Critiques // « Sublim’ Interim », une comédie musicale de la Cie Influenscènes au Vingtième Théâtre

« Sublim’ Interim », une comédie musicale de la Cie Influenscènes au Vingtième Théâtre

Avr 19, 2010 | Aucun commentaire sur « Sublim’ Interim », une comédie musicale de la Cie Influenscènes au Vingtième Théâtre

Critique de Bettina Jacquemin

La théorie du poussin dans l’œuf

Banlieue Est de Paris. Samir est mort. Medhi et Julian, les potes connaissent la raison du décès…Difficile d’en parler. Impossible de ne pas y penser. Il y a bien cette sociologue, chargée de mettre en place une enquête sur la disparition du lycéen ainsi qu’un questionnaire sur « l’imaginaire face au chômage ». Le quotidien tente de reprendre son cours. On organise une fête pour les soixante-quinze ans de Mamita. Les cousins de Cuba sont attendus ! Et puis, Myriam n’en a d’yeux que pour Medhi…

Un pitch alléchant

Louise Doutreligne, l’auteur de Sublim’Interim pose son regard sur la banlieue et sur les forces vives qui s’y trouvent ou plutôt qu’elle y trouve. Il y a Eva, la cubaine aux rythmes andalous. Daniel, son mari, vivant de l’intérim. Julian, le fils amoureux de la sociologue, juive. Et, Myriam la « sœurette » dont le cœur bat pour Medhi, le jeune issu de l’immigration. Le coup de projecteur semble réel. La famille de Mamita, la cubaine a fui l’Argentine des années soixante. Une famille où les « anciens » demeurent fidèles à leurs valeurs et les enfants ont soif de liberté.

La culture de la stigmatisation

Les préparatifs pour l’anniversaire de Mamita vont bon train. Un événement dont l’organisation provoque l’émergence d’émotions. Tous y est abordé ; intégration, religion, adolescence, travail…La fête organisée pour Mamita devient un véritable exutoire.

Myriam, l’adolescente se plaint d’injustice : « y en a que pour les garçons ». Liliane, la sociologue constate la désaffection des parents : « c’est vrai qu’il n’y a pratiquement plus de pères, maintenant… ». La maman d’élève reste aveugle face à ses devoirs de parent : « il ne faudrait pas non plus me prendre juste pour une courroie de transmission…  et dis à ton fils ceci et dis à ta fille cela ». Daniel, le père de famille profite du système et d’un « arrangement avec la boîte d’intérim ».

On semble bien loin de la vision optimiste de la banlieue prônée par l’auteur. Où est la « périphérie du bonheur » ?

Comédie ? Musicale ?

Et pourtant, ces personnages du quotidien ont une âme. Les fêlures de l’intime la rendent palpable. Eux aussi, subissent le poids du passé et combattent les contraintes sociales. La proposition d’insérer une série de respirations musicales a le mérite de vouloir encourager « gaiement » les aspects positifs de ce réalisme social. Mais, la tâche semble difficile. Et, l’optimisme reste au bord de la scène.

Jamais, l’interprétation de Mamita proposée par Laurette Faber ne convainc totalement. Bien évidemment, la comédienne n’a pas l’âge de la vielle femme et le soucis ne se trouve pas là. Les multiples recours auxquels elle fait appel pour nous proposer une interprétation crédible provoque la vision d’un personnage caricaturé à l’extrême. En quoi quelques lents déplacements donnent l’illusion d’être une personne âgée ? Mamita semble bien loin de nous.
Laura Pélerins adopte la voix juvénile de Myriam. Dommage que la caricature de l’adolescente (qu’elle dote d’une voix d’enfant de moins de dix ans) nous fasse oublier ses qualités de chanteuse. L’interprétation des chansons qu’elle propose ainsi qu’Isabelle Zanotti (Liliane, la sociologue) est pourtant d’une agréable justesse.

Une tentative avortée

Les moments de vie du quotidien se succèdent. Myriam s’oppose à sa mère et Julian ne se rend pas toujours en cours. Malheureusement, ils ne sont ni touchants ni drôles. Et, la proposition scénique encourage le catalogue des idées reçues.

La vision optimiste de la banlieue ne vient pas jusqu’à nous. Elle semble d’ailleurs n’avoir jamais pointé le bout de son nez. Eva, la maman aux origines cubaines cite Shakespeare. Et, si le regard posé sur la banlieue devait s’attarder là…

Sublim’ Interim
De : Louise Doutreligne
Mise en scène : Jean-Luc Paliès
Par : la Cie Influenscènes
Direction musicale : Isabelle Zanotti
Avec : Claire Faurot, Christian Mulot, Laurette Faber, Laura Pélerins, Isabelle Zanotti, Jérémie Sonntag, Julien Sadi Ciceron
Musiciens : Alexandre Perrot, Jean-Baptiste Paliès
Costumes : Madeleine Nys
Régie générale : Alain Clément
Régisseur adjoint : Jean-Luc Rossi

Du 15 au 25 avril 2010

Vingtième Théâtre
7 rue des Plâtrières, 75 020 Paris
www.vingtiemetheatre.com

www.influenscenes.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.