le cœur battant et l’image d’une enfant lançant sa peluche en l’air à la sortie du spectacle résume à elle seule ce à quoi elle venait d’assister !…   © Romain Chartier   Foutoir Céleste, par le Cirque Exalté Mise en scène : Sara Desprez Ecriture : Sara Desprez et Angelos Matsakis Avec : Jonathan Charlet, Sara Desprez, Maria Paz Marciano, Matthieu Bonnecuelle, Angelos Matsakis, Maria Jesus Penjean Puig Marin Garnier Regards extérieurs : Brams Dobbelaere (en piste), Stéphanie Gaillard (chorégraphie), Marie Molliens (dramaturgie) Composition musicale : David Maillard et Romain Dubois   Du 15 au 24 septembre 2023 Vendredi à 20h30 Samedi à 19h30 Dimanche à 16h30 Durée : 1h   Village de Cirque Pelouse de Reuilly 75012 Paris Réservations Par téléphone : 01 46 22 33 71 www.2r2c.coop      Read More →
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Le Beau Monde, une création collective d’Arthur Amard, Rémi Fortin, Blanche Ripoche et Simon Gauchet sur une idée originale de Rémi Fortin, au Centquatre
     © Christophe Raynaud de Lage    ƒƒƒ article de Hoël Le Corre Un sol parsemé de pierres blanches, un gradin en bois en arc de cercle et sans aucun artifice de lumières : nous voici conviés à un rituel convoquant les gestes et les habitudes d’un passé lointain que la mémoire tente de conserver… Dans la « reconstitution parfaite d’un lieu typique du début du XXIe siècle, un endroit disparu « aujourd’hui » où les gens se réunissaient pour s’endormir ensemble en écoutant des histoires » (premiers rires), trois protagonistes charismatiques au possible nous invitent à cet évènement qui se tient tous les 60 ans pour perpétuer ces souvenirs de ce que fut le XXIe siècle. La magie opère, le public se prend au jeu dès le début, et nous entrons dans ce futur pour suivre avec attention, empathie, curiosité et amusement ces trois passeurs de mémoire. Pour commencer, ils nous rappellent que sur les 427 « fragments » de cette mémoire orale, il n’en reste désormais plus que 47 et qu’il est primordial donc de les préserver et de les partager. Ce qu’ils vont faire devant nos yeux, avec minutie, concentration et une charmante naïveté. C’est que ces trois-là ne connaissent rien de notre monde, ils n’en sont que les dépositaires, alors ils s’appliquent au mieux à reproduire ce qui fait le sel de notre civilisation contemporaine. Ils se lancent dans une succession de scènes rythmées, parfois cocasses, souvent émouvantes, et toujours pertinentes. Tout y passe, ou presque : des rites sociaux tels que la séduction ou le vote à bulletin secret, à la définition de la blague, la reproduction des mouvements du « foot balle » jusqu’à la fragmentation du temps en heures, minutes, secondes. Une vrai réussite qui titille notre imagination et on en vient nous-mêmes à inventer les fragments manquants. Pour eux, tout semble assez énigmatique, et même s’ils appliquent à la lettre le discours, les gestes, les mimiques, le rendu est parfois bien loin de la réalité. Quant aux métaphores, elles s’avèrent au contraire toujours très perspicaces. Nos habitudes les plus triviales deviennent des saynètes chorégraphiées décalées et drôles quand nos grimaces émotionnelles prennent la forme de véritables poèmes. C’est savoureux ! Cela pourrait s’apparenter à du documentaire, à ceci près que la fantaisie qu’appelle la distanciation nous invite à regarder le présent avec un œil différent. Nous apparait ainsi certaines absurdités, mais aussi les choses essentielles de nos vies. On est subjugué et complètement embarqué par ce portrait en creux et tout en tendresse de notre présent. A ne surtout pas rater, pour que les fantômes du présent reprennent vie et se rappeler que notre monde est beau !   Le Beau Monde, une création collective d’Arthur Amard, Rémi Fortin, Blanche Ripoche et Simon Gauchet, sur une idée originale de Rémi Fortin Avec : Arthur Amard, Rémi Fortin, Blanche Ripoche Regard extérieur et scénographie : Simon Gauchet Assistanat à la mise en scène : Thaïs Salmon-Goulet Musique : Arthur Amard Accompagnement technique et régie générale : Michel Bertrand Construction du gradin : Guénolé Jézéquel Céramiste : Elize Ducange Regard costumes : Léa Gadbois-Lamer Administration – production Bureau Hectores – Grégoire le Divelec Du 12 au 23 septembre 2023 Du mardi au samedi à 20h Dimanche à 17h Durée : 1h15 Le 104 5 rue Curial 75019 Paris Réservations : 01 53 35 50 00 billetterie@104.fr          Read More →
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Les Doubles vies de Sarah Bernhardt d’Isabelle Sprung et Pascale Liévyn, au Guichet Montparnasse
  © Bernard Bourdeau     ? article de Bertrand Pionce   Si vraiment la nostalgie de l’expérience avignonnaise vous prend, n’hésitez pas, en ces soirs de canicule insondable, à aller faire un tour du côté de Montparnasse, et de son Guichet (qui, en dépit de son nom, vend des places de théâtre, et non des billets de train – notez, on n’a pas demandé pour les billets, peut-être que, sur un malentendu, il y a des vieux Paris-Bordeaux à prendre). Comme dans les endroits les plus redoutables du festival Off, en effet, il faut attendre, dehors, que le spectacle précédent soit terminé, démonté (par les pauvres mains des comédiens et comédiennes qui y jouent, épuisés par leur représentation), pour pouvoir espérer prendre ses places, et enfin rentrer (sur le coup de 20 h 40, spectacle annoncé à 20 h 30, inutile d’arriver en avance, prévoyez chapeau et éventail, on se croirait rue des Teinturiers, mais il n’y a pas de Pac à l’eau dans le coin). La guichetière du dit Guichet est aimable et souriante, ce qui console un peu des démêlés avec l’ouvreur atrabilaire, l’équipe de production légitimement stressée, et la foule bigarrée, tripoteuse, suante et énervée qui, placement libre oblige, s’imagine que la vie dépend d’un strapontin bien placé – notez que la foule n’a pas tort : entrée presque en dernier, on n’a quasiment rien vu du spectacle d’autant que (si, si si) une dame a gardé son chapeau pendant la représentation (n’hésitez pas à aller lire les articles de Jean-Claude Yon sur les chapeaux au spectacle, au XIXe siècle dans les théâtres ; savez-vous que c’était un problème de police ? – il faut toujours se cultiver, et qu’au moins cet article serve à cela). Où en étions-nous ? Ah, oui, il s’agissait de voir Les Doubles vies de Sarah Bernhardt d’Isabelle Sprung et Pascale Liévyn. De ce qu’on l’en a vu, l’adaptation de la biographie de la « divine » est intelligente et fine. L’actrice incarne son personnage hors normes avec ce qu’il faut de folie et de cabotinage. La robe et le fauteuil (enfin, on croit bien qu’il y avait un fauteuil, et elle avait sûrement une robe, ou alors on s’est vraiment trompée de salle ; il y en a d’autres dans le quartier qui proposent des spectacles d’un autre genre) sont très bien choisis. Le peu de moyens du Guichet impose des contraintes techniques avec lesquelles la comédienne joue très bien : petits noirs pour faire les transitions (et le public applaudit comme si c’était un numéro de cirque), lumières joliment dosées pour les ambiances diverses que le spectacle veut créer. Le Guichet est en plein cœur d’un quartier animé, qui ce soir-là vibrait de l’ouverture de la Coupe du monde de rugby, et du premier match des Français. Un double spectacle se jouait donc, en audiovision pour le monde de l’ovalie, ce qui nous a permis de suivre les progrès du score en même temps que le raccourcissement de la jambe de la pauvre Sarah. (Notez, on se dit maintenant que les spectateurs et spectatrices qui jouaient des coudes pour rentrer en donnant des coups devaient sans doute « performer » une mêlée ; le chapeau dans la salle devait aussi nous faire rentrer dans le monde de Sarah- que c’était bien pensé !). Tout cela a donc été une heure de grande souffrance, pour tout le monde, certainement, et on ne peut que souligner que la comédienne, avec laquelle nous sommes en profonde empathie, a affronté cela avec un courage et un allant exceptionnels – « quand même », comme aurait dit Sarah. Elle a intégré au spectacle les beuglements rugbytatoires avec une componction et une adresse qui forcent l’admiration. D’une pièce sur Sarah, cela s’est transformé en courageux stand-up, le public, d’ailleurs, n’hésitant pas, parfois, à commenter et intervenir (c’est sans doute à cela qu’on voit qu’on vieillit ; on n’est plus dans le coup). En un mot comme en mille, on ne peut que souhaiter à ce spectacle, et à sa comédienne, vraiment follement douée et pleine de ressources, de continuer sa vie autrement, une fois l’équipe de France éliminée, et surtout ailleurs que dans un garage avignonnais. N.B. : la salle est climatisée.   © Bernard Bourdeau   Les Doubles vies de Sarah Bernhardt d’Isabelle Sprung et Pascale Liévyn Mise en scène : Pascale Liévyn Avec : Isabelle Sprung   Durée : 1 h   Du 8 septembre au 29 octobre, les vendredis et samedis à 20 h 30, le dimanche à 16 h 30   Le Guichet Montparnasse 15 Rue du Maine, 75014 Paris   Réservations : 01 43 27 88 61   www.guichetmontparnasse.com    Read More →
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Les Téméraires, de Julien Delpech et Alexandre Foulon, mis en scène par Charlotte Matzneff, à la Comédie Bastille
    © Grégoire Matzneff     ƒƒ article de Hoël Le Corre   1894, l’Affaire Dreyfus divise la France. Nous reviennent en tête souvenirs de cours d’histoire, sur ce capitaine accusé et déclaré coupable d’espionnage ; des souvenirs de dessin de presse d’époque ; et le souvenir, évidemment, d’un des articles de journaux les plus connus : le « J’accuse » d’Émile Zola… Et c’est cet Émile Zola, au sommet de son succès littéraires après la sortie de la Saga des Rougon Macquart, qui ouvre la pièce. On le retrouve en compagnie de sa maîtresse, enceinte, qu’il tente de cacher à son éditeur qui déboule sans crier gare. La pièce débute donc sur un ton léger, dans le genre vaudeville, et on prend de suite goût à ce rythme rapide, percutant et à cette dose d’humour qui donnera à la fois du relief à la pièce et de la chair et de l’humanité à cet auteur monumental et à tous les personnages qui dessinent ce début de siècle. Alors que le cas Dreyfus est en train de devenir une véritable « affaire », politique, médiatique, sociale, nous voyons comment Zola la suit de plus en plus près et se retrouve quasiment obligé de démentir les paroles antisémites de l’un de ses personnages qu’on lui prête sans souci de la fiction. Très vite, il devient clair pour l’écrivain que ses mots peuvent servir à autre chose qu’à ses romans, que l’intellectuel reconnu qu’il est peut servir la cause de Dreyfus, en dépit des craintes de son éditeur. En parallèle, nous est présenté un Méliès aussi avide de dénoncer la supercherie que Zola. Nous découvrons alors, car cela est assez peu connu, que le magicien-cinéaste, non content d’avoir réalisé le premier film « de plus de 10 minutes » a également, avec celui-ci présenté, le premier film censuré au monde ! Nous assistons au tournage savoureux de ce film sans vrais acteurs professionnels et aux trucages élémentaires. Le point commun entre ces deux-là ? Pour ces Téméraires, seule compte la Vérité. Et ils vont tout mettre en œuvre pour la faire émerger malgré la corruption, l’antisémitisme et le besoin de bouc-émissaire. Il leur en faudra du courage et de la conviction ! C’est criant de justesse, et d’actualité… Nous passons ainsi d’un tableau à l’autre, dans des transitions musicales rapides et efficaces, tenus en haleine par le suspens (alors même que nous connaissons le dénouement ultime de ce procès) et impressionnés par les changements de costumes et de rôles des sept comédiens qui interprètent une trentaine de personnages. Seul bémol, selon nous, pour une fin qui donne à la pièce un ton un peu plus mélo-dramatique et une longueur inutile. Il n’en reste pas moins que ce texte, à la fois documenté historiquement, riche en anecdotes et accessible à tous nous replonge parfaitement à cette époque où les intellectuels pouvaient vraiment faire basculer l’Histoire, où leur parole comptait, où leurs combats pouvaient durer plus que le temps d’un tourbillon de 140 caractères. Sans didactisme, mais grâce à un rythme soutenu et une énergie convaincue des acteurs, on en ressort aussi ému qu’en ayant appris pas mal de choses. Du théâtre populaire, divertissant comme on aime !     © Grégoire Matzneff   Les Téméraires, de Julien Delpech et Alexandre Foulon   Mis en scène : Charlotte Matzneff Avec Arnaud Allain, Stéphane Dauch, Armance Galpin, Romain Lagarde, Barbara Lamballais, Sandrine Seubille et Thibault Sommain Assistante mise en scène : Manoulia Jeanne Musique : Mehdi Bourayou Scénographie Antoine Milian Lumières : Moïse Hill Costumes : Corinne Rossi   À partir du 7 septembre 2023 Mercredi 19h, jeudi 21h, vendredi 19h, samedi 21h et dimanche 17h Relâche : vendredi 13 octobre 2023 Durée : 1h30   Comédie Bastille 5 rue Nicolas Appert 75011 Paris Réservations : 01 48 07 52 07 www.comedie-bastille.com      Read More →
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Ex-traits de femmes, d’après Molière, conception, interprétation et animation graphique d’Anne Kessler, Théâtre 14
  © Christophe Raynaud de Lage, collection Comédie-Française   ƒƒ article de Denis Sanglard Seule en scène, Anne Kessler interprète quelques personnages féminins du répertoire de Molière. Portraits en creux d’une condition de la femme corsetée par la domination masculine et le religieux. Louison, Agnès, Armande, Henriette, Arsinoé, Célimène, Célie, Elvire, Dorine, Madame Pernelle… de l’enfance à la maturité, c’est une vie traversée, quelques portraits qui n’en font au final qu’un, où chacune interroge son statut au sein d’une société où l’émancipation se heurte aux préjugés du siècle. Il y est question d’amour, aussi. Et de mariage. Anne Kessler, qui n’a jamais jusqu’alors interprété ces rôles, s’empare de ces personnages avec une juste sensibilité, une intelligence certaine. On sait combien cette comédienne en apparence si frêle a cette capacité singulière d’offrir à chacune de ses apparitions une présence faite de légèreté mêlée de gravité, voire de fragilité mais innervé d’une mystérieuse force souterraine et d’une douce folie qui lui donne son tempérament unique. Elle donne ici la mesure de son talent. Ce seule-en-scène dans sa conception originale est un instant où le rire le dispute au tragique. Tout Molière ou peu s’en faut est là, dans ces extraits choisis avec soin, qui en fit l’homme de son temps, contempteur d’une société inégalitaire où l’émancipation des femmes était un non-sujet pour les hommes. Ce que l’on entend ici, mise à nu par cette mise en scène édulcorée de toutes scories inutiles, c’est à la fois les préjugés dont elles sont victimes et cette volonté pour certaines de s’en défaire pour acquérir, au prix du ridicule parfois, une certaine liberté. Non, Molière n’était point misogyne, c’est toute la complexité et les contradictions du sexe féminin au prise aux préjugés qu’il détourait ainsi. Condensés dans ces quelques extraits choisis, cela saute aux yeux. Anne Kessler joue chacune, et chacun puisqu’elle n’omet jamais les répliques même masculines, avec une troublante vérité, sans jamais forcer le trait. Et l’on se dit qu’elle aurait été formidable en chacune d’elle, qu’elle le sera sans doute un jour. Elle ne théâtralise aucunement, il y a là, non sans humour, une part d’enfance où l’on joue avec quelques accessoires bricolés au si magique des histoires qu’on se raconte à soi-même, ou sur une scène improvisée devant quelques amis choisis. Une paire d’yeux barbouillée sur la paume de la main, et voilà Arnolphe interrogeant Agnès. D’un chapeau de paille faire un tas de sable et Henriette et Armande sont à la plage. Deux rubans de couleurs, une couleur à chaque poignet, voilà Arsinoé et Célimène en vis-à-vis. Et qu’importe alors si Flipote n’est qu’une vieille toque qui fait pouët sur la tête de madame Pernelle, c’est avec ce rien propice à l’imagination que le théâtre existe aussi. Et c’est ainsi qu’Anne Kessler crée une belle proximité, voire une complicité, avec son public. Un art de l’esquisse et du trait pertinent que l’on retrouve dans les dessins projetés, signés Anne Kessler, lesquels donnent corps joliment à ces femmes qui questionnent leur condition et qui dans l’amour et ses trahisons, son refus même, tentent de trouver réponse à leur condition.   © Christophe Raynaud de Lage, collection Comédie-Française     Ex-traits de femmes : conception, interprétation et animation graphique d’Anne Kessler, de la Comédie-Française D’après Molière Lumières : Eric Dumas Spectacle créé au Studio-Théâtre (Paris) en 2022   Du 19 au 30 septembre 2023 Mardi, mercredi et vendredi à 20h, jeudi à 19h Durée : 1h     Théâtre 14 20 avenue Marc Sangnier 75014 Paris T+ 01 45 45 49 77   Réservations : www.theatre14.fr      Read More →
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Quand je serai grand je serai Nana Mouskouri de David Lelait-Helo, adaptation et mise en scène de Virginie Lemoine, Studio Hébertot
    © Chantal Palazon   Article de Corinne François-Denève Il y a quelques mois, Chloé Olivères nous confiait que « quand elle serait grande, elle serait Patrick Swayze » (Théâtre des Béliers, Avignon, création 2022). Le modèle d’adulte visé par David Lelait-Hélo semble a priori moins évident. Son jeune héros, Milou, se fantasme en effet en Nana Mouskouri, la célèbre chanteuse franco-grecque au look incomparable – lunettes à grosse monture noire, chevelure brune et raide, rebiquant un peu sur les épaules. Le livre a eu un certain succès. Virginie Lemoine en a signé une adaptation pour les planches, ce qu’elle sait faire parfaitement, comme Le Bal ou Suite française l’avaient déjà amplement prouvé. C’est Didier Constant qui a la charge d’incarner Milou-Nana. Le spectacle, né en 2019, et stoppé en plein vol par la pandémie, renait trois ans plus tard de ses cendres, ce qui est toujours émouvant. Le projet est louable, et on comprend ce qui a pu attirer la toujours sensible et délicate Virginie Lemoine dans ce récit d’émancipation. Un petit garçon, coincé au fond de sa grise campagne, se sent différent, mais ne sait pas encore pourquoi. Il a pour seule confidente sa mamie, et pour seul réconfort la voix de Nana Mouskouri ; et ses robes rouges, sa chevelure brune, ses lunettes épaisses. Le jeune garçon aime les hommes et c’est Nana qui l’aidera à « s’accepter », à devenir quelqu’un, un admirateur, puis un biographe – avant de devenir le personnage de cette pièce, qui retrace son parcours, de son enfance à sa maturité. Sur scène, le récit d’apprentissage, taillé par l’efficace Virginie Lemoine, déroule des étapes attendues, presque trop attendues : le rêve de s’habiller en princesse, tout petit, la première expérience sexuelle avec un homme plus âgé, honteuse, l’amour éperdu et malheureux pour un séropositif, puis enfin le bonheur, trouvé dans les bras d’un homme apaisé. Mamie est gentille, compréhensive, évidemment, mais évidemment elle fait un AVC, puis est paralysée, puis meurt. Quand je serai grand est donc un exercice d’équilibriste, qui mérite un comédien et une mise en scène d’une grande finesse. La pièce joue du pathos, parce que l’histoire est souvent douloureuse ; de l’humour complice, car les souvenirs sont communs à bien des spectateurs et spectatrices ; et aussi du burlesque, quand Milou doit se transformer en Nana. Le dispositif scénique est certes habile : le plateau est occupé par une caravane, qui peut se transformer en bus, en salle à manger, en loge. Tout cela est ingénieux, presque trop ingénieux. Mais les mises en place sont maladroites, et les transitions tour à tour longuettes ou brutales – il est vrai que nous avons assisté à la première. Tout en fait, dans ce récit autobiographique, qui devrait émouvoir au plus haut degré, semble truqué. Les moments de pathos sont soulignés par une musique triste. Les métamorphoses de Milou en Nana, qui auraient dû être un flamboyant moment de drag kitsch, sont à la longue gênantes ; l’épiphanie finale (un concert de Nana à l’Acropole, dans les bras de l’homme enfin trouvé) fait l’effet d’une mouche dans le tzatziki ; la rencontre avec Nana, si attendue, est un non-effet presque douloureux. Et puis voici que l’on entend la voix enregistrée de Nana, qui a laissé une note pour le spectacle et son auteur. Ah Nana ! Bénie soit la feta !  Elle parle ! Mais assistons-nous à une cérémonie, à une hagiographie, à un culte réservé aux fans de Nana (dont nous sommes) ? Est-ce Nana, ou Bernadette à Lourdes ? On voudrait du sublime fou, de l’Arias, du Llamas, on est à la messe chez les bourgeois. Etrange spectacle, finalement très guindé et jamais audacieux ni transgressif (rassurez-vous, l’amour triomphe toujours). Etrange célébration d’une voix si pure, populaire, innocente : la salle, de toute façon, pense être au karaoké et se dandine en chœur. A la fin du spectacle, l’acteur invite le public à croire en l’amour, en ses rêves, et l’on comprend que Quand je serai grand… a pour lui une résonance extrême. Mais… le théâtre, dans tout ça ?   © Chantal Palazon   Quand je serai grand je serai Nana Mouskouri de David Lelait-Helo, adaptation de Virginie Lemoine Mise en scène : Virginie Lemoine Avec : Didier Constant Durée : 1h15 A partir de 13 ans   Du 4 septembre au 7 novembre, les lundis et mardis à 19 h   Studio Hébertot 78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris 01 44 58 15 15   www.studiohebertot.com      Read More →
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L’Art de perdre, d’Alice Zeniter, mise en scène de Sabrina Kouroughli au Théâtre de Belleville
  © Gaëtan Vassart   ƒƒ Article de Sylvie Boursier On a tous quelque chose de l’Algérie, ce pays continent de la Tadrart rouge au sud à la Kabylie au nord. Le Sahara et la Suisse sous le même drapeau pour le dixième plus grand pays du monde, premier sur le continent africain et dans le monde arabe. Alice Zeniter, petite fille de Harkis, a brossé dans L’art de perdre une fresque épique et dérisoire sur le destin d’une de ces familles Kabyles qui ont connu l’exil en 1962, une fois signés les accords d’Evian. En métropole, les harkis se sont tus « L’Algérie les appellera des rats, écrit Alice Zeniter. Des traîtres. Des chiens. Des apostats. Des bandits. Des impurs. La France ne les appellera pas, ou si peu ». Les militaires français engagés dans la guerre sont eux aussi restés bouche cousue. Sabrina Kouroughli adapte ce beau texte en concentrant l’action autour des liens entre Naïma, petite fille de harki, et Yema sa grand-mère kabyle. La jeune femme porte à la première personne le récit de sa famille, les souvenirs se chevauchent comme un puzzle à reconstituer avec en toile de fond la cuisine de Yema, brodeuse inlassable devant sa table en formica et en arrière-plan le tabouret ou siège de dos le grand père Ali, décédé depuis longtemps. En bord de scène la narratrice brise le silence, fait parler les disparus et nous embarque dans l’évocation de ce passé qui ne passe pas, la saison des nèfles en Kabylie, la peur, le camp de Rivesaltes, l’humiliation. C’est simple et limpide comme l’amour de Yema pour sa petite fille. Sabrina Kouroughli dans le rôle de Naïma tient la corde de bout en bout avec énergie, sensualité et humour. Elle danse ses émotions et nous fait comprendre par le rythme qu’elle arrive enfin à bon port. Fatima Aibout et Issam Rachyq-Ahrad, sont les grands parents qu’on aimerait tous avoir, d’une justesse et d’une humanité sans failles. Cette adaptation aborde par petites touches la question de la transmission au sein des familles, ce qu’on se dit, ce que l’on cache, que les enfants découvriront plus tard. Par quelle alchimie intègre-t-on la perte ? Nous sommes tous issus d’un pays perdu, des bribes d’une histoire grandiose et pitoyable et comme Naïma « arrivés nulle part, nous sommes en mouvement, nous allons encore. » Harkis vient du mot Harka  qui signifie le mouvement en arabe.   © Gaëtan Vassart   L’art de perdre, d’après Alice Zeniter Mise en scène : Sabrina Kouroughli Son : Christophe Séchet Collaboration artistique : Gaëtan Vassart Jeu : Fatima Airbout, Sabrina Kouroughli, Issam Rachyq-Ahrad Durée : 1h Jusqu’au 30 septembre, mercredi et jeudi à 19h15, vendredi et samedi à 21h15   Théâtre de Belleville 16 Passage Pivert 75011 Paris   Tournée : 13 octobre 2023, Centre Boris Vian, Les Ulis (91) 20 octobre 2023, Musée national de l’immigration, Paris (75) 17 et 18 octobre 2023, Théâtre Jean Vilar Suresnes (92) 30 novembre 2023 à l’ABC, Dijon (21) 7 décembre 2023, Mont Saint Michel (50) 12 décembre 2023, Belfort (90) Du 25 janvier au 9 février 2024, Théâtre Gérard Philippe, Saint Denis (93) 9 et 10 avril 2024, Niort (79) 13 avril 2024, Grasse (06) 16 avril 2024, Istres (13) 19 avril 2024, Hyères (06)   L’art de perdre d’Alice Zeniter, Collection J’ai lu, Editions de poche.      Read More →
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Il n’y a pas de Ajar de Delphine Horvilleur, mis en scène par Johanna Nizard et Arnaud Aldigé, Théâtre de l’Atelier
  © Pauline Legoff    ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia Sous-intitulé Monologue contre l’identité, Il n’y a pas de Ajar, le premier texte de théâtre (publié chez Grasset en 2022) de la rabbin libérale Delphine Horvilleur, créé en 2022 dans la mise en scène de Johanna Nizard et Arnaud Aldigé, est repris au Théâtre de l’Atelier en ce mois de septembre 2023. Dans ce seul en scène, Johanna Nizard est Abraham Ajar, le fils imaginaire créé par Delphine Horvilleur, du fictif Émile Ajar, double de Romain Gary à l’origine du plus grand et célèbre canular littéraire. Le spectateur, qui comprend in fine avoir été invité à lui rendre visite dans son « trou juif » (écho à La Vie devant soi) croit (ou espère ?) d’abord assister à un récit hagiographique sur Romain Gary, véritable « dibbouk » pour Delphine Horvilleur (voir la préface d’Il n’y a pas de Ajar). Une voix off, celle de Bernard Pivot que l’on reconnaît rapidement, ouvre le spectacle. C’est l’annonce à la fois du suicide de l’écrivain et le dévoilement de la « non-existence » de son personnage fantoche ou de sa « non-identité » résonnant avec « cette impossibilité d’être soi » par laquelle Derrida définit son judaïsme dans L’Ecriture et la Différence (ainsi que le rappelle l’autrice dans ses Réflexions sur la question antisémite). En réalité, et c’est peut-être là où l’on pourrait voir un défaut de la pièce, un malentendu, il est peu question de Gary. Delphine Horvilleur propose dans la continuité de l’intelligence bienveillante de ses écrits précédents (tel Vivre avec les morts), de la résilience truffée d’érudition et d’humour et allant à contre-courant d’un discours victimaire (tel Réflexions sur la question antisémite précité), une nouvelle réflexion en miroir qui a été parfaitement comprise par les metteurs en scène au premier et au second degrés. Sur le plateau, des jeux de miroirs et de lumières ponctuent la réflexion à la fois limpide et sinueuse sur le rapport à l’identité, à son polymorphisme et à tous ses dommages collatéraux si l’on peut dire, avec toujours en filigrane ou en arrière-plan Ajar/Gary. Delphine Horvilleur réhabilite Ajar en quelque sorte pour remettre en cause ou en question ce suicide littéraire sans consentement opéré par Gary. Cela passe par l’origine possiblement non anodine de ce pseudo (à travers une histoire déjà racontée dans ses Réflexions sur la question antisémite précité), mais aussi par le sempiternel rappel du mot de De Gaulle (diffusé en voix off) et la dénonciation rapide des « souffles » et « bouffées » de « communautarisme », nationalismes et autres, jusqu’aux questions les plus actuelles de transition de genre ou de sexe et d’appropriation culturelle. Si ce texte incroyablement bien écrit, percutant, drôle et provocateur (la scène de la circoncision reliée au « droit à disposer » et au néologisme d’« intactiviste » est hilarante) parle de lui-même, l’intérêt du spectacle est également largement dû au remarquable seul en scène de Johanna Nizard. La capacité de transformation et de changements de registres de la comédienne est confondante, sans possibilité d’en dire davantage pour ménager les surprises de la mise en scène qui sont un bel hommage à Ajar. Alors est-ce « un nom vraiment dégoutant : l’identité » (préface) ? À chacun, quelle que soit sa religion, son rapport à Gary/Ajar, et à « ce foutu principe de réalité » de se faire son idée, à condition d’être « en chemin vers ce qu’on peut encore être, et cela implique forcément de quitter ce qu’on était » afin de ne pas passer toute sa vie à exister « sous pseudo »…   © Pauline Legoff     Il n’y a pas de Ajar, de Delphine Horvilleur Avec : Johanna Nizard   Mise en scène : Johanna Nizard et Arnaud Aldigé Collaboratrice artistique à la mise en scène : Frédéric Arp Conseil dramaturgique : Stéphane Habib Regard extérieur : Audrey Bonnet Création maquillage et perruque : Cécile Kretschmar en collaboration avec Jean Ritz Création Costumes : Marie-Frédérique Fillion Création sonore : Xavier Jacquot Scénographie et création lumières : François Menou Création décor : Les Mécanos de la Générale Durée 1h20   Théâtre de l’Atelier 1, Place Charles Dullin 75018 Paris   Jusqu’au 1er octobre 2023, à 20h les vendredis et samedis et 16h les dimanches www.theatre-atelier.com     Tournée 2023-2024 : Le 5 décembre à L’Azimut, Antony/Châtenay-Malabry, www.l-azimut.fr Le 9 décembre, Théâtre des 2 Rives, Charenton, www.charenton.fr Du 13 au 15 décembre, Théâtre National de Nice, www.tnn.fr Les 19 et 20 décembre, Bonlieu Scène Nationale, Annecy, www.bonlieu-annecy.com   Et de très nombreuses dates en 2024 à Vannes, Toulouse, Bourges, Blois, Amiens, Versailles, Châtillon…      Read More →
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Courgette, d’après le roman de Gilles Paris « Autobiographie d’une courgette », adapté et mis en scène par Pamela Ravassard, au Théâtre Tristan Bernard
  © Fabienne Rappeneau   ƒƒ article de Hoël Le Corre Après le succès du roman et son adaptation très réussie à l’écran en cinéma d’animation, « Courgette » prend forme sur la scène du théâtre Tristan Bernard. Créée il y a deux ans, la pièce a déjà su faire battre les cœurs de nombreux spectateurs, notamment lors des deux derniers Festival Off d’Avignon. Les protagonistes de cette jolie fable débarquent à Paris en cette rentrée pour continuer à enchanter enfants et adultes avec leurs histoires entre rires et larmes. Ces histoires sont en effet… particulières. D’aucuns diraient « tragiques », « pathétiques ». Il est vrai que ces quatre-là, Icare, alias Courgette, Simon, Camille et Ahmed ont une enfance disons spéciale : ils vivent dans un foyer « pour enfants écorchés », les Fontaines. Chacun.e a son histoire, sa propre trajectoire, chacun.e a ses blessures, ses échecs, ses espoirs, mais aussi ses secrets. Attachants autant que mystérieux, ces personnages nous plongent dans leur univers cabossé et nous invitent à réfléchir sur ce qu’on peut faire pour contrer la fatalité des parcours et recoudre les cœurs déchirés. Nous suivons surtout Icare, et son surnom de cucurbitacée, qui, un jour de désœuvrement a fini par tuer sa maman d’un coup de révolver (on vous laisse découvrir les circonstances de cet « accident »). Arrivé dans le foyer, il rencontre d’autres enfants, mais aussi d’autres adultes, qui redressent les âmes, réparent les cœurs et redonnent espoir. Garlan Le Martelot, interprète lumineux de Courgette, est alors entouré de comédiens énergiques autant qu’attendrissants pour interpréter tout à tour la directrice guindée, la psy clichée d’elle-même, le flic compatissant, entre autres. Une galerie de personnages qui tourbillonnent autour de cette enfance cassée qui n’a rien perdu de son enthousiasme. Le ton est juste, jamais pathos, et le rythme effréné, un peu trop parfois, soutient la naïveté de l’enfance. Le spectacle oscille malicieusement entre scènes théâtrales et musiques et chants en live, ce qui offre un relief de légèreté et de tendresse à cette fable qui nous rappelle qu’un brin de bienveillance, d’attention et d’amour peut parfois aider à recoudre les cœurs… Sans doute un rien candide, mais le bonheur est toujours à prendre, là où il existe !   © Fabienne Rappeneau   Courgette, d’après le roman de Gilles Paris « Autobiographie d’une courgette » Adaptation : Garlan Le Martelot et Pamela Ravassard Mise en scène : Pamela Ravassard Avec : Vanessa Cailhol, Florian Choquart, Garlan Le Martelot, Lola Roskis Gingembre, Vincent Viotti Lumières et assistant mise en scène : Cyril Manetta Son : Frédéric Minière Scénographie : Anouk Maugein Costumes : Hanna Sjödin Coach vocal : Stéphane Corbin Chorégraphie : Johan Nus A partir du 25 août 2023 Mardi et mercredi à 20h Vendredi à 19h Samedi à 17h et 20h30 Durée : 1h25   Théâtre Tristan Bernard 4 rue du Rocher 75008 Paris Réservations : 01 45 22 08 40 www.theatretristanbernard.fr    Read More →
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