Paroles d'Auteurs // « Yaacobi et Leidental » de Hanokh Levin

« Yaacobi et Leidental » de Hanokh Levin

Jan 23, 2010 | Aucun commentaire sur « Yaacobi et Leidental » de Hanokh Levin

Lecture de Bruno Deslot

La quête du bonheur illusoire

La quarantaine et une envie folle de tenter l’expérience du bonheur, Yaacobi décide de quitter son ami de toujours, David Leidental, pour se donner à la vie à corps perdu.

Une amitié fusionnelle, entre Itamar Yaacobi et David Leidental, les mène jusqu’à l’aube de leurs quarante ans, mais réveillé par la vie, Yaacobi, décide de partir à la quête du bonheur, laissant derrière lui, un ami pourtant si proche. Ainsi, débute cette folle épopée, dans laquelle Yaacobi se jette aveuglément, croyant que sa représentation du bonheur idéal existe. Il rencontre Ruth Chahach, une chanteuse de parade aux formes généreuses, dont l’âme toute entière est vouée à la musique. L’improbable rencontre est effective, le bonheur semble donc bien réel et Yaacobi s’en persuade en tombant amoureux de cette musicienne en devenir. Le mariage fera donc partie de ce monument de tartufferie auquel Itamar participe activement afin de donner toujours plus de légitimité à sa quête illusoire du bonheur. Mais Leidental, abandonné par son ami de toujours, s’arrime au quotidien de Yaacobi afin de connaître, lui aussi, cette existence fantasmée. S’offrant en cadeau de mariage aux jeunes époux, l’union est scellée devant l’autel de l’illusion. Le temps passe et l’euphorie de l’union cède sa place au poids étouffant du quotidien, au point de faire regretter à Yaacobi les temps bénis du passé des parties de dominos avec son meilleur ami. Entre hésitations, existence mal aisée, déception et férocité, la question du bonheur s’impose au chaos infernal des aspirations frustrées des trois personnages qui passent plus de temps à parler d’eux-mêmes qu’à se réaliser vraiment. L’acte peut être accompli mais porte toujours le poids douloureux du regret et de l’ennui.

Une farce incisive

Yaacobi et Leidental est une comédie construite en 30 tableaux qui mêlent dialogues incisifs, chansons, apartés et adresses au public oscillant entre effets burlesques et situations banales. Hanokh Levin utilise le rire, souvent féroce, pour dépouiller ses personnages pris dans le combat quotidien de l’existence. Entre la pensée et la farce, un discours très violent et ironique s’immisce dans les interstices d’un texte construit comme une vaste fresque épique et trépidante mettant en lumière une déclinaison de l’impuissance à vivre sans l’angoisse prégnante d’un idéal illusoire. Comment changer « sa vie » pour laisser une trace honorable de son passage sur terre ? Une question à laquelle la pièce ne propose aucune réponse, mais par un jeu de miroir, les trois anti-héros semblent nous renvoyer à nos propres questionnements qui, mis à distance, sont bien souvent caustiques et ridicules. Yaacobi et Leidental témoigne d’une puissante liberté d’expression de la part de son auteur et personne n’échappe à son jugement acéré.

La pièce Yaacobi et Leidental sera représentée du 19 janvier au 21 février 2010 au Théâtre du Rond Point à Paris (voir ici).

Yaacobi et Leidental
De Hanokh Levin
Traduit par Laurence Sendrowicz

Editions Théâtrales
20 rue Voltaire, 93100 Montreuil

www.editionstheatrales.fr


Voir aussi :
La pièce Yaacobi et Leidental

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