Lectures // Lecture. « La Brûlure du monde » Claude Régy. Avec le film d’Alexandre Barry. Les Solitaires Intempestifs.

Lecture. « La Brûlure du monde » Claude Régy. Avec le film d’Alexandre Barry. Les Solitaires Intempestifs.

Oct 17, 2012 | Aucun commentaire sur Lecture. « La Brûlure du monde » Claude Régy. Avec le film d’Alexandre Barry. Les Solitaires Intempestifs.

Lecture Dashiell Donello

Dans le pas de la brûlure, la naissance de quelque chose

La Brûlure du monde c’est l’acuité la plus grande pour le plus petit son, l’infime souvenir d’un trouble, l’inadmissible goût altéré d’un fruit de l’enfance, l’indicible parfum caché en son intime jardin.

Les sens, alertés par l’infiniment petit, mettent Claude Régy au monde comme l’héritier de l’infiniment grand. Mais où est ce monde ? Dans quoi sa vie avance ? Ce serait déjà bien de faire un pas. Dans le pas de la brûlure, pour que quelque chose se crée.

Sur le rail du théâtre la gare de l’acteur n’était pas un arrêt obligatoire. Pourtant Claude Régy déraille par la viduité d’un amour. Le deuil pour terminus, la souffrance pour moteur ? La frénésie du travail pour oublier ? On peut tout dire, mais rien n’est certain. Claude Régy le dit comme ça : « On peut l’avancer comme ça : déjà ça créé quelque chose. Mais ça ne va pas plus loin ».

Dans la bible l’écriture est comparée au feu. Le feu noir et le feu blanc. Le feu noir  a les mots pour frapper à la porte du feu blanc de l‘interligne qui brûle sa virginité et sa liberté. Tout cela se prolonge dans l’inconnu. Sur une scène ni vierge, ni libre. Seul la contrainte peut délimité et ouvrir vers l’imaginaire. Le public est le médium silencieux. Claude Régy le dit comme ça : « J’ai toujours travaillé avec cette idée qu’on atteignait des gens au-delà des gens qui sont matériellement-là. C’est peut-être une folie mais en même temps je sens que c’est vrai ».

Le geste comme un cri, comme un prolongement. De l’immobile au mobile, du silence au vide. Être dans l’espace en pleine conscience. Connaître mieux l’espace. S’habiller de sa vacuité : imaginer sa voix aller à l’infini, son geste rejoindre cet infini. Claude Régy le dit comme ça : « (…) il y a sûrement une relation entre le vide et le silence, ce sont deux éléments essentiels et quand on parle et qu’on bouge, il faut faire très attention car en bougeant on modifie le vide et en parlant on modifie le silence. Donc parler et bouger, on ne peut pas faire ça n’importe comment ».

Dans l’ère de l’illusion technologique, Claude Régy nous livre sa modernité par l’humain, la vie comme elle est, ou semble l’être. La fiction traversant la vie s’inspire de la circulation d’esprit. Le virtuel n’a que les rouages trompeurs d’une accoutumance mortifère. Claude Régy le dit comme ça : « Je crois qu’il faut garder le secret là-dessus, je crois que les artistes s’expliquent trop. Déjà, s’appeler artistes c’est très équivoque, c’est très prétentieux, on ne sait pas ce que c’est d’ailleurs. Maintenant le mot créateur ne veut pas dire grand-chose non plus, on l’emploie pour la mode, pour la cuisine, pour n’importe quoi. On est « créatif ». On vit une époque très « créative ».

Elle stagne pourtant comme une eau morte, dangereuse, croupissante.

Sous le fallacieux de la technologie triomphante ».

Alors puisque Claude Régy n’aime pas certain mot, nous ne dirons pas qu’il est un Maître indispensable pour nous. Mais nous le remercions tout simplement de nous avoir livré un peu de son univers puisque que le monde serait rempli selon les savants de « plurivers ».

La brûlure du monde
Claude Régy
Avec le film d’Alexandre Barry
Les solitaires Intempestifs
http://www.solitairesintempestifs.com/

Lire également l’article de Bruno Deslot http://unfauteuilpourlorchestre.com/critique-«-la-barque-le-soir-»-de-tarjei-vesaas-mise-en-scene-claude-regy-aux-ateliers-berthier-–-theatre-de-l’odeon/

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