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Critique • Trois spectacles autour de « La Sensualité au Féminin » à la Maison des Métallos

Nov 12, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • Trois spectacles autour de « La Sensualité au Féminin » à la Maison des Métallos

Critique de Djalila Dechache

La nouvelle équipe de la Maison des Métallos, établissement culturel de la ville de Paris, porte un projet innovant et des plus intéressants. Ainsi la nouvelle saison permet de voir des propositions inédites, tel le programme dédié à la danse, intitulé « La sensualité au féminin ».

Le programme de ce soir est composé de deux parties : la première, « Vertige d’elle », inspirée d’un texte de l’auteur dramatique Pierre Notte est portée par une compagnie jeune de danse hip-hop Uzumé créée en 2003 et dirigée par Claire Moineau :

Des femmes entre elles

En 25 minutes, trois corps, trois danseuses, une voix off, une musique un peu trop présente, vont évoluer d’abord difficilement il faut bien le dire puis, au fur et à mesure que “l’histoire” se déroule, on assiste à un autre rythme qui laisse place au jeu de combinaisons et de permutations, deux par deux, laissant toujours la troisième « sur le carreau » – on n’y échappe pas, c’est une loi du genre ! – jusqu’au moment où les corps et l’harmonie l’emportent enfin.
Il y a bien cette recherche de trouver le bon tempo au cours de la représentation.
Il est question de l’homosexualité féminine, thème que Claire Moineau à proposé à l’auteur.
Les figures de style sont bien calées et bien enchaînées, sans fausse note.

Vertige d'Elle | Claire Moineau

Emporte-moi !

Il y a de jolies trouvailles dans la quête corporelle portée par les trois qui ne font plus qu’un avec cette image de l’arbre qui enfle pour accueillir une nouvelle pousse. De même la scène du sol où les trois corps mêlent bras, mains, jambes et pieds en figures psychédéliques, renouvelées à l’infini est assez réussie.
Le seul souci, et ce n’est pas rédhibitoire, c’est le manque de souplesse corporelle, peut-être manque de grâce qui peut s’expliquer par une préparation insuffisante des danseuses, qui pourrait laisser croire que le statut reste à mi-chemin et qu’elles n’ont pas atteint un niveau professionnel.
Une proposition à encourager en tous cas.

La deuxième partie est radicalement différente.
« Marlon » est un spectacle dansé/parlé, conçu, écrit et interprété par Aude Lachaise. Elle arrive sans crier gare, une petite bouteille d’eau à la main, telle une conférencière un peu “speed”, règle la sono, elle se met à boire son eau au goulot.

Comment réussir sa mayonnaise

Puis elle se tortille, fait des cercles appliqués avec son bassin, se cale au centre-fond de la scène, nous tourne le dos, nous regarde par-dessus l’épaule, et toujours en se déhanchant à n’en plus finir. « Réussir une mayonnaise, articule-t-elle, ce n’est pas une recette compliquée, non, il faut le tour de main. » Ah, voilà, le déhanché c’est le mouvement qui consiste à mélanger l’huile dans le récipient pour faire la mayonnaise !

Marlon | Aude Lachaise | © Vincent Voegtlin

Marlon Brando, puisqu’il s’agit de lui, réduit à l’état de sex-symbol, n’est qu’un prétexte pour que la comédienne-danseuse-parleuse se lance dans une explication du monde en général et de l’attractivité des corps hommes/femmes en particulier.
Elle éprouve visiblement du plaisir à répéter à souhait et en traînant les syllabes des mots comme « cul », « sexxx » avec trois x au moins, évoque la contiguïté des sens avec les sons émis. Elle s’appesantit sur la séduction et l’attraction entre le vide et le plein, le dur et le mou etc., largement explicités par des gestes à connotation sexuelle.
« Et l’amour dans tout ça ? » lance-t-elle.

Marlon l’incompris

Et bien, entre le cul, le sexe et Marlon Brandon, le point commun n’est ni plus ni moins que le désir !
Comme elle ne cesse de prendre des poses excentriques, lascives ou exagérées, il y a des rires faciles qui fusent dans la salle et lui donnent sans cesse l’impression de se regarder jouer et de se satisfaire de l’effet sur le public.
On a envie de lui dire : « Et l’égo dans tout ça ? »
C’est très réducteur pour Marlon Brandon même s’il n’a pas besoin qu’on le défende, il n’était pas un enfant de chœur.
C’est à se demander si nous sommes face à une one-woman-show, une burlesque qui ne se déshabille qu’à moitié, une amuseuse publique, une femme-clown qui aurait perdu son nez rouge ou une bavarde égarée sur la scène de la Maison des Métallos.
Hélas, la « magie », si l’on peut parler de cela, ne prend pas et la sensualité n’est pas où l’on croit.

La Sensualité au Féminin

Marlon
Conception, interprétation, texte
: Aude Lachaise
Musique
: Roland Luyten
Créations lumières
: Alice Dussart

En ouverture de soirée : Vertige d’elle
Chorégraphie et interprétation
: Claire Moineau, Jessica Noita et Alexandra Rea
Collaborations artistiques
: Zaza Disdier,Olivier Lefrançois
Création lumières
: Gisèle Pape,Anne Roudiy
Musique
: Jean-Charles Zambo
Voix
: Jennifer Decker, Charlotte Laemmel, Chloé Oliveres
Du 8 au 13 novembre

Puis : Ana Fintizarak
Danse et chorégraphie
: Yalda Younes
Chant, adaptation et arrangements musicaux
: Yasmine Hamdan
Chanson originale
: Ana Fintizarak (1943), écrite par Bayram Al Tounsi et composée par Zakariya Ahmed
Du 15 au 20 novembre

Du 8 au 20 novembre 2011
Du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 19h, le dimanche et le vendredi 11 nov à 16h

Maison des Métallos
94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e
Métro Couronnes ou Parmentier – Réservations 01 48 05 88 27
www.maisondesmetallos.org

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