Critique de Bruno Deslot – Le « paradoxe joséphien » D’après le récit documenté de Flavius Josèphe, la « Guerre des juifs », Amos Gitai restitue une mise en voix narrative de ce témoignage unique de l’époque romaine du Ier siècle. Représentatif de l’homme ou de l’historien, ce nom hybride dont la tradition l’a affublé, Flavius Josèphe, reflète toutes les contradictions du personnage. La « Guerre des juifs », est un récit fouillé et précis, retraçant la campagne des juifs, dont Josèphe est devenu le chef des troupes, contre les Romains, Titus et Vespasien, en Galilée. Une rude bataille est livrée et Josèphe, fait prisonnier, assiste au siège puis à la chute de Jérusalem en 70. Dès lors, Flavius Josèphe s’installe à Rome et établit le récit magistral de la guerre jusqu’au siège de Massada en 73. Plus de neuf cent personnes se donnent la mort, refusant de se soumettre aux Romains. L’auteur de la « Guerre des juifs » fait donc figure d’énigme dans cette sombre défaite, car il appartient aux deux camps. De par sa naissance, son éducation auprès des Pharisiens et ses combats, il fait partie d’une grande famille juive et mène la guerre en Galilée contre Rome. Fait prisonnier, lors de la chute de Jérusalem, Josèphe devient romain par nécessité. La description de ses œuvres lèvent le voile sur le « paradoxe josèphien », interrogeant le parti-pris de Josèphe au moment du conflit. Ses sentiments étaient-ils sincères ou opportunistes ? La guerre est apatride Amos Gitai apprécie la dimension actuelle du propos et interroge sa résonance contemporaine dans un dialogue entre tradition et modernité par une mise en voix éclectique. Chaque tonalité de la partition « joséphienne » est portée par des voix disant le texte selon sa langue et sa propre logique. Français, hébreu, anglais, arabe se croisent de manière polyphonique pour restituer le champ lexical de la violence. La guerre est apatride et se meut en un Cerbère indomptable qui répand la haine et développe l’esprit conquérant des peuples soumis à la loi du plus fort. Une mère désespérée parcoure le plateau à la recherche de ses enfants, affamées ou morts, pendant que le chef des rebelles juifs témoigne de son combat et le général romain, de ses avancées. Tous ces personnages sont des voix, investissant un espace épuré, dégagé de toutes les contraintes matérielles d’un spectacle théâtral, observant les lois de la narration, du témoignage et du récit. Un échafaudage en métal, sur lequel un homme frappe afin de composer les résonances de l’intrigue, quelques pupitres accueillant la venue du lecteur, des chaises placées en désordre, deux fauteuils couverts d’une étoffe claire, des réceptacles rouillés d’où jaillissent des flammes, réchauffent les restes d’un vaste champ de bataille. Au centre, un bureau sur lequel repose un manuscrit, Jeanne Moreau en tourne les pages, elle est la voix de Flavius Josèphe. Précise et bouleversante, elle restitue le sens de chaque mot dans son acception la plus noble. Elle parcoure les méandres d’un récit poignant sans aucune théâtralité, mais sa voix et ses inflexions suffisent à faire trembler un empire. Jerome Koenig est la voix de Vespasien en anglais. Habillé d’un costume militaire contemporain, assis sur l’un des deux fauteuils, il raconte son combat. La lecture débute par un champ yiddish qu’interprète Menachem Lang avec une virtuosité déconcertante et une puissance émotionnelle qui exprime toute la douleur d’un peuple, des peuples soumis aux dévastations de la guerre. Une mise en espace qui pratique l’économie de moyens, pour mieux faire entendre le texte de Flavius Josèphe qui accompagne Amos Gitai depuis bien longtemps et pour lequel il en avait proposé une adaptation, voilà une quinzaine d’années, à Gibellina, puis à la Biennale de Venise. Ce texte, d’une actualité brûlante, invite à la méditation et il n’est pas nécessaire de se concentrer sur les actions scéniques, mais bien sur cet oratorio dont la portée signifie l’aspect cyclique de l’Histoire dans sa dimension la plus sombre. La Guerre des files de lumière contre les fils des ténèbres D’après : Flavius Josèphe, « La Guerre des juifs » Adaptation et mise en scène : Amos Gitai Conseiller artistique : Chloé Obolensky Conseiller littéraire : Marie-José Sanselme Texte bibliques et hébraïques : Rivka Markoviski-Gitai Lumière : Jean Kalman Costumes : Moïra Douguet Direction musicale : Shahar Even Tzur Avec : Jeanne Moreau, Jerome Koenig, Mireille Perrier, Shredy Jabarin, Amos Gitai et les musiciens Shahar Even Tzur, Menachem Lang, Tamar Capsouto, Alexeï Kotchetkov, Yahel Doron Du 6 au 10 janvier 2010 Odéon – Théâtre de l’Europe Place de l’Odéon, 75006 Paris www.theatre-odeon.fr  Read More →
Critique d’Hervé Mestron – L’irrésistible pouvoir de séduction Un homme a envie d’une femme. Il ne sait pas comment lui dire, sinon avec des gros sabots, son haleine persillée et sa cravate en soie. Parce qu’il est question d’escargots dans cette pièce. D’escargots de Bourgogne, de vins millésimés, de chair. De chair humaine et d’un peu de littérature. Il est question de petite culotte aussi. De string retiré au dessert. C’est un dîner feutré dans un grand restaurant. Léa Belmont est romancière. Victor Pontier est éditeur. Tous deux s’affrontent autour d’un contrat d’édition à signer. Elle a besoin de cet argent pour faire opérer son fils gravement malade. Pontier est tout à fait prêt à publier ce nouveau livre. Mais ce qu’il aimerait surtout, il le formule sans détours, avec la subtilité d’un militaire de garnison, c’est le corps de son auteur. Pas le corps de son âme, mais celui de sa chair. Elle le rembarre et il insiste presque graveleux, poussant la logique du donnant donnant et de la domination animale. On le sent fils de grande famille qui, plutôt que d’avoir suivi ses frères du côté des affaires sérieuses, a préféré se tailler une côte de pouvoir dans le monde des artistes. Plus la romancière le repousse, plus on le sent près de l’orgasme. Il cherche le fouet qu’un jour, peut-être, elle consentira à lui donner… Pontier est tout à fait logique dans son rôle, jusqu’à la dernière goutte. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est pris au piège déjà. Il est très loin de s’en douter, mais il a la corde au cou. Léa Belmont, archétype de l’écrivaine mystique et terre-à-terre, tisse sa toile d’araignée, lentement, avec des airs d’oie blanche effarouchée. Bien plus qu’un simple dîner Cela pourrait être la simple critique amusante du monde de l’édition et de tous les mondes en général, mais ici, le bouchon dérive un peu plus loin… Oui, bien sûr, c’est une pièce sur l’abus de pouvoir, le harcèlement sexuel, la grande et la petite littérature, l’art de ne pas manger de fromage après les escargots, mais c’est surtout une pièce drôle. Et quand l’humour parvient à cuire, mauvaise fois, perversité et « beaufitude », des saveurs exquises se dégagent du texte. Une écriture maîtrisée de facture pétillante. Un couple d’acteurs réussissant un duel d’une perversité folle. Tous les deux, à leur manière, se déshabillent, jusqu’à l’effeuillage final, mais chut… Enfin, tournant autour d’eux comme un vautour en tutu, le serveur, grandiose, royalement déjanté, fait définitivement basculer la pièce dans un univers où le grotesque nous ramène impitoyablement au réel. Après tout, l’auteur a déjà écrit beaucoup de romans. Il a sûrement dû, un jour, dîner avec son éditeur… Nuit Gravement au Salut De : Henri-Frédéric Blanc Mise en scène : Ludovic Laroche, assisté de Karine Poitevin Avec : Pierre-Michel Dudan, Ludovic Laroche, Karine Poitevin Du 5 janvier au 13 Mars 2010 Théâtre Les Déchargeurs 3 rue des Déchargeurs, 75 001 Paris www.lesdechargeurs.fr  Read More →
Critique de Bruno Deslot – Une douce mélancolie diurne En charge de la gestion de terres paysannes, les affaires d’Ivanov vont mal. Détachée de sa femme avec laquelle il a vécu une grande passion amoureuse, Ivanov se rend chaque soir chez les Lébédev pour retrouver Sacha. Endetté et sans argent pour payer ses ouvriers, les affaires d’Ivanov vont mal et la gestion des terres paysannes, dont il a la charge, est un désastre. Née Sarah Abramson, ayant rompu avec ses parents juifs, changée de religion et abandonnée sa fortune pour épouser celui avec lequel elle vit une grande passion amoureuse, devenue Anna, elle surprend son époux en grande conversation avec Sacha. La fille des Lébédev âgée de 20 ans, s’éprend d’Ivanov, voulant le sauver de sa tristesse en l’aimant. Pour Sacha, tout est clair, Ivanov la trompe avec Sacha. Son état de santé se dégrade et elle meurt, un an plus tard. Ivanov doit épouser Sacha mais la rumeur fait du jeune homme un intriguant que seule la dote de sa future épouse intéresse. Il ne veut pas de ce mariage, d’autant qu’il comprend bien vite que Sacha ne l’aime pas et s’est juste fixée pour but de le ramener à la vie. Mais à quelle condition ? Un théâtre du symptôme Tout paraît si simple dans le théâtre de Tchekhov, une intrigue réduite à son minimum, une petite bourgeoisie en perdition dans la campagne russe du XIXe siècle et un dialogue, fait de phrases courtes, où tout semble être dit et pourtant tout est gardé sous silence. Sincérité et justesse des mots, permettent à l’auteur d’appréhender avec finesse la nature humaine, prise dans le linceul de sa vie. Philippe Adrien et Vladimir Ant ont traduit « Ivanov » dans un style très contemporain, mettant en résonances chaque réplique avec toujours plus de vacuité, de surprise et d’étonnement. Nouvelle distribution pour une reprise exceptionnelle qui joue la carte de la légèreté apparente et de la farce pathétique que sert le discours des personnages. Philippe Adrien assure une direction d’acteurs juste et précise, entraînant les comédiens dans un jeu rythmé et engagé. Une belle énergie se dégage du plateau sur lequel évoluent les comédiens de manière aérienne, ce qui n’alourdit pas le propos mais lui confère une dimension parfois même comique. Un décor de brume, où fumigènes et semi-obscurité mettent en lumière la violente mélancolie d’Ivanov. Un intérieur de bois sombre avec, de part et d’autre, la chambre et le bureau d’Ivanov, au milieu duquel, une ouverture permet d’entrevoir les exploitations agricoles. Une fine étoffe grise et élégante s’abat sur la scène dès lors qu’il s’agit de passer de l’intérieur d’Ivanov à celui des Lébédev, sombre, enfumé et vaste ouvrant le chemin des possibles pour un Ivanov rongé par l’angoisse. Un jeu de lumières assez poétique, fend l’épaisseur ombreuse du plateau pour dessiner les contours indicibles des personnages. Apathique et en proie à cette force d’inertie qui le fige, Matthieu Marie interprète un Ivanov atteint d’oblomovisme, avec toute la conscience du dépressif à propos de sa pathologie. Une interprétation remarquable, soutenue par un souffle et une justesse agréablement surprenante, mais dont les émotions auraient pu être davantage nuancées afin de ne pas enfermer Ivanov dans son éternel représentation du dépressif chronique et du mélancolique pathétique. Jeune, délicieuse et touchante, Julie André a fait d’Anna, un personnage dont le combat est déterminé sans jamais tomber dans la caricature. Sacha (Alexandrine Serre) est espiègle, vive et séduisante, elle réussit à donner à son personnage un enthousiasme réel qui contraste férocement avec le désespoir d’Ivanov. L’ensemble des comédiens dégage une énergie créatrice au service du texte, dans un rapport de complicité enfin retrouvé. Ivanov De : Anton Tchekhov Texte français : Philippe Adrien et Vladimir Ant Mise en scène : Philippe Adrien Avec : Matthieu Marie, Julie André, Bruno Ouzeau, Wolfgang Kleinertz, Etienne Bierry, Lisa Wurmser, Alexandrine Serre, Guillaume Marquet, Olivier Constant, Jana Bittnerova, Julien Villa, Vladimir Ant, Emilie Lechevallier Décor : Jean Haas Lumières : Pascal Sautelet Musique et son : Stéphanie Gibert Maquillages : Faustine-Léa Violleau Costumes : Hanna Sjödin Collaboration artistique : Clément Poirée Du 5 au 10 janvier 2010 Théâtre de la Tempête Cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75 012 Paris www.la-tempete.fr  Read More →
Lecture de Denis Sanglard – Regards croisés sur « elle » « Le mardi j’ai posé comme jour. Je ne sais pas bien pourquoi. C’est le jour où je viens pour faire tout ce qu’il ne fait pas. Tout ce qu’il laisse lentement filer. Je lui fais son ménage sa vaisselle sa lessive. Je range, je nettoie et j’aère. Il reste là à trop rien dire. Il me détaille. Il me suit d’une pièce à l’autre. Je fais comme si même si. Il dit Jean-Pierre. Bonjour Jean-Pierre. Non je lui dis. Marie-Pierre je lui dis. » « Le mardi à Monoprix » d’Emmanuel Darley est un monologue créé récemment par Jean-Claude Dreyfus dans une mise en scène de Michel Didym lors de la Mousson d’été de 2008, puis à Théâtre Ouvert en novembre 2009 (voir ici). Texte remarquable dans la tenue de son écriture dramatique. Phrases simples et courtes, serrées, qui alternent avec d’autres plus longues, sans ponctuation à seule fin d’être rythmées, portées par le souffle de l’acteur. Des phrases sonnant justes pour une pensée qui s’enroule et se déploie sur un seul sujet, le regard porté sur l’autre. Car tous ils la regardent, Marie- Pierre. A commencer par son père qui ne peut se résoudre d’avoir perdu un fils. Et les autres, ceux qui à Monoprix le mardi la jugent, la jaugent ou ne peuvent simplement pas la regarder. Ou ne chercher que l’autre, celui d’avant Marie-Pierre, quand Marie-Pierre s’appelait Jean-Pierre. Il y aura bien un moment de grâce dans ce récit, une rencontre fortuite au retour du monoprix, si fugace mais si pleine de promesse et de démentis. La force de ce texte est de ne jamais tomber dans le pathos, travers qu’un tel sujet évite. Nous sommes dans la retenue constante. Celle de Marie-Pierre que le texte traduit sans emphase aucune. Juste des faits, de menues choses, des petits riens qu’un vocable volontairement restreint, pour ne pas dire banal, mais travaillé au plus juste traduit avec efficacité. Et c’est dans cette description clinique qu’apparaît toute la sensibilité du personnage, toute la cruauté du récit. Et ne dévoilons pas la fin, inattendue ! « Je suis comme je suis. Telle quelle et voilà. » Le Mardi à Monoprix suivi de Auteurs Vivants D’Emmanuel Darley Edition Actes Sud 18 rue Séguier, 75006 Paris www.actes-sud.fr Voir aussi : La pièce Le Mardi à Monoprix  Read More →
Lecture de Bruno Deslot – L’antique malédiction Dans une Grèce, écrasée par le poids de la dictature des colonels, le cri du peuple s’élève contre l’antique malédiction qui perdure dans la douleur extrême d’une complainte funèbre. « (…) CETEE ANNEE-LA, aucune femme ne conçut d’enfant. », ainsi débute le chant singulier d’un pays à l’histoire plusieurs fois millénaires, sur laquelle pèse la fatalité de l’antique malédiction semblable à celle de Thèbes dans les derniers jours du règne d’Œdipe. Dans une Iliade abandonnée par les dieux, la peste ronge les cœurs, la terreur règne dans les rues de cette ville où les enfants ne jouent plus, où les femmes plusieurs fois violées, portent le deuil de leur descendance en exhumant les restes d’un passé fantomatique. Malade, maudite, inféconde, la citadelle expire dans l’inextricable douleur de la soumission. Ici, la Grèce des Mythes et de l’Histoire se heurte dans un chaos bruyant, où les mots sont utilisés comme une arme, où la haine contre un pays gangrené jusqu’à la moelle, dominé par le pouvoir subversif et perverti, s’achemine vers la catastrophe pourtant déjà annoncée. La stérilité des femmes, « bien enfoncée dans leurs entrailles », fait obstacle aux renouvellement des générations. Les hommes armés, asservis et soumis à la violence de la guerre, violent, tuent, dérobent et obéissent aux pulsions dévastatrices d’un peuple en déliquescence. Les corps brûlants, se déchaînent à la hâte, pénétrés par une semence impure qui se répand sur la patrie moribonde. L’idée même de nation a disparu et avec elle, un pays qui n’a plus de nom. La puissance poétique de l’horreur Dimitris Dimitriàdis brille par l’élégance de son style, d’une densité et d’une richesse linguistique, absolument remarquable. La cruauté du verbe, mêlé à un champ lexical choisi, file la métaphore de la douleur et de la dévastation d’un pays qui se meurt. La langue grecque se trouve stratifiée par une écriture visionnaire et violente qui crée une fusion littéraire exceptionnelle. L’insoutenable barbarie côtoie, sans pudeur, la transcendance et la guerre civile se fait l’écho des guerres antiques dans une pathologie du désespoir. C’est avec toutes les douleurs de la Grèce, depuis Andromaque, que l’auteur puise la source de ce thrène particulièrement singulier, comme si la langue était devenue un pays dont personne ne se souvient du nom. Dans une quête passionnée, submergée par l’ombre de l’Histoire, seule la beauté et le désir de l’écriture, sauvent de l’horreur. Ce poème fleuve, charriant des mots brûlants et dévastateurs, sort de son lit comme un Scamandre en furie. L’horreur du propos presse un sentiment vital d’espoir et de rébellion tout en dépassant la pitié selon un procédé qui relève de la « catharsis ». Révélé en 1978 par Patrice Chéreau, Dimitris Dimitriàdis ne cesse de fasciner ses contemporains par la richesse de ses compositions dont Michel Volkovitch nous livre ici, une traduction puissante et émotionnellement abrasive. « Je meurs comme un pays », un poème, un chant, un monologue, une complainte autant de formes possibles pour une œuvre qui n’inspire ni l’emphase, ni la pitié mais quelque chose de salutaire et de définitivement vital. Je meurs comme un pays De Dimitris Dimitriàdis Traduit du grec par Michel Volkovitch Les Solitaires Intempestifs 1 chemin de Pirey, 25000 Besançon www.solitairesintempestifs.com  Read More →
BIS du 21 au 22 janvier 2010
Biennales internationales du spectacle  Le rendez-vous international de la profession à Nantes Tous les deux ans, les BIS (Biennales internationales du Spectacle) réunissent les professionnels du spectacle et les acteurs culturels pour échanger, débattre et confronter de nouvelles expériences. Rendez-vous incontournable de la profession, conviée à un évènement gratuit et fédérateur, les BIS proposent un programme toujours aussi passionnant. Entre grands débats, forums, ateliers projets, spectacles et temps forts, la Cité des Congrès de Nantes accueille l’évènement avec toujours autant de savoir-faire. BIS du 21 au 22 janvier 2010 Cité des Congrès à Nantes www.bis2010.com  Read More →
L’école du spectateur à la Colline
L’atelier de critique théâtrale Le théâtre de la Colline propose un atelier de critique théâtrale aux spectateurs souhaitant affiner leur regard sur la création contemporaine. Journaliste à France Culture, Joëlle Gayot, dirige cet atelier en faisant circuler la parole au sein du groupe, permettant ainsi d’apprendre à structurer et argumenter ses points de vue, en analysant les différents aspects de l’écriture scénique (dramaturgie, direction des comédiens, scénographie etc…). Après un premier atelier ayant porté sur les deux pièces d’Ibsen « Une maison de poupée » et « Rosmersholm », mises en scène par Stéphane Braunschweig, la Colline propose trois autres ateliers autour des spectacles suivants : « Manhattan Medea » de Dea Loher, mise en scène Sophie Loucachevsky, le samedi 6 février 2010 de 10h00 à 17h00. « Les Justes » d’Albert Camus, mise en scène de Stanislas Nordey, le samedi 3 avril 2010 de 10h00 à 17h00. « Combat de nègre et de chiens » de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Michael Thalheimer, le samedi 12 juin 2010 de 10h00 à 17h00. Bruno Deslot L’école du spectateur Réservations auprès de Sylvie Chojnacki Au 01 44 62 52 27 Théâtre de la Colline 15 rue Malte-Brun 75020 Paris www.colline.fr  Read More →
Lecture de Bruno Deslot – Une topographie accidentée « Chaque jour ajoute aux ténèbres qui séparent les autres de soi ». Dans une cité HLM, proche de la banlieue parisienne, la petite S. parcourt les distances interminables des caves de la forteresse de son malheur. Vaillante, son corps frêle et fragile, fend l’obscurité afin de retrouver le halo de lumière qui éclaircira son existence. La petite fille apparaît à la lueur, indicible et embuée, des larmes de sa vie pour exhumer les fondations d’un passé qui trame un silence d’une étonnante éloquence. « Brique rouge, goudron assorti et verdure. Ecole préfabriquée, option poêle en hiver », les lieux du crime s’assortissent des vagues agitées d’une famille aimante, cultivant la terreur à l’ombre de Saturne. Le rat vient et revient, provoquant l’effet d’une secousse sismique, dont les ondes ressenties par la petite S., guident son existence hantée par l’image de chairs éclatées et de sang répandu. Bonne élève, reconnue par ses pairs et faisant la fierté des siens, la petite S. se retrouve pourtant chez la directrice pour avoir dessiné une bouteille asymétrique, lors d’un exercice d’observation. Le naufrage de son corps est mis en abîme, tous semblent l’ignorer, malgré cet appel au secours totalement inconscient. Décentrée, déséquilibrée, perdue dans l’abondant cabinet de curiosités du désir adulte, la petite S. chavire, bascule dans l’indomptable silence de ses angoisses que l’Heure à vin, comme elle la nomme, renforce avec toujours plus d’incompréhension. Un père grisé, violent, menaçant de sortir le « 22 long rifle » ou jouant nerveusement avec le couteau de cuisine, fait régner la terreur lorsque les bouteilles se vident. Une mère aimante, épouse soumise bien malgré elle, participe à ce rituel diurne, échappant parfois à sa triste destinée lorsque son frère, l’oncle, distrayant la petite S., dissipe les vapeurs de l’alcool. Mais le rat, image obsessionnelle d’un héros encensé par sa famille, hante les pensées de S. qui ne voit en lui que l’infâme tyran de sa dévastation. Ramon, un grand-père vaillant et combatif, prompt à sauver ses frères Rouges ou à organiser des évasions depuis les camps de la mort, n’est pourtant qu’une icône perverse aux yeux de S. Il a répandu le sang d’une vie sur les reliefs accidentés de son devenir dans une légitimité que son statut de héros, lui accorde. Mais le silence est devenu la règle d’or de la tranquillité et la petite S. grandit à l’ombre de sa vie, entamant de brillantes études de philosophie au CNRS Goncourt, puis devenant professeur elle-même. La fatalité ou la reproduction inconsciente d’un schéma familial définitivement ancré dans ses entrailles, S. tombe amoureuse de Jack qu’elle épouse, mais « derrière l’époux se profilait le Porphyrion ». S. convertit sa terreur en fascination et écume les douleurs de la violence conjugale, scellée par un amour indéfectible. Paradoxe indomptable, qui d’un rat à l’autre, fait resurgir les stigmates d’un passé qui ne passe pas. Le secret de famille est libéré de cette machination mutique qu’encourage la peur, et les reliefs escarpés de l’enfance de S., conjuguent des lignes de faille qui se rejoignent pour fédérer une filiation tendre et aimante entre les frères et les sœurs. « S’il vit », car Sylvie elle se nomme, raccrochée à la vie comme sa mère à la rambarde des escaliers lorsque son père l’avait poussée pour enfin la rouer de coups. Miracle de l’amour malgré tout, naissant dans la précarité de l’existence, « S’il vit » devient Sylvie et pardonne en mettant à mort le despotisme de l’indicible. C’est donc la fin d’un silence forcé et non d’une vie. Le deuil est engagé : « Le rat est mort. Sylvie est née ». Expier le mâle par les mots L’auteur raconte la « petite fille étrange » qu’elle a été, victime de l’inceste et de la violence conjugale qui a suivi. C’est avec détermination et un profond désir de s’en sortir qu’elle rapporte les faits d’une existence ruinée par le silence, renaissant à la lumière de sa plume. Une démarche expiatoire dans laquelle les mots se mêlent à la complexe sinuosité d’un destin sans cesse rappelé par la mort, le sang et le sacrifice, mais jamais le renoncement. Car malgré tout, l’amour guide ses paroles intimes qui pénètrent l’improbable résurrection d’une petite fille devenue femme. Une énergie vitale guide un discours emprunt de rédemption et résolument tourné vers le pardon. Le bonheur, non pas dans l’oubli, mais dans les larmes d’un passé qui resurgit comme la chance d’abandonner un radeau auquel la petite S. semblait arrimée. Filant la métaphore avec une élégance remarquable, l’auteur rapporte les faits de manière elliptique ce qui accorde une dimension tout particulièrement poétique à l’ensemble de sa composition, d’un lyrisme enivrant. Cette nouvelle, ce témoignage puissant, peut tout à fait être adaptée pour la scène et faire œuvre d’une touchante proposition théâtrale. Un Ravin en Soi De Sylvie An Evnig Editions Les Mandarines Kergouarec, 56400 Brec’h – 02 97 24 56 43 http://lesmandarines.free.fr  Read More →
Des lendemains de fêtes difficiles
Prière d’écouter   Après une soirée de la Saint-Sylvestre festive et bien arrosée, Prière d’écouter, une émission de France Culture, le samedi 2 janvier 2010 à 23h00 au cours de laquelle, Marcel Bozonnet lira les écrits de Georges Banu : « L’Oubli, Le Repos, La Nuit ». Notes et aphorismes précieux, mettent en lumière le spectateur-essayiste qu’est Georges Banu, en découvrant les mérites de l’oubli, les vertus du repos et le réconfort de la nuit. Marcel Bozonnet fait raisonner ces textes avec la voix d’or qui le caractérise. Bruno Deslot France Culture Prière d’écouter « L’Oubli, Le Repos, La Nuit » De Georges Banu Lecture Marcel Bozonnet Le samedi 2 janvier à 23h00 http://sites.radiofrance.fr  Read More →

Cabinet de Curiosités

// Jan 5th, 2010
Cabinet de Curiosités
Pour les pédants on a du matériel  Lecture enregistrée en public Dans le cadre d’une émission enregistrée pour France Culture, dans le cadre de son partenariat avec le Théâtre du Rond Point, Pierre Notte est invité à nous ouvrir les portes de sa bibliothèque. Véritable atelier d’artisan d’art, l’auteur organise son cabinet de curiosités avec une pointe d’ironie, un soupçon d’insolence et quelques phrases coup de poing bien placées. A partir des mots des autres, il constitue une sorte d’autoportrait qui s’annonce tout particulièrement indiscipliné. A comme amalgame, B comme beau gosse, C comme calomnie et D comme doigt dans le cul, voilà un abécédaire qui semble aller à l’essentiel. Mais l’essentiel ne serait-il pas ailleurs ? Les extraits de ces mots seront lus par Jacques Bonaffé, Dominique Mac Avoy et Chloé Olivérès et retransmis sur France Culture au cours de l’émission « Drôles de drames ». Bruno Deslot Cabinet de Curiosités Pour les pédants on a du matériel Le lundi 11 janvier à 18h00 Salle Roland Topor Entrée libre Théâtre du Rond Point 2 bis av D.Franklin Roosevelt 75008 Paris Réservation indispensable au 01-44-95-58-81 www.theatredurondpoint.fr  Read More →

Underworld USA

// Jan 5th, 2010
Underworld USA
Lecture et dédicace par James Ellroy Documents publics détournés, journaux intimes dérobés, voici la somme d’une aventure personnelle, fruit de quarante années d’études approfondies pour écrire une trilogie commencée par « American Tabloïd », « American Death Trip » et enfin le dernier volet,« Underworld USA », qui sera lu par James Ellroy. La lecture sera en anglais, surtitré, et suivie d’une séance de dédicace. Cette rencontre est organisée par Télérama, le Théâtre du Rond Point et les Editions du Rivage. Bruno Deslot Underworld USA Lecture et dédicace par James Ellroy Le lundi 11 janvier 2010 à 19h30 Salle Renaud-Barrault Entrée libre Théâtre du Rond Point 2 bis av D.Franklin Roosevelt 75008 Paris Réservation Indispensable au 01-44-95-58-81 www.theatredurondpoint.fr  Read More →

Le Premier amour

// Jan 5th, 2010
Le Premier amour
De Véronique Olmi   C’est toujours à la cave que l’on trouve les meilleures bouteilles de vin. Une femme, préparant un dîner pour fêter son anniversaire de mariage, y descend. La bouteille, enveloppée dans un vieux papier journal, révèle bien plus que la promesse d’une soirée réussie. Les Editions Grasset et Fasquelle et le Théâtre du Rond Point organise une lecture réalisée par Véronique Olmi de son roman « Le Premier amour ». Bruno Deslot Le Premier amour De et lu par Véronique Olmi Le lundi 11 janvier 2010 à 20h00 Salle Jean Tardieu Entrée libre Théâtre du Rond Point 2 bis av D.Franklin Roosevelt 75008 Paris Réservation Indispensable au 01-44-95-58-81 www.theatredurondpoint.fr  Read More →
Les rencontres du Théâtre de l’Odéon
Une grand rencontre scolaire Dans le cadre du cycle « Dimitris Dimitriàdis », le Théâtre de l’Odéon organise une grande rencontre scolaire sur le thème de la « Tragédie au tragique » le vendredi 8 janvier 2010 à 14h00. Dans la grande salle du théâtre et en présence de Dimitris Dimitriàdis, Daniel Loayza et Olivier Py, la rencontre autour d’Eschyle, Sophocle, Dimitriàdis et d’autres auteurs, s’annonce riche et passionnante pour débuter une nouvelle année théâtrale ou la poursuivre. Rencontre le vendredi 8 janvier 2010 à 14h00 Théâtre de l’Odéon – Grande salle Entrée libre sur réservation au 01-44-85-40-33 ou relations-public@theatre-odeon.fr Dans le cadre de ses « lectures d’hiver », Actes Sud organise des lectures et rencontres avec des auteurs qui font l’actualité littéraire de cet hiver. Samedi 16 janvier à 17h00 / Salon Roger Blin – Théâtre de l’Odéon Véronique Bizot lit et parle de son roman « Mon couronnement » qui approfondit son observation des effets secondaires de l’absurdité de nos vies. Anne Weber lit et parle de son roman, « Tous mes vœux », qui se joue des codes de la romance en exploitant la rencontre amoureuse entre l’héroïne du livre et un « vaillant » chevalier qui ne recule devant rien, pas même devant les exigences de la médecine procréative. Jeudi 21 janvier à 18h00 N’oubliez pas d’inventer votre vie ! / Salon Roger Blin- Théâtre de l’Odéon Des traversées philosophiques audacieuses en compagnie de Michaël Foessel et Pierre Zaoui qui abordent leurs deux ouvrages respectifs « La privation de l’intime » et «Spinoza, la décision de soi ». Samedi 23 janvier à 17h00 / Salon Roger Blin- Théâtre de l’Odéon Cécile Reyboz lit et parle de son roman «Pencher » qui aborde le machinisme de nos cultures avec un imaginaire poétique et un sens du burlesque remarquables. Claude Pujade-Renaud lit et parle de son roman « Les femmes du braconnier », vaste exploration sur la rémanence des faits et comportements, qui permet à l’auteur de révéler la géologie intime de ses personnages. Samedi 30 janvier à 17h00 / Salon Roger Blin- Théâtre de l’Odéon Denis Baldwin Beneich lit et parle de son roman « Le sérieux des nuages », un ouvrage désopilant sur le tragique exil intérieur auquel personne n’échappe. Emmelene Landon lit et parle de son roman « La tache aveugle », réflexion sur notre monde moderne, accompagnée d’un éloge du voyage et de l’errance. Bruno Deslot Toutes ces lectures et rencontres ont lieu au Théâtre de l’Odéon Tarif unique 5 euros Réservation 01-44-85-40-40 Pour en savoir plus www.theatre-odeon.fr  Read More →
Lecture de Bruno Deslot – La fête bat son plein Au chômage depuis peu et craignant que sa fiancée ne le découvre et le quitte pour un autre parti plus intéressant, Casimir n’a pas le cœur à la fête. Mais Caroline pense que l’amour est plus fort que l’argent et entraîne l’homme qu’elle aime à la grande Fête de la bière à Munich. Bandes de jeunes garçons et filles, riches hommes d’affaires, magistrats, gérants de boutiques foraines, marchands de glace et de poulet frit, voleurs à la tire etc… participent à l’effervescence d’un évènement éminemment social qui porte en germe tous les éléments de la déflagration. Grisés par des alcools forts, le peuple s’amuse au rythme étourdissant des attractions. Temps attractif et joyeux, la fête est aussi ce moment aliénant où l’argent est roi dans un système de mercantilisme général du monde. Les deux jeunes gens se disputent et se séparent. Caroline finira dans les bras d’un tailleur, après avoir failli suivre son patron. Casimir se trouvera une nouvelle fiancée, Erna, la petite amie d’un repris de justice. Tandis que passe le zeppelin, symbole des ambitions allemandes, la fête continue. Un divertissement populaire sur fond de crise économique Né en 1901 à Fiume, située alors en Hongrie, Ödön von Horvàth fait ses études un peu partout, au gré des postes qu’occupe son père diplomate. En 1930, il rencontre Hitler près de Munich et se dispute avec ses proches. En 1931, il reçoit le prix Kleist pour « Légendes de la Forêt viennoise » mais ses livres sont brûlés en raison de ses rapports déplorables avec les nazis. Il quitte l’Allemagne et débute alors un long exil. Ecrite en 1931 et créée en 1932, « Casimir et Caroline » met en scène les exclus de la République de Weimar, côtoyant, à la faveur d’une fête populaire et carnavalesque, certains de leurs exploiteurs. En un temps de crise économique, juste avant la prise de pouvoir de Hitler, l’auteur ne vise pas le drame historique, ni social. Dans le tourbillon des musiques, des manèges, des faux semblants de la fête, il montre « le peuple » dans toute sa diversité, raconte le jeu des désirs et des incertitudes au cœur d’un monde en déséquilibre. Un pièce vive et gouailleuse où l’agressivité latente ou patente va souvent de pair avec une sentimentalité naïve sur fond d’idylle à la fois dérisoire et émouvante. L’ensemble est orchestré par des chansons populaires, « hymnes » munichois, « morceaux choisis » d’Offenbach ou de Johann Strauss. Casimir et Caroline De Ödön von Horvàth Traduit de l’allemand par Hélène Mauler et René Zahnd L’Arche Editeur 86 rue Bonaparte, 75006 Paris http://www.arche-editeur.com Voir aussi : La pièce Casimir et Caroline mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota au Théâtre de la Ville  Read More →