Critique de Bettina Jacquemin –
Assurément touchant
Comment ne pas se souvenir du film réalisé en 1979 par Robert Benton ? Kramer contre Kramer reste dans nos mémoires. Une interprétation magistrale (Dustin Hoffman et Meryl Streep) et un scénario adapté du roman écrit par Avery Corman. L’auteur raconte comment un couple se déchire la garde d’un enfant, l’impuissance d’être mère et les responsabilités d’un père. Il aborde les thèmes du chômage et du divorce. La dépression et la psychanalyse aussi. Un texte aux résonances étrangement actuelles.
Il fallait de l’audace aux comédiens Frédéric Diefenthal et Gwendoline Hamon et à Didier Caron et Stéphane Boutet (mise en scène et adaptation) pour ne pas se laisser « manger » par le récit bouleversant d’une histoire qui se suffit à elle-même.
© Fabienne Rappeneau / WikiSpectacle
Le même esprit
La comparaison est aisée. Kramer contre Kramer est d’abord un film. Inoubliable, qui plus est. Difficile de ne pas voir dans l’adaptation de Didier Caron et Stéphane Boutet quelques ressemblances avec l’œuvre cinématographique. Un rapport au film qui s’évapore pourtant rapidement sur la scène du Théâtre des Bouffes parisiens. Car, il s’agit bien là de l’adaptation du roman. Les metteurs en scène ont su prendre la distance nécessaire avec la réalisation multi-récompensée de Robert Benton tout en y conservant l’esprit. Le décor est original, il regorge de subtilités scéniques permettant une mise en scène bien rythmée. Des scènes de flash back rappellent le récit original, on assiste à la première rencontre entre Ted et Joanna et l’humour est habilement disséminé. On rit tendrement de la tournure que peut prendre un déjeuner d’anniversaire… La mise en scène propose là un bon compromis. Des scènes et des personnages issus de l’œuvre originale et inexistants dans le film. Une émotion propre à cette adaptation scénique mais qui demeure intacte. Un sentiment que l’on attend comme une évidence.
Un message d’amour
Comment trouver sa place dans une histoire aussi forte ? Comment s’imposer sans dénaturer ce qui nous a touché dans le film ? L’adaptation propose à Frédéric Diefenthal, Gwendoline Hamon et à l’ensemble de l’équipe présente sur scène d’incarner ceux qui par leurs fêlures dégagent une réelle humanité. Elle leur permet aussi de RACONTER l’histoire. Il ne s’agit pas ici de rivaliser ou de faire oublier le couple mythique de 1979. Les comédiens suscitent le questionnement. Sur les sujets qui semblent tant d’actualité, la séparation ou la place du père. On se prend même à accepter l’impensable, à comprendre celle qui abandonne son enfant. On y parle aussi d’amour. Surtout d’amour…
Kramer contre Kramer
D’après : Avery Corman
Adaptation et mise en scène : Didier Caron et Stéphane Boutet
Avec : Frédéric Diefenthal, Gwendoline Hamon, André Penvern, Maud Le Guenedal, Roland Marchisio et en alternance, Romann Berrux, Antoine De Prekel, Raphaël Caduc et Nicolas Rompteaux (les enfants)
Décors : Catherine Bluwal
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Costumes : Nathalie Cogno
Musique : Pascal JosephJusqu’au 23 janvier 2011
Théâtre des Bouffes Parisiens
4 Rue Monsigny, 75 002 Paris
www.bouffesparisiens.com