© Kévin Louviot
ƒƒ article de Nathalie Tambutet
Ce seul en scène, est une composition écrite à partir de l’ouvrage « Une vie » de Simone Veil et d’autres ressources, par Arnaud Aubert, qui nous invite à découvrir cette femme autrement qu’à travers le personnage public et son destin politique. Son souhait est de nous transmettre ce qui a animé Simone Veil toute sa vie : son respect de l’humain.
Comment s’est construit cette personnalité hors du commun et son parcours politique, si rare pour une femme à cette époque ?
La scène intimiste et le décor sobre favorisent l’accueil de la parole intérieure de cette femme, par vagues de souvenirs successifs. Le bruit des vagues berce la salle. Simone a un lien fort avec la mer. Le bord de mer normand, c’est à la fois son enfance et son refuge pour prendre le temps de vivre.
Deux poteaux phosphorescents éclairent et ponctuent les moments de narration des souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeune femme, de mère, de femme politique, ses pensées, ses réflexions.
Elle a conscience d’avoir sacrifié ses enfants à son travail. Elle a besoin d’avoir la maîtrise des choses. Elle se dit maniaque. La trace certainement d’une éducation avec des principes, du scoutisme, d’une époque.
Elle s’est construite en n’acceptant pas que les parents aient toujours raison. Elle a un esprit frondeur. Elle a toujours voulu avoir son libre arbitre.
L’Histoire lui a fait prendre conscience dès sa petite enfance de l’exclusion et de la haine.
Puis cet objet un peu obscur en forme de transat, étrange et blanc, où Simone aime se reposer, s’anime d’images. Images de la déportation. L’innommable tant retenu peut être dit, entendu. C’est l’impensable qui a façonné son destin. Moment pivot de la pièce. La comédienne est habitée et nous transmet cette reviviscence avec délicatesse. L’humiliation et la déshumanisation vont sceller à vie son respect de l’Humain, de la dignité humaine. Un seul remède à la destructivité des hommes et contre la misère et la tyrannie : transmettre la culture de la paix.
La révolte l’habite et raccroche cette survivante du camp de concentration d’Auschwitz, au désir de vivre. Cette trace de l’impensable ineffaçable est tatouée sur son bras : un numéro à cinq chiffres, qui signe la déshumanisation et la relie à transmettre pour ne pas oublier.
Transmettre est également un acte de mémoire et d’hommage à sa mère. Une mère qui a façonné sa force intérieure et guidé son combat : « Ce sont les mères qui enseignent aux filles de se battre pour leur indépendance, d’elles dont on tient ce courage et ce sens du combat ».
Nous découvrons une femme certes d’action mais sensible, dont la sensibilité et l’émotivité s’expriment par le manque d’humour, ses emportements et le sens du combat.
Une comédienne qui prend son envolée dans les excès de combat de cette femme. Une comédienne qui habite la petite-fille, la femme, la mère, la ministre en cette femme, de manière admirable. Elles sont toutes là, elles nous parlent et nous touchent.
Une autre façon de percevoir et de comprendre Simone Veil.
© Kévin Louviot
SIMONE en aparté d’Arnaud Aubert
Mis en scène : Arnaud Aubert
Avec Sophie Caritté
Scénographie : Hervé Mazelin
Lumières : Estelle Ryba
Musique : Nicolas Girault
Costumes : Yolène Guais
Durée 1h20
Du 05 novembre 2024 au 15 janvier 2025
Relâche les 24 et 25 décembre 2024 et le 1er janvier 2025
Studio Hébertot
78 bis, Boulevard des Batignolles
75017 Paris
T+ 01 42 93 13 04
contact@studiohebertot.com
www.studiohebertot.com
Tournée :
Samedi 8 mars 2025 à 20h30
Espace culturel Philippe Torreton
76320 Saint-Pierre-lès-Elbeuf
espaceculturel@pirrotin.fr
02 32 96 97 78
Mardi 29 avril 2025 : 14h30 et 20h30
Théâtre Le Passage
54 rue Jules Ferry
76400 Fécamp
billeterie@theatrelepassage.fr
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