© Giovanni Cittadini Cesi

ƒƒ article de Denis Sanglard

Sulki et Sulku ont des conversations intelligentes. Ce sont les Roux et Combaluzier, les Montaigne et La Boétie, les Gilbert et Georges, les Dupond et Dupont, les Bouvard et Pécuchet de la pensée contemporaine… Coq-à-l’âne et coquecigrues, syllogismes, aphorisme, esprit d’escalier nourrissent une conversation à bâtons rompus. Disputes entre amis, entre lieux communs et pensées profondes. Si profondes parfois qu’on n’en voit guère le fond et qu’on s’y noie comme par distraction. Ces deux-là nous les connaissions, œuvres d’art vivantes, incises cocasses dans la pièce du même auteur, « Musée haut, Musées bas ». Descendus de leur socle où ils prenaient la pose, ils ont désormais toute leur aise, les coudées franches, pour débattre, disputer, philosopher. Que voient-ils donc du haut de leur piédestal ces deux sages, moralistes d’un siècle nouveau qui cahote ? Le monde comme il va, la terre comme elle tourne. Pas très rond. C’est un regard en coin, sans cynisme et sans indulgence, où l’absurde finalement le dispute à la réalité. Les deux au final allant de pair quand ils n’en sont pas eux-mêmes l’envers et l’endroit. Ils ont des idées, des opinions, les deux n’étant pas la même chose – c’est eux qui le disent –, débusquent les évêques terroristes infiltrés, font leurs courses avec le pape, dénoncent les intégrismes de tous poils, parlent de foot… Dans ce monde-là on pisse même de l’essence. Rien qui n’étonne en somme, rien que de très normal dans ce musée de la pensée sérieusement loufoque. Jean- Michel Ribes s’empresse de rire de tout de peur de etc. Un rire comme plat de résistance. Sourire en coin et l’œil qui frise sous son feutre violine. Sulki et Sulku sont ses deux avatars, alter ego d’une pensée qui refuse de se coucher devant la pensée unique et la violence des opinions contraires. Même pas peur ! C’est drôle, absurde mais pas que… Derrière la fantaisie une inquiétude sourd devant la bête qui rampe insidieusement. Romain Cottard et Damien Zanoly, le grand et le petit, le flegmatique et le nerveux, aussi dissemblables que complémentaires, prennent la pose, déroulent leurs pensées profuses avec autant de conviction, d’aplomb que de distance, l’air de rien, de ne pas y toucher. Une mise en scène sculptée sur mesure, alerte, pour ces deux penseurs mobiles à la pensée surréaliste. De la belle ouvrage.

Sulki et Sulku ont des conversations intelligentes, texte et mise en scène de Jean-Michel Ribes

Avec Romain Cottard et Damien Zanoly

Assistanat à la mise en scène  Virginie Ferrere
Décors  Patrick Dutertre
Costumes  Juliette Chanaud
Lumières  Hervé Coudert
Musique  Reinhard Wagner
Prise de vue rideau de scène  Giovanni Cittadini Cesi
Infographie rideau de scène  Mark Schons
Réalisation costumes  Lydie Lavaux

Du 8 novembre au 10 décembre 2017 à 21h
Dimanche 15h30, relâche les lundis 11 et 14 novembre
Représentations supplémentaires les samedis 25 novembre, 2 et 9 décembre à 15h30

Théâtre du Rond-Point
Salle jean Tardieu
2bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Réservations  01 44 95 98 21
www.theatredurondpoint.fr

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