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Critique • « Regarde le lustre et articule », Les Chiens de Navarre au Théâtre du Rond-Point

Fév 25, 2014 | Aucun commentaire sur Critique • « Regarde le lustre et articule », Les Chiens de Navarre au Théâtre du Rond-Point

ƒ ?ƒƒ ? ƒƒƒ ? critique Denis Sanglard

f8781c0152e95e6dbda613fdc820b5e1© Hervé Véronèse

Vaste fumisterie ou vaste blague potache

« Regarde le lustre et articule » (phrase de Louis Jouvet, ça fait tout de suite plus sérieux…) est une performance des Chiens de Navarre dont le Théâtre du Rond-Point propose un festival. Coincée entre « Une Raclette » (consulter notre menu pour en savoir un peu plus, nous l’avions vu lors de sa création) et « Nous avons les machines » (pas vu) « Regarde…etc » est une performance sympathique mais un peu vaine. En apparence. Encore que…

Certes on rit beaucoup lors de cette improvisation foutraque organisée comme une lecture de pièce avec tout le tralala qui accompagne généralement cet exercice un peu lourd parfois. Mais la pièce ici n’existe pas, les pages lues consciencieusement, quelquefois ânonnées, sont vierges de tout écrit. La pièce se fabrique sous nos yeux. C’est parfois franchement drôle, parfois laborieux, c’est du n’importe quoi. Le n’importe quoi c’est un peu leur marque de fabrique, cette explosion joyeuse et transgressive de la théâtralité et de ses codes. Oui, mais là ça coince un chouïa. L’impression confuse que l’exercice atteint ici ses limites. Peut être parce que nous savons à quoi nous attendre et qu’évidemment la surenchère guette. Les chiens de Navarre sont sur le fil du rasoir, ça dérape souvent mais quelque chose ne fonctionne plus, ne fonctionne pas. Le niveau reste bas, les sujets patinent, aucun envol. Pas d’explosion. On le sait, l’improvisation ne s’improvise pas. Si « Une Raclette » et « Nous avons les machines » participent de l’improvisation – et là c’est du nanan –  ces deux créations n’en sont que le fruit maturé. On peut objecter ici  de la fragilité de l’exercice brut de coffre avec tous les défauts inhérents à ce genre de performance.

À moins, à moins que tout ceci ne soit foutrement organisé et que bernés nous soyons.

On ne sait jamais avec les Chiens de Navarre… Donc reprenons à l’envers le raisonnement du méchant critique, on se dit alors que tout ça n’est que le carnaval grotesque des cuisines théâtrales, de la fabrication d’un évènement. L’envers possible d’« Une Raclette ».  En somme une parodie orchestrée de main de maître. C’est bien ça le problème avec Les Chiens de Navarre, on ne sait jamais si c’est du lard ou du cochon. La position du spectateur s’en trouve quelque peu agitée qui louvoie entre plusieurs positions dont celle de regarder le lustre et de laisser articuler ceux dont c’est sans doute le métier. Et que dire de celle du chroniqueur, de position, qui essaie tant bien que mal de saisir quelque chose au vol pour se raccrocher un tant soit peu à cette non-représentation avant d’écrire son désarroi, son impuissance devant un tel machiavélisme… ou ce foutage de gueule.

 
Regarde le lustre et articule
Création collective: Les Chiens de Navarre
Mise en scène: Jean-Christophe Meurisse
Avec: Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Elodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent
Avec un invité différent à chaque représentation.

Le 8, 15, 16, 22, 23 février, 1er et 2 mars 18h30, dimanche 16h30

Théâtre du Rond-Point
Salle Jean Tardieu
2bis av. Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
Métro : Franklin Roosevelt  
Réservations 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

Lien vers la critique sur Une Raclette

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