Critique d’André Antébi

Vaterland raconte une histoire d’après guerre, celle de Jean-Paul Wenzel lui même et d’un voyage à la recherche de ses origines.

Véritable road movie théâtral, la pièce nous fait traverser une Allemagne encore dévastée et une France encore étourdie. On parcourt aussi l’Allemagne de l’Est au plus fort de la guerre froide sur fond d’émergence de la scène punk rock.

Il y a dans cette histoire deux générations qui dialoguent, deux récits qui s’entrecroisent.

D’abord, un récit d’après guerre, celui d’une histoire d’amour, en 1944 entre Wihlem Klutz, un soldat allemand qui a usurpé l’identité d’un français, Louis Duteil, et une jeune française. Celui de Henri Duteil, parti à la recherche de son frère disparu, puis de son probable meurtrier, Wihlem Klutz.

Ensuite le récit de Jean, le fils de Klutz, lui aussi à la recherche de son père mais 35 ans plus tard, en 1982.

Comme toutes les histoires familiales, celle-ci est faite de passions, de secrets inavouables, de hasards, de brutalité et d’un contexte, ici bien particulier, la seconde guerre mondiale, qui conduisent tout droit à la construction d’un mythe qu’il appartient à chacun de déconstruire.

Avec une immense sensibilité et une grande simplicité, les acteurs, trois hommes et une femme, interprètent ces histoires au format éclaté, alternant les époques et les rôles, chaque séquence se faisant écho, rythmées par la musique en direct et par la voix si belle et envoutante de Nathan Gabily.

Malgré la violence du contexte et la gravité de l’enjeu, c’est dans une ambiance très feutrée, douce et apaisante que ce déroule le spectacle aux allures de polar. On sent dans la mise en scène de Cécile Backès le besoin de raconter, de dire vraiment cette histoire comme si elle se l’était appropriée de façon intime.

Tout le processus de création en témoigne, puisque retrouvant dans Vaterland un peu de son histoire, la metteure en scène est allée jusqu’à refaire à son tour le voyage de Wenzel, de Wilhem, de Henri et de Jean, comme on construit un palimpseste.

Toute cette pièce évoque un grand soulagement, celui de pouvoir dire enfin ses origines et l’on ressort du spectacle, en effet, à la fois bouleversé et apaisé.

Théâtre et vidéo
D’après Vaterland : le pays de nos pères de Jean-Paul Wenzel avec la collaboration de Bernard Bloch

Version scénique et mise en scène – Cécile Backès
Avec Nathan Gabily, Cécile Gérard, Martin Kipfer, Maxime Le Gall
Assistante à la mise en scène – Cécile Zanibelli
Scénographie de Antoine Franchet
Réalisation des images vidéo de Simon Backès
Conseil artistique germanophone d’Andrea Schieffer
Création son et vidéo de Juliette Galamez, assistée de Stéphan Faerber Costumes de Céline Marin
Couture de Camille Pénager
Régie générale, lumière et vidéo de Frédérique Steiner-Sarrieux
Régie son de Stéphan Faerber
Régie plateau de Sophie Ooms

Du 26 mars au 1er avril

Théâtre Gérard Philipe
59 Boulevard Jules Guesde
 93200 Saint Denis
Réservation au 01 48 13 70 00

www.theatregerardphilipe.com

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