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Songs for Takashi, de Raimund Hoghe, à la Ménagerie de Verre, Festival les Inaccoutumées

Nov 29, 2015 | Commentaires fermés sur Songs for Takashi, de Raimund Hoghe, à la Ménagerie de Verre, Festival les Inaccoutumées

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

SongsForTakashiWEB© Rosa Franck

Cérémonie d’adieu ? Peut-être et sans doute pas… Raimund Hoghe rend hommage à l’un de ses compagnons de route, le danseur Takashi Ueno. Une création pleine de malice et de gravité, loufoque parfois et d’une grande poésie. Une bande son comme Raimund Hoghe en a le goût et le secret qui mêle classique, Victoria de Los Angeles, et le populaire, Dalida. Chaque chanson, chaque danse peut se comprendre comme une clef offerte à la compréhension de cette rencontre. Cela relève d’un mystère comme si leur appartenait cet instant unique, comme si même leur rencontre improbable à nos yeux tenait aussi de ce mystère. L’ensemble participe du portrait chinois, du rébus qu’il nous faut déchiffrer. Ou pas. La confrontation amicale de ces deux danseurs démontre une complicité telle que tout ou presque est permis. La danse de Takashi Ueno, déliée, sensuelle, fragile et précieuse ne souffre aucunement des pitreries, des interventions incongrues, surréalistes parfois de Raimund Hoghe qui, avec une ironie certaine, va jusqu’à nettoyer, serpillère et balai en main, le plateau quand il ne le parsème pas de fleurs, comme un hommage rendu. Takashi Ueno, lui, reste impassible et n’interrompt jamais sa danse ou se prête au jeu avec une évidente complicité. C’est fait encore une fois avec trois fois rien. Des fleurs artificielles, une étole, des lunettes noires… Avec ça on construit un monde au centre duquel pirouette et tourne Takashi Ueno sous l’ombre bienveillante et malicieuse de Raimund Hoghe. On pourrait s’agacer de ces interventions intempestives qui brisent volontairement le charme de la danse de Takashi Ueno. Seulement ce serait un contre-sens de refuser cette présence obtuse du chorégraphe. C’est justement dans cette confrontation particulière et unique, dans cet échange singulier, ce frottement, qu’il faut comprendre ce qui fait toute la richesse des chorégraphies de Raimund Hoghe et de cette création « Songs for Takashi ». Cette façon de happer l’autre, dans sa différence, de le confronter à un autre univers, un autre corps – hors la norme communément admise dans la danse – et voir ce qu’il en résulte. C’était déjà le cas lors de sa rencontre avec Boris Charmatz. Plonger ensemble dans ce qui nous diffère pour faire œuvre. Ce n’est pas la complémentarité qui importe mais les étincelles qui accusent le frottement. C’est là où se situe la danse, dans cet entre-deux, l’intersection entre deux univers. La présence même de Raimund Hoghe, et rien que cette présence parfois, assis sur une chaise au lointain, suffit à modifier le regard que nous portons sur les arabesques de Takashi Ueno. Et puis il y a ce moment incroyable où tous deux, face à face, doucement s’avancent l’un vers l’autre, rien d’autre, avec pour chanson « Message personnel ». Alors cérémonie d’adieu ou facétie de deux danseurs se la jouant en rupture ? Reste une création ludique où éclatent encore une fois la pertinence et l’impertinence de Raimund Hoghe, moins austère qu’à l’accoutumée, et le talent gracile de Takashi Ueno.

Songs for Takashi
Concept et chorégraphie de Raimund Hoghe
Interprétation Takashi Ueno et Raimund Hoghe
Collaboration artistique Lucas Giacomo Schulte
Lumières Raimund Hoghe
Régie Amaury Seval

La Ménagerie de Verre
12/14 rue Léchevin
75011 Paris

Du 26 au 28 novembre 2015, 20h30
Réservations : 01 43 38 33 44
www.menagerie-de-verre.org
Festival les Inaccoutumés 2015

A venir :
Gaëlle Bourges, Lascaux, 1/2/3 décembre 2015 / 20h30
Volmir Cordeiro, Rue, 4 / 5 décembre 2015 / 20h30
Jonas Chéreau & Madeleine Fournier, Sous-Titre,  8/9/10 décembre 2015 / 20h30
Kaori Ito, Je danse parce que je me méfie des mots, 11/12 décembre 2015 / 20h30

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