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Quatuor tristesse, chorégraphie de Daniel Léveillé, Théâtre de l’Aquarium / Cartoucherie de Vincennes. Festival June Event

Juin 13, 2018 | Commentaires fermés sur Quatuor tristesse, chorégraphie de Daniel Léveillé, Théâtre de l’Aquarium / Cartoucherie de Vincennes. Festival June Event

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

© Denis Farley

« J’écris ma danse comme marguerite Duras a écrit L’amant, qui est en apparence un petit roman très simple. Avec très peu de mots. De courtes phrases. Beaucoup de répétition. Mais tout y est. Et le tout est écrit avec une grande musicalité. Avec simplicité, surtout. » Daniel Léveillé.

La danse dans sa pureté, sa nudité absolue. Le chorégraphe et pédagogue canadien Daniel Léveillé signe une partition chorégraphique minimaliste, aride, grave et sensuelle tout à la fois. Plateau nu, restreint, nudité des acteurs, longs silences trouée de musiques renaissances ou baroques propre à la mélancolie. Les corps  se lancent, s’élancent, se cherchent, s’étreignent, basculent, s’effondrent, roulent, se replient. Gestes tremblés des mains qui se tendent, troublées par le désir et son refus. Caresses fugitives et foudroyantes. Une main qui se pose, apaisée, sur une épaule. Portés singuliers. Fluidité. Phrases brèves, mouvements simples, dessinés, répétés, arrêtés, découpant l’espace de lignes claires, c’est une statuaire se mouvant lentement ou par brefs et vifs soubresauts. Daniel Léveillé interroge les relations tissées de solitudes et de tristesse qui empoignent les êtres. Une danse habitée d’une grande et fragile douceur. Ils sont nus. Mais on ne voit rien de la nudité des danseurs, la danse est plus forte qui n’obère jamais pourtant leur vulnérabilité de fait. Ce qui se danse là sur le plateau est une chose infiniment rare, un état d’âme, un état d’être. Les danseurs, austères et réfléchis, ont une densité rare. Une vérité troublante. Leur présence attentive, leur tension, leur relâchement, leur détachement, leur équilibre tendue, leur déséquilibre provoqué, leur mesure rigoureuse ouvrent à la fois à la contemplation et à la méditation. Quatuor se divisant pour des solos, des duos, des trios comme autant de liens ou d’absences de liens possibles. Le temps parfois est suspendu, les corps de même, en attente, attentif. Rien que le souffle. Et dans cet intervalle, cette ponctuation, cette respiration, entre deux variations du même thème décliné, les traces demeurent, fugaces et délétères, de ce qui fut. Ce vide qui advient soudain, impromptu, cette suspension, donne ainsi, par contraste, tout son poids à la danse. Le plateau devient un espace mental fait de chair où le corps, le geste deviennent signes, signifiants et signifiés, propre à exprimer sans théâtralité, de façon quasi abstraite, radicale et sans effet ni affect, cette mélancolie, hypnotique, qui sourd lentement et vous gagne. C’est d’une beauté austère qui vous bouleverse. C’est d’une humanité renversante.

Quatuor Tristesse chorégraphie de Daniel Léveillé
Avec Mathieu Campeau, Dany Desjardins, Ellen Furey, Esher Gaudette, Justin Gionet et Simon Renaud
Musique John Dowland, Marin Marais, Luca Marienzo, Claudio Monteverdi, Josquin Des Près, Giovanni Salvatore, Giovanni Maria Trabaci
Lumières Marc parent
Assistant à la chorégraphie Sophie Corriveau
Direction des répétitions Sophie Corriveau et Frédéric Boivin
Participation au développement de l’écriture chorégraphique Emmanuel Proulx
Festival June Event – Atelier de Paris / Carolyn Carlson

12 juin 2018 à 21h

Théâtre de l’Aquarium
Cartoucherie de Vincennes
2 route du champ de manœuvre
75012 paris

Programmation complète du festival sur www.junevents.fr
Renseignements et réservations 01 417 417 07 ou réservation@atelierdeparis.org

 

 

 

 

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