ƒƒ article de Camille Hazard

Avec beaucoup d’esprit et de dérision, Gergana Dimitrova et Zdrava Kamenova s’emparent de sujets de société graves tels que l’écologie et le terrorisme. Les auteures questionnent le lecteur quant à sa citoyenneté individuelle, sa responsabilité, son engagement. Elles posent aussi la question : la fin justifie-elle les moyens ? A-t-on le droit moral de soutenir et de participer à l’éco terrorisme pour sauver la planète ?

Protohérissé (Unabomber), texte polyphonique met en scène plusieurs personnages ; un échidné, animal très ancien et seul représentant de son espèce, entame une marche continue en Nouvelle-Guinée, à la recherche d’un congénère. Le scientifique américain et militant écologique, devenu terroriste, Ted Kaczynski, plus connu sous le nom de Unabomber ; celui qui pendant 18 ans, s’est acharné, en employant la terreur, à mettre en garde contre l’avancée exponentielle des nouvelles technologies au dépend de l’humanité. Le lecteur se retrouve dans ces deux figures ; on ne peut s’empêcher de voir la marche continue de l’animal, annonçant l’extinction des animaux, comme un exode futur des Hommes en quête d’une terre viable.

Ted Kaczynski, condamné à perpétuité, a certainement ouvert la voie à des associations écologistes, altermondialistes, anticapitalistes, qui sans aller jusqu’à poser des bombes, n’hésitent plus à recourir à une certaine forme de violence physique ou psychologique face à ces détracteurs.

Le texte, fractionné en multiples prises de parole, offrant une possibilité infinie de mises en scène et de jeux sur le plateau, sonne avec clarté et évidence. Concernés d’abord par les sujets que met en lumière le texte, nous nous voyons rapidement accrochés à ces lambeaux de vie écorchés, leur survie, leur but, leurs effets sur le monde.

Protohérissé (Unabomber) est composé d’une multitude de styles d’écriture, et de vocabulaire ; en amenant un rythme et une énergie débordante, le lecteur ressent l’urgence de la situation, la gravité du problème climatique et humain.

Les deux auteures bulgares Gergana Dimitrova et Zdrava Kamenova signent un texte radicalement engagé, sans didactisme ni moral, et teinté de rires.

Ce texte a reçu en 2012, le prix Icare de dramaturgie.

Protohérissé (B.P Unabomber) 
De Gergana Dimitrova et Zdrava Kamenova
Traduction du bulgare Marie Vrinat
Prix Icare de dramaturgie en 2012
56 pages, 12€
Éditions L’espace d’un Instant
www.sildav.org

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