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Radical light, chorégraphie de Salva Sanchis, au Théâtre de la Bastille

Avr 11, 2018 | Commentaires fermés sur Radical light, chorégraphie de Salva Sanchis, au Théâtre de la Bastille

© Bart Grietens

ƒƒ article de Denis Sanglard

Une danse captivante de bout en bout, voir hypnotique, qui vous embarque fissa et ne vous lâche plus. Cinq danseurs sur un tapis orange en dialogue continue avec une musique techno qui impulse mouvements et vitesse. Ça commence comme un échauffement, en apparence, mais déjà la danse s’installe insidieusement. Les danseurs vont et viennent, parfois restent en retrait, attentif, dans l’ombre. Et dans cette ombre relative dansent encore. Ce qui au premier regard semble être une danse impulsive, intuitive, celle des danse-floor, s’avère bien plus sophistiquée et habilement menée et construite. Une architecture mouvante, fluide, entre impulsion et sophistication, entre danse populaire quoique socialement définie − la danse reste toujours un marqueur social − et danse performative contemporaine. Deux vocabulaires qui ne s’affrontent pas, ne s’opposent pas mais qui ici inventent une langue nouvelle, se nourrissant et de l’un et de l’autre. C’est une danse fragmentée où le geste, partagé ou non, ne cesse de se réinventer, improvisé, repris, développé jusqu’à son épuisement, abandonné et ça dans un même élan, une franche énergie, une impulsion qui ne faiblit pas, soutenu par la musique en flux continu qui participe à l’intensité de cette partition prégnante et dense. Danse décomposée, recomposée, d’accélération en décélération soudaine ou progressive. Danse tout en opposition, en contraste. Le corps fait acte de mémoire − le corps à une mémoire − et chaque geste est comme la trace ancienne, le souvenir fugace de danses enfouies qui soudain remonteraient à la surface. Ce sont ces traces-là, furtives, esquissées, happées, ces strates qui surgissent et composent, nourrissent cette danse qui très vite se structure, évolue en directe, devient un objet performatif détaché de tout formalisme, opérant un syncrétisme original, semblant s’inventer selon sa propre loi, parfaitement autonome, libre enfin. Et c’est fascinant de voir évoluer ces cinq-là, concentrés, dans cette intensité progressive basculant dans une quasi transe que rien ne semble pouvoir arrêter pas même la musique qui ne les lâche plus, les contient, et impulse un tempo, un rythme très vite infernal. Le chorégraphe espagnol Salva Sanchis et Discodesafinando (Senjan Jansen et Joris Vermeiren) parviennent à un dialogue réel et réussi où la musique n’est plus un accompagnement mais bien un partenaire qui participe pleinement à la chorégraphie, avec lequel on compose et pour lequel on compose.

 

Radical Light chorégraphie de Salva Sanchis

Avec Stanislav Dobak, Inga Huld Hakonardottir, Salva Sanchis, Peter Savel, Gabriel Schenker (13,14 et 15 avril), Thomas Vantuycom (9, 10 et 11 avril)

Musique  Discodesafinado par Joris Vermeiren et Senjen Jansen
Photographie Bart Grietens

Du 9 au 15 avril 2018 à 2h, le dimanche à 17h
Relâche le 12 avril

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris

Réservations 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com

 

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