ƒƒ article de Camille Hazard
« Dis moi mon amour…ça finit quand la guerre dans l’oreille d’un combattant ? »
Avec la plus grande poésie, Dashiell Donello, auteur, mais aussi comédien et metteur en scène, nous invite au recueillement et à fêter la vie.
Dans un cimetière en bord de mer, Lucien fait corps avec la tombe de sa bien aimée disparue. Lui qui faisait tresse avec cette femme se retrouve seul et perdu au milieu d’un monde qu’il tente de comprendre. Une ode à la fois mélancolique et pourtant pleine d’allégresse se détache de ses silences.
Il lui parle et se confie à travers des brèves histoires de vie commune, passées en temps de guerre. Les petites joies, les sourires, les complicités du quotidien s’entrechoquent aux souvenirs douloureux et écrasants des bottes kaki, des tanks et des crémations… Sans jamais prononcer les mots durs et froids de l’horreur, Dashiell Donello parvient à mêler, en petites touches impressionnistes, la vie et la mort.
« Tes beaux yeux bleus se déchiraient comme une risée de pleine mer. Tes mirettes roulaient le blanc comme de l’écume. Des lames de fond montaient du bleu roi des Abysses, et venaient mourir sur l’azur de nos baisers. »
Lucien convoque son passé amoureux à travers les objets quotidiens de cette femme perdue. Un parasol, acheté ensemble plusieurs années auparavant, l’abrite du monde et de ses rugissements. Et Lucien boit. Pourquoi boit-il ? Pour oublier ? Pour se donner le courage d’accomplir l’acte fatal qu’il a imaginé et prévu en ce jour de chaleur estivale ?
Si la mort revit dans les reflets d’un miroir de poche, d’un sac en cuir de Florence ou dans les plis d’un chapeau, l’amour universel et ses portées prennent corps à travers des images shakespeariennes et mythologiques. Et l’auteur n’est avare ni d’images ni de métaphores ; Lucien convoque Hamlet, Othello, Ulysse au recueillement de son amour.
La prose littéraire, très poétique se fond dans la bouche d’un homme simple, provoquant des envolées lyriques, parfois incantatoires. Et si Lucien parle beaucoup, c’est dans les silences qu’il réfléchît le mieux.
Dashiell Donello maintient le lecteur en équilibre sur un fil entre la rage de vivre, et la pulsion de mort.
Un monologue à mille voix et à mille touches de couleurs.
Promesse à la poussière
De Dashiell Donello
Éditions Edilivre
Version papier – 34 pages – 9,00€
Version numérique – format PDF – 5,40€
www.edilivre.com
comment closed