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Barbara, mémoires interrompus, d’après Il était un piano noir… , de Barbara, mise en scène de Frédéric Constant, Studio Hébertot, Paris

Déc 01, 2024 | Commentaires fermés sur Barbara, mémoires interrompus, d’après Il était un piano noir… , de Barbara, mise en scène de Frédéric Constant, Studio Hébertot, Paris

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette

Un spectacle s’intitulant Barbara, mémoires interrompus, peut faire peur, des chansons pures et dures martyrisées ? Déguisement en noir foncé ? On se méfie, on s’attend au pire. Et on a tort. Ce spectacle est basé sur le livre de Barbara, publié en 1998, ses premières années, son enfance, sa grand-mère, son père aussi, forcément… Son goût pour la musique, la chanson, son courage, ses refus, les hasards, les miracles. Elle nous est présentée comme « Barbara avant la poésie, avant les chansons, avant la gloire… Barbara avant Barbara. » nous dit-on.

C’est amusant, avant que le spectacle commence, d’entendre des commentaires sur le décor, nu devant nous : oui, pas grand-chose, un système d’éclairage costaud, un fauteuil, curieusement pas à bascule, mais bon… Comme si nos voisins ne réalisaient pas que l’on souhaitait nous présenter sur scène une scène, un esprit de scène. Vous savez, Barbara vivait sur scène, Barbara chantait, avait un public et on va nous parler de ça ce soir, des tous débuts, avant les débuts, en se plongeant dans « Il était un piano noir… ». L’inceste, on parle de Granny, de sa mère. De la musique, la voix, comme immédiate, évidente. Partagée. De la naissance de certaines chansons.

On pourrait se dire, face à Catherine Pietri qui a réalisé l’adaptation de ce spectacle et qui y prend la place de Barbara, que ce pantalon, là, sur scène, est bleu marine, scandale pour ne pas dire péché mortel ! On y pense deux minutes, à la troisième on se dit que tout va trop vite. Qu’on tente de construire une Barbara bien trop rapidement. On est toujours à deux doigts du scandale, d’appeler la police pour faire cesser ce spectacle honteux. Puis vient la quatrième minute et là on est pris, on sait qu’on est face à un très bon spectacle, tiré des mémoires de Barbara, « Il était un piano noir… », que la moyenne d’âge est curieusement élevée dans la salle, que l’on s’attendait à quelque chose d’autre, oui, plus long, plus carré, plus Barbara, de A à Z et qu’on en tremblait, profanation potentielle ! Barbara, mémoires interrompus, nous offre l’essence de notre grande dame, n’est-ce pas merveilleux ? On circule, le long de voies désertes, sur des autoroutes paumées, on est là où il ne fallait pas, on ne parle pas tout à fait de spectacles, mais des endroits où la jeune Monique s’est retrouvée, a été poussée, puis peu à peu, Barbara nous raconte son enfance, sa construction, ses toutes premières notes lancées pour les tous premiers spectateurs ! Catherine Pietri nous fait du bien, et semble s’en faire aussi, beaucoup, c’est évident. Le nôtre augmente, grandit, s’installe. Merci.

On retrouve nos sentiments barbaresques et on est replongé dans les mémoires de Barbara, grâce auxquelles est né ce spectacle. Un livre lu il y a fort longtemps pourtant, avec une joie immense. Où est-il ? Il faut nous y plonger à nouveau ! Un moment immense et plus que réussi ? Le Zan. Barbara nous a donné du Zan, le réglisse, celui qui s’enroule, le grand fil, le meilleur, celui que j’aime. Si, je vous jure, Barbara. Presque, une très bonne Barbara en tout cas…