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Le Système Ribadier, de Georges Feydeau, mise en scène Ladislas Chollat, aux Bouffes Parisiens

Fév 05, 2020 | Commentaires fermés sur Le Système Ribadier, de Georges Feydeau, mise en scène Ladislas Chollat, aux Bouffes Parisiens

 

© Céline Nieszawer

 

ƒƒƒ Article de Philippe Escalier

Avec Le Système Ribadier, les Bouffes Parisiens nous offre un cocktail enivrant concocté avec le meilleur du vaudeville, de la mise en scène et de l’interprétation ! 1 h 50 de pure folie parfaitement jubilatoire.

Feydeau n’a pas vieilli et ne vieillira jamais ! Ses pièces sont construites avec une infernale précision, le rythme est trépidant, les répliques savoureuses, et, quoique l’on reste dans le thème spécialisé des maris volages (les femmes peuvent l’être aussi), la fête proposée au spectateur reste toujours surprenante et parfaitement réussie.

1 h 50 de spectacle, mais Feydeau n’a pas une seconde à perdre. Le décor est planté immédiatement. La jolie veuve Robineau devenue très vite l’épouse Ribadier (comment rester veuve dans la bonne société ?) découvre, en même temps qu’elle repasse la bague au doigt, que son premier mari l’a abondamment trompée, au point de remplir tout un carnet de notes avec la multitude d’excuses mises en avant pour cacher ses turpitudes. Échaudée, certaine que mariage et fidélité constituent un parfait oxymore, Angèle Robineau « flique comme une malade » son nouvel époux ce qui ne manque pas d’échauffer l’objet de sa surveillance, jurant être un mari parfait. Dans le même temps, revenant d’un pays lointain, débarque le consul Aristide Thommereux. Ancien amoureux d’Angèle, n’ayant nullement renoncé à la faire sienne, il est accueilli à bras ouverts par le mari maltraité, trop heureux de trouver en lui un peu de soutien et de complicité masculine. Une proximité qui l’amène à dévoiler le stratagème « scientifique » qu’il a mis au point pour, lui aussi, tromper sa femme, le Système Ribadier ! C’est alors que la machine se grippe !

La recette consistant à moderniser les classiques est suivie par Ladislas Chollat qui sait parfaitement prendre de la distance tout en étant parfaitement fidèle (un comble chez Feydeau!). Le metteur en scène a décidé que même le décor aurait de l’humour et il nous évite la lourdeur des tentures vertes, des fauteuils en cuir marron et des tapisseries surchargées en recréant un cadre en noir et blanc, mobile, imitation très moqueuse de l’esprit du XIXème siècle. Dans cet ensemble moderne, l’apport musical, signé Frédéric Norel, rajoute à la tonicité ambiante. L’on parle au subjonctif, l’on porte des tenues d’époque et l’on joue vrai avec toute l’énergie qui convient, sans se prendre au sérieux (grâce notamment à quelques délicieux tics de comportement) en donnant au spectateur l’agréable impression que l’on joue pour et avec lui. C’est dire que la symbiose est parfaite d’autant que la distribution est sans failles. Valérie Karsenti donne au rôle féminin principal, jamais facile à endosser dans les vaudevilles, un relief et une sensibilité remarquables. Pierre François Martin-Laval qui joue idéalement le charmant cynique plein de vie, incarne un redoutable Ribadier. Patrick Chesnais vient compléter ce trio redoutable. Tout en douceur, il met son talent au service d’un Thommereux frappé d’une obsession presque enfantine pour cette femme qu’il convoite en vain depuis toujours. Benoît Tachoires en mari cocu, Elsa Rozenknop en servante témoin de la tempête conjugale et Emmanuel Vérité en chauffeur coureur de jupons complètent avec bonheur cette belle distribution. Tous contribuent à nous faire adhérer, sans l’ombre d’une hésitation, au système Ribadier.

 

© Céline Nieszawer

 

Le Système Ribadier, de Georges Feydeau

Mise en scène : Ladislas Chollat

Assistant mise en scène : Éric Supply

Avec : Patrick Chesnais, Valérie Karsenti, Pierre François Martin-Laval, Benoît Tachoires, Elsa Rozenknop, Emmanuel Vérité

Décors : Emmanuel Charles

Lumières : Alban Sauvé

Costumes : Jean Daniel Vuillermoz

Musiques : Frédéric Norel

 

Du mercredi au samedi à 21 h

Matinées samedi à 16 h 30 et dimanche à 15 h

 

Durée : 1 h 50 sans entracte

 

 

Théâtre des Bouffes Parisiens

4 Rue Monsigny, 75002 Paris

Réservations : 01 42 96 92 42

www.bouffesparisiens.com

 

 

 

 

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