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Works, d’Emanuel Gat, Chaillot – Théâtre National de la Danse

Jan 09, 2020 | Commentaires fermés sur Works, d’Emanuel Gat, Chaillot – Théâtre National de la Danse

 

© Julia Gat

 

ƒƒ article de Nicolas Brizault

Works est issu d’un premier travail de la compagnie Emanuel Gat Dance et du Ballet de l’Opéra de Lyon. Le titre initial était Tenworks, dix danseurs d’une compagnie, dix de l’autre. Avec Works, le nombre se restreint, se concentre à dix artistes de la compagnie d’Emanuel Gat. Spectacle tout à fait particulier, dix danseurs sur scène, des spectateurs sur un fil, juste en face. Entre eux Emanuel Gat, souhaitant rendre hommage aux danseurs et danseuses, à leur travail, à l’intensité, aux difficultés qu’il engendre, qu’il rencontre, à sa simplicité, comment il se développe, à ce qu’il est ce travail. L’idée est très bonne et sympathique, nécessaire, nous n’en doutons pas.

Works,  dix, danseurs, danseuses, ensemble, nous offrant l’image recto-verso aurai-je envie de dire, atelier, scène, du travail des danseurs, nous en faire observer, sentir, entendre les moments les plus simples jusqu’aux plus importants. Les gestes et les idées.  Les dix danseurs et danseuses sont tous ensembles sur scène, plus ou moins, ici où là. Complètement dans les moments forts et nécessaires du début et de la fin, ouverture et fermeture de la boîte de Pandore où tout surgit. Début et fin, oui, joyeux, rythmés, emportés. Splendide et vivifiant ! Entre les deux, ils et elles se dissimulent plus ou moins, assis, présents de toute façon, lorsque deux, trois d’entre eux font jaillir une image, une ode à leur métier.

Nous comprenons ici l’amour qu’ils et elles portent à ce travail, la danse, cette vocation qu’ils et elles doivent porter en eux depuis longtemps, toujours, vocation qui nous offre sans cesse des moments éblouissants. Certes, bien entendu, nous participons à ce remerciement, cette légèreté nous emporte, quelque part nous sommes encore une fois vainqueur. Par contre entre début et fin, il y a plusieurs milieux. Où l’on dissèque, roule en boule, analyse et exhibe ce travail. Le résultat ne convainc pas tout à fait, le doute flotte même. Déçoit ici où là. Les « épisodes » s’étalent en longueur, ou une simplicité trop massive apparaît, façon caméra vidéo-surveillance, ou qui nous emporterait dans les meilleurs moments vers un reportage télé vu et revu. Ou alors un blabla si abscons, au sens si fin cette fois-ci que l’on se met à penser à la couleur des chaussettes de l’un danseur, au temps qu’il fait, au sourire échangé tout à l’heure, etc.

Impossible de sentir une véritable joie, le moindre éclaboussement d’un thème splendide, oui la danse est si importante dans nos vies, oui, oui, oui, bravo merci, mais là… Dans un petit épisode qu’on pourrait appeler « répétition lumières » la voix des techniciens remplace Bach ou Strauss, Nina Simone ou Emanuel Gat. Oui, très bien, mais le résultat est plutôt décevant, tant d’évidence nous dirige plutôt vers une sorte de générique géant devant lequel on devrait être ému non-stop. Ça ne fonctionne pas. L’émotion serait plutôt automnale, façon feuilles mortes qui tombent, tombent. Le promeneur ne les contemple pas du tout, non, cherche à éviter la pluie.

Parfois, le mal et le bien, la douleur et la joie sont là, et des éléments complexes ou trop évidents reviennent. Et l’inverse ! Il ne faut effectivement pas donner une image entièrement sombre de Works, ce serait faux ! Quel qu’en soit ce qui ici ou là ne nous semble pas décoller, ailleurs le grand, le fort apparaissent et nous emportent, avec aucune intention de nous lâcher ! Notamment là où tous les dix prolifèrent, s’accumulent et nous emportent. Curieuse sensation, formidable en même temps. Comme si la naissance de Works, sa création, sa mise en place avait rebondit de façon plus heureuse lorsque « tous ensemble » résonne dans chaque corps. Pour employer une vilaine expression, on pourrait dire que ces instants « parlent » mieux, qu’une sincérité évidente apparaît. C’est pour cela que le spectateur est sur un fil : oui, non, le vide en dessous et il faut avancer. Alors, avec quelques moments en moins, serions-nous complètement ébahis ? Avec un hommage moins ronflant ici, plus tonique là, l’idée même d’attendre un taxi se serait-elle montrée ? Le bien et le mal, le oui et le non.

 

© Julia Gat

 

 

Works, chorégraphie, lumières et costumes Emanuel Gat
Costumes Sara & Thomas Thomas Bradley 

De et avec Thomas Bradley, Robert Bridger, Péter Juhász, Michael Löhr, Emma Mouton, Eddie Oroyan, Genevieve Osborne, Karolina Szymura, Milena Twiehaus, Sara Wilhelmsson (danseurs), Alain Billard (clarinette contrebasse)

Crédits musicaux Richard Strauss, Emanuel Gat, Chick-P, Awir Leon, J.S Bach, Nina Simone

 

 

Salle Jean Vilar

Durée 1 h 10

Mercredi 08 et vendredi 10 janvier  — 20 h 30
Jeudi 09 et samedi 11 janvier  — 19 h 45

 

 

Chaillot – Théâtre National de la Danse

1 place du Trocadéro

75116 Paris

 

Réservation : 01 53 65 31 00

www.theatre-chaillot.fr

 

 

 

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