Chronique de Camille Hazard –

Au détour d’un chemin de ce vaste jardin, nous avons pu voir un joueur de diabolo, des acrobates, du théâtre, du clown. Les artistes ne pouvaient rêver mieux que d’avoir l’immensité des parterres et ce château en briques rouges comme décors !

Jouni Ihalainen, en costume élégant, crème, promène le diabolo le long de son corps, virevolte léger, crée des entrelacs savants. Une sonate de Bach accompagne sa gracieuse performance. Un moment de calme et d’oubli…

Passés quelques buissons, nous retrouvons Grégory Feurté, un acrobate français qui présente Le temps debout. Sur de la musique électronique, sur des voix qui nous parlent du Temps : « On finit par avoir une petite pendule dans la tête et on finit par marcher à son rythme », « Pas le temps, on ne voit pas le temps qui passe… », Grégory Feurté se suspend à un long élastique accroché au sommet d’une barre métallique. Le rythme électronique s’accélère, l’élastique se tend, se tend, on le voit  monter sur cette barre verticale, modifiant ainsi toute notre perception de la marche et des mouvements : il marche et évolue à la verticale comme nous, sur un sol. Une légèreté incroyable se dégage de son travail. Puis la musique se calme, seules des gouttelettes d’eau se font entendre, Grégory Feurté bondit, toujours accroché à son élastique, de part en part dans l’espace ; les mouvements de l’homme sont décuplés, entièrement libérés, de quoi encore nous émerveiller.

Puis nous nous dirigeons vers une nouvelle installation, placée juste en face de la façade principale du château ; la structure est simple, trois barres d’acier, des fils reliées à des pieds, pour deux tableaux chorégraphiés. Nous attendons les artistes, rien ne se passe…

Puis deux touristes s’approchent de la structure faisant des poses devant l’appareil photo. Outrage !! Que font elles ? «  Elles n’ont aucune gène ces femmes là ! » entendons nous dans le public…On se rend vite compte qu’il s’agit en fait d’une idée de mise en scène tout à fait originale : elles investissent la structure métallique en donnant l’impression de ne jamais maîtriser l’équilibre. Une phrase entêtante nous répète inlassablement : « Les humains sont tous pareils. ». En tout cas, pas ces artistes : équilibristes alliant technique, sensualité, poésie et humour nous emportent dans leur univers décalé.

Le deuxième tableau respire la tendresse, la poésie et l’amour : chorégraphie pour un duo homme-femme, à la sensualité à fleur de peau. Leur corps tendu et souple en même temps sur un fil, ils évoluent, s’enlacent, se chevauchent, se cherchent, se retrouvent enfin main dans la main, tête contre tête. Puis se reperdent et partent chacun dans une direction comme si cette furtive rencontre n’avait été qu’une vision, un rêve…

La clôture de ce festival s’est terminée par un spectacle pyrotechnique sur l’immense bassin du jardin royal. Le groupe F, invité pour l’occasion, a transformé sous nos yeux l’étendue d’eau en un immense feu de joie, toujours dans les tons ocres et pailletés. Là encore, les capacités humaines et les moyens engagés ont été  décuplés, surpassés, notre appréhension a été transformée et émerveillée devant toutes ces libertés d’action auxquelles nous n’avons pas accès…Voilà un des rôles de l’artiste .

Le Festival Teatro a Corte s’achève sur un spectacle grandiose d’eau et de feu, soulignant le ton donné dans ce Festival :  de la réflexion et de la passion.

Black pearl
Avec : Jouni Ihalainen
Production : L’académie Fratellini

Le Temps debout
Avec : Grégory Feurté
Mise en scène : Kitsou Dubois

Les Étoiles
Création : Les Colporteurs
Avec : Sanja Kosonen, Agathe Olivier et Florent Blondeau
www.lescolporteurs.com

Joueur de Flammes
Création : Groupe F
Avec : Eric Noel, Laurent Desflèches, Nicolas Leras et Rachel Cronier
www.groupef.com

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Journée de clôture du festival Teatro a Corte
Le 25 juillet 2010
Giardini della Reggia – Venaria Reale (Italie)
www.teatroacorte.it

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