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Compte rendu des rencontres CNT/SACD « Écriture dramatique : quels dispositifs de soutien ? » /1

Oct 17, 2011 | Aucun commentaire sur Compte rendu des rencontres CNT/SACD « Écriture dramatique : quels dispositifs de soutien ? » /1

Chronique de Rachelle Dhéry

Lundi 3 octobre 2011, à la Maison des Cultures du Monde
Rencontres CNT/SACD » Écriture dramatique : quels dispositifs de soutien ? // 1e partie

Vers quel dispositif de soutien à l’écriture dramatique puis-je me tourner et comment fonctionne-t-il ? À quel comité de lecture envoyer mon texte et quel retour en attendre ? Qui sont les éditeurs de textes dramatiques ? Je veux porter mon texte à la scène, comment faire ? Autant de questions que les auteurs posent quotidiennement aux deux organismes que sont le Centre national du Théâtre et la SACD. Soucieux de répondre aux préoccupations concrètes de leurs usagers et poursuivant leurs missions respectives de soutien aux auteurs dramatiques, le CNT et la SACD se sont associés pour présenter lors de ces deux journées le panorama le plus complet possible de ces dispositifs de soutien qui jalonnent le parcours d’un texte dramatique, depuis sa création jusqu’au plateau, en passant par l’édition, la production et la diffusion.

Pour ces deux journées au programme alléchant, plusieurs rédacteurs d’Un Fauteuil pour l’Orchestre étaient présents. Les places étant limitées, il était intéressant d’en faire un compte-rendu, ou du moins de s’en rapprocher.
On peut se demander pourquoi, à l’heure où toutes les informations peuvent être diffusées sur la toile, organiser une telle rencontre ? La réponse à cette question était dans la salle : entre conférences et débats, les rencontres se sont avérées bien plus utiles et nécessaires que jamais ! Face au flot des informations qu’on peut trouver par soi-même, ces deux journées ont permis de dresser une sorte de cartographie simplifiée des dispositifs destinés à accompagner les auteurs d’œuvres dramatiques. Beaucoup de mots ont été dits, beaucoup de questions ont été posées, des réponses apportées, au jeune auteur comme à l’écrivain averti.
L’autre facette positive de ces rencontres était dans l’humain. Des noms réputés du monde du Théâtre avaient enfin un visage, une voix, un œil et une oreille. Qu’il est bon de pouvoir voir et être vu, écouter et être entendu, craindre ensemble et rire ensemble. Qu’il est bon aussi d’adoucir la complexité des demandes d’aides ou la claque du comité de lecture, parce qu’on sait que derrière la bureaucratie, derrière le refus, ou derrière l’absence de réponse, se cachent des hommes et des femmes passionnés, amoureux de leurs métiers, qui aimeraient tant faire plus, mais ne peuvent pas.
Alors oui, il y a eu des mécontents, oui, le temps était compté, oui, on aurait souhaité prolonger les débats, mais dans l’ensemble, les rencontres ont remporté un franc succès. Le compte rendu qui suit, loin d’être suffisant, a pour objectif de donner un aperçu non exhaustif de ces rencontres. La structure reprend celle éditée par le CNT et la SACD, pour une meilleure lisibilité du parcours. Des liens vers des sites permettront aux plus intéressés d’approfondir leurs recherches.

Ce lundi 3 octobre, nous avons eu droit à une belle introduction avec Jean-Paul Alègre, auteur et président de la commission Théâtre du Conseil d’Administration de la SACD ; Jacques Baillon, directeur du Centre national du Théâtre ; Stéphane Fiévet, délégué au Théâtre, direction générale de la création artistique, Ministère de la Culture et de la Communication ; Pascal Rogard, directeur général de la SACD. La mise en bouche réussie, les conférences ont pu commencer.

LES AIDES À L’ÉCRITURE

Modérateur » Jean-Paul Alègre, auteur et président de la commission Théâtre du Conseil d’Administration de la SACD (Société des Auteurs et des Compositeurs Dramatiques) souligne que le texte lu n’est pas anonyme, afin de respecter le principe de l’aide à l’écriture SACD : pour soutenir les artistes émergents, l’aide est attribuée une seule fois dans la vie de l’auteur pour un même registre. [Détails ici]
Intervenants » Corinne Bernard, directrice et Corinne Jutard, chargée de mission spectacle vivant (Association Beaumarchais-SACD) rappelle que leur structure assure le financement des aides à l’écriture et du suivi personnalisé, en grande partie grâce à la « copie privée » (25% pour l’action culturelle), sujet brûlant de l’actualité culturelle (à peu près 1 million d’euros par an). Elle précise que l’aide concerne l’écriture, l’écriture collective, mais non la réécriture. L’auteur peut-être son propre metteur en scène.
Laurent Lalanne, responsable du Pôle auteurs (CNT – Centre National du Théâtre) reçoit environ 600 manuscrits par an. Tous sont lus par au moins deux lecteurs.
Les auteurs, pour être aidés, doivent envoyer un texte jamais monté. La mise en scène éventuelle, décrite dans les dossiers, n’influence, a priori, pas la décision. C’est le texte qui prime. Les textes aidés peuvent être des traductions, des textes dramatiques ou des écritures plurielles. L’auteur peut-être son propre metteur en scène (environ 18% des dossiers présentent cette caractéristique).
Au CNT, 23 experts font partie du comité de lecture et doivent rédiger des fiches de lectures. [Détails ici]
Laurent Muhleisen, directeur artistique (Maison Antoine Vitez, association Loi 1901), également président du bureau des auteurs à la Comédie Française, évolue dans le domaine de la traduction, et du répertoire contemporain étranger.
Actuellement, l’enjeu est de réussir à développer l’exportation des œuvres françaises à l’étranger (Europe, notamment).
Rémy Paul, inspecteur Théâtre (DGCA = Direction Générale à la Création Artistique) évoque l’aide au compagnonnage (artiste auteur/compagnie conventionnée) dont le but est d’assurer la commande de l’œuvre, sa représentation, ainsi qu’une aide financière de 7000€ minimum en droits d’auteur. Toutefois, l’auteur ne peut pas être son propre metteur en scène.
Le comité de lecture retient 10 œuvres par an.
Pour rappel, initiée en décembre 2007, la réorganisation de l’administration centrale du ministère de la Culture et de la Communication est entrée en vigueur le 13 janvier 2010. Cette réforme consiste en un regroupement des activités du ministère autour de quatre grands pôles, dont la Direction générale de la création artistique qui réunit désormais l’ancienne Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS) et l’ex Délégation aux arts plastiques (DAP).
La direction générale de la création artistique (DGCA) définit, coordonne et évalue la politique de l’État relative aux arts du spectacle vivant et aux arts plastiques. [Détails ici]
Florabelle Rouyer, adjointe au chef du département de la création (Centre national du livre – CNL) parle de 300 projets aidés, tous domaines confondus, par an. Les aides sont proposées aux auteurs qui ont déjà publié un livre ou deux pièces représentées dans des conditions professionnelles. L’auteur doit être unique.
Au CNL, le comité de lecture comporte 15 membres, qui ne justifieront pas les refus auprès de l’auteur. [Détails ici]

LES COMITÉS DE LECTURE

Lors d’un récent repérage du CnT, on a pu dénombrer une centaine de comités de lecture sur tout le territoire. Comment fonctionnent-ils ? Sont-ils liés à la production d’un spectacle ? À la programmation d’un théâtre ? À la remise d’un prix ? Simples outils de repérage de textes ou lieux de résonance et d’aides à la diffusion, ils revêtent des formes multiples. Six d’entre eux sont présentés ici.
Modératrice » Élisa Fourniret, conseillère au pôle auteurs utilisateurs (SACD)
Intervenants » Véronique Bellegarde, Metteur en scène, artiste associée à « La Mousson d’été » (Festival autour des écritures contemporaines internationales, « La Mousson d’hiver » (Festival autour du répertoire dramatique européen à destination de la jeunesse) et responsable du comité de lecture, membre de la commission nationale de l’Aide à la création du CNT, indique que les lecteurs se réunissent une ou deux fois par mois, pour trouver les jeunes écritures prometteuses. Il ne faut pas espérer de réponses, sauf si positive, mais ils acceptent de parler aux auteurs refusés, s’ils appellent. [Détails ici]
Laurence Courtois, conseillère littéraire (France Culture) précise que 12 personnes se réunissent une fois tous les quinze jours et reçoivent environ 350 œuvres par an. A Priori, les textes sont lus deux ou trois fois, avant d’être transmis pour étude à un comité éditorial, pour adaptation radiophonique. Peut en découler l’achat ou la production du texte par une personnalité du monde du théâtre ou du cinéma.
Patrice Douchet, directeur (Théâtre de la Tête Noire) et metteur en scène évoque la bourse « Partir en écriture » offerte à 4 heureux lauréats qui voyageront…en écrivant.
Il évoque également le comité de lecture composé de 16 comédiens et metteurs en scène, qui lisent près de 150 manuscrits (sur 300). Apparemment, ils prennent le temps de répondre au téléphone, pour les malheureux refusés. [Détails ici]
Angela de Lorenzis, traductrice et dramaturge, membre du bureau des lecteurs de la Comédie-Française, de la commission nationale d’Aide à la création du CnT et du Théâtre national de la Colline, précise qu’ils cherchent (à La Colline) surtout des premières pièces.
Ils en reçoivent près de 500 par an (français ou européens). Les œuvres sélectionnées font ensuite l’objet d’une lecture publique. 4 lecteurs permanents ont pour mission de lire tous les textes adressés au théâtre et de repérer ceux qui sont susceptibles d’intéresser le groupe de réflexion composé de 16 lecteurs (metteurs en scène, dramaturges, comédiens). Ceux-ci se réunissent 4 à 5 fois par saison et discutent de 6 à 7 textes par réunion.
Jean-Daniel Magnin, directeur littéraire (Théâtre du Rond-Point).
Le comité est constitué par des membres auteurs élus à vie et reçoit près 1300 manuscrits par an. [Détails ici]
Laurent Muhleisen, président du bureau des lecteurs (Comédie-Française), où 15 lecteurs se réunissent six fois par an. [Détails ici]

On évoque, par ailleurs, divers comités de lecture comme :

  • le comité de lecture de Fontenay-Sous-Bois (15 membres dont des spectateurs, et qui respectent l’anonymat de l’auteur) ;
  • le comité de lecture de l’association « à mots découverts » se réunit une fois par mois. Tout auteur peut se mettre en rapport avec eux, en leur adressant un texte. Celui-ci est lu par trois des membres de l’association (beaucoup de comédiens). Chaque démarche spontanée de la part d’un auteur est garantie d’un retour, soit sous forme d’un courrier personnalisé, soit sous forme d’une proposition de rencontre.
  • le « Comité de lecture du Tarmac de la Villette »

Quelques précisions :
Comme Angela de Lorenzis, certains lecteurs appartiennent à plusieurs comités de lecture. D’un côté, cela peut permettre une meilleure circulation des œuvres dans les divers dispositifs, cependant, cela peut engendrer une forme d’homogénéisation des œuvres retenues. Et le danger est là : une œuvre soutenue par le CNT (à titre d’exemple) se retrouvera souvent sur d’autres dispositifs d’aides, et d’autres « prix » décernés. Et cela, au bénéfice de l’auteur élu. Quant à l’auteur « refoulé », le refus d’un comité peut-être le départ d’un véritable phénomène de boules de neige, sur les autres dispositifs.
Pour plus d’information sur les comités de lecture, le CNT en a listé près de 70 sur le territoire.

LES RÉSIDENCES D’AUTEURS

De durées et de natures très diverses, liées ou non à une production ou une présentation publique, les résidences d’auteurs sont très demandées. Retours sur expériences en compagnie d’organisateurs de résidences et d’auteurs qui en ont bénéficié.
Modérateur »Patrick Volpilhac, président de la Fédération interrégionale du livre et de la lecture et directeur général d’Ecla Aquitaine
Intervenants » Xavier Person, responsable du service livre (Région Île-de-France)
Il évoque, entre autres, l’aide au projet « résidences d’écrivains ». Accessible à tout type de lieu, ouvert à tous, même si on a été édité à compte d’auteurs. La résidence est possible même pour ceux qui résident en Île de France. L’enjeu actuel serait de développer les résidences croisées avec d’autres pays.
Pour information, un crédit de résidence au CNL s’élève à 2 000 € par mois. Il faut partir au minimum deux mois loin de chez soi pour obtenir l’aide.
On dénombre 19 agences du livre en France. [Détails ici]
Marie Raymond, responsable du Théâtre (Institut français). L’Institut français, opérateur du Ministère des Affaires étrangères et européennes pour l’action extérieure de la France, se substitue à l’association Culturesfrance sous la forme d’un EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial) avec un périmètre d’action élargi et des moyens renforcés.)
Elle évoque notamment la résidence d’écriture « Mission Stendhal » : deux mois de résidence et une bourse à l’étranger (pas encore élargi aux auteurs de théâtre). L’écriture doit être française ou francophone. L’idée est de porter l’écriture vers l’international. [Détails ici]
Palmina d’Ascoli, responsable du pôle résidences (Institut français)
François de Banes Gardonne, directeur général (La Chartreuse CIRCA-CNES)
Sonia Chiambretto, auteur
Yann Dissez, chargé de mission sur les résidences d’écrivains (Livre et Lecture en Bretagne)
Anne-Laure Liégeois, metteur en scène
Durant les échanges, on entend parler d’autres résidences comme le « Pôle théâtre » à Mains d’œuvre.

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