Critique d’Anne-Marie Watelet –

Dans le vaste et superbe manège du Centre International du Cheval à Druento, arrive sur une vespa un homme en cape rouge. Son univers s’étale sous nos yeux : le sable – l’immensité de la steppe, une petite tente et quelques objets pour la survie… enfin une télévision.

Cet homme qui se déplace à la façon d’un cheval, s’occupe à diverses choses de sa vie solitaire, chante sur de la musique rock, fait des grillades, et commence l’illustration d’un mythe, celui de Kirghiz, un héros nomade, traversant d’immenses plaines des steppes, en relations étranges avec son unique compagnon : Diego un cheval.

L’artiste Bruno Dizien a souhaité nous interroger sur l’homme moderne, ce nouveau héros sorti tout droit des firmes, des publicités et autres technologies.

Afin de donner une dimension métaphysique qui enveloppe le spectateur, Marc Piera, le compositeur, nous fait entendre un chant à caractère sacré comme venu des profondeurs.

A mesure que le cavalier, non sans rappeler les sculptures  en bronze de Giacometti, se livre à une danse saccadée, la musique accompagne, dans un crescendo, chaque mouvement et chaque états d’âme de « l’homme-cheval ».

Tout ce qu’il entreprend est rapidement interrompu et le rythme du spectacle subit trop de ruptures déconcertantes. Le texte énoncé en voix off, parfois superposé à la propre voix du comédien, exprime de façon convenue, les avatars et les conditionnements de l’homme des temps modernes. Nous attendons en vain quelques actions complices entre Töshtök, le héros du mythe et sa monture. L’intervention des os avec lesquels il fait de la musculation revêt un sens obscur. Le spectacle est assez décousu, Bruno Dizien a sans doute souhaité nous faire partager le cheminement symbolique de son personnage, de l’obscurité vers la renaissance – celle-ci s’avérant d’ailleurs impossible. Mais la construction du spectacle dans l’ensemble ne convainc pas malgré l’engagement et le fil directeur que l’artiste tente d’imposer.

Töshtöck ou la refonte des os
Chorégraphie et mise en scène : Bruno Dizien
Interprètes : Bruno Dizien et le cheval Diego
Texte : Ronan Chéneau
Direction équestre, lumière et mise en scène : Eric Rossi
Composition sonore : Marc Pieri
Collaboration artistique : Lionel Parlier

Le 22 juillet 2010 à 21h30
Dans le cadre du festival Teatro a Corte

Centro Internazionale del Cavallo – Druento (Italie)
www.teatroacorte.it

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