Critiques // « Les garçons et Guillaume, à table ! », le “show” de Guillaume Gallienne à l’Athénée

« Les garçons et Guillaume, à table ! », le “show” de Guillaume Gallienne à l’Athénée

Juil 12, 2010 | Aucun commentaire sur « Les garçons et Guillaume, à table ! », le “show” de Guillaume Gallienne à l’Athénée

Critique de Bettina Jacquemin

Monsieur Gallienne !

Il faut bien le dire, je me rendais au spectacle de Guillaume Gallienne pétrie d’arguments a priori. Des idées préconçues basées sur les « on dit » dithyrambiques qui circulent sur le personnage et confirmées dès son apparition sur scène ; mon voisin de gauche tout comme mon voisin de droite, dignes représentants du « must have » se sont mis à rire à gorge déployée dès le lever de rideau.

Je l’avoue, je suis bien vierge de tout concernant celui qu’il est bon d’aimer, actuellement. Enfin presque. Comment ne pas l’apprécier dans Fantasio présenté à la Comédie Française ? Sur scène, on ne voit que lui.

Impossible tout de même de succomber sans tâter l’étoffe. Loin de moi, Mouton de Panurge ! Vous alliez devoir me faire rire, Monsieur Gallienne !

© Victor Tonelli | ArtComArt

Du malentendu à la quête d’identité

« Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : Les garçons et Guillaume, à table ! et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : Je t’embrasse ma chérie ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus. »

Guillaume Gallienne entend sa mère prononcer la phrase qui deviendra le fœtus de son spectacle. Des mots soulignant une distinction que le comédien se plaira à cultiver pour conserver le lien unique établi entre lui et sa mère. Il ira notamment jusqu’à adopter par mimétisme la voix de sa maman. De ce malentendu et de ce souhait de ne pas être un garçon,  Guillaume Gallienne a écrit ce qu’il nomme une « épopée de l’intime ». Il raconte une grand-mère russe qui lui dit de ne « jamais se justifier », une cure en Bavière et le rêve de toutes les petites filles d’incarner Sissi. Des épisodes de vie qui se suffisent à eux mêmes tant ils sont imprégnés d’une réelle théâtralité. Le comédien s’empare des personnages qui l’ont accompagné, jusque là. Il devient l’Archiduchesse Sophie et prend la voix d’une belle kinésithérapeute bavaroise. Des émotions personnelles qui nous semblent pourtant bien loin d’être inconnues…

© Victor Tonelli | ArtComArt

So british

Plus un coming out, Guillaume Gallienne raconte un vécu fédérateur. Bien évidemment, nos frères n’ont pas tenté de nous noyer. Et, nous avons échappé aux méthodes de soin « curieuses » pratiquées en Bavière. Mais, à l’aspect théâtral de ces « compagnons de route », le comédien y ajoute une patte « so british », sans doute affinée sur les bancs d’une pension anglaise dans laquelle il a passé une partie de son adolescence. Il y a dans le jeu de Gallienne, cette subtilité à exprimer l’intrinsèque par l’autodérision, une réelle inventivité scénique et par un élégant choix des mots. Des répliques intemporelles et « audiardesques ». Des mots qui font subtilement écho. Gallienne se raconte avec pudeur dans ce qui est loin d’être une psychanalyse. Eloignée également l’idée du règlement de compte, le message est tendre. Le comédien prend la distance nécessaire pour transmettre ce qui l’a mené vers la scène. Fin, élégant et étrangement universel.

Les Garçons et Guillaume, à table !
De et avec : Guillaume Gallienne
Mise en scène : Claude Mathieu de la Comédie-Française
Costumes : Olivier Bériot
Lumières : Dominique Bruguière

Reprise – Du 24 juin au 17 juillet 2010

Athénée – Théâtre Louis-Jouvet
Square de l’Opéra-Louis Jouvet, 7 Rue Boudreau, 75 009 Paris – Réservations 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com

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