Critiques // Critique • « Un soir, une ville… » de Daniel Keene, mise en scène Didier Bezace au Théâtre de la Commune

Critique • « Un soir, une ville… » de Daniel Keene, mise en scène Didier Bezace au Théâtre de la Commune

Jan 07, 2012 | Aucun commentaire sur Critique • « Un soir, une ville… » de Daniel Keene, mise en scène Didier Bezace au Théâtre de la Commune

Critique de Solveig Deschamps

Lenteur et décadence

Daniel keene né en 1955 à Melbourne, écrit pour le théâtre depuis 1979. Ses pièces sont jouées dans le monde entier. Depuis 1999, son écriture théâtrale est arrivée jusqu’en France. « Pour moi, c’est toujours une question de survie. Mes personnages se cramponnent aux bords des villes comme des naufragés se cramponnent à un radeau ». Dans ces trois pièces courtes qu’a choisi Didier Bezace (metteur en scène, comédien et directeur du Théâtre de la Commune depuis 1997), elle est bien présente cette désespérance à la périphérie de la grande ville, de ces femmes, ces hommes et enfants qui se battent et se débattent pour rester en vie, encore en désir, pas encore tout à fait à côté de la société.

Un décor unique et sombre, Jean Haas nous fait entrer dans la ville avec des points de fuite qui nous emmène de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Des pans de murs qui se déplacent entre chaque tableau pour devenir tour à tour le quai derrière lequel on entend le fleuve, le bar vide, les chambres avec leurs lits dans lesquels on ne peut plus trouver le repos.

© Brigitte Enguerand

Noir, c’est noir

Il y a d’abord « Fleuve » : Un père chômeur qui s’oublie avec des bières sous le regard de son petit garçon, impuissants tous les deux.
Puis « Un verre de crépuscule » : Deux hommes en solitude qui se retrouvent dans un hôtel, l’un payant l’autre. Peux t-on monnayer un peu de chaleur humaine ?
Et enfin « Quelque part au milieu de la ville » : Une vieille dame atteinte de cette maladie qui vous fait tout oublier recueillie par sa fille. Peut-on combler sa solitude en s’occupant d’un parent malade ?

Didier Bezace a opté pour la lenteur et les silences, comme s’il voulait nous signifier qu’il n’y a plus d’espoir. C’est un peu comme s’il avait oublié que même et souvent dans les moments dramatiques il pouvait y avoir des rires, de la distance, de l’humour. C’est dommage, voir dommageable. On se noie dans le drame et on s’en veut de s’ennuyer. La faute à qui ? Au parti-pris de mise en scène ? À l’écriture ? Aux comédiens ?

Se souvenir de « Avis aux intéressés » de Daniel Keene par Didier Bezace, Jean Paul Roussillon et Gilles Privat en 2004 dans le même théâtre, un pur bonheur plein de noirceur.
N’allez pas penser que tout est la faute des comédiens, ça serait injuste et trop facile. On va dire que c’est la faute à tout le monde. Avec un soupçon de légèreté même insoutenable ,ça aurait pu être bien, très bien.

Un soir, une ville…
De : Daniel Keene, Fleuve, Un verre de crépuscule et Quelque part au milieu de la nuit (Éd. Théâtrales)
Traduction : Séverine Magois
Mise en scène : Didier Bezace
Avec : Patrick Catalifo, Sylvie Debrun, Daniel Delabesse, Thierry Levaret, Geneviève Mnich, Maxime Chevalier-Martinot et Simon Gérin (en alternance)
Collaboration artistique : Laurent Caillon
Assistante à la mise en scène : Dyssia Loubatière
Scénographie : Jean Haas
Lumières : Dominique Fortin
Costumes : Cidalia Da Costa
Coiffures et maquillages : Cécile Kretschmar
Musique : Laurent Caillon, Denys Lable et Teddy Lasry
Chanson finale : Claire Denamur, Bang Bang Bang (« Vagabonde », EMI)
Réalisation vidéo : Dyssia Loubatière
Réalisation sonore : Géraldine Dudouet
Construction décor : Ateliers Jipanco

Du 4 au 29 janvier 2012
Mardi et jeudi à 19h30, 
mercredi, vendredi et samedi à 20h30, dimanche à 16h
 (relâches les 14 et 17 jan.)

Théâtre de la Commune
Centre Dramatique National d’Aubervilliers

2 rue Edouard Poisson, 93304 Aubervilliers cédex
Métro Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins — Réservations 01 48 33 16 16
www.theatredelacommune.com

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