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« Sauver la peau » de David Léon, Théâtre Ouvert

Jan 28, 2015 | Commentaires fermés sur « Sauver la peau » de David Léon, Théâtre Ouvert

ƒ article de Camille Hazard

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A la suite d’une mise en voix du texte de David Léon Sauver la peau, par Stanislas Nordey à Théâtre Ouvert en 2014, La metteuse en scène Hélène Soulié s’allie au comédien Manuel Vallade pour défendre ce soliloque aux multiples discours et prises de parole.

« Je suis Pierre, Paul, Jacques »

C’est un éducateur démissionnant d’une institution spécialisée pour adolescents fragilisés.

C’est un écrivain trouvant refuge dans les mots.

C’est le frère de Mathieu qui a mit fin à sa vie en se jetant sous un train.

C’est un fils, celui de deux parents qui exècrent leur progéniture.

S’ouvrant sur une lettre de démission de cet éducateur, le texte de David Léon glisse vers les profondeurs familiales ; interrogeant l’institution, le corps et l’autorité publique, examinant le malaise des adolescents qu’il côtoie tous les jours, le personnage met peu à peu en reflet la question du public et de son intime familial. A travers diverses prises de parole, il sonde les mots, les remarques, les attitudes de sa famille avant la mort de son frère et tente de reconstituer le puzzle qui lui
© Christophe Raynaud de Lage

permettra de comprendre. Comment le carcan familial rend malade ses enfants et parvient même à engendrer le suicide d’un des leurs ? Comment une institution, récupérant ces enfants instables, accueille la démission d’un homme, pourtant plein d’espérance, avec cette phrase « tu vas encore nous laisser toute la merde dans l’institution ».

Je suis. Maintenant. Assis. Dans le bassin d’eau de la
piscine. Pour
les sorties de l’été.
La piscine au grand air.
Là ou les enfants atterrissent.
Fracas de leurs corps dans le bassin d’eau.
Puissamment.

L’écriture de David Léon fait surgir des mots de l’indicible. Des bribes d’idées jaillissent d’une pensée intérieure en ébullition. Si la parole se délie peu à peu, le personnage fait sortir les mots de sa bouche un à un comme le paralysé réapprend à marcher pas à pas. Sa rémission commence avec l’achèvement d’une première phrase…

David Léon explore les possibilités du discours et de l’écriture à travers une phraséologie magnifique, complexe, poétique et jusqu’à ce que le sens profond de son propos apparaisse dans la formation des lignes du texte.

Un comédien seul en scène, pantalon droit, pull marron, corps statique posé sur une plaque de miroir brisé ; un, puis deux, puis trois rectangles de lumière projetés sur le mur du fond de scène ; quelques minutes de vidéo floue d’un homme qui court, une fin maquillée et chantée au micro…

Un minimalisme esthétique qui frôle le cliché du théâtre contemporain…

Manuel Vallade s’accroche à chaque mot avec intensité mais le choix de la posture statique semble l’engourdir et la direction d’un jeu dépouillé de tout affecte, enlève de la vie au texte parfois jusqu’à l’ânonnement.

Ces choix de mise en scène se révèlent plutôt comme effets de style et font malheureusement de l’ombre au texte de David Léon.

Sauver la peau
Texte David Léon
Mise en scène Hélène Soulier
Scénographie Emmanuelle Debeusscher
Lumière Maurice Fouilhé
Vidéo Maia Fastinger (acteur Clément Bertani)
Son Adrien Cordier
Costume Catherine Sardi

Du 26 janvier au 14 février 2015
Le mardi à 19h, du mercredi au vendredi à 20h, le samedi à 18h

Théâtre Ouvert
4 bis, Cité Véron – 75018 Paris
M° Blanche, Place de Clichy
Réservation 01 42 55 74 40
www.theatre-ouvert.com

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