Critiques // Critique. « D.A.F. MARQUIS DE SADE », de Pierre-Alain Leleu au Ciné 13 théâtre

Critique. « D.A.F. MARQUIS DE SADE », de Pierre-Alain Leleu au Ciné 13 théâtre

Jan 28, 2013 | Aucun commentaire sur Critique. « D.A.F. MARQUIS DE SADE », de Pierre-Alain Leleu au Ciné 13 théâtre

ƒ Critique Rachelle Dhéry

Sade photo Lot

« Apporte-moi un oreiller. Je veux dormir la tête haute »

1784. Après six ans de prison à Vincennes, pour fustigation de jeunes filles publiques, le marquis de Sade est transféré à la Bastille. Son gardien et les lettres de son épouse pour unique compagnie, il s’invente une présence féminine multi-facettes pour rompre avec la solitude et avoir l’occasion de débattre avec sa conscience de sujets qui l’animent et le passionnent. Il sera libéré en 1789, pour devenir l’écrivain insolite que nous connaissons aujourd’hui.

« Apporte-moi aussi de quoi écrire. C’est impossible d’échapper à mon génie. »

Dany Verissimo-Petit incarne une femme sortie tout droit de l’imaginaire du libertin emprisonné. Entre l’espiègle, l’intellectuelle, la révoltée, la femme populaire, la putain, la femme aimante, elle semble glisser, à l’équilibre. Quant à Pierre-Alain Leleu, il reste surtout l’auteur de cette pièce, respectant son texte avec une ferveur et un amour non dissimulés.

« Je hais les censeurs et les bien-pensants qui me persécutent »

Bon, côté scénographie, pas de grandes surprises en vue. Des barreaux symbolisant la prison, un divan pour lit, une table et une chaise. En même temps, ça semble logique pour une geôle. Des petits jeux de lumière intéressants apportent un peu plus de personnalité à cette sobre mise en scène. Ce qui frappe le plus, c’est la concentration de certaines scènes, côté jardin. Tout d’abord parce que le gardien s’y trouve, mais aussi le lit, obligeant les acteurs à tenir des dialogues « dans leur coin ». Ce qui est étonnant et dommage pour certains passages où le spectateur est privé du regard des protagonistes. On pourrait croire que le quatrième mur de cette prison est visible, pourtant, les comédiens n’hésitent pas à le briser régulièrement, prenant le public à témoin, devenu le complice malgré lui des folles envolées lyriques et trash du Marquis de Sade.

« La première des libertés est la liberté de tout dire »

De toute façon, la scénographie est totalement secondaire dans cette pièce. Ce qu’on retient surtout, c’est ce texte. Non seulement, c’est très bien écrit, dans un langage soutenu tellement bon à entendre, mais aussi, cette exploration de l’âme d’un tel homme, est particulièrement intéressante. Pour qui ne connait pas l’œuvre de cet écrivain hors du commun, c’est une excellente entrée en matière, si j’ose dire. Abordant tour à tour sa conception de la religion, de Dieu et de la vie de Jésus, du sexe ; son point de vue sur les lois, la peine de mort, la prison ; son ignoble – à mon goût – discours sur le vice sexuel et la cruauté de l’homme, sur fond de petite musique douce, est à la fois écœurant et captivant, et pour finir, sa vision du plaisir, de la jouissance (ou «éjaculation », ou « foutre », ou « vanille » au choix !) œuvre individualiste, égoïste et solitaire. Mégalo, misanthrope, misogyne, violent, tourmenté, révolutionnaire, libre penseur, D.A.F Marquis de Sade est un artiste intrigant. Et même si on est choqué par ses convictions et ses actes, on ne peut que saluer sa volonté de se battre de toutes ses forces pour sa liberté de dire.

D.A.F. Marquis de Sade, de Pierre-Alain Leleu
Mise en scène de Nicolas Briançon
Avec Dany Verissimo, Pierre-Alain Leleu, Michel Dussarat, Jacques Brunet
Décors : Bastien Forestier
Costumes : Michel Dussarat
Lumières : Camille Urvoy
Son : Julien Dauplais

Jusqu’à fin mars 2013
Du mercredi au samedi à 21H30 et Dimanche à 17H30

CINE 13 THEATRE
1 avenue Junot
75018 Paris
Métro : Lamarck-Caulaincourt
01 42 54 15 12
www.cine13-theatre.com

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