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« Casimir et Caroline » de Ödön von Horvàth

Jan 05, 2010 | Aucun commentaire sur « Casimir et Caroline » de Ödön von Horvàth

Lecture de Bruno Deslot

La fête bat son plein

Au chômage depuis peu et craignant que sa fiancée ne le découvre et le quitte pour un autre parti plus intéressant, Casimir n’a pas le cœur à la fête. Mais Caroline pense que l’amour est plus fort que l’argent et entraîne l’homme qu’elle aime à la grande Fête de la bière à Munich. Bandes de jeunes garçons et filles, riches hommes d’affaires, magistrats, gérants de boutiques foraines, marchands de glace et de poulet frit, voleurs à la tire etc… participent à l’effervescence d’un évènement éminemment social qui porte en germe tous les éléments de la déflagration. Grisés par des alcools forts, le peuple s’amuse au rythme étourdissant des attractions. Temps attractif et joyeux, la fête est aussi ce moment aliénant où l’argent est roi dans un système de mercantilisme général du monde. Les deux jeunes gens se disputent et se séparent. Caroline finira dans les bras d’un tailleur, après avoir failli suivre son patron. Casimir se trouvera une nouvelle fiancée, Erna, la petite amie d’un repris de justice. Tandis que passe le zeppelin, symbole des ambitions allemandes, la fête continue.

Un divertissement populaire sur fond de crise économique

Né en 1901 à Fiume, située alors en Hongrie, Ödön von Horvàth fait ses études un peu partout, au gré des postes qu’occupe son père diplomate. En 1930, il rencontre Hitler près de Munich et se dispute avec ses proches. En 1931, il reçoit le prix Kleist pour « Légendes de la Forêt viennoise » mais ses livres sont brûlés en raison de ses rapports déplorables avec les nazis. Il quitte l’Allemagne et débute alors un long exil. Ecrite en 1931 et créée en 1932, « Casimir et Caroline » met en scène les exclus de la République de Weimar, côtoyant, à la faveur d’une fête populaire et carnavalesque, certains de leurs exploiteurs. En un temps de crise économique, juste avant la prise de pouvoir de Hitler, l’auteur ne vise pas le drame historique, ni social. Dans le tourbillon des musiques, des manèges, des faux semblants de la fête, il montre « le peuple » dans toute sa diversité, raconte le jeu des désirs et des incertitudes au cœur d’un monde en déséquilibre. Un pièce vive et gouailleuse où l’agressivité latente ou patente va souvent de pair avec une sentimentalité naïve sur fond d’idylle à la fois dérisoire et émouvante. L’ensemble est orchestré par des chansons populaires, « hymnes » munichois, « morceaux choisis » d’Offenbach ou de Johann Strauss.

Casimir et Caroline
De Ödön von Horvàth
Traduit de l’allemand par Hélène Mauler et René Zahnd

L’Arche Editeur
86 rue Bonaparte, 75006 Paris

http://www.arche-editeur.com


Voir aussi :
La pièce Casimir et Caroline mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota au Théâtre de la Ville

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