Critiques // Critique • « Urgent crier ! » Philippe Caubère joue André Benedetto à la Maison de la Poésie

Critique • « Urgent crier ! » Philippe Caubère joue André Benedetto à la Maison de la Poésie

Nov 09, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Urgent crier ! » Philippe Caubère joue André Benedetto à la Maison de la Poésie

Critique de Camille Hazard

Philippe Caubère met en scène et fait siens différents textes d’André Benedetto, homme de théâtre et créateur du festival Off d’Avignon en 1966.

C’est autour de textes majeurs, sur le créateur du Théâtre National Populaire Jean Vilar, sur l’insatiable Antonin Artaud, sur le critique Gilles Sandier (France Inter, le Masque et la plume entre autres…) sur le Festival d’Avignon, enfin sur l’enivrante Marseille et les acteurs du Sud, que Caubère fait résonner la voix de cet artiste trop souvent relégué au rôle « anecdotique » de Directeur du Off (2006).

© Philippe Rue

Ainsi, Benedetto, disparu en 2009, renaît quelques instants sous les traits de Caubère. Cette renaissance provient moins d’une volonté d’incarnation physique, comme on interpréterait un personnage, que de la réunion de deux esprits connivents, complices.

« J’aimerais jouer benedetto, le faire revivre, comme j’ai fait jouer ma mère ou bien Ariane Mnouchkine« . Tout en délicatesse et en retenue, Caubère, se laisse glisser dans la poésie de ces textes sans jamais se mettre, lui, en lumière. On ressent avec émotion, son respect débordant pour celui qui fut l’un de ses maîtres.

« Le théâtre devrait appartenir au domaine public tout comme l’eau, le gaz, l’électricité. » A. Benedetto

© Michèle Laurent

Ces textes nous font partager des moments intimes avec Jean Vilar, sur ses envies, ses idéaux, ses conceptions engagées du théâtre.
Des passages poétiques nous entrainent dans l’exaltation, la folie d’Artaud : ses obsessions, sa rage, son déterminisme à plonger tout au fond de lui-même pour trouver. Trouver quoi ? Il ne sait pas, il n’y a que la quête qui importe vraiment.
Photos, interviews, fragments de documentaires du Festival d’Avignon et des batailles rangées de 68 se profilent derrière l’homme qui nous raconte ses souvenirs. Discrètes, ses images soulignent les mots sans jamais les alourdir, donnent à voir les expressions brûlantes des yeux, les rides hurlantes, les corps chargés de ces infatigables acharnés.
Accompagné de sa guitare, le musicien Jérémy Campagne apporte un souffle Rock et révolté à quelques textes mis en chanson par Caubère.

Étourdis tout d’abord par le poids des mots, par la poésie sauvage qui se dégage des textes, et par la grandeur de ces hommes, nous voilà conscients et bien réveillés ! Prêts à affronter n’importe qui, n’importe quoi afin que résonne à jamais le cri abyssal des artistes, et que ce cri devienne théâtre. Caubère fait corps avec la pensée de ces artistes, son spectacle retentit comme une alerte ! Urgent de crier ! Ne languissons pas dans un sommeil morbide, soyons vivants !

Urgent crier !
Textes
: André Benedetto
Adaptation et mise en scène
: Philippe Caubère
Guitare
: Jérémy Campagne
Lumière et son
: Philippe Olivier
Montage images
: Nicolas Temple

Du 4 novembre au 31 décembre
Du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h, relâche le 25 décembre

Maison de la Poésie
Passage Molière, 157 rue Saint Martin, Paris 3e
Métro Rambuteau – Réservations 01 44 54 33 00
www.maisondelapoesieparis.com

www.philippecaubere.fr

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