© Elina Giounali

ƒ article de Denis Sanglard

Le metteur en scène et performer grec Euripides Laskaridis bricole à sa démesure le mythe des Titans. Créature hybride, non genrée, enceinte et protéiforme, divinité antérieure aux dieux de l’Olympe délicate et loin des géants originels, il organise sur le plateau un chaos cosmique en une vaste scène ménagère vaine et absurde d’une irrésistible drôlerie. Etrange divinité sur talons aiguilles, accompagnée d’une ombre inquiétante rôdant sur le plateau, créature rose et chauve aux prothèses grotesques, travestie ou hermaphrodite, ce Titan-là bouscule la mythologie et le cosmos qu’elle fabrique et manipule à sa fantaisie et dont elle se lasse et casse comme un enfant ses jouets. Tout cela se fait avec trois fois rien, beaucoup de polystyrène, quelques néons, une bande son inventive (Yorgos Poulios) et une imagination débordante, un sens de l’image et de la performance certain. Un côté artisanal sophistiqué et volontaire pour une performance déglinguée et rigolote frisant l’absurde, clownesque sûrement. Il suffit d’une râpe à fromage, d’un peu de polystyrène pour enneiger le ciel, une langue de belle-mère pour que souffle la tempête, une couverture de survie pour montagne. Les premières heures de l’Univers selon Euripides Laskaridis semblent être le fruit du hasard et de l’ennui, de la solitude. On bavarde au téléphone, on fait de la balançoire, on repasse ses perruques, on drague sans succès cette ombre omniprésente qui ne cesse de vous fuir, on expérimente à tout va. Une vacuité comblée par une agitation permanente, qui frôle parfois l’hystérie. Beaucoup de poésie donc, de jolies trouvailles mais insidieusement l’ennui nous gagne aussi. Quelques longueurs, séquences inutiles quoique très belles, purement visuelles, mais n’apportant rien de plus à cette proposition originale, il y a quelque chose parfois de vain dans cette performance qui finit par tourner en rond. On est séduit par cet univers savamment foutraque, certes, par ce performer plastique et singulier, mais au final il ne reste rien vraiment. Seuls quelques flocons de polystyrène comme autant de poussières d’étoiles.

Titans conception, mise en scène et décors Euripides Laskaridis

Costumes  Angelos mentis
Musique et son  Yorgos Poulios
Programmation, son & musique live  Themistocles Pandelopoulos
Installation sonore & musique live  Nikos Kollias
Lumières  Eliza Alexandropoulou
Installation lumières  Konstantinos Margkas & Yorgos Melissaropoulos
Consultant dramaturgie  Alexandros Mistriotis
Collaborateurs artistiques  Drosos Skotis, Diogenis Skaltsas, Thanos Lekkas, Nikos Dragonas
Assistants à la mise en scène  Dimitris Triandafillou, Paraskevi Lypimenou
Assistante décor & costumes  Ionna Plessa

Avec Euripides Laskaridis & Dimitris Matsoukas

Du 30 novembre au 2 décembre 2017 à 20h30

Théâtre des Abbesses
31 rue des Abbesses
75018 Paris

Réservations 01 42 74 22 77

www.theatredelaville-paris.com

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