Critiques // Critique • « Un petit jeu sans conséquence » de Dell et Sibleyras, mise en scène J.C. Barc au Théâtre du Gymnase

Critique • « Un petit jeu sans conséquence » de Dell et Sibleyras, mise en scène J.C. Barc au Théâtre du Gymnase

Août 03, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Un petit jeu sans conséquence » de Dell et Sibleyras, mise en scène J.C. Barc au Théâtre du Gymnase

Critique de Djalila Dechache

Quoi de neuf sur la planète « couple » ? Bruno, cadre dynamique et Claire s’aiment et vivent ensemble depuis 12 ans. Ils sont “the” couple stable de référence pour leurs amis, Patrick cousin de Bruno, Axelle et Serge notamment.
Jusqu’au jour où, à la faveur d’une fête champêtre dans la maison de la mère de Bruno, Claire décide, pendant un certain temps, de faire courir le bruit qu’ils se séparent. C’est « l’occasion de savoir ce que l’on pense de nous et on dira que l’on se quitte d’un commun accord » dit-elle.
Ce bruit de départ ne tarde pas à devenir la conversation du jour en se répandant comme une traînée de poudre, des uns aux autres, des autres et aux uns dans une surenchère sur le pourquoi du comment sans que toutefois personne ne soit étonné de la nouvelle. Comme tout le monde sait tout sur tout le monde, laissant sa vie en pâture au vu et au su de tous, ce n’est pas très difficile.

Chaque tableau fait jouer les combinaisons possibles entre les personnages jusqu’au moment où les aveux se font, quiproquos, désir et séduction, séparation, réconciliation puis séparation de nouveau et pour de vrai.

Les langues se délient entre le « je te l’avais dit » et « vous n’étiez pas si bien assortis dans le fond », « c’est Bruno qui est plan-plan » dit la bonne copine Axelle qui n’en rate pas une pour récupérer les copains des autres.
« Tu me dégoûtes ! et Axelle qui attendait comme une buse sa proie » dit Claire à Bruno en apprenant qu’il a eu la faiblesse de passer une nuit, en son absence, avec la fameuse Axelle et son air nigaud de ne pas y toucher.

Les thèmes qui ressortent de cette comédie représentative de la société d’aujourd’hui sont centralisés sur la cruauté de la prétendue amitié, l’usure du temps et celle du couple, la vacuité de la vie de couple, vivre seul dans la jungle des villes, et l’on pourrait la titrer de « Tel est pris qui croyait prendre ou le marivaudage moderne ». Parce qu’il va de soi « qu’à ce petit jeu idiot tu t’es laissée prendre » dit Bruno à Claire en ajoutant sur un ton mi-figue mi-raisin, et que « tu voulais rompre l’accablante monotonie de notre misérable existence ».

Le spectacle fonctionne bien sur le public, les scènes sont écrites au couteau et jouées dans un comique de langage et de situation où quasiment toutes les dix secondes il y a un éclat de rire, même si ces éclats de rire ne sont pas au même endroit selon que l’on est une femme ou un homme, et selon à quelle génération où à quelle culture on appartient.

Bien sûr c’est une comédie de mœurs sans conséquence, il n’y a pas à y chercher autre chose, à priori, que du divertissement.
Mais tout comme le titre dit quelque chose d’autre, on est tenté de questionner. Quelle est la morale de l’histoire ? Est-ce une fatalité au bout de douze ans de se séparer parce que la routine est la troisième personne qui s’installe dans la vie d’un couple ? Ne se sépare-t-on pas trop vite ? Et cette grande liberté affichée en toutes choses, n’est-elle pas mirage ?
Le texte ne répond pas à cela, c’est nous spectateurs qui nous posons ces questions.

C’est sympathique, sans temps morts mené tambour battant par un quintet de comédiens parlant fort et qui font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas se marcher sur les pieds.
Il est vrai que la scène est beaucoup trop petite pour eux qui, dès qu’ils sont au-delà de deux sur scène, donnent une atmosphère d’étouffement et pour eux et pour le public, privant le rapport scène- salle de toute possibilité de recul.
Mention particulière pour Timothée Ansieau qui incarne le personnage de Patrick, explorateur dynamique, pique-assiette lucide et un peu à côté de la plaque, en lui apportant plein de drôlerie.

Un Petit Jeu sans Conséquences
De : Jean Dell et Gérald Sibleyras
Par : la Cie Hauts de Scène
Mise en scène : Jean-Christophe Barc
Avec : Timothée Ansieau, Laure Compain-Trégouët, Stéphane Malassenet, Fabrice Pannetier, Nathalie Trégouët
Musique originale : Seroan et Chris Web

Du 12 juillet au 10 septembre 2011

Théâtre du Gymnase Marie Bell
38 Boulevard de Bonne Nouvelle, 75 010 Paris – Réservations 01 42 46 79 79
www.theatredugymnase.com

www.hautsdescene.fr

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