ƒƒƒ article de Denis Sanglard
Pour fêter les 120 ans du théâtre du Peuple et rendre hommage à son fondateur Maurice Pottecher, Vincent Goethals a choisi l’originalité. « Un deux, nommé Jean » n’est pas un récit mais la relation épistolaire entre Maurice Pottecher et son fils Jean, infirmier sur le front pendant la guerre 14/18. Une guerre dont il ne revint pas. Un enfant que l’on découvre au fil des lettres écrites dans les tranchées au plus fort du conflit. Des lettres qui vous frappent par leur ton, leur force et le constat de plus en plus lucide et désespéré sur ce conflit. Jean était socialiste et pacifiste. Le regard porté sur ce conflit est sans concession. Il évoque l’amitié pour ses compagnons de tranchée. La violence de leurs conditions de vie, de plus en plus misérables au fur et à mesure de l’évolution du conflit. Il porte un regard critique sur l’incompétence des gradés, leur lâcheté, leur injustice envers les soldats. C’est une lente et terrifiante descente aux enfers entre petite joie, peur et doute, colère, entrecoupés d’incroyables moments de poésie quand soudain il s’arrête sur la beauté d’un paysage. A ces lettres Vincent Goethals et son adaptatrice Marie-Claire Utz adjoignent les récits de Maurice Pottecher sur cet enfant trop tôt disparu, des récits et des poèmes. Quelques chansons aussi dont « La chanson de Craonne » qui dans ce contexte prend toute son ampleur et résonne avec force. Le résultat est poignant. La mise en scène, sobre et pudique. Trois basses estrades pour plateau qui bientôt deviennent tranchées. Trois lampes tempêtes. Une poignée de terre. Un dispositif simple et suffisant qui laisse toute la place aux écrits de Jean et de Maurice Pottecher. Pour respecter la tradition de Bussang sur le plateau, un acteur professionnel, Ulysse Barbry (Jean), et un amateur, René Bianchini (Maurice Pottecher). Ils sont tout simplement bouleversants. Bouleversants d’humanité, de dignité, d’émotion. Et puis il y a entre les deux une violoncelliste, Camille Gueirard, dont l’archer ponctue et souligne le texte sans jamais l’étouffer mais le rehausse d’une voix singulière. Jean est mort à 22 ans en voulant sauver un officier blessé…
Un d’eux, nommé Jean
D’après des textes et des lettres de Jean et Maurice Pottecher
Adaptation Marie-Claire Utz
Mise en scène Vincent Goethals
Costumes Madeleine LecomteAvec René Bianchini, Ulysse Barbry
Et Camille Gueirard au violoncelleThéâtre du Peuple
40, rue du théâtre – 88540 Bussang
Les jeudis et samedi du 25 juillet au 22 août 2015 à 11h45
Réservations 03 29 61 62 47
www.theatredupeuple.com
info@theatredupeuple.com
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