Lectures, Paroles d'Auteurs // Lecture• « Mai, juin, juillet – Dans les théâtres de 1968 » Denis Guénoun . Les Solitaires Intempestifs .

Lecture• « Mai, juin, juillet – Dans les théâtres de 1968 » Denis Guénoun . Les Solitaires Intempestifs .

Juil 08, 2012 | Aucun commentaire sur Lecture• « Mai, juin, juillet – Dans les théâtres de 1968 » Denis Guénoun . Les Solitaires Intempestifs .

Lecture Bruno Deslot

En mai 68, alors que les étudiants occupent l’université de Nanterre, ils trouvent un autre lieu de ralliement à Paris : le théâtre de l’Odéon au moment où celui-ci reçoit la troupe américaine de ballet pour le Théâtre des Nations. La représentation prend fin et la scène fait place à un autre genre de spectacle, tout aussi vivant !

Le 15 mai 1968, Jean-Louis Barrault est réveillé en pleine nuit par le gardien du théâtre qui lui signale l’occupation des lieux par une foule d’étudiants. Avec Madeleine Renaud, il quitte Chambourcy pour retrouver une salle investie par une multitude agitée, bruyante et contestataire. Il tente de se faire entendre, mais en vain, la jeunesse installe un forum permanent au sein duquel fusent les idées. Très rapidement, c’est la débâcle, Jean-Louis Barrault constate avec amertume que les jeunes dégradent le théâtre. André Malraux le débarque au moment où l’homme de théâtre a besoin de soutien ! Il en fait part dans une lettre adressée à Jean Vilar, le « prologue » de la pièce.

« Mai, juin, juillet » s’organise autour d’un récit fictif de lettres entre Jean-Louis Barrault et Jean Vilar. Ces échanges épistolaires permettent de croiser les regards engagés de deux personnalités, longtemps considérés comme incarnant des visions opposées du théâtre. Leur parcours s’inscrit pourtant à la marge des circuits les plus convenus de par leur formation, leurs statut (acteurs, metteurs en scène et chefs de troupes, dirigeant un Théâtre National créé ou rénové par leurs soins) et leur propre vision du théâtre.

Avignon, début septembre, Jean Vilar prend un peu de repos dans la clinique du Docteur Reboul, il écrit à Jean-Louis Barrault et fait état, entre autre, de ce qui les distingue selon lui : « Comme moi, tu pars du poème, c’est notre lubie commune… » « Tu aimes l’éclat, la vue et l’ouïe comblées. » « Moi du théâtre, j’aime le vide qui le porte. La scène quand on la dégage et la désencombre. » Entre contestations et révoltes, Vilar vient d’essuyer les plâtres d’un mois de juillet éprouvant, d’un Festival d’Avignon comparé à un « supermarché de la culture ». Eprouvé par les événements, Vilar tout comme Barrault, ne se laisseront pas abattre et ces trois mois vécus dans la tourmente ne sont que la Sainte Trinité d’un nouveau théâtre porté en gloire par la passion.

L’auteur de la pièce, Denis Guénoun, metteur en scène et professeur à l’Université Paris-Sorbonne (ParisIV) a travaillé en historien scrupuleux pour bâtir l’architecture de son triptyque : « Mai, juin, juillet ». Les personnages ne sont pas nommés, les mots d’une extrême simplicité restituent à chaque instant une tension dérangeante. L’auteur ne prend pas le parti de dénoncer mais de relater les faits et de croiser sans cesse les regards afin de donner plus de vie à son récit. L’Auteure et la Dramaturge sont utilisées comme des narrateurs omniscients et proposent des clés d’entrée aux lecteurs souhaitant s’approprier toutes les subtilités d’un récit semblant, dans un premier temps, totalement archétypal.

« Mai, juin, juillet », trois séquences faisant la matière des trois parties de la pièce annoncées par son titre. Une évocation saisissante d’une période trouble dans laquelle tout est vrai. On est saisi lorsque l’on retrouve Jean-Louis Barrault et quelques figures d’alors, comme le 21 mai lorsque débutent les « Etats Généraux » au Théâtre de Villeurbanne. Ils sont tous là. José (Valverde) et Roger (Planchon), Jean (Dasté) et Hubert (Gignoux), Gabriel (Monnet), etc…dans la pièce, l’auteur ne les désigne que par les institutions, les villes : Strasbourg, Rennes, Aubervilliers, Saint-Denis etc…

Dans la sixième partie du mois de juillet, intitulée « Le trottoir », on découvre une conversation entre « Poésie » et « Révolution », une belle promesse d’écriture pour la jeunesse.

Mai, juin, juillet
Dans les théâtres de 1968
De Denis Guénoun

Les Solitaires Intempestifs
1 rue Gay-Lussac
25 000 Besançon
tel : 03 81 81 00 22
www.solitairesintempestifs.com

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