ƒƒƒ article de Denis Sanglard
©Marie-Françoise Plissart
Terabak de Kyiv ! Non, ce n’est pas un cri de guerre. Mais un formidable cabaret contemporain où officient en maîtresses de cérémonie blafardes et colorées tout à la fois Les Dakh Daughters, groupe de performeuses-musiciennes-chanteuses-comédiennes venue de Kiev. Punks, folkeuses et rockeuses tout à la fois, elles illustrent de leurs formidables compositions et voix ce cabaret déjanté avec pour Monsieur Loyal l’incroyable et mal embouché Yann Frisch, magicien, as du close-up dont il renouvelle l’art avec maestria et insolence…Ce cabaret sous chapiteau est un inventaire à la Prévert pour ses numéros et sa poésie, son décalage permanent où de jeunes artistes déploient leur art avec autant d’humour que de talent. Surtout ils représentent cette insolence d’un cabaret ragaillardi par des inventions, des trouvailles qui vous mettent plein de ho et de ha dans les mirettes et tout ça sans paillette ni poudre de perlimpinpin. Un côté brut de coffre et sans façon, sans chichi ni tralala mais une énergie communicative et abrasive. Matias Pilet défie les lois de la gravité, lesquelles ont pour notre plus grand fou rire toujours le dernier mot. Sans craindre les horions, maladroit, il déboule, boule et chute avec fracas alors que là-haut deux bels oiseaux se balancent. Daniel Ortiz et Joséfina Castro aux agrès, trapézent des amours tumultueuses. La proximité de ces deux-là, grâce du cabaret, fascinent encore davantage devant la difficulté de l’exécution et l’originalité de figures singulières qui font trembler le public aux yeux écarquillés. De la haute voltige sous plafond-bas. Julieta Martin, chaussée étonnement de lourds godillots s’empare du mat chinois qu’elle maîtrise avec une grâce, une légèreté de chatte défiant la lune. Oscar Nova Fuente, cul-de-jatte pour rire et pour l’occasion, lui aussi se moque de la pesanteur accroché aux sangles qui le hissent vers les hauteurs et le voit se tortiller en de figures complexes comme un ver malicieux accroché à l’hameçon. Et plus bas, véloce et rebondissant, Benoit Charpe en monocycle s’essaie sur son trampoline à voler, à s’arracher du sol qui le voit tourner en rond comme lion en cage. Tout cela s’enchaîne de façon fluide, sans temps mort aucun. Entre les interventions facétieuses et bougonnes de Yan Frisch et les chansons des Dakh Daughters qui n’hésitent pas à intervenir pendant les numéros, contrepoint musical et partenaires occasionnelles des circassiens. Heureuses associations. Stéphane Ricordel, cofondateur des Arts sauts et codirecteur avec Laurence de Magalhaes du théâtre Montfort met tout cela en piste avec un bonheur évident. La salle est chauffée à blanc, fascinée par ce cabaret tout nu qui oublie volontairement les paillettes et le clinquant pour se concentrer exclusivement sur les artistes et leur art. Un concentré de talent et de poésie, de beauté brute et solaire.
Terabak de Kyiv
Mise en scène de Stéphane Ricordel
Assistant metteur en scène Patrice Wojciechowski
Composition musicale Vlad TroitskyAvec les Dakh Daughters / Ruslana Khazipova, Tanya Havrylyuk, Solomia Melnyk, Anna Nikitina, Natalia Halanevych, ZoDaniel Ortiz et Josefina Castro (cadre), Benoît Charpe (monocycle sur trampoline), Julieta Martin (mât chinois), Oscar Nova de la fuente (sangles), Matias Pilet (acrobate), Yann Frisch (magie), Arthur Chavaudret (magie les 11 et 12 janvier 2017), Olivier Martin-Salvan (comédien le 10 janvier 2017), Maryna Voznyuk (barmaid/musicienne)
Du 16 décembre 2016 au 14 janvier 2017 à 20h30
Le Montfort Théâtre
106 rue Brancion – 75015 Paris
M° Porte de Vanves
Réservations 01 56 06 08 33 88
www.lemontfort.fr
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