Critique d’Anne-Marie Watelet –

Une recherche sur la cellule vivante, incarnée par la tension du corps.

Obscurité complète sur le plateau. Une lumière surgit dans une structure de tubes métalliques et s’insinue lentement dans les fils d’un voile blanc et entoure la structure. Les circonvolutions de la lumière blanche donnent vie à la matière fluide, se fondent l’une dans l’autre, et nous découvrons un univers étrange et onirique. De ces formes mouvantes et abstraites naît soudain un être larvaire : un corps rampe, se suspend, se disloque dans tous les sens, occupant l’espace dissymétrique.

Un corps qui s’étire pour déchirer la membrane ? Une naissance, c’est sûr. Le fond sonore est mêlé à la lumière, elle-même mêlée au corps. Le corps respire comme respire la musique dans un crescendo ; des sons souterrains ou métalliques connotent le monde animal. Dans la deuxième partie, le corps déplacé et bien visible cette fois, paraît tantôt dominer son environnement : sur des cordes noires en carbone se croisant en lignes, les membres se suspendent, se dissocient, se divisent, s’étirent… Nous sommes dans une structure de l’infiniment petit (schéma d’une cellule humaine, morceau de squelette) et de l’infiniment grand (structure du cosmos, de l’impensable à l’échelle humaine).

Selon les propos de l’artiste sa recherche ne concerne que la fibre biologique : la peau, le cerveau et la membrane comme périphérie de l’être et de son environnement.

Son travail s’appuie essentiellement sur la structure comme enveloppe à l’intérieur de laquelle, elle improvise ses mouvements chorégraphiques selon son tempo intérieur. Le vide crée l’espace et les cellules naissent et meurent dans ce vide et grâce à lui.

Cette performance n’est que le début d’un travail que Maria Donata D’Urso présentera à la Biennale de Lyon en septembre 2010. La simplicité et l’efficacité des mouvements en symbiose avec l’environnement sonore et les diffusions de lumière, enveloppent le spectateur, l’emmènent dans des profondeurs et des limites dont nous avons peu conscience. La danseuse crée son support (et cela dans toutes ses créations) de manière à ce que les lois cartésiennes habituelles soient bouleversées.

Strata Études
Conception et interprétation : Maria Donata D’Urso
Assistant : Lorraine Dozio
Musique : Michel Gautier
Dispositif scénique : Jérôme Dupraz, Maryline Gillois Wolfka, Mario Donata D’Urso
Tissus morphogénétique : Veronika Brut
Vidéo générative : Wolf Ka
Technique : Luc Bruno Marsol

Le 21 juillet 2010
Dans le cadre du festival Teatro a Corte

Théâtre Astra – Turin (Italie)
www.teatroacorte.it

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