Critiques // « Rosa la Rouge » de Claire Diterzi et Marcial Di Fonzo Bo au Rond Point

« Rosa la Rouge » de Claire Diterzi et Marcial Di Fonzo Bo au Rond Point

Mai 18, 2010 | Aucun commentaire sur « Rosa la Rouge » de Claire Diterzi et Marcial Di Fonzo Bo au Rond Point

Critique d’Audren Destin

Soyons brefs : avant d’aller voir ce spectacle, ne faites pas de recherches sur Rosa Luxembourg pour déterminer dans quelle mesure le personnage est susceptible de vous intéresser, allez directement sur le myspace de Claire Diterzi et écoutez quelques unes de ses chansons. Si ça vous plait, foncez ! Sinon restez bien tranquillement chez vous, à l’abri.

Vous en apprendrez autant sur Rosa Luxembourg dans le petit paragraphe ci-dessous que dans le spectacle.

© Michel Batory

Rosa Luxembourg est une militante et théoricienne marxiste, cofondatrice de la Ligue Spartakus et du Parti communiste allemand, née en 1871 et morte assassinée en 1919 lors de la répression de la Révolte spartakiste de Berlin. Elle a passé plusieurs années en prison durant la guerre pour ses positions antimilitaristes. En dehors de ses écrits théoriques, elle a entretenu une longue correspondance avec ses proches, notamment lors de ses détentions, où elle exprime son amour de la vie sous toutes ses formes.

Dans un entretien entre Claire Diterzi et le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo on peut lire les propos suivants : « au travers de la musique et des images, de la mise en scène, on veut traduire la puissance des pensées et des convictions de Rosa, la part imaginaire de son esprit ». Un exemple : en référence à la ligue spartakiste (qui tire son nom de Spartacus, gladiateur et meneur de la plus grande rébellion d’esclaves de la république romaine), ils ont eu la brillante idée de diffuser un extrait du film Spartacus avec Kirk Douglas, suivi d’un montage vidéo avec de pauvres types du monde entier qui disent chacun à leur tour : « I am Spartacus ! ». C’est ridicule, non ? Passons. On peut lire plus loin : « On veut faire d’elle l’artiste qu’elle n’a jamais été… ». Mais pourquoi diable faire une telle chose ? Je me le demande encore. Surtout que le mélange entre les textes issus de la correspondance de Rosa et ceux issus de l’esprit de Claire est pour le moins hasardeux. Avant d’avoir « passé tout l’été avec Rosa » (on l’imagine bien sur la plage dévorant La crise de la social-démocratie) Claire ne trouvait pas Rosa très « glamour ». Elle a donc décidé d’apporter cette féminité qui manquait à la pauvre Rosa « moche, petite et boiteuse, mais très charismatique et courtisée ». Moi j’ai surtout eu l’impression d’assister à un concert déguisé en pièce de théâtre, un coup de promo, parce que Rosa elle était quand même sacrément rebelle et çà c’est vachement glam.

© Serge de Rossi

« On veut du jus de Rosa, un concentré de la complexité de sa personnalité bafouée, l’essence de son admirable combat, un parfum aux arômes extrêmes. La vie, la mort. La passion. L’émotion »

En tout cas y’en a un à qui ça n’a vraiment pas plu ! A la fin du spectacle, avant le rappel, alors que les applaudissements venaient de cesser, un type au fond de la salle a hurlé : « Honte à toi d’avoir salie la mémoire de Rosa Luxembourg ! ». Ca fait mal…Il faut comprendre, les temps sont difficiles, les gens sont à fleur de peau, ils démarrent au quart de tour. Mais elle a bien encaissé : « alors maintenant je vais salir la mémoire d’Alain Bashung » et elle a chanté Madame rêve. Belle chanson certes, mais encore une fois, quel rapport ? Quel intérêt ? Le seul que je vois est pour les fans. C’est l’occasion pour eux de voir leur idole dans un beau cadre se livrer à ses fantaisies. Mais pour les autres, y’a rien à voir. Du vent, du vide, de la gnognotte.

Espérons simplement que ça ne devienne pas une mode, que Bénabar ne se mette pas à chanter la correspondance de Sartre ou Lara Fabian les discours de Jaurès. S’il vous plait, épargnez-nous !

Rosa la Rouge
De : Claire Diterzi et Marcial Di Fonzo Bo
Mise en scène : Marcial Di Fonzo Bo
Chant et guitare : Claire Diterzi
Batterie et machine à sons : Etienne Bonhomme
Hautbois : Cédric Chatelain
Cor : Baptiste Germser
Images : Patrick Volve
Dramaturgie : Leslie Kaplan
Réalisation kalachguitare : Michal Batory

Du 11 au 22 mai 2010

Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75 008 Paris
www.theatredurondpoint.fr

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